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affreuse potence. Par-là le bruit s'en répandit rapidement, et excita un tel sentiment d'indignation, que les Milices Comtadines volèrent de par-tout, et plusieurs même, sans être commandées, à Cavaillon. Elles s'y portèrent successivement au nombre d'environ 11000 hommes. Les premières étoient deja entrées dans la Ville, y avoient fait abattre les gibets, et les Commissaires conciliateurs de l'Assemblée représentative avoient rétabli l'ordre. Le peuple leur désigna l'auteur deces maux, et les obligea à le faire arrêter. En conséquence, il fut saisi et livré au Pouvoir Judiciaire. Tonte cette expédition se fit sans le moindre trouble, sans affusion de sang; enfin, il y'regna une discipline admirable, et une harmonie dont les Troupes réglées n'offrent pas toujours l'exemple. Sur ces entrefaites, le vertueux Maire d'Orange, M. d'Aymard, offrit sa médiation, sans laquelle les Milices du Comtat se seroient toutes ainsi portées à Avignon pour y venger l'humanité si cruellement outragée, et y éteindre un foyer perpétuel de discorde. Les Municipaux font tous leurs efforts pour entretenir la fermentation populaire. Le Curé d'une Paroisse de cette Ville traliit son Ministère de paix, au point de les seconder ouvertement. Ces jours derniers, l'Hôtel de : Crillon courut grand risque d'être brûlé; on préparoit déja les torches et les fagots; des Milices étrangères sont logées et nourries aux dépens des Particuliers, et.sous. prétexte de veiller à la sureté publique, on ruine les Citoyens, absens et présens, de cette malheureuse Cité, auparavant si fortunée et si tranquille. Voilà, Monsieur, des faits certains que des Folliculaires imposteurs cher

cheront en vain à déguiser ou à dissimuler; ils font pleuvoir sur l'Assemblée representative du Comté Venaissin, une grêle d'injures, et semblent avoir concerte entre eux un systême suivi de calomnies. Ils représentent cette Assemblée, qui suit en tout les Dé crets de celle de France, et voudroient seulement les faire adopter sans cominotion, et en gardant une fidelité inviolable à son bienfaisant Souverain; ils représentent, dis-je, cette Assemblée comme un nid, un foyer, un cratère d'aristocratie, un sabbat aristocratique, etc. Votre Journal est l'asyle de la vérité, et vous en êtes le zélé, le courageux et l'énergique défenseur; je vous prie donc de donner une place à ma Lettre, consacrée à révéler cette auguste vérité aux Personnes que le fanatisme politique, ou la rage des partis n'ont pas entierement aveu glés.

En attendant que le Comité pour l'affaire d'Avignon fasse son rapport à l'Assemblée, les Prisonniers gémissent toujours dans les fers, et sont entassés les uns sur les autres à Orange. Le sage Maire de cette Ville a écrit à cet égard les lettres les plus fortes et les plus touchantes à l'Assemblée Nationale. L'hu «< manité se soulève, dit-il, en voyant << l'innocence reconnue gémir dans la captivité, et les droits de l'homme aus« si indécemment violés. Accoutumés à « voir nos lettres à l'Assemblée Natio«nale sans réponse, nous ne nous re

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<< buterons pas, et elle recevra au moins deux fois par semaine une de nos Epi

<< tres. >>

Les Numéros sortis au Tirage de la Loterie Royale de France, le 2 Août 1790, sont : 46,66, 90, 57, 87.

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A Madame de *** qui me grondoit de n'avoir point fait de vers pour elle.

NE me reprochez plus, Madame,

De ne favoir pas bien aimer.
Pardonnez à ma fotte flamme
Qui fe déclare fans river.
Ah! je vous aime trop fans doute
Pour fuivre l'ennuyeule route
D'up Amoureux à Madrigal;
Ma foi, Pégasè eft l'animal
Qué je fais monter le plus mal;
Et fi cela vous eft égal,

N.

34. 21 Août 1793.

BALON DES AZTS

E

Je vais continuer, pour caufe,
D'être un Amant très-trivial,
Et de vous adorer en profe.
Je plains un infipide Amant
Qui s'en va toujours rimaillant,
Tant en abfence que préfence;
Qui ne foupire qu'en cadence;
Qui divife en huit ou dix pieds.
Et fon amour & fa tendreffe;
Qui meurt & fuccombe fans ceffe,
Quoique bien ferme fur fes pieds.
Il eft clair, tandis qu'on s'efcrime
A ranger quelques mots oifeux,
Que les chofes n'en vont pas mieux.
On n'aime point tandis qu'on rime,
Moi, je ne fais rien de plus for
Qu'un Amoureux qui fe lamente,
Et cependant vous dit: Je chante;
Qui fe tue à chercher un mot,
Au lieu de chercher fon Amante.
On fait bien que dans ce moment
Il n'écrit jamais : Je vous aime
Que pour le faire inceffamment
Rimer avec ardeur extrême....

Quand j'étois encor tout poudreux,
Tout bourfoufflé de rhétorique;
Quand je brûlois des premiers feux
Four certaine beauté ruftique ;-

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