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doute, est bien éloigné d'approuver les excès de ce Folliculaire calomnieux.

Le jour même 31 Juillet, que nous éelairons le Public sur l'imputation faite à M. Mounier, au sujet du Projet de M. de Bonne, il nous écrivoit de Genève en ces termes.

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Je viens de lire, Monsieur, un imprimé ayant pour titre, Rapport fait au Comité des Recherches de la Municipalité de Paris, tendant à dénoncer MM. Maillebois, Bonne Savardin et Guignard Saint Priest. "

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Il est dit dans le rapport, que M. de Bonne Savardin convient dans son interrogatoire, de m'avoir vu, lors de son premier voyage à Turin. Le Rédacteur auroit été plus exact, s'il eût bien voulu, au lieu de ces expressions, employer celle-ci, après son retour de Turin, car dans l'interrogatoire qui se trouve à la suite du rapport, M. de Bonne soutient ne m'avoir vu qu'en revenant de Turin à son passage à Grenoble, dans la maison du mari de sa nièce.

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Il est aussi plusieurs fois question, soit dans le rapport, soit dans les pièces justificativee, d'une lettre que M. de Boune a été chargé de me remettre, de la part d'un Membre de l'Assemblée Nationale, et qu'il avoue lui même avoir déchirée au moment où il a été arrêté au pont de Beauvoisin, de crainte de me compromettre. Enfin, on comptoit sur M. de Lally-Tolendal et sur moi, pour faire un manifeste, s'il faut en croire la dénonciation faite le 24 Mars par le Secrétaire de M. de Maillebois, et quelqees lettres anonymes. On comptoit bien

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aussi, d'après les mêmes autorités, sur 25 mille hommes, et sur six millions du Roi de Sardaigue (quoique ce Prince n'ait pas en ce moment 25 mille hommes), sur la ville de Lyon, et sur les Troupes des frontières.." Quelques explications me paroissent saffisantes, pour détruire auprès des honnêtes gens, toutes les inductions que cet is primé pourroit faie naître contre moi ces explications serout courtes, parce que je n'aime point à me justifier. Je n'aurai garde de répondre à ce qu'ont déja dit sur ce sujet les Auteurs de certaines Feuilles, qui peuvent continuer tout à leur aise, la tâche qu'on leur a prescrite. Je tiens à honneur toutes leurs injures, et je ne me croirois outragé que par leurs éloges.

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« Je déclare que je connois peu M. Bonne Savardin, que je connois beaucoup plus sa famille, et que je l'ai rencontré sur la fin du mois de Mars à Grenoble, dans une maison où j'allois fréquemment. Je lui entendis annoncer qu'il se rendoit a Paris. Il me paroît fort simple, que lorsqu'il a voulu revenir aux Echelles, sa patrie, qui n'est pas éloignée de Grenoble de plus de cinq lieues, il se soit chargé de m'apporter une lettre d'un Député. J'observe que cette lettre a été écrite le 27 Avril, plus d'un mois après la dénonciation du plan attribué à M. de Maillebois, et qu'ainsi elle ne sauroit y avoir aucun rapport

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Si quelqu'un a réellement eu le dessein de nous engager, M. de Lally et moi, à faire un manifeste fondé sur la déclaration du 23 Juin, il est évident qu'il n'a point compris nos opinions, Un pareil projet étoit trop absurde, trop contraire aux principes que je

n'ai cessé de professer, pour que, s'il m'eût été communiqué, j'eusse été capable d'y prendre la moindre part. Tous ceux qui sont en état de me juger, savent que je n'ai ja mais rien dit, rien écrit sur la Révolution, qui ne soit contraire à la représentation par Ördres, et conséquemment opposé à la Constitution qui seroit résultée de la Declaration du 23 Juin. Ce que je dois garantir, par exemple, c'est que les partisaus de cette Déclaration, seroient bien su pris eux-mêmes, qu'on pút me soupçonner d'avoir voulu la défendre.... Je dois espérer que vous voudrez bien insérer cette lettre dans votre Journal.

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Genève, le 31 Juillet 1790.

Signé, MOUNIER.

Le petit nombre de Citoyens Actifs qui a concouru aux Elections Municipales de Paris, résulte-t-il de l'émigration, ou de l'indifférence? L'une et l'autre de ces causes ont contribué à cette disette de Votans: un Décret de l'Assemblée Nationale qui imposoit aux Electeurs la condition d'être inscrit dans la Garde Nationale, les a encore diminués. La semaine dernière, on a révo qué ce Décret dérogatoire de la Loi générale, mais les Assemblées n'en sont pas devenues plus nombreuses. Par ún état détaillé qui nous a été communiqué, et dressé sur des approximations très-plausibles, il paroît qu'à peine existe-t il dans le Royaume 2 millions

de Citoyens Actifs. On voit donc à quoi se réduit l'égalité des droits, et combien pour l'établir, il iraporte d'appeler à l'exercice des droits politiques, les indigens et même les femmes, comme l'a prouvé M. de Condorcet dans une dissertation ad hoc.

Le Maire de Grenoble ayant donné sa démission, 215 Citoyens Actifs, sur 397 Votans, ont élevé M. Barnave à cette place. La grande pluralité des Citoyens s'est absentée de l'Election; les 367 Votans qui y ont concouru formant au plus la sixième partie des Citoyens Actifs.

La lettre suivante qu'on nous adresse du Comtat, et dans la fidélité de laquelle on peut se confier, confirmera celle de nos récits sur les derniers événemens de cette contrée, et le mépris que méritent les impostures des Feuilles publiques.

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Carpentras, ce 26 Juillet 1790..

Les Municipaux d'Avignon ne pouvant trouver des complices dans les Membres de l'Assemblée Représentatiye du ComtéVenaissin, ont cherché à opérer une défection partielle des différentes Villes et Municipalités de cette Province. Leurs émissaires. étoient répandus de toute part; vrais évangélistes de discorde, ils ont tenté de faire verser le sang, et y ont malheureusement reussi dans la petite Ville du Thor. Un

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il se

détachement des Milices Avignonoises s'y rendit dans l'intention de troubler l'Election Municipale, pour seconder la Minorité. Le Peuple voulut s'opposer à ce dessein; on tira sur lui, et animé par la vengeance, saisit du Chef de la Minorité, et le mit à mort. Quelques autres Personnes ont été tuées ou blessées. Un plus grand nombre auroit sans doute péri, si les Milices ou Gardes Comtadines ne fussent pas arrivées, et n'eussent mis l'ordre. Le rassemblement de ces Gardes fit naître l'idée d'en profiter pour détruire la tyrannie sous laquelle gémissoit depuis quelques mois Cavaillon, seconde ville de la Province. Un ancien Soldat de la Marine s'y étoit fait Colonel d'une Troupe appelée la légion des Cavares; et, appuyé du Peuple nombreux de la campagne qu'il avoit séduit, il exerçoit une autorité despotique. Craignant de la perdre par les mêmes moyens qu'il l'avoit usurpée, il crut devoir répandre la terreur, en faisant élever une potence, et courir des listes de proscription. Cette potecee remplissoit un espace considérable en face de la Maison-Commune. Tous les ouvriers avoient été forcés, sous peine de la prison, d'y enfoncer huit énormes crochets, et les autres Citoyens de toucher cet infame gibet, autour duquel on avoit fait promener la Musique Militaire. Le Tyran étoit en correspondance avec les Municipaux d'Avignon; ceux-ci même se montroient dans la Ville, et y encourageoient ouvertement leurs partisans. Le Rédacteur du Courrier d'Avignon, le Sieur Tournal, annonce avec Ides expressions dignes des, Cannibales, et avec cet accent de la joie, qui ne peut sortir que d'une ame atroce, l'érection de cette

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