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première, il falloit donc une stipulation formelle; à la seconde, le simple usage entre Volsins et Alliés, et le principe reconnu du Droit des Gens.

Toute évidente que nous semble cette vérité, on ne sauroit blâmer ceux qui pensent que, dans nos conjonctures, les Ministres de nos jours eussent consulté la prudence, en informant l'Assemblée de la demande de M. le Comte de Mercy, en évitant ainsi de compromettre le nom du Roi, qui reste compromis, et en allant au-devant de l'interprétation véritablemeut forcée, qu'on a donnée au Décret contre l'introduction de Troupes Etrangères.

En jetant un oeil calme sur la masse des dangers, dont quelques Orateurs ont circonvenu la France, on rétrécit beaucoup le champ de ce microscope.

En effet, à quel Politique persuader que le Roi de Hongrie disputant la paix avec le Roi de Prusse, ayant à trangilliser la Hongrie, un Etat tout neuf à administrer, les plus belles Provinces de son Empire à réduire, les plaies de la guerre à refermer songe à des contre-Révolutions Françoises?

Que le Roi de Prusse, encore plus étranger à nous, dont le Cabinet s'est jusqu'ici jugé invulnérable aux coups du fanatisme politique et aux séductions de ses Propagateurs, préoccupé autour de lui des intérêts les plus sérieux, et ne voulant de la France ni pour amie, ni pour ennemie, va envoyor ses Hussards se combiner avec MM. de Maillebois, de Bonne, et autres Conspirateurs de cette force?

Que le Roi de Sardaigne avec 30 mille hommes au plus, et 30 millions de revenu,

ira livrer ses Etats à une invasion inévitable, pour en faire une dans le Royaume? Les armemens de ce Prince sont très-exagérés (nous en parlerons incessamment); ils n'ont pas eu d'autre motif que le maintien de l'ordre en Savoie, le dessein de prévenir une contrebande ouverte, et celui de préserver les Villes et les Campagnes, des Séducteurs étrangers, qui venoient y prêcher publiquezent la révolte, comme ils l'ont fait à Chambéry et à Montméliau.

De cette universalité de conjurations, on n'en voit réellement qu'une qui puisse faire naître des alarmes, c'est celle des Flottes Britanniques, faisant voile dans le mystère, et menaçant, si, comme on le pense, les differends avec l'Espagne sont conciliés, nos Colonies et notre Commerce, qui l'interessent beaucoup plus que nos Décrets Constitutionnels.

Je ne parle pas ici des Princes Allemands, dont une négociation peut assoupir les démarches, et qui ne souleveront surement les principales Puissances d'Allemagne, que dans le cas où le maintien du Traité de Westphalie trouveroit une Ennemie dans la France, qui l'a garanti.

Redouter une Croisade des Puissances Etrangères contre la Constitution actuelle, et des Armées destinées à la détruire, c'est, il nous semble, placer mal-adroitement sa prévoyance. Les Conjurés à craindre, les Conjurés qui, en menaçant l'Europe entiere, peuvent la soulever en effet, ce sont les Prédicateurs d'insurrections, ces Folliculaires qui insultent tous les Souverains, ces Clubs et leurs Ecrivains, qui tiennent école d'anarchie, enseignent l'art des calamités publi

ques, dispersent leurs Agens sur la face des Empires, pour y porter le trouble, le meurtre, la misère et la guerre civile, au nom de la Philosophie; ce sont ces sophistes incendiaires qui excitent les Peuples, non à invoquer avec modération le redressement des abus, le perfectionnement des Lois, la réforme des usages oppressifs ou humilians, les limitations de l'Autorité arbitraire, et les droits imprescriptibles de la liberté civile; mais à détruire toutes les Autorités, à proscrire les Souverains, à placer le despotisme dans la multitude, à considérer toutes les institutions existantes comme devant être le jouet de la force et de la séduction; à bouleverser la Société pour la régé nérer, et à y parvenir par la violence, en effaçant, le sabre à la main, toute distinction parmi les hommes, toute inégalité de naissance, d'état et de fortunes, toute subordination aux Lois qui n'ont pas été dictées par la multitude.

Oh! certes, il ne faut pas douter que ces Projets de soulever par-tout les Peuples, et de corrompre les Armées, ne forcent bientôt toutes les Puissances à de redoutables précautions les moyens d'exécution dont on les menace justifieront leur résistance; car le Souverain le plus juste et le plus désintéressé aura le même intérêt que le Despote, à prévenir la ruine de son Pays, les brigandages, les assassinats, la dissolution de tous les liens, et l'oubli de tous les devoirs. Voilà les seuls et véritables motifs de crainte que nous pouvons entretenir, et personne n'osera dire que nous ne sommes pas maîtres de les dissiper.

Lictendue nécessaire des Séances précé

dentes nous réduit au sommaire de celle-ci e! des suivantes, qui présentent moins d'intérêt.

M. le Garde-des-Sceaux a envoyé à l'Assemblée un Mémoire de M. le Bailli de Virieu, Ministre de Malthe, et qui, au nom de son Ordre, réclame contre le Décret du 3. Juillet, par lequel il est statué que, les sommes provenans du achat des Droits Féo-. daux appartenant à l'Ordre de Malthe, seront versées provisoirement dans les Caisses de l'Extraordinaire.

M. Camus s'est plaint de ces réclamations, qui traversoient sans cesse la marche de l'Assemblée. On ne doit jamais réclamer avec M. Camus; la scule vertu dont il permet l'exercice, est la résignation muette: au reste, la note de Malthe lui a fourni l'occasion de faire un grand pas, et de demander que le Comité de Constitution, auquel se joindroient deux Membres de quatre autres Comités, examinent tout ce qui concerne les Ordres de Malthe, de SaintLouis, du Mont Carmel et Saint-Lazare, de Saint-Michel et du Saint-Esprit. L'Assemblée l'a ainsi décrété, et nous allons voir incessamment ces Ordres vigoureusement travaillés, et peut-être anéantis.

Après cette décision, M. Fréteau est parti d'un Traité de limites fait en 1769 entre la France et le Roi de Sardaigne, pour demander la formation d'un Comité de douze Membres, qui examineroit tous nos Traités, et toutes nos Affaires Etrangères, pour en rendre compte à l'Assemblée, qui pourvoira à la sureté de l'Etat.

Sur l'observation de M. Regnaud de SaintJean Angely, l'Assemblée a trouvé ineons

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titutionnelle la seconde partie de cette Motion, qui enleveroit au Roi l'initiative. On s'est borné à décréter « la nomination d'un Comité de six Membres, chargés de prendre connoissance des Traités existans entre la France et les Puissances Etrangères, et « des engagemens respectifs qui en résultent, « pour en rendre compte à l'Assemblée, au moment où elle le demandera.

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On a ensuite décrété, presque sans discussion, le Projet sur les Assignats, présenté le 25 par M. le Coulteux. 1o. Les Assignats seront échangés contre les Billets de Caisse d'Escompte, à compter du 10 Août prochain; 2. il ne sera délivré et échangé que 10 mille Assignats par jour, de 1000 liv. de 300 et de 200 liv. On constatera la brú. lure des Billets qui seront échangés pour des Assignats.

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3. Les sommes qui devront être fournies au Trésor Public, continueront à lui être délivrées en Billets de Caisse servant de promesse d'Assignats, sur l'autorisation "Successive de l'Assemblée Nationale, jus qu'à la concurrence de 95 millions, laquelle somme avec celle de 170 millions, précédemment versée par la Caisse d'Escompte, et celle de 135 millions qui a été successivement fournie par ladite Caisse, complètera celle des 400 millions, montant total des Assignats qui ont été destinés au service des années 1789 et 1790, « et qui éteindront en totalité les dettes de la Nation envers la Caisse d'Escompte.

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M. Alexandre de Lameth a fait lecture du Plan Militaire du Ministre de la Guerre, qui demande une Armée active en temps de paix de 150 mille hommes, et de 100 mille

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