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Charleville ne faisoient, en quelque façon qu'une seule ville ; j'avois pensé qu'en conservant deux bataillons dans la première, je pourrois pendant quelque temps être sans inquiétude sur cette disposition.

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Cependant, sur les représentations du Département des Ardennes, je viens d'expédier des ordres pour faire rendre à Charleville, momentanément, un escadron d'Es-' terhazy; et si les circonstances deviennent plus imperieuses, il sera facile et expédient d'y faire passer un Régiment de la garnison de Metz. Ainsi, cette frontiere a à peine perdu deux escadrons, qu'en cinq ou six jours de marche on peut s'y reporter avec une augmentation considérable de forces, si elle devenoit nécessaire. »

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La frontiere des Alpes n'a jusqu'ici jamais attiré l'attention du Gouvernement; Cependant, les inquiétudes que l'on peut concevoir dans ce moment, ont engagé à y veiller particulierement, et elle se trouve actuellement plus garnie de Troupes qu'elle ne l'est ordinairement en temps de paix. La Provence et le Dauphiné n'ont pas, depuis long-temps, réuni 27 bataillons et 6 escadrons comme aujourd'hui. Les Troupes qui › marchent vers Lyon rapprochent encore des forces assez nombreusés pour rassurer dans un premier moment.' »

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Si, pressé par les instantes sollicitations du Général Paoli, j'avois proposé de faire passer en Corse le bataillon de ChasseursRoyaux-Corses, c'étoit avec l'intention de le remplacer en Dauphiné; et le retour d'un bataillon du Régiment du Maine, que cette disposition facilitott, en donnoit un moyen

de plus. Je l'ai mandé dans le temps à la Municipalité de Grenoble.

L'intérieur du Royaume emporte un plus grand nombre de Troupes que de coutume. Vous eonnoissez parfaitement les troublesqui se sont elevés dans les Départemens de la Corrèze, de la Nievre, de l'Allier et de l'Aube; la nécessité de conserver des détachemens dans ceux de la Seine et Marue, de la Seine et l'Oise, et du Loiret, dans la Normandie; enfin, tous les autres motifs qui ont engagé à disperser successivement une partie de l'Armée. Cette dispersion néan moins n'occupe encore qu'environ 30 bataillons et 36 escadrons. Nos Côtes n'ont que leurs garnisons ordinaires, et l'escadre de Brest a même diminué sensiblement celles de la Bretagne. »

Ces éclaircissemens, a continuě M. Fréteau, accompagnes des pieces justificatives, nous ont paru satisfaisans, Passons au troisieme objet, les éclaircissemens à prendre sur les vues des Puissances Etrangeres: nous avons recueilli des informations de M. de Montmorin, que l'Angleterre continue ses armemens avec la plus grande activité. 61 vaisseaux de ligne sont prêts à agir; l'Armée est augmentée; toutes les Milices du royaume sont convoquées; les Escadres viennent encore d'être renforcées; 4 vaisseaux Hollandois s'y sont joints, et 6 autres doivent s'y joindre incessamment; la presse se fait avec tant d'ardeur que les billets d'exemption donnés par le Ministre sont considérés comme nuls. Cependant les négociations du Cabinet de Saint-James avec celui de Madrid, font espérer que la paix va se conclure entre ces

deux Puissances, et l'on ne sauroit plus douter que les propositions raisonnables de l'Espagne ne soient acceptées. De si grands armemens, nous a ajouté le Ministre, ne peuvent avoir le Nord pour objet. Les vaisseaux sont trop forts, et il est trop tard pour passer le Sund. Les dispositions du Ministere Anglois sur la Révolution de France, et ses desseins sur les possessions maritimes de la Maison de Bourbon, sont trop connus, pour ne pas donner les plus grandes inquiétudes, sur-tout lorsqu'ils se manifes-> tent par un armement qui coûte déja à l'Angleterre plus de 36 millions,

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M. de Montmorin nous a dit qu'il n'avoit pas pu instruire plus tôt l'Assemblée de ces differentes dispositions, pour ne pas altérer la sécurité des fêtes de la Fédération; mais qu'il se proposoit de lui envoyer incessamment un Mémoire à ce sujet."

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L'Espagne ne peut donner d'inquiétudes, elle se borne à intercepter la communication deses Peuples avec la France, et à les prému nir contre amour des innovations; ses troupes sont encore dans leurs garnisons ordinaires. Cependant sa flutte est respectable, et offre à Cadix une réunion imposante."

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L'inclination du Roi de Hongrie à la paix est encore dans l'opinion du Ministre. Cependant il est à croire que, si le Traité entre le Roi de Prusse et lui, et les Princes Allemands qui veulent s'y faire.com prendre. vient à se consommer, il portera toutes ses forces contre les Provinces Belgiques. — Les Princes Allemands se liguent pour soutenir les droits que leur assure en Alsace le Traité

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de Westphalie, et pressent le Roi de Hongrie et les autres Puissances d'assurer la garantie de leurs Fiefs; le seul qui avoit d'abord paru vouloir s'en tenir à l'indemnité proposée par le Roi, est rentré dans la ligne. L'Evêque de Spire est à leur tête, et les excite. Le Clergé et la Noblesse immédiate d'Alsace se coalisent avec eux; ils ont même député à la Diete de Ratisbonne. Les réfugiés François font entrer de plus en plus dans leur parti divers Membres de la Confédération Germanique. "

« L'alliance du Roi de Prusse avec l'Angleterre est connue. Son influence sur la Hollande est toute puissante; l'état de ses Finances et de son Armée le rendent aussi redoutable que ses liaisons.

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Le Roi de Sardaigne a donné ordre aux Réfugiés François de rentrer dans l'intérieur de ses Etats. On attribue cette mesure à un projet contre Nice, formé par les Gardes Nationales de Provence. »

(Ici, M. de Mirabeau l'aîné a interrompa le Rapporteur, pour assurer que l'ordre de retraite intimé aux Réfugiés de Nice, prenoit sa cause dans la plainte du Capitaine d'une Tartane Marseilloise qu'ils avoient insultée. M. de Mirabeau trouvoit ce motif aussi simple que vraisemblable; mais d'abord M. Fréteau a certifié que les Ministres n'avoient pas parle de ce fait, et ensuite M. de Cazalès a prouvé en deux mots l'invrajsemblance de l'explication donnée par M. de Mirabeau; car si le Roi de Sardaigne étoit mécontent des Réfugiés François, il ne les recevroit pas dans l'intérieur de ses Etats).

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Le Ministre n'a point ajouté foi au rassemblement de Troupes que nous lui avons N". 32. 7 Août 1790. C

dit se faire à Chambéry; il paroît qu'il n'en a aucune connoissance, non plus que du passage de nós anciens Employés des Fermes en Savoye, "

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Quant au Brabant, on convient que l'indiscrétion d'un François, sans caractère, a occasionné un outrage à l'Ecusson de France, qu'on a traîné dans les rues de Bruxelles. Nous avons aussi constaté que notre commerce sur la Meuse a été intercepté soit par les Troupes Autrichiennes, soit par les Troupes Belgiques cantonnées sur les rives. "

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D'après la vérification de tous ces faits, s Commissaires ont rédigé un Projet de 'Décret.

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M. Fréteau omettoit de raconter que, suivant le rapport de M. de Montmorin, M. le Cardinal de Rokan agissoit conjointement avec l'Eyeque de Spire, et travailloit, par son Envoyé à la Diète de Ratisbonne, à échauffer les esprits. M. Emmery a rappelé cette imputation, en demandant que M. de Rohan fût appelé à la barre.

M. Arthur Dillon a pris la défense du Ministre de la guerre, et a sovténu, malgré de violens murmures, qu'il n'avoit pu sans injustice, sans manquer à la saine politique, refuser le passage aux Troupes Autrichiennes. Il en a appele à la conscience de chaque Membre; en est-il un seul qui ait pu confondre l'introduction de roupes étrangères, interdite par le Décret du 28 Février, avec le passage de quelques Détachemens, fondé sur le voisinage et la réciprocité?

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Je suis d'un tout autre avis, a dit M. Aiguillon. Toutes les Puissances voisines sent liguées contre nous; elles ont des armemens considerables; leurs Troupes campent

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