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les moyens de séduction furent employés ; on eut même recours à l'appareil te plus menaçant. La nouvelle Municipalité fut élue; son premier acte fut de demander à la Garde Nationale les clefs de l'Arsenal, qui lui avoient été confiées par l'ancienne Municipalité; sans doute elle pensoit déja à l'affreux usage qu'elle en a fait depuis. Nous ne retracerons point tous les détails de la conduite de la Municipalité, jusqu'à la fatale époque du 10 Mai. Tous ces faits ont été présentés par M. le Rapporteur : nous parlerons seulement des Assemblées. que la Municipalité autorisoit; Assemblées seditieuses, où chaque mot respiroit la révolte et l'audace. La Municipalité faisoit à Montauban un Journal des Debats et Décrets, qu'elle falsifioit à son gré. Elle changeoit la destina-" tion d'un Octroi appliqué aux pauvres de la Vilie, sans doute fin de les exciter mieux. "

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Quant à la scene du 10 Mai, la populace attroupée défend d'abord les portes du Couvent. Elle se renforce par degré, d'armes, de piques, de bâtons, et va fondre sur la Maison Commune, où étoient renfermées les Gardes Nationales. ».

Le sieur Romagnas avertit plusieurs fois la Municipalité du danger où se trouvent les Gardes Nationales. On lui répond qu'il se plaît à se faire des hydres, pour les com battre. Le Peuple se presse davantage autour de la Commune. Il dépave les rues.... Un des Officiers Municipaux fait signe aux personnes attroupées de se retirer, en disant: Voulez-vous nous tenir ici prisonniers comme on tient le Roi à Paris?... Le Commandant de la Maréchaussée offre de faire retirer tout ce monde, sans faire de mal à personne, On

lui répond qu'on n'a pas besoin de lui. Le Peuple crioit: Vive le Roi! à bas la Nation! à bus les Cocardes! Le Régiment de Languedoc n'est venu que deux heures et demie après la scène. Il est faux qu'il ait été tiré des coups de fusils du Corps-de-Garde; les blessures légères qu'ont eues quelques personnes du Peuple, viennent de la foule et de la mal-adresse de plusieurs à manier les

armes, "

Le Lecteur a fini par déclarer que, sûrs de leur innocence, les Patriotes ne craindroient pas de se constituer prisonniers sous la sauve-garde de la Loi.

Les applaudissemens tumultueux des Galeries qui frappoient des mains, des pieds, des cannes, et l'approbation éclatante que le côté gauche a donné à ce Discours, ont dispensé POrateur et ses Collègues de cette formalité. Quoiqu'ils n'eussent apporté aucune preuve quelconque de leurs assertions, ni justifié d'une seule Piece authentique à leur appui, le Procès a été considéré comme instruit de reste. MM. Feydel, de Virieu, là Chèze et Maury étoient inscrits par le Président pour parler sur le Décret du Comité; on leur a constamment fermé la bouche.

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M. Malouet cependant, a élevé une Motion incidente. La gravité des faits qu'on vient d'imputer sans preuve à la Municipalité de Montauban, a-t-il dit, et l'acquiescement que leur silence forcé paroîtroit y donner, me determinent à demander que les Officiers Municipaux soient de nouveau appelés et interrogés sur les faits principaux dont on les charge, et qu'ils désavouent. " • Je demande la question préalable s'est

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est

écrié M. Charles de Lameth. Puis montant à la Tribune: « Ce que nous avons à faire extrêmement facile; élaguons tout ce qui n'est pas de notre ressort. Nous pouvons, prononcer; mais nous ne devons pas examiner les détails de cette affaire. L'information doit être faite par des Juges; c'est à nous à les désigner, et à suspendre les Officiers Municipaux de leurs fonctions. Depuis Bordeaux jusqu'à Dunkerque, depuis Dunkerque jusqu'à Perpignan, la clameur publique vous dénonce les Officiers Municipaux de Montauban, et vous indique le jugement qu'il faut prononcer. Il seroit honteux pour nous de nous amuser à discuter; je demande que l'Assemblée prononce sur le champ.

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Je demande moi, a repliqué M. de Cazalès, comment l'Acte qui prononce qu'il y a lieu à un jugement, ne seroit pas un jugement? comment ce n'est pas un jugement que de suspendre une Municipalité de ses fonctions? Si vous ne voulez rendre les Officiers publics victimes du premier dénonciateur, pouvez vous prononcer une pareille suspension, sans prendre connoissance de l'affaire? J'admire l'étrange jurisprudence du Préopinant! l'Assemblée, selon lui, doit juger sur la clameur publique. Ce principe mérite d'être mis en parallèle avec celui qu'il avança l'autre jour, qué les Officiers Municipaux de Montauban devoient être jugés dans le sens de la Révolution. Les preventions les plus fortes se sont manifestées jusque dans le sein de cette Assemblée. Le public y a applandi avec la plus grande indécence, ap.. plaudissemens qui portent le caractère de la férocité, lorsqu'ils sont dirigés contre des personnes qui se trouvent sous le glaive de la

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loi. Quand l'opinion publique a dicté d'avance votre jugement, il est de votre de: veir, comme il est d'usage dans tous les tribunaux équitables, de différer pour donner aux passions le temps de se calmer, et aux préventions trop violentes le temps de se dissiper. (On crie à l'ordre, aux voix.)

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Je demande que ceux qui crient, avancent quelque chose de raisonnable, de juste, d'humain en me contredisant.« Pas uné seule famille n'a été exilée de Montauban, comme le Comité des Rapports l'a prétendu. Quelques individus eu sont partis volontairement, pour attirer de nouvelles calamités sur leur malheureuse Patrie, pour venir ici intriguer contre la Municipalité. "

"

Je suis Citoyen de Montauban c'est pour ma Patrie que j'implore la justice de 'Assemblée. Les Officiers Municipaux sont l'ouvrage du Peuple qui les a choisis; ils jouissent de son estime. Voulez vous, par l'effet d'ane injuste prévention, les enlever à sa confiance? faut-il que des torrens de saug suivent cette erreur? faut-il que cette Ville disparoisse de dessus la surface de la terre? Je conclus à l'ajournement, et je demande que les Membres de la Garde Na tionale de Montauban soient tenus de remettre leur discours sur le Bureau, et de fournir les preuves des faits qu'ils ont avancés. Je demande au surplus que l'Assemblée prenne connoissance de la procédure commencée à Montauban. M. le Garde-desSceaux en a l'Extrait. Voilà où sont déposés la seule instruction, les témoignages et les preuves. Je finis par un fait qui vous prouvena la nécessité d'un ajournement et la crainte des Coupables.

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M. Feydel, Député du Querey, sortoit Jeudi soir de cette salle, portant les pièces de cette procédure sous le bras. Huit hommés s'approcherent de lui, en se disant tout bas: Il faut les lui enlever, en attendant que nous puissions mieux faire.. M. Feydel précipita sa marche; mais ils suivirent tous ses mouvemens, et ne le quittèrent que lorsqu'ils le virent escorté de deux autres Députés, et d'un Grenadier qu'il rencontra. »

Ce récit, certifié par M. Feydel lui-même, et par MM. de Murinais et Darget témoins, sembloit donner lieu à de sérieuses réflexions: mais M. Barnave les étouffa; il s'empressa d'écarter l'attention de cet attentat non exéeuté, et quoi qu'on eat refusé la parole à ceux qui étoient inscrits pour la prendre, il la prit pour plaider contre la Municipalité de Montauban et pour rassembler les charges; à la sixième on perdit patience, et on lui demanda les preuvess

Aux voix ! hux voix ! s'écria le côté gauche. Aux preuves reprit M. d'Epresménil). A ces mots, la majorité se levant à la fois, força le Président de prononcer, qu'il n'y avoit pas lieu à délibérer sur la Motion de M. Malouet, ni sur l'ajournement.

Ces Motions incidentes étant ainsi jugées, le President alloit ouvrir la discussion sur le fond de la question, restée intacte; les cris recommencerent: M. Charles de Lameth fit décider préalablement que la discussion étoit fermée, avant d'avoir commencé. Privés de Paudience, les Officiers Municipaux de Montauban envoyerent la déclaration suivante nu Président

« Nous Maire, Officier Municipal et Procureur de la Commune de la Ville de Mon

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