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Sans accord je ne ferois rien,

Et je puis tout par l'harmonie. Jaloufe de donner un fpectacle impofant Des noeuds facrés qui font mon existence, Sous mes drapeaux j'attends inceffamment Dix mille Citoyens, famcux par leur vaillance, Tous amis de la Liberté,

Tous ennemis de la licence,

Garans de la prespérité

Et du bonheur qui vont régner en France.
Tremblez, frondeurs durs & pervers,
Qu'égare un injuste égoïsme !

Du dévouement & du patriotisine,
Je vas donner l'exemple à l'Univers.
Si revenus de votre inconféquence,
A mes dignes appuis vous unissez vos vœux,
Je vous prends tous sous ma défense;
Je ne veux que vous rendre heureux,

(Par M. Vallois. )

LOGOGRIPHE.

JE fuis un objet détesté

Par la faine maifon & par la politique :

Mo

Mon nom, qui n'étoit point autrefois usité,
Figure fur la scène, on le trouve énergique,
Et tous les jours il eft mille fois répété.

Mais comme dans le monde il n'eft aucune chofe Qui n'ait, comme on dit, qu'un côté,

Si de mes onze pieds il en étoit ôté

Trois feulement; alors quelle métamorphose ! Il faut, fi l'on me décompose,

Prendre les fix premiers & mon extrémité;

On trouve un Grec très-respecté ·

De la favante Antiquité,

Célèbre en vers ainfi qu'en profc,

Et qui fera long-temps cité;

Et dans ce qui nous eft refté,

On donne un attribut de l'Enfant de Cithère :

Après cela, je puis me taire.

(Par une Dame.)

N°. 32. 7 Août 1792,

B

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

VIE de Voltaire, par le Marquis DE CONDORCET; fuivie des Mémoires de Voltaire, écrits par lui-même ; des Tables des Duvres, &c. De l'Imprimerie de la Société Littéraire Typographique. Fome LXXe, de la grande Edition de Voltaire.

CETTE nouvelle Vie de Voltaire, écrite par un homme qui fut fon ami & qui méritoit de l'ê re, peut donner licu d'abord à une queftion de morale: un ami doit-il écrire la vie de fon ami & les devoirs de l'amitié peuvent-ils fe concilier avec ce premier de tous les devoirs de l'homme public (& un Hiftorien l'eft) l'exacte équité? Je réponds: oui, quand la vérité cft telle qu'en dernier réfultat, compenfation faite du bien & du mal, le premier l'emporte infiniment fur le fecond que les éloges font plus que fuffifans pour confoler des aveux, & que l'amitié qui raconte & qui juge, peut jouir de la fatisfaction légitime de dire à la Poftérité: Vous honorerez celui que j'ai célébré.

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C'est assurément ce que peut dire l'Hiftorien de Voltaire. Il n'a point diffimulé les défauts & les torts; il a fenti qu'il n'en avoit pas befoin; il a fu peindre Voltaire tel qu'il étoit, & s'eft appliqué fur tout à représenter la toure puiffante influence qu'il a eue fur l'efprit de fon Siècle; & bien loin qu'à cet égard on puiffe lui reprocher aucune exagération, peut être n'atil pas affez approfondi fa matière; peutêtre, quoique fon pinceau ne manque pas de force, eût il pu rendre fes touches plus vives & plus marquées. Il me femble du moins qu'il étoit poble de développer davantage les obligations éternelles que le genre humain doit avoir à Voltaire. Les circonftances actuelles en fournilloient une belle occafion. Il n'a point vu tout ce qu'il a fait, mais il a fait tout ce que nous voyons. Les obfervateurs éclairés, ceux qui fauront écrire l'Hiftoire, prouveront à ceux qui favent réfléchir, que le premier auteur de cette grande révoluion qui étonne l'Europe, & répand de tout côté l'efpérance chez les Peuples & l'inquiétude dans les Cours, c'eft, fans contredit, Voltaire. C'eft lui qui a fait tomber la première & la plus formidable barrière du defpotifme, le pouvoir religieux & facerdotal. S'il n'eût pas brifé le joug des Prêtres, jamais on n'eût brifé celui des Tyrans : l'un & l'autre pefoient enfemble fur nos têtes, & le tenoient fi étroitement, que le premier une

fois fecoué, le fecond devcit l'être bientôt après. L'efprit humain ne s'arrête pas plus dans fon indépendance que dans fa fervitude, & c'eft Voltaire qui l'a affranchi en l'accoutumant à juger fous tous les rapports ceux qui l'affervilfoient. C'eft lui qui a rendu la raifon populaire, & fi le Peuple n'eût pas appris à penfer, jamais il ne fe feroit fervi de fa force. C'est la pensée des Sages qui prépare les révolutions politiques; mais c'est toujours le bras du Peuple qui les exécute Il est vrai que fa force peut enfuite devenir dangereufe pour luimême; & après lui avoir appris à en faire ufage, il faut lui enfeigner à la foumettre à la Loi mais ce fecond ouvrage, quoique difficile encore, n'eft pourtant pas, beaucoup près, fi long ni fi pénible que le premier.

Des efprits fuperficiels ou prévenus ont affecté de ne voir dans Voltaire qu'un flatteur de la puiffance, parce qu'il a quelquefois careffé les Miniftres ou les Grands. Ils ne s'apperçoivent pas que ces cajoleries particulières font fins conféquence; mais que ce qui est d'un effet infaillible & univerfel, c'eft cette haine de la tyrannie en tout genre, qui refpire dans tout ce qu'il a écrit; par-tout il la rend ou odieufe ou ridicule; par to t il avertit l'homme de fes droits, & lui dénonce fes oppreffeurs. Tyramie des Miniftres, tyrannie des Parlemens, tyrannie des Commis, tyrannie

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