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il eût peut-être difficilement acheté la paix aux conditions même qu'il vient d'accepter: nous ne faisons pas entrer dans cette balance les Pays-Bas, dont la guerre eût consommé la perte, et auxquels les Alliés eussent très-probablement donné un autre maître. Si à ces différentes considérations, on ajoute celle du caractère sage et pacifique de S. M. A.; l'improbation qu'il a manifes tée de cette guerre inconsidérée aux Ottomans, guerre où la Russie entraîna l'Empereur, et dont ce Prince a expié cruellement la faute, on se persuadera qu'en en perdant les fruits pour conserver la paix de l'Allemagne, le Roia mon2 tré autant de sagesse que de prévoyance.

L'administration intérieure de ses Etats, dont quelques parties ne sont pas exemptes de l'agitation qui accompagne un nouveau règne, sous lequel on a à reclamer contre les abus du précédent, exigeoit encore du Monarque ce retour de la tranquillité extérieure. Les Etats de Bohême, ceux de la Moravie, de la Gallicie, ont formé des demandes: elles seront écoutées et jugées avec plus de maturité, au milieu du calme.

Quant à la Hongrie, il y règne toujours beaucoup de fermentation, sur les motifs de laquelle le Public se méprend, et forme des conjectures chimériques.

La Noblesse Hongroise jouissoit autrefois de grands priviléges; ils furent diminués suc

cessivement par les Souverains; Joseph II leur a porté les derniers et les plus grands coups. Jusqu'à lui le Feuple n'étoit rien; il le rele va,et lui fit connoitre ses droits; mais en travaillant pour lui, il mécontenta la Noblesse, qui ne vit dans les operations du Monarque, que le desir de se rendre plus independant et plus absolu. Il est incontes table, néanmoins, que le Peuple Hongrois lui doit infiniment: il le sait, et cette coù- ́ noissance l'enhárdit à résister aux piéteations des Nobles. On est porté à croire que les dissentions actuelles de ce royaume résultent d'une lutte entre la Noblesse, le Peuple et lé Monarque. Si la premiere exagèse ses prérogatives aux dépens de celles du Prince et da Peuple, il s'operera entre ces derniers uné coalition salutaire, qui changeroit absolument tout le régime de cet Etat. Il est certain qu'une révolution quelconque le menace; en attendant qu'elle s'effectue, voici quelques observations sur ce Royaume. Le pouvoir du Roi est. circonscrit par les Lois; le temps l'a successivement etendu. Comme en Angleterre, il existe toujours en Hongrie deux Partis, celui de la Cour et celui de J'Opposition; le premier a été preponderant depuis la mort de Charles VI. La Cour a aire les Seigneurs auprès d'eile, et les a combles d'honneurs; tous les Evêques lui sont dévoués. Les Régimens Hongrois sont dispersés dans les autres Etats de la Maison d'Autriche, et on les a remplacés en Hongrie par des Régimens Allemands; es plus grandes prerogatives dont jouissoni les Nobies, leur furent concetées par le Roi Ans dré 11: Ce Prince les excupta de toutes coatributions, et les teadit en quelque mantere

Souverains dans leurs terres; ils ne peuvent être arrêtés sans êare entendus et juges préalablement; si Pune ou l'autre de leurs prérogatives sont lésées, ils peuvent s'opposer publiquement à l'infraction. On conçoit bien que ces ctonnans priviléges ont été fort circonscrits; aujourd'hui on demande leur établissement, et on re propose aussi de modérer les revenus royaux qui en 1770 s'élevoient déja à la somme de 18,004,153 florins.

La Diéte fort divisée n'a point encore achevé son travail : sés Députés ne sont pas arrivés encore, et tout présage que la cérémonie du Couronnement sera différée.

Dans la vue de prévenir les vexations qui pourroient entraîner des mécontentemens sérieux, le Gouvernement vient d'adresser des Lettres circulaires à tous les grands Propriétaires et à leurs Agens, en les exhortant à la modération envers leurs Vássaux, et à s'abstenir de tous moyens violens.

Par un autre Rescrit du 12 de ce mois, Cour a révoqué le Decret du 1. Mars 1787, en vartu duquel ies Propriétaires de biens fonds, qui sejourneroient en Pays étrangers, sans mission du Gouvernement, étoient assu jettis à payer les impositions doubles; elle donne en même tems aux Etrangers qui voudront acqucir des biens dans les Etats heréditaires, I assurance qu'ils ne subiront aucune charge nouvelle.

De Francfort sur le Mein, le 12 Août. L'ouverture de la Diéte d'Election qui

donnera un Chef à l'Empire n'est pas éloignée, et on la fixe au milieu de ce mois. Le succès des conférences de Reichenbach leve toutes les difficultés et tous les retards. Cet événement a fait une vive sensation dans l'Allemagne entière. Frédéric II ressuscité seroit peut-être étonné de voir son Successeur devenir, sans tirer l'épée, l'arbitre du Nord, du Levant et de l'Allemagne. Tel est aujourd'hui l'emploi de cette Monarchie que des Déclamateurs impétueux, ensɛvelissoient dans letombeau de son dernier Roi, dont ils avoient si judicieusement prophétisé la prompte décadence, et qu'ils nous représentoient comme efla cée désormais de la balance politimg. Ils avoient aussi prédit la même chit. de l'Angleterre, après la perte de l'Aus rique. Rien ne prouve mieux la vastẻ des raisonnemens. Il est vrai que person ne ne présumoit que la France tom. 2 roit deux ans entiers dans une profonde nullité politique, qu'elle détacheroit ses intérêts de ceux de ses Alliés, qu'elle les abandonneroit tous successivement qu'elle n'obtiendroit pas même d'être admise parmi les Médiateurs des querelles de l'Europe, et qu'ellel aisseroit s'élever

une hauteur menaçante, ce Colosse de la Prusse,de l'Angleterre et de la Hollande liguées contre elle dès sa formation. Il est aisé d'apercevoir que cette Alliance, en dictant maintenant des Lois, ya ameber

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à son systême la plupart des Puissances de l'Europe, qui ne trouvent plus entre elles aucun point de réunion.

On a formé près de Canstadt un Camp de 3000 hommes des Troupes du Cercle de Souabe, qui doivent joindre l'Armée, d'exécution dans le pays de Liège, dès qu'elles auront passé la revue. Ce renfort sera utile, pour ne pas dire nécessaire à cette Armée d'exécution, qui jusqu'ici n'a rien exécuté. Cepeddant, elle s'est mise en mouvement sur trois colonnes, dont deux marchent vers Hasselt, pour en former, dit-on, le siége, et la troisième à Bilsen. Les Liégeois paroissent très-disposés à fairè face; il y a eu déja quelques canonnades, et une rencontre de patrouilles.

Le dernier échec qu'ont essuyé le 3, les Troupes Belgiques dans le Duché de Limbourg, a été non moins honteux que les précédens. Un foible détachement de 100 Autrichiens, commandé par M. d'Aspres, Capitaine au Régiment de Ligne, se porta pendant la nuit, de Sprimont à Olne, village du Limbourg, auprès duquel étoit campé un Corps de 600 Belges : ceux-ci dormoient encore, que les Autrichiens péDetroient dans leur camp on se leva, on battit la générale, on s'arma dans le plus grand désordre; M. d'Apres, avec sa brave petite Troupe, essuya un feu d'une heure; Imais s'étant rendu maître du canon des Belges, il le pointa lui-même sur l'Ennemi,

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