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Dressé et arrêté d'après les calculs minutes des deux commissions, par les ingénieurs soussignés. Bade, le 20 août 1839.

Signé MARTNER, capitaine d'état-major.

Signé J. SCHEFFEL, major,

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(1) Première présentation à la Chambre des Députés le 1er juin 1839 (Mon. du 2); rapport par M. Ducos le 2 juillet (Mon. du 7).

Deuxième présentation à la même Chambre le 25 janvier 1840 (Mon. du 30); rapport par M. le général Bugeaud le 18 avril (Mon. du 19); discussion les 5, 6, 7, 8, 9, 11 mai (Mon. des 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12), et adoption le 12 mai (Mon. du 13), à la majorité de 230 voix contre 67.

Présentation à la Chambre des Pairs le 23 mai (Mon. du 24); rapport par M. le comte d'Argout le 23 juin (Mon. du 25); discussion et adoption le 26 juin (Mon. du 27), à la majorité de 107 voix contre 14.

La loi du 18 juillet 1837, après avoir déclaré, par son art. 1er, que le sucre indigène serait soumis à un impôt de 15 fr. par cent kilogrammes de sucre brut, disait cependant (art. 2) qu'il ne serait perçu qu'un droit de 10 fr. par cent kilo. grammes, à partir du 1er juillet 1838, et un droit de 15 fr. à partir du 1 juillet 1839. Ce droit de 15 (ou 16 fr. 50 c., décime compris) était inférieur de 33 fr. à l'impôt payé par le sucre brut colonial.

Ces ménagements tournèrent au détriment du sucre indigène ; il abusa do sursis; il força sa fabrication; il la porta, en 1838, à 50 millions de kilogrammes. Or, la récolte des colonies ayant été abondante la même année et les arrivages s'étant élevés à 87 millions de kilogrammes, une crise désastreuse s'ensuivit. Les sucres tombèrent aux prix les plus vils; tout le monde perdit, les colons, les commerçants, les fabricants de sucre indigène. Les plaintes furent universelles, mais l'o. pinion parut se prononcer contre les fabricants de sucre indigène. C'était d'eux que venait tout le mal. Leur industrie, naguère considérée comme une source féconde de richesses, fut proclamée un fléau, et il ne fut plus question que d'en délivrer le pays.

Cependant, on ne pouvait y toucher d'une manière directe et immédiate; la loi du 18 juillet 1837 avait garanti la récolte de 1839 et 1840 contre toute augmentation d'impôt; mais le mal étant devenu intolérable, et le projet de loi qui tendait à dégrever le sucre colonial de 15 fr. (ou même de 12 fr., chiffre de la commission) n'ayant pu être discuté, une ordonnance royale, tres-diversement jugée, statua, le 21 août 1839, qu'à par. tir du 10 septembre suivant les sucres coloniaux seraient dégrevés de 13 fr. 20 c. par cent kilo. grammes, décime compris.

C'était une diminution de la protection accordée au sucre indigène, et un temps d'arrêt à son essor excessif. Le trésor, il est vrai, en faisait les frais. L'effet immédiat de cette mesure fut de ranimer les transactions suspendues, de relever les prix et de déterminer la chute de cent quarantedeux fabriques de sucre indigène, condamnées, dans tous les cas, à périr, parce qu'elles avaient été créées dans de mauvaises conditions de production.

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A l'ouverture de la dernière session, un projet de loi a été soumis à la Chambre des Députés; il assujettissait également le sucre colonial et le sucre de betteraves à un droit de 49 fr. 50 c. (dixième compris) c'était la destruction de l'industrie indigène, aussi une indemnité de 40 millions lai était elle offerte.

Effrayée de l'animadversion qu'elle avait excitée, doutant de son avenir, l'industrie indigène parut se résigner à cette combinaison; elle déclara même qu'elle était prête à l'accepter.

Pour la première fois, les colonies, les ports de mer et les fabricants de sucre indigène se trouvaient d'accord. Les intérêts du trésor étaient également garantis. Un projet, appuyé par toutes les parties intéressées, semblait offrir de nom. breuses chances d'adoption; mais, par une singu larité qui semble s'attacher à tout ce qui concerne la question des sucres, les probabilités, ainsi qu'en 1837, furent démenties par l'événement.

En effet, bien que dicté par de louables inten tions, ce projet était à la fois excessif et incomplet; il portait préjudice à l'agriculture, il ne présentait pas au trésor les garanties qu'il voulait lui donner; enfin, il offrait à la fois d'immenses difficultés d'exécution et un précédent dangereux. C'est ce qui fut signalé par la commission, qui refusa de s'associer au sacrifice que les fabricants consentaient à faire de leur propre industrie.

Le projet est excessif, disait-elle, car il a pour but avoué de supprimer la production indigène; il est incomplet, car il ne l'interdit pas. On a exa géré les avantages que cette production procure à l'agriculture, soit; mais elle lui est profitable à un certain degré pourquoi en priver le pays? Une mesure aussi contraire à nos mœurs ne saurait être admise. Il faut régler cette industrie et la conserver. D'ailleurs, comment répartir l'indemnite? Aux fabricants qui ont survécu seulement? ou bien encore aux manufacturiers qui déjà ont fait faillite? Sera-t-elle exclusivement réservée aux producteurs de sucre indigène? Les cultivateurs de betterave, les fabricants de machines et de noir animal, les ouvriers, etc., n'y ont-ils pas égale ment des droits? Au surplus, l'indemnité ne servira-t-elle pas de prime pour continuer la fabrication sous le régime de l'égalité d'impôt? Qu'arriverait-il si une guerre maritime faisait renchérir le sucre de canne et ranimait tout à coup la fabrication indigène? A la paix, le trésor serait-il obligé d'acquitter une seconde rançon ? Finalement cette allocation d'un dédommagement n'introduirait-elle pas dans notre législation une inno vation très funeste? Tout changement dans le tarif des douanes deviendrait donc une cause légitime de réclamation? La France serait condamnée à l'immobilité. Nul progrès à l'intérieur, nulle extension de nos rapports avec l'étranger, sans un appel à la bourse des contribuables. »

Tels ont été, en substance, les objections de la commission; mais lorsqu'il fallut formuler un con. tre-projet, elle ne trouva rien de mieux que le ré

tablissement du régime de 1837, c'est à-dire le maintien indéfini de l'impôt de 16 fr. 50 c. sur le sucre indigène et l'élévation du droit sur le sucre colonial à 49 fr. 50 c. En d'autres termes, elle demanda l'abrogation pure et simple de l'ordonnance de dégrèvement du 21 août dernier.

Cette combinaison était également vulnérable; elle faisait renaître les inconvénients antérieurs à cette ordonnance; elle ne résolvait ni les difficultés du présent ni celles de l'avenir.

Un troisième système fut proposé à la commission par le cabinet nouveau; il consistait à transformer l'ordonnance de dégrèvement sur le sucre colonial en une augmentation d'impôt à peu près équivalente sur le sucre indigène. Une prééminence suffisante demeurerait au sucre des colonies sans aggraver la situation du sucre indigène, les intérêts du présent se trouveraient conciliés, ceux de l'avenir seraient garantis par l'égalité future de l'impôt. La commission n'accepta pas cette ouverture. Des dissidences sur les chiffres ne permirent pas au gouvernement de s'entendre avec elle.

Ces divers systèmes présentés simultanément au choix de la Chambre furent défendus avec chaleur et talent; mais l'argumentation du gouvernement l'a emporté.

Cette discussion a été d'ailleurs féconde en utiles enseignements; elle a rétabli les faits dans leur sincérité; elle les a dépouillés des exagérations qui les avaient obscurcis; à chaque intérêt, elle a assigné sa part; elle a remis chaque chose à sa place; elle a fait voir que toutes les industries destinées à lutter perpétuellement entre elles ne pouvaient, sans iniquité, réclamer l'assistance de la loi pour exterminer leurs rivales; que la mission d'un gouvernement sage était de les protéger toutes dans les limites de l'intérêt général; enfin, des renseignements authentiques ont démontré que, malgré la vivacité et la diversité des plaintes, malgré une multitude d'effrayantes assertions, malgré quelques malheurs privés, aucun des grands intérêts du pays n'avaient périclité.

Le système que la loi actuelle a eu pour but de consacrer nous paraît parfaitement indiqué dans le rapport de M. le comte d'Argout.

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L'égalité de l'impôt entre les deux industries proclamée en droit, un tarif équilibré avec équité d'après leur situation actuelle, mais devant conduire, à une époque indéterminée et toutefois peu lointaine, au nivellement du droit telle est, vous le savez, Messieurs, la combinaison sur laquelle vous avez à délibérer.

« Ce projet de loi crée un système; il règle le présent avec des ménagements équitables, mais en marquant le but de l'avenir. Une fois entré dans cette voie, il ne sera plus permis d'en sortir; il faudra la parcourir jusqu'au bout. Sous ce rapport, cette loi peut être déclarée comme fondamentale, puisqu'elle conduit à un système définitif et que d'avance elle en établit les bases.

D'une part, elle dit aux colonies vous ne serez point sacrifiées au sucre indigène; le marché de la métropole vous sera conservé, à moins qu'un jour, à égalité de taxe, vous ne vous en laissiez déposséder. Exploitez avec confiance vos propriétés; mais perfectionnez sans cesse vos produits, afin de conserver toujours la prééminence. Votre sort est ainsi réglé.

D'une autre part, la loi, s'adressant aux producteurs de sucre indigène, leur dit avec la même

netteté votre industrie ne sera point bannie du sol de la France; elle y a pris racine, elle y vivra.

Une industrie, qui remonte a quarante ans, qui a pris une grande extension, qui favorise les assolements, la culture des plantes sarclées, le nourrissage des bestiaux, et qui crée dans les campagnes des centres industriels servant à la fois à l'enseignement manufacturier et à celui des perfectionnements agricoles, ne sera point proscrite. Une pareille mesure n'appartiendrait pas à ce siècle.

Mais il serait également injuste que cette industrie demeurât également privilégiée à perpétuité, et qu'une exemption d'impôt, ruineuse pour une multitude d'autres intérêts, lui permît de tout envahir. Il faut lui faire sa part, il faut l'amener graduellement au régime commun. Ce que la production, nécessairement bornée, des colonies ne fournira point à la consommation croissante de la France, deviendra provisoirement son lot, toule. fois sous la condition expresse qu'elle travaillera sans relâche à se mettre prochainement en état de supporter les mêmes droits.

L'égalité d'impôt une fois établie, le champ demeurera libre aux deux industries; la suprématie appartiendra au plus laborieux et au plus habile; et la législature, impartiale entre les deux productions similaires et également nationales, n'aura plus à intervenir pour établir un équilibre artificiel, par des modifications continuelles de tarif.

Cette solution, Messieurs, nous paraft heureuse, loyale et juste; elle est conforme aux principes comme à l'équité.

Elle met un terme à ces discussions trop souvent empreintes d'amertumes et de récriminations, à ces alternatives d'espérances et de frayeurs désordonnées, à ces exigences passionnées qui ont si souvent assailli les Chambres et le gouvernement, et enfin à cette mobilité de législation si dommageable au commerce et à l'industrie. Parmi tant d'intérêts privés en collision violente, elle vient rétablir l'ordre moral, la paix, la sécurité de l'avenir. Elle vient donner pareillement des garanties aux intérêts généraux du pays. L'existence des colonies, la conservation de notre navigation, l'amélioration de notre agriculture, cesseront d'être tour à tour menacées; affranchies des périls que leur fait subir cette période de doutes et de perplexités, elles pourront marcher avec hardiesse dans la carrière du progrès.

Les intérêts du trésor, qui résument ceux de la société entière, n'en profiteront pas moins.

Un impôt assis sur une consommation de luxe, branche essentielle du revenu public, se verra désormais à l'abri des attaques qui l'avaient si fortement ébranlé, et dont le succès aurait compromis l'ensemble de notre régime financier. Bien plus, la portion déjà sacrifiée de cet impôt, que l'on pouvait croire perdue à jamais, sera restituée à l'Etat fait presque sans exemple dans nos annales parlementaires, acte courageux de retour aux vrais principes de l'impôt, dont la bonne répartition influe puissamment sur le bien-être des peuples.

Enfin, aux accroissements de revenus, soit immédiats, soit futurs que cette loi nous assure, à la consolidation du régime des contributions indirectes qu'elle nous garantit, ajoutez les facilités qui surgiront un jour de son application pour amé. liorer l'ensemble du système de nos contributions, surtout au profit de l'impôt foncier aujourd'hui si pesamment grevé.

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Ainsi, en résumé, périls évités, situation con

SECTION Ire. Sucre des colonies et de. Art. 1er (1). Le tarif des sucres à l'imporl'étranger. tation sera réglé ainsi qu'il suit, à partir

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solidée, amélioration d'avenir: sous ces trois rap ports, cette loi nous semble l'une des plus importantes qui, de longue date, ait été soumise à votre

examen. »

(1) De nombreux amendements ont été présentés sur cet article. Le plus radical était celui de M. Lacave-Laplagne, ainsi conçu: A dater da 1 juillet 1841, la fabrication du sucre brut sera interdite en France.

Un règlement d'administration publique déterminera l'application des art. 221, 223 et 225 de la loi du 28 avril 1816 à ceux qui contreviendraient aux dispositions du paragraphe précé. dent..

L'auteur de l'amendement stipulɛit, en outre, une indemnité pour les fabricants de sucre indigène et l'abaissement de la surtaxe sur le sucre étranger. Ce système, il faut le reconnaître, était plus franc, plus net, plus complet que celui du premier projet qui égalisait l'impôt sur les deux sucres, mais n'interdisait pas cependant la fabrication du sucre indigène. Il échappait donc à une partie des reproches qu'on pouvait adresser à ce projet.

C'est dans la discussion de cet amendement qu'ont été développés les arguments favorables au sucre colonial et ceux qui militent en faveur du système de transaction.

L'équilibre entre les deux sucres, disait-on d'une part, est impossible à maintenir : la moindre variation dans le prix des transports, le moindre progrès dans la fabrication fait pencher la balance en faveur de l'une des deux industries et entraîne la ruine de l'autre. Le gouvernement devra donc, pour maintenir l'équilibre, arrêter l'essor trop rapide que l'une ou l'autre pourra prendre. C'est le placer dans la plus fâcheuse position.

Il ne saurait, en effet, procéder avec la même liberté que lorsqu'il devient nécessaire de protéger l'industrie nationale contre la concurrence étrangère. Ici l'une et l'autre industrie a droit également à sa sollicitude. Son action sera gênée; il mécontentera alternativement les producteurs de l'une et de l'autre denrée. Adopter un parti mitoyen, c'est donc prolonger un état de choses funeste aux deux industries et remettre à un avenir peu éloigné une solution vivement réclamée et dont la difficulté s'accroîtra tous les jours. Il faut donc sacrifier l'une ou l'autre industrie.

L'option ne peut être un instant douteuse. La canne est la plante à sucre par excellence, on ne peut révoquer en doute sa richesse saccharine. L'extraction du sucre s'opère par les procédés les plus simples. A peine aujourd'hui même retiret-on le quart de ce qu'on pourrait lui faire rendre au moyen de procédés plus perfectionnés. Le sucre est une denrée toute naturelle aux pays des tropiques.

Ce n'est, au contraire, qu'en forçant l'ordre naturel que l'on a fait produire du sucre à la bette rave. Une pareille industrie n'a pu naître qu'au moyen de l'exagération des tarifs. C'est une pensée de guerre qui l'a fait surgir. Dans une même étendue de terrain à peine produit-elle la moitié de la quantité de sucre que donne la canne, et encore faut-il extraire la moitié de la substance saccharine. Les procédés d'extraction sont beaucoup plus difficiles et beaucoup plus coûteux. C'est donc une

industrie en serre chaude, qui ne peut se main. tenir qu'à l'aide d'un système factice et qui, en cas de retour au droit cominun, à l'égalité de droits, ne tarderait pas à disparaître. Il est vrai qu'elle emploie, à quantités égales, plus de capital et plus de travail; mais qui ne sait que le vrai problême de l'industrie est de produire beaucoup avec peu de capital et de travail, et non pas de' produire peu avec beaucoup de capital et de travail. Ainsi, au point de vue industriel, pas de difficulté.

que

On objecte l'intérêt agricole. Mais est-il bien sérieusement compromis. Qui ne sait l'industrie betteravière est parquée, par la force des choses, dans quatre départements du nord (Aisne, Somme, Nord, Pas-de-Calais), où elle a envahi les meilleures terres et où elle peut se procurer le combustible à bon compte. A peine occupe-t-elle 30,000 ou 40,000 hectares. 80,000 hectares suffiraient et au de-là à la consommation actuelle du pays tout entier. Elle empêche les assolements, car le fabri cant ne pourrait cultiver des terres éloignées sans se ruiner en frais de transport. Enfin, elle élève démesurément le loyer des terres, le prix des engrais, le prix de la main-d'oeuvre; elle chasse les céréales et les autres cultures qui jusqu'ici avaient fait la richesse de ces départements. Elle n'est point une plante agricole, mais seulement une plante industrielle, car la fabrication du sucre n'a de chances de réussite qu'autant qu'elle s'exerce en grand. D'ailleurs, si elle est un excellent moyen d'engraissage pour les bestiaux, rien n'empêche Ce la cultiver dans ce but unique, ainsi cela se fait dans l'arrondissement d'Hazebrouk.

que

La suppression de l'industrie sucrière n'occasionnera, grâce à l'indemnité, qu'un faible ralen⚫ tissement dans l'accroissement de la richesse de ces départements. Tandis que pour les colonies, c'est uns question de vie ou de mort.

Dans ce système, on faisait valoir avec force l'intérêt de notre puissance maritime. La marine marchande, qui est la pépinière de nos flottes, disait-on, est presque restée stationnaire depuis 1787. Or, ce statu quo équivaut, en présence de l'augmentation de nos populations, en présence du dévelppement de notre industrie et de notre commerce, à un pas en arrière. Voici le moment de lui permettre de se relever. La marine mar chande, qui forme de bons matelots, est celle qui fait la navigation de long cours: or, les voyages de long cours ont besoin d'être excités le transport d'objets de grand encombrement, et les sucres seuls nous offrent cet avantage, puisque, grâce aux traités, le transport des cotons s'effectue pres que exclusivement par bâtiments américains.

par

que

On se plaint du prix élevé de notre navigation, cela tient d'abord à la cherté des matières pre mières que nous sommes obligés d'employer; en second lieu, à la composition de nos équipages; enfin, à la construction de nos navires; mais il faut surtout l'imputer à la difficulté nous éprouvons de nous procurer des retours des pays étrangers producteurs de sucre. Le peu d'affaires que nous y traiions empêche d'y avoir des comptoirs. Un long temps s'écoule donc avant que le chargement ne soit complet : à peine faisons-nous un voyage pendant que les navires anglais ou hollandais en font deux et même trois. Dans notre

système, cet état de choses cesse de nouveaux débouchés s'ouvrent à notre industrie. Cinquante milliers de kilogrammes de sucre seront demandés à l'étranger pour la consommation intérieure qui ne fera que s'accroître, et de plus l'abaissement du chiffre du rendement des sucres raffinés permettra d'offrir à notre marine une nouvelle aliimentation. Voyez l'Angleterre, tous les éléments s'y trouvent réunis pour la fabrication du sucre de betterave. L'agriculture y est très-avancée; elle possède la houille à très-bas prix. Lorsqu'il s'est agi d'y fonder l'industrie du sucre indigene, qu'a fait le gouvernement? Voyant d'un côté des résultats incertains, et de l'autre un immense intérêt financier et maritime, il n'hésite pas à frapper le sucre indigène du même droit que celui des

colonies.

Il ne saurait être question du sacrifice des colonies. Elles occupent dix mille matelots; elles sont l'objet d'un commerce de 95 millions. La Marti nique offre une position militaire digne du plus haut intérêt; enfin, elles sont habitées par des colons français qui méritent toutes nos sympathies.

En vain oppose-t-on certaines éventualités, le cas de guerre maritime, l'affranchissement des esclaves, la liberté de l'industrie et le précédent fâ. cheux que l'allocation d'indemnité introduirait dans notre législation, puisque le gouvernement ne pourrait plus modifier les traités sans se voir exposé à des réclamations de la part des intéressés. Nous répondrons qu'il ne s'agit point ici, à proprement parler, d'une pare question de droit protecteur, puisque le produit protégé est luimême, contre l'ordinaire, soumis à un impôt; que, d'ailleurs, il y aurait une injustice flagrante à refuser une indemnité après tous les encouragements dont cette industrie a été l'objet; enfin, il existe un précédent de ce genre dans l'indemnité accordée aux fabricants de l'anti-tabac. Quant aux éventualités que l'on paraît tant redouter, celle de guerre maritime doit fort peu nous inquiéter, puisque les neutres nous approvisionneraient : les en empêcher, ce serait vouloir nous donner des alliés. Pour l'affranchissement des esclaves, il est clair que le gouvernement prendra, à cet égard, toutes les mesures désirables, afin qu'il n'ait aucune conséquence fâcheuse. Au surplus, il est à remarquer que, dans les pays, tels que Cuba, PortoRico, etc., où le travail libre a succédé au travail servile, la production a considérablement augmenté.

la

Ce n'est pas sérieusement non plus qu'on invoque le principe de la liberté de l'industrie. Il n'est respectable qu'antant qu'il ne porte point atteinte aux intérêts généraux du pays. Quand on soumet tout le monde à la même règle, il n'y a de privilége pour personne. A cet égard, les exemples ne manquent pas. En France, vous avez le monopole du tabac et de la poudre. De même, en Angleterre, la culture du tabac a été interdite sous Cromwel, en Ecosse, en 1783, et en Irlande, en 1830. Et jamais les apôtres de la liberté industrielle n'ont prétendu qu'il y avait là violation du principe.

On faisait valoir, en dernier lieu, l'intérêt du trésor, auquel le sucre indigène avait enlevé déjà plus de 150 millions. En effet, en 1826, le trésor avait touché net 31 millions; la consommation n'était alors que de 64 millions de kilogrammes. En 1839, elle s'est élevée à 115 millions, et le produit net pour le trésor s'est réduit à 28 millions;

c'est à-dire que, dans l'intervalle de quatorze années, la consommation s'est accrue de 51 millions, tandis que les produits ont rétrogradé de 3 millions de francs. Surimposer le sucre indigène, c'est donner une nouvelle excitation à la fraude; si, au contraire, on le supprime moyennant indemnité, celle-ci sera bientôt remboursée et au-delà par les droits qui seront acquittés sur le sucre étranger. L'impôt perçu de la manière la plus commode, à la douane, prendra toute l'extension dont il est susceptible, et permettra de dégrever la propriété foncière qui, en ce moment, se trouve obérée.

Quant au consommateur, il ne saurait se plaindre, puisqu'il obtiendra le sucre au plus bas prix possible. Tous les intérêts sont donc satisfaits.

A ces arguments, les partisans du système opposé répondaient: Qu'il était possible de faire vivre ensemble l'une et l'autre industrie, sans que cela entraînât pour l'une ou l'autre les résultats funestes que l'on prédisait. Sans doute, disait-on, le tarif qu'établirait la loi à intervenir n'aurait rien de définitif; mais c'est le propre des questions industrielles d'appeler dans un avenir toujours peu éloigné un nouvel examen et une nouvelle décision. Au surplus, la fausse position dans laquelle on prétend que le gouvernement sera placé est évitée au moyen de l'art. 2.

Sans contester à la canne sa richesse saccharine, elle a, ajoutait-on, le double désavantage relativement à la betterave d'être fort éloignée, et de ne pouvoir servir à la nourriture des bestiaux. Loin, du reste, d'être une industrie en serre chaude, le sucre indigène, bien qu'il n'ait pas réalisé toutes les espérances conçues par les fabricants (le prix de revient était, en 1828 de 86 fr.; aujourd'hui, il est de 75 fr.; pour les colonies, il est descendu de 60 fr. à 47 fr.), il a fait cependant des progrès assez notables. Le chiffre de son tarif n'est pas aussi élevé que celui qui protège d'autres produits, les fers notamment. De plus, la production des colonies étant limitée, l'accroissement de la consommation lui promet un bel avenir.

On lui reproche d'être confiné par la force des choses dans quelques départements; mais il est clair que le perfectionnement prochain de notre navigation intérieure facilitant le transport des combustibles, il ne tardera pas à se développer dans des contrées où la main-d'oeuvre est moins chère. D'occuper peu de terrain: il en est de même de l'olivier, du mûrier et de la garance, et d'autres cultures fort importantes. De chasser les anciennes cultures le même fait s'est vérifié pour le colza, qui a repoussé le chanvre et le lin; d'exagérer le loyer des terres, de faire abandonner les céréales; mais, à l'origine des nouvelles cultures, toujours il y a spéculation, agiotage, désordre, et cette industrie est encore dans cette période. De déranger les assolements, à cause des frais de transport; mais avec l'assolement quadriennal il suffit de 400 hectares pour alimenter une usine produisant 150,000 kilogrammes. D'élever les salaires tant mieux pour les travailleurs.

Elle distribue dans nos campagnes le travail et l'aisance, poursuivent les partisans de ce système : elle occupe autour d'elle, dans la belle saison et dans la saison morte, les bras faibles des vieillards, des femmes et des enfants; elle provoque l'établissement ou l'activité d'un grand nombre d'autres industries, telles que celles du noir animal, de la distillerie des mélasses, de la construction des machines, etc.; enfin, elle donne une immense acti

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