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d'Yore & de Lancaftre,) la Maison de Bourgogne, & enfuite celle d'Autriche, fe virent contraintes d'y avoir l'œil; & que Henri VIII., Roi d'Angleterre, plus jaloux de l'acroiffement de la Puiffance des François, & moins épargnant que Henri VII. fon Pere & Prédeceffeur, s'allia plus d'une fois avec d'autres Princes, pour donner des bornes à cette augmentation de pouvoir.

La Nation Angloise, répresentée par fon Parlement, n'en a pas eu moins de jaloufie ni de crainte que fes Rois; & à peine pourroit-on trouver d'exemple que dans une circonftance, où la Guerre ait été jugée néceffaire pour donner un frein à la France, ce Parlement n'y ait efficacement & promptement concouru: Auffi depuis plus de 20. ans, a-t-il toûjours tâché de tenir dans l'équilibre la plupart des Princes & Maifans Puiffantes de l'Europe. Il eft vrai que depuis la mort de Henri II., fous la Régence de Catherine de Médicis, & encore longtemps après, jufqu'à la Majorité du Roi à prefent regnant, cette Courronne ayant prefque tou jours été troublée & agitée par des Guer res Civiles & des Differends Domeftiques,

&

& étant par la tombée dans une grande décadence & dans l'impuiflance, ces précautions n'étoient pas fi néceffaires qu'auparavant. Mais dans la fuite, & fur tout par le fuccés de la Guerre, qui fut terminée par le Traité des Pirenées d'une façon defavantageufe pour l'Espagne, les PaïsBas étant devenus de plus l'objet des am◄ bitieux défirs de la France (comme autrefois l'Italie l'avoit été pendant le Régne de la Maison de Valois;) Et après la mort de Philippe IV., Roi d'Espagne, ces Païs ayant été attaquez de nouveau par les François, il a fallu encore un Contrepoids à cette Couronne, comme aupa

ravant.

Pour y parvenir, la fameufe TripleAlliance auroit été fans doute d'un grand effet, fi le Bien public n'avoit pas été contraint de ceder à une Politique intereffée & blâmable. Apres la fin de la premiére Guerre contre la France, on y travailla de nouveau: Mais la feconde Guerre étant furvenuë, on forma pour la premiére fois l'Alliance, qui a été renouvellée au commencement de la présente Guerre, en la même maniére, & pour les mêmes fins qui viennent d'être alleguées.

De

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De la part de l'Ennemi, il a fouvent ofé fe flater qu'une telle Alliance, faite entre tant de Puiffances ne pourroit durer longtemps, & qu'aprés les premiers efforts, elle ne manqueroit pas de fe diffiper: Que bien-tôt la méfintelligence, la jaloufie, la défiance, la diverfité de vûes & d'intérêts cauferoient du refroidif fement & de la diffention entre les Hauts Alliez, quoique liguez enfemble par un intérêt commun contre la trop grande Puiffance de cet Ennemi: Que même leurs fuccés, quels qu'ils puiffent être, bons ou mauvais, feroient naître de la divifion entr'eux, & les defuniroient. La différence même de la Conftitution de chaque Etat & Pays des Hauts Alliez, & de la forme de leur Gouvernement, lui a fait regarder comme une chofe impoffible, fur tout par raport à cette République, & traiter de chimére (tout de même qu'autrefois à l'égard de la République de Venise, pendant les Guerres d'Italie) le deffein d'oposer un Contrepoids à fa Puiffance. Cependant avec tout cela, il n'y a point d'artifice ni de ruse dont il n'ait usé, pour faire naître de mauvais foupçons entre les Hauts-Alliez, ou pour leur fufciter des Tom.1.

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trou

troubles ailleurs; de même que fit Louis XI., Roi de France, qui, pour le tirer du mauvais état où le tenoit la Maifon de Bourgogne avec d'autres Princes, jufques là que fa Capitale couroit rifque d'être infultée, aima mieux employer tous fes foins à exciter la divifion entre les Princes Liguez, que d'expofer le Royaume au fort d'une Bataille.

Mais quoiqne cela lui réüffit alors, on voit pourtant aujourd'hui, que nonob ftant tous les artifices, les fubtilitez, & les rafes mifes en pratique, la Grande Alliance ne laiffe pas de fubfifter: Et il fera encore néceffaire qu'elle continuě pour le maintien de la fûreté. commune foit que la Guerre dure, ou qu'on la voie bientôt finir par une heureufe paix. Car à l'égard de la Guerre, les Hauts Alliez ont fort bien compris, & à temps, ce que les Etats d'Italie & autres pays de la Méditerranée ont autrefois, à la verité, compris, mais par malheur trop tard, fur l'acroifement de la Puiffance Romaine: Savoir que fi chacun étoit obligé de combattre en particulier contre les grandes forcer de la France, ils ne manqueroient pas d'être fubjuguez l'un après l'autre, &

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qu'on auroit raison de craindre qu'ils ne périffent tous: Et à l'égard de la paix qui fe pourra faire, quand même elle feroit conforme au but de la Grande Alliance, tel qu'on l'a ci-devant exprimé, neanmoins, il resteroit encore affez de forces à la France, pour la rendre redoutable à chacun des Hauts Alliez en particulier; outre qu'il ne lui faudra que peu de temps pour reprendre fes premieres forces.

Auffi fut il reprefenté plus au long l'Année derniere, que depuis plus d'un demi-Siecle, cette Couronne n'a eu befoin chaque fois que de fix années, pour

fe remettre en état de recommencer de nouveaux troubles. De plus, fans employer ici les raifonnemens qui fe pourroient faire fur l'humeur toûjours inquiete & remuante de la Nation, qui dépuis plus de 200 ans a fait regarder fon voifinage comme incommode & dangereux, & fur les Maximes que la France a constamment fuivies pour étendre fa Domination; il n'a que trop paru, même par l'experience, combien peu de fonds on peut faire fur un Traité de Paix, qui caufera la féparation des Hauts-Alliez. Car, pour ne point faire mention de ce

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que

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