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GNEURS, les Evenemens de cette Guerre font extrémement mémorables, foit qu'on faffe reflexion fur les fanglantes Batailles & les glorieux Combats qui ont été livrez; peut être plus qu'il n'y en a jamais eu en aucune autre Guerre, dans le même efpace de temps que celle-ci a duré: Particuliérement fur les Batailles de Shellenberg, de Bleinheim, de Ramelies, de Turin, d'Audenarde, de Malplacquet d'Almenar, de Sarragoße, outre plufieurs autres qui n'ont pas été fi confidérables ni d'une fi grande conféquence que celleci, mais qui n'ont pourtant pas laiffé d'a-querir & d'affermir d'une maniére distinguée, une grande gloire aux Armes de V. H. Puiffances & de leurs Allicz: Ou foit qu'on faffe reflexion fur les fréquents & pénibles Siéges, & fur les Conquêtes de quantité de Villes & de Fortereffes, entr'autres de celles de Keyfersweert, Barcelonne, Lille, Tournai, Mons, Douay, Betune, Aire, & en dernier lieu de Bouchain, toutes prifes à la vûe des Armées Ennemies, nonobftant les tentatives & les efforts qu'elles ont faits pour s'y opofer: Soit qu'on envifage les difficultez & périls des paffages des Rivieres, temoin

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ceux de l'Adige, du Mincio & de l'Oglio en Ralie; & au Païs-Bas, de l'Escaut plus d'une fois, de la Scarpe, & depuis peu du Sanfet; Ou bien tant de Retranchemens & de Lignes forcées, comme à Schellenberg, à Lauterbourg, au Brabant Vallon, à Commines, a Trouille & à Mal-Placquet; Ou enfin tant de diverfes entreprises fi bien concertées, fi fignalées, fi éclatantes, & telles qu'on les doit regarder com me tout ce que l'Art Militaire pouvoit jamais inventer de plus grand & de plus ingénieux, & même comme capables de fervir d'inftruction à la pofterité. Il eft donc néceffaire que tous ces grands Evenemens (dont le détail a été fait plus au long ci-devant, & que par cette raifon on ne fait que toucher ici en paffant, ceux de la derniére Campagne étant encore prefens aux yeux de tout le monde); ileft,dis-je, néceffaire que tous ces grands. Evenemens foient fouvent rapellez dans le fouvenir, qu'on y penfe & repenfe fou vent, parceque dans leurs circonstances ils font d'un trop grand poids, pour les Taifler en proie à l'oubli, par foibleffe de mémoire, & d'autres diftinctions; & parceque ce qui s'eft paffé dans cette Guer HS

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re, petit donner de grandes lumieres pour l'avenir, & fervir de régle pour ne fe laiffer pas abufer dans ce qui refte encore à faire; mais principalement parce qu'ils font de fortes preuves de la béne diction de Dieu, fur les Armes de Vos Hautes Puiffances & de leurs Alliez, & qui doivent inspirer une ferme confiance, qu'en ne négligeant pas cette bénediction, & qu'en profitant comme il faut des Succés des Victoires qu'on a obtenuës, elles feront un Soleil levant, ou déja monté fur l'Horifon qui amenera le plein jour d'une Paix fouhaitée & mémo◄ rable.

Cependant, il faut avouer que le cours de ces grands & avantageux Evenemens n'a pas toûjours été également rapide; & que toutes les Années de cette Guerre n'ont pas été également heureufes. Que quelques fois on a perdu des Batailles comme celles de Spierbach, de Calcinato, de Caftiglione & d'Almanza; car pour elle de Villa-Viciofa, on peut bien affurer & démontrer par de bonnes raifons qu'elle a tourné plus à la gloire & à l'avantage des Armes des Alliez, qu'à leur perte: Qu'ily a eu quelques Villes, qui

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ayant été attaquées ou affiégées par les En-
nemis, fe font vûes contraintes de céder
à la force, quoique néantmoins la plû-
part aient été depuis reprises:. Que les
Campagnes qui ont fuivi les grandes Vi-
&oires, comme par exemple celles de
Schellenberg, de Bleinheim, de Ramelies
n'ont pas toûjours été accompagnées d'un
fi grand bonheur. Mais outre que, ge
neralement parlant, dans les affaires hu-
maines, il n'y a rien qui demeure toû
jours & de tous côtez dans un égal degré
de profperité & de bonheur, que même
les Flambeaux Céleftes dans leur cours
fouffrent de temps en temps des Eclipfes;
& fur tout qu'il plaît quelquefois à la
Providence Divine de faire éclater fon
Souverain Pouvoir, d'une façon particu-
liere, dans les affaires de la Guerre, &
de faire évanouir les deffeins des Hom-
mes, avec la confiance qu'ils avoient en
la force de leurs Armes; il eft constant,
pour ne parler que des Caufes fecondes,
que la viciffitude des Succés a été fpécia
lement occafionnée par la grande puiflan-
ce de l'Ennemi, qui, à la vérité, s'est
vû fort énervé par les efforts qu'il a faits
par fes pertes,
mais non pas entiére-
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ment abatu: Et bien loin que cela lui ait fait perdre courage, ou l'ait feulement rallenți, il a semblé que ce n'ait été que comme un aiguillon pour ne rien épar gner, & pour raffembler toutes fes 'reffources, afin de réparer fes pertes; en quoi il a démenti la force des anciennes Traditions & Sentences, qui ont attri- ́ bué à ceux de cette Nation (laquelle de tout temps & avant qu'elle eût le nom qu'elle porte aujourdhui, a été reconnue pour belliqueufe,) d'être dans la profperité plus qu'Hommes par leur activité & hardieffe, & dans l'adverfité moins que Femmes, par leur impatience à fuporter la mifere, les fatigues, & les incommoditez de la Guerre.

11 faut ajoûter à cela, qu'immédiate ment avant le commencement de cette Guerre, toutes les parties & dépendances de la Monarchie d'Espagne, & les autres Païs annexez, ayant été occupez par l'Ennemi, fes premiers foins furent de fe fortifier & de s'affermir dans cette poffef fion, ufurpée par des voies de fait; & que peu de temps après, comme les Armes des Alliez commencérent à être fupericures, La principale vûe fut de fe te

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