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dans le IV. Article. Lefquelles mefures, quand même cet Article pourroit être feparé du XXXVII. (ce qui n'eft pas) ne pourroient avoir lieu qu'en cas que, contre les apparences, le Duc d'Anjou ne voulût pas quitter l'Espagne & les Indes; & que la France, après avoir travaillé inutilement pendant deux mois à l'y porter, eût befoin du fecours des Alliez pour lui faire abandonner, non feulement l'Efpagne & les Indes, mais toute la Monarchie fans aucun démembrement.

Il est vrai que dans la penultiéme Conférence, les Plénipotentiaires de France donnerent lieu d'examiner, fi on ne pourroit point trouver de moyens propres pour donner aux Alliez de plus grandes fûretez pour la Reftitution de l'Espagne & des Indes. Mais cela ne porta en aucune maniere les Srs. Députez à fe départir de leur premier fentiment, qui étoit, que la propofition d'un Partage avoit été faite pour faciliter la Reftitution de l'Efpagne & des Indes; & pour, en faveur de ce Partage, faire exécuter les Préliminaires en toutes leurs parties. Les difcours qu'on tint fur ce fujet ayant donné lieu de penfer que les intentions de la Fran

France pouvoient bien n'être pas telles qu'on les avoit crues, donnerent en même temps occafion à en demander l'éclairciffement, & à expliquer clairement l'intention des Alliez qu'on avoit fait connoître dans la précedente Conférence : Mais on ne peut pas dire pour cela que lesdits Srs. Dépurez ayent varié, & fe foient contredits & retractez, comme on les en accufe; puis qu'ils fe font toûjours tenus au point effentiel & capital, favoir, la fûreté que les Hauts-Alliez doivent avoir à l'égard de la Reftitution de l'Espa gne & des Indes.

Tout ce qu'on allégue pareillement pour fonder le reproche qu'on fait aux Alliez d'une variation, reglée feulement par les évenemens de la Guerre, ou par les facilitez que le Roi de France apportoit à la Paix, & toutes les preuves qu'on en aporte, tout cela eft, abfolument deftitué de fondement. On ne convient & on n'avoue point du côté des Alliez, qu'ils euffent l'année derniere regardé comme une injure, qu'on les crût capables d'exiger que le Roi de France unit fes forces aux leurs. On n'a jamais rien dit de tel, cette année ni la précedente, dans aucu

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ne Conférence; & ce qui pourroit avoir été dit en d'autres occafions ne peut pas tirer à confequence. Certainement, ft on avoit été porté à varier fuivant les évenemens, ce qui s'eft paffé depuis que les Préliminaires furent reglez, la prife de la Ville & Citadelle de Tournai, la Victoire de Malplaquet, la reduction de Mons, le paffage des Lignes auprès de la Scarpe, & la prise de Doüai, en auroient fourni d'affez fortes raisons.

Quant à ce que lesdits Srs. Plénipotentiaires, en plufieurs endroits de leur Lettre, s'étendent fort au long fur la dureté des conditions, en ce qu'on voudroit que le Roi de France fit feul la Guerre à fon Petit-Fils, & qu'au cas que dans l'espace de deux mois la ceffion de l'Efpagne & des Indes ne fût pas éxécutée, la Tréve cefferoit: Il est à remarquer que ce qui eft dit dans une periode, Que le Roi de France feroit obligé à faire feul la Guerre à fon Petit-Fils, eft contredit dans une période fuivante un peu plus bas, où il est dit, Que les Troupes que les Alliez ont en Catalogne & en Portugal, devoient a-gir de concert avec celles de France pendant ces deux mois. Car encore qu'on

y ait ajoûté que cela étoit accordé comme une grace (c'eft ainsi qu'on a trouvé bon de s'exprimer, pour donner un tour o◄◄ dieux à une facilité que les Alliez vouloient aporter) & qu'après ce terme expiré ces Troupes cefferoient d'agir; néan-moins il eft conftant que ce feroit un fecours affez confidérable pour ledit efpace de deux mois, ou pour tel autre plus long terme dont on auroit pû convenir; & il n'eft pas étrange que ces Troupes ne duflent pas fervir après l'expiration du terme, puis qu'alors la Tréve feroit finie.

Outre celà, lors qu'on fe plaint de la dureté qu'il y auroit que le Roi de France dût prendre fur lui feul de faire effe&tuer la Reftitution de l'Efpagne; il pa roît qu'on ne fait pas d'attention à la dureté qu'il y a eu, forfque Sa Majesté s'eft emparée feule de la Monarchie d'Efpagne, & qu'Elle a mis le refte de l'Europe en peril d'être envahi de même. Si on confidére bien les chofes, on trouvera qu'il n'y a pas au fonds en ceci d'autre dureté que celle qui fe rencontre dans tous les Traitez qui emportent quelque Reftitution, & particuliérement dans ceux où il s'agit de la Reftitution de chofes qu'on

poffe

poffede injustement. Cependant on peut affez juger par la fituation des Affaires d'Efpagne, que le Roi T. C. parviendroit aifément, foit par la voye de la perfuafion, foit par celle de la contrainte, à obliger fon Petit-Fils à reftituer l'Efpagne & les Indes, s'il le vouloit fincérement & ferieufement, & fi fon PetitFils & la Nation Efpagnole étoient bien perfuadez de la droiture & de la fincérité de cette intention.

On ne voit pas auffi qu'il y ait d'autre dureté que celle qui eft attachée à tous les autres Traitez & Conventions, en ce qu'on ftipule que la Reftitntion de l'Elpagne n'étant pas exécutée dans le temps limité, la Tréve cefleroit. Car comme les Alliez auroient raifon de prendre pour une infraction du Traité, fi on refufoit de leur livrer dans le temps limité quel qu'une des Villes dont la ceffion auroit été ftipulée dans les Préliminaires, & qu'ils feroient en droit de fe faire justice par les Armes; il eft encore plus juste & raifonnable, que fi un point auffi important que celui de la Reftitution de l'Ef pagne & des Indes venoit à n'être pas effectué dans le temps limité, ils foient as

lors

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