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les Alliez la rupture de la Négociation, & la continuation de la Guerre, comme s'ils demandoient des chofes nouvelles injuftes, & impoffibles dans l'éxécution; néanmoins tout cela ne change point le fond de la chofe en elle-même, & il n'en eft pas moins clair que cette rupture doit beaucoup plûtôt être attribuée aux Ennemis; puis qu'ils le départent des fondemens fur lefquels la Négociation a été commencée, & qu'ils font leurs efforts pour rendre l'Article capital, favoir la Reftitution de l'Efpagne & des Indes illufoire dans fon éxécution.

Que pour démontrer cette verité, il faut confiderer, qu'il y a long-temps, lorfque les Ennemis demandérent d'entrer en Conférence, & de traiter de la Paix, on n'a pas voulû ni pû y confen tir du côté des Alliez, à moins qu'avant toutes chofes on ne convint de certains Articles, qui fuffent le fondement de la Négociation dans laquelle on devoit entrer, pour parvenir à une Paix folide & générale. Le premier & le principal de ces Articles fut la Reftitution de l'Espagne & des Indes au Roi Charles III: Et cet Article fut accordé par la France

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même

même avant que le Sieur Rouillé & le Sieur Marquis de Torci vinffent dans le Païs; & ainfi avant qu'on fût convenu des Préliminaires, par lesquels cette Reftitution eft confirmée avec plus d'étenduë, & de nouveau promife & ftipulée. Par conséquent, perfonne ne peut trouver étrange qu'on infifte de la part des Alliez fur un point capital comme celuici, pour lequel on a commencé & continué jufques à present la Guerre; ni que les Alliez prétendent d'avoir une entiere fûreté à l'égard d'une chofe de fi haute importance.

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Que les Hauts-Alliez croyant ne trou

cette fûreté que dans l'Article XXXVII. des Préliminaires, & le Roi. T. C. n'ayant pas jugé à propos d'ap prouver les Préliminaires, à caufe de ce XXXVII. Article feul; cet Article eft devenu le fujet de la Négociation que les Ennemis viennent de rompre, laquelle avoit été proposée pour chercher un moyen équivalent, par lequel les Alliez trou vaffent la même fûreté qui leur étoit don née par le XXXVII, Article des Prélimi naires.

Que dans la premiére Conférence tex

nuë

nuë à Gertruydenberg, entre les Srs. le Maréchal d'Huxelles & l'Abbé de Polignac d'une part, & les Srs. Buys & vander Duffen de l'autre, ces derniers avoient fait voir, que les propofitions qu'on avoit faites jufques alors, de donner aux Alliez des Villes d'ôtages aux Païs-Bas, pour leur tenir lieu de la fûreté qu'ils croyoient trouver dans le XXXVII. Article des Préliminaires, n'étoient point acceptables: Parce que par là les Alliez fe trouveroient engagez dans une Guerre particuliere & incertaine avec l'Espagne, pendant que la France de fon côté joüiroit de la Paix: Et qu'on ne pouvoit pas avec raison exiger d'eux, qu'ils demeuraffent engagez dans une Guerre fujette à toute forte d'incidens, & qui même leur feroit courir rifque de ne recouvrer jamais l'Efpagne & les Indes, mais que la Paix de voit étre générale.

Les Sieurs Plénipotentiaires de France en parurent fi convaincus, que dans cette premiére Conference & dans toutes les autres qui fuivirent, ils propoferent; Que puifqu'ils voyoient bien que les Alliez ne vouLoient qu'une Paix générale, & qui procurat la Reftitution de l'Espagne & des Indes,

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à

dont le Roi Philippe étoit encore en poffeffion; il n'y avoit que deux voyes pour le porter s'en défifter, l'une de contrainte, & l'autre de perfuafion. Que la première, à leur avis, feroit dure à la France; & par conSéquent que la feconde feroit feule praticable,

pourroit réuffer, fi on leur remettoit entre les mains quelque portion de la Monarchie d'Espagne, dont ils puffent difpofer en faveur du Roi Philippe, & par ce moyen le porter à renoncer an refte. Enfuite, ay. ant demandé fi les Alliez, pour parvenir à une Paix générale, ne voudroient pas confentir à un Partage; ils ont propofé plufieurs alternatives, l'une defquelles étant acceptée, le Roi Charles entreroit en poffeffion de la Monarchie d'Espagne, à l'exception de cette portion qui feroit affignée au Roi Philippe; & après qu'on eût tenu plufieurs Conférences, les Srs. Plénipotentiaires de France reduifirent les fufdites Alternatives aux Royaumes de Sicile & de Sardaigne. Les Hauts-Alliez n'ont pas pu par là entendre autre chose, finon que ces deux Royaumes étant cedez au Petit-Fils de Sa M. T. C., Sadite Majefté s'engageoit par ce moyen de le porter à remettre aux Hauts-Alliez le re

fte

fte de la Monarchie d'Espagne, dont il eft en poffeffion.

Mais les Hauts-Alliez comprirent, par ce qui fe paffa dans la pénultiéme Conférence, & par le Rapport qu'en firent les Srs. Députez, que quand même ils pour roient fe refoudre à accepter la fufdite propofition d'un Partage, il demeureroit toutefois incertain, fi par là on pourroit parvenir à une Paix générale; puifque les Sieurs Plénipotentiaires ne s'expliquoient par clairement fur la queftion, fi en ce cas l'Espagne & les Indes feroient effectivement remises au Roi Charles, comme il avoit été reglé par les Préliminaires. Ils fembloient même fuppofer le contraire, puifque l'un d'eux (quoi qu'il femblât alors ne parler que felon fa penfée particu liere) s'étoit avancé de demander, fi les Alliez ne pouvoient pas fe contenter que le Roi de France leur fournit une certaine fomme d'argent pour les aider à faire la conquête de l'Efpagne & des Indes.

Dans cette incertitude, les Hauts-Alliez crurent qu'avant que de s'ouvrir sur la propofition d'un Partage, il falloit qu'ils viffent plus clair dans les intentions de la France, fur une aflaire fi férieufe & fief

fen

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