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et à les encourager par de douces paroles. L'Église et la demeure des pauvres étaient les lieux qu'elle fréquentait.

Après la mort de son respectable père elle réalisa le désir de sa vie? elle répondit à l'appel du Divin Maître et se consacra à lui dans la vie religieuse. Avant d'entrer au Carmel et sans être sûre de pouvoir en suivre la règle austère à cause de son âge avancé, elle se dépouilla de sa fortune en faveur de sa famille, ne se réservant qu'une pension viagère. La Sour Louise Marie de Jésus prit l'habit religieux le 9 décembre 1872, âgée de 53 ans et 3 mois, et fit sa profession le 10 décembre 1873. Elle fut une véritable providence pour la Communauté qui était alors fortement endettée et avait à faire exécuter d'urgentes réparations aux bâtiments du Monastère. Notre charitable Soeur fournit d'abord aux plus pressants besoins et continua d'être la ressource de la Maison. Reçue à la profession avec le titre de bienfaitrice, qui lui était légitiment acquis par ses libéralités, elle ne voulut jamais s'en prévaloir pour profiter des soulagements qu'elle aurait pu se procurer.

Ses obsèques ont eu lieu le lundi 9 février, Les Révérends Pères Carmes déchaussés ont bien voulu y prêter leur concours. Le R. P. Prieur à fait les absoutes dans le choeur intérieur, et le R. P. Sous-Prieur à chanté la Grand-Messe, l'un et l'autre assistés des deux Pères Carmes. Le Clergé de Saint-Just, paroisse du Monastère, a donné la dernière absoute; et tous avec la famille ont ensuite accompagné le convoi au cimetière de Loyasse, où la dépouille mortelle de la Sœur Louise Marie de Jésus a été déposée dans le tombeau des siens, suivant les instructions données dans le temps.

En 1882 des fêtes solennelles furent organisées dans tous les Carmels de l'Univers pour célébrer dignement le troisième centenaire de la mort de la Séraphique Mère Sainte Thérèse. Le Souverain Pontife Léon XIII accorda à la grande famille religieuse de la Sainte la célébration d'un Triduum solennel accompagné de faveurs particulières et de privilèges d'un grand prix, par les deux brefs suivants.

LEON XIII, PAPE.

A tous les fidèles du Christ qui verront les présentes Lettres
Salut et Bénédiction Apostolique

A l'occasion du troisième centenaire du jour où la Séraphique vierge sainte Thérèse, affranchie des liens du corps, prit son essor vers le ciel, en vertu d'un décret par nous approuvé à la Congrégation préposée à la conservation des rites sacrés, il a été permis à la religieuse famille des Carmes déchaussés de célébrer dans toutes les églises de leur Ordre un Triduum solennel en l'honneur de la sainte Législatrice, à partir du quinze octobre prochain jusqu'au trente et un du même mois de la présente année, inclusivement. Or, pour que cette heureuse circonstance serve au plus grand profit des âmes, notre bien-aimé fils Bernardin de Sainte-Thérèse, Procureur général de l'Ordre susdit, nous a instamment supplié de daigner ouvrir avec bonté les trésors célestes de l'Eglise.

C'est pourquoi, appliqué avec une pieuse charité à augmenter la dévotion des fidèles et leurs moyens de salut par des largesses spirituelles, Nous accordons miséricordieusement à tous et à chacun des fidèles du Christ de l'un et de l'autre sexe, qui, dans toute église ou chapelle publique des Frères, des Sœurs ou même des Tertiaires dudit Ordre, auront, chaque jour du Triduum, pris part pendant quelque espace de temps aux exercices solennels, de pouvoir, l'un des trois jours à leur choix, obtenir la pleine indulgence et rémission de leurs péchés, pourvu que, vraiment pénitents, confessés et reconfortés par la sainte communion, ils aient visité l'église ou la chapelle publique dont nous parlons plus haut, et, là, aient répandu devant Dieu de pieuses prières pour la concorde entre les princes chrétiens, l'extirpation des hérésies, la conversion des pêcheurs et l'exaltation de notre sainte Mère l'Eglise.

En outre, aux mêmes fidèles qui, à tout le moins contrits de cœurs, auront, un jour ou l'autre, assisté dévotement et pendant quelque espace de temps aux solennités saintes du Triduum dans n'importe laquelle des églises ou chapelles dénommées et y auront prié ainsi que nous le disions tout à l'heure, nous remettons en la forme accoutumée de l'Eglise sept années et autant de quarantaines sur les pénitences enjointes ou dont ils seraient redevables à tout autre titre.

Toutes ces indulgences, rémissions des péchés et relaxations de pénitences, Nous concédons aussi la faculté de les appliquer par manière de suffrage aux âmes des fidèles du Christ qui ont émigré de cette vie dont l'union avec Dieu par la charité.

Et ce, nonobstant, etc.

Donné à Saint Pierre de Rome, sous l'anneau du Pêcheur, le 17 mars de l'année 1882, la cinquième de notre Pontificat.

L. ↑ A. P.

TH. Cardinal MERTEL.

Le Bref pontifical du 7 février concerne la neuvaine préparatoire qui a précédé immédiatement la fête de Sainte Thérèse. Il a accordé aux fidèles les mêmes indulgences, et d'abord :

1° L'indulgence plénière, pourvu qu'ils aient assisté au moins

cinq fois à cette neuvaine et fait la visite d'église, des premières vêpres au coucher du soleil du jour de la fête;

2o L'indulgence de sept ans et de sept quarantaines pour chaque jour de ladite neuvaine.

L'une et l'autre aux mêmes conditions que ci-dessus de sacrcments, de prières, d'intentions, etc,

A l'époque des préparatifs du troisième centenaire de la mort de Sainte Thérèse, un nuage de tristesse pesait sur les cœurs des Carmélites de Lyon. Désirer ardemment fêter une Mère bienaimée et ne pouvoir le faire, faute de ressources, était une chose bien dure pour ses enfants. La Communauté eut la pensée d'implorer, par une neuvaine générale, le secours de Saint Joseph, patron du monastère.

Le secours imploré ne fit pas défaut : Saint Joseph ménageait à ses filles du Carmel d'agréables surprises. Les amis de la maison apportèrent leur concours, et les Révérends Pères Carmes déchaussés, empêchés par les circonstances de célébrer le centenaire dans leur chapelle, trouvèrent un adoucissement à leurs regrets en envoyant tout ce qui était de nature à embellir la solennité.

Le R. P. Marie Léon du Saint Esprit se chargea de la direction des travaux. Habilement secondé par une généreuse bienfaitrice, il disposa les décorations qui, dans leur simplicité, présentaient un coup d'œil tout à fait gracieux.

Des deux côtés du tableau de Sainte Thérèse, placé derrière l'autel et entouré lui même d'une guirlande de roses blanches et de verdure, partaient deux lignes de feu qui venaient rejoindre l'autel; au-dessus, une tenture rouge et deux gerbes de lumières encadraient le foyer étincelant qui le dominait.

La balustrade qui sépare la nef du sanctuaire était garnie de feuillage et de cierges allumés. Au-dessus de la grille des Religieuses, entourée d'une guirlande de verdure parsemée de roses de diverses nuances, un écusson aux armes du Carmel faisait face au magnifique vitrail de la Sainte Famille. Ce n'était là que le côté matériel de la fête; le plus beau était bien de voir la foule recueillie prier avec ferveur au pied de l'autel. Plusieurs fois l'enceinte de la chapelle, qui a pourtant d'assez vastes proportions, n'a pu contenir la foule empressée, et un grand nombre de per

sonnes ont été heureuses de pouvoir se placer sur le perron et dans le jardin qui le précède.

Les exercices du Triduum ont eu lieu les 20, 21 et 22 octobre 1882; mais déjà, le jour de la fête de Sainte Thérèse, plusieurs messes avaient été célébrées dans la chapelle des Carmélites depuis 6 heures jusqu'à 8 heures. Les jours du Triduum les messes ont été bien plus nombreuses.

Le premier jour, Messieurs les Chapelains de la Primatiale et Monsieur l'abbé Neyrat, l'éminent musicien qui en dirige la maitrise, sur l'invitation qui leur en avait été faite, ont bien voulu prêter le concours de leurs belles voix pour chanter la grand'messe, qui a été célébrée par le R. P. Evariste, capucin, ayant pour diacre et sous-diacre les RR. PP. Carmes déchaussés Théodore Marie du Saint Sacrement, prieur du couvent de Lyon, et Marie Léon du Saint Esprit.

Le dernier jour du Triduum, Son Eminence le Cardinal Caverot, Archevêque de Lyon, a voulu, malgré ses nombreuses occupations, célébrer le Saint-Sacrifice et apporter une nouvelle bénédiction aux bénédictions de ces jours de grâces.

Tous les jours, les vêpres chantées par les Religieuses étaient suivies d'un sermon et d'un salut solennel terminé par la vénération des reliques de Sainte Thérèse.

Le 15 octobre, jour de la fête de Sainte Thérèse, le R. P. Desribes, de la Compagnie de Jésus, a prononcé le panégyrique de la Sainte Réformatrice du Carmel,

Le premier jour du Triduum, Monseigneur de Charbonnel, capucin et évêque de Sosopolis in partibus, à prêché sur l'aversion que Sainte Thérèse portait au péché. Le second jour, le R. P. Théodore Marie du Saint Sacrement, fils de Sainte Thérèse, a célébré les louanges de sa Mère bien-aimée. Enfin le troisième jour, le R. P. Mathieu Joseph, Dominicain, a montré l'intimité et la fécondité de l'union de Sainte Thérèse avec Notre Seigneur. En 1884 les Carmélites obtinrent de Sa Sainteté le pape Léon XIII, un Indult les autorisant régulièrement à célébrer l'office du Sacré Cœur le 26 novembre de chaque année, jour où elles renouvellent le vœu au Sacré Coeur qu'elles ont la coutume de faire depuis 1720. En voici la teneur :

Déjà depuis l'année 1720 les religieuses de l'Ordre des Carmes, habitant la ville de Lyon, ont coutume de célébrer chaque année, par vou, le 26 novembre, une fête en l'honneur du Sacré Coeur de Jésus, avec l'office et les Messes comme dans la fête du même Sacré Cœur, et sous le rit double de deuxième classe. Comme il n'y a aucun document qui légitime cette coutume, ces mêmes religieuses ont très humblement supplié Notre Très Saint Seigneur le Pape Léon XIII de daigner ratifier la célébration de la susdite fête. C'est pourquoi au rapport du Secrétaire souscrit de la Congrégation des Rites Sacrés, attendu surtout la très haute recommandation de l'Eminentissime et Révérendissime Seigneur Louis Marie Caverot, Archevêque de Lyon, par gràce spéciale, Sa Sainteté a daigné consentir à la demande, pourvu que les rubriques soient gardées. Nonobstant quoi que ce soit de contraire.

Daté de Rome, le 10 janvier 1881. D. Cardinal BARTOLONI Préfet de la Congrégation des Rites Sacrés. LAURENT SALVATI, Secrétaire de la Congrégation des Rites Sacrés.

Vidimus ad executionem. Lugduni, 24 janvier 1884. † L. M. Card. CAVEROT, Arch. Lug.

Le 8 septembre 1886, Monseigneur le Cardinal Caverot a accordé aux Carmélites de Lyon Cent jours d'indulgences, en plus des quarante jours primitivement concédés par Monseigneur François Paul de Villeroy, pour les prières du vœu au Sacré Cœur de Jésus que les Religieuses récitent chaque jour en conformité du vœu susdit, fait par la Communauté le 26 novembre 1720, et solennellement renouvelé le 19 avril 1832. Le même jour Son Eminence a également accordé Cent jours d'indulgences pour les commémoraisons qui se récitent chaque jour en Communauté, après complies et matines, en l'honneur de Saint Joseph, de Sainte Thérèse et de Saint Jean de la Croix. Enfin le 6 décembre 1886, Monseigneur Jourdan de la Passardière, évêque de Rosea, au nom de Son Éminence le Cardinal de Lyon empêché, a accordé cent jours d'indulgences à la récitation du verset: Regina decor Carmeli, ora pro nobis.

TABLEAU DES JOURS OU LE TRÈS SAINT SACREMENT EST EXPOSÉ DANS LA CHAPELLE DES CARMELITES DE LYON.

Les trois jours des Quarante heures qui précèdent le Carême. Le vendredi de la semaine de la Passion de N. S., fête de Notre-Dame de la Compassion. Le jour de la fête de Saint Joseph, et dès la veille depuis 2 heures de l'après-midi jusqu'à 5 heures. Le troisième dimanche après Pâques, fête du Patro

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