Page images
PDF
EPUB

deposé sur l'autel latéral de l'Eglise desdites Dames Carmélites le buste en cire de Sainte Thérèse, qu'elle avait obtenu, le 20 octobre 1820, des dames Abbesse et Religieuses de Sainte Claire de Poligny et transporté de suite à Lyon.

L'aumônier du monastère de Mesdames les Carmélites de Lyon, a donné immédiatement et avec solennité, la bénédiction du très Saint Sacrement. Ensuite, à l'invitation de l'Aumônier, Madame la Comtesse de la Barmondière, fondatrice du (nouveau) monastère des Carmélites de Lyon, a repris à la maia le susdit buste et l'a porté dans l'intérieur du monastère; là, toute la Commuuauté assemblée a salué respectueusement le précieux buste par de saints cantiques, l'Aumônier a récité l'oraison de la Sain'e Réformatrice et s'est retiré en silence.

Cette touchante cérémonie s'est terminée par l'expression de la vive reconnaissance des dames religieuses pour l'illustre et pieuse fondatrice, qui a bien voulu gratifier le monastère de la figure si intéressante de Sainte Thérèse qu'on a placée sur l'autel de la salle du chapitre, dans une niche vitrée.

Dont et de tout quoi, à la prière de Mesdames les Carmélites et sur le rapport de l'Aumônier, nous avons rédigé le présent acte pour être annexé : 1o au procès-verbal de translation du buste dont il s'agit, de Poligny à Lyon, sous la date du 2 octobre 1820; 2o à l'extrait des annales de la fondation du monastère des Carmélites de Besançon, en date du 10 octobre 1780, qui sert d'authentique au buste susdit; 3° à la lettre très intéressante et relative à ce buste, de Soeur Claire Magdeleine de Sainte Thérèse; 4o à la pièce remplie de graces et de sentiment, intitulée: Envoi et offrande à Mesdames les Religieuses Carmélites de Lyon par Dame Marie Thérèse Françoise de la Barmondiére, chanoinesse, du buste de Sainte Thérèse, leur fondatrice, et datée de Lyon le 3 mai 1821.

Et avons signé les présentes revêtues du sceau Archiepiscopal, avec Madame la Comtesse de la Barmondière, fondatrice, et l'Aumônier du monastère, à Lyon, le 31 juillet 1821. ALLIBERT, chanoine aumônier; DE LA BARMONDIÈRE, chanoinesse; BOCHARD, vicaire général.

II.

ENVOI ET OFFRANDE A MESDAMES LES RELIGIEUSES CARMELITIS DE LYON PAR DAME MARIE THÉRÈSE FRANÇOISE DE LA BARMONDIERE, CHANOINESSE DU BUSTE DE SAINTE THÉRÈSE, LEUR FONDATRICE

Pris, après sa mort, sur sa propre figure, qui fut alors miraculeusement renouvelee et comme rajeunie en tous ses traits des ce moment.

Une Amie, en ce jour, à vos yeux vient offrir
Les traits miraculeux de l'auguste Patronne
Dout vous devez, au Ciel, partager la Couronne,
Répetaut sa devise: Ou mourir, ou souff, ir.
Si pour vous, tant de fois, j'occupai ma pensée
Des moyens d'obtenir son Buste si touchant,
Cette image fidele et si bien retracée,
Therese entin du Ciel le chef-d'œuvre éclatant,
Je goute un vrai bonheur de présenter moi-même
A ses dignes Enfants que j'estime et que j'aime,

Ce trésor sans pareil à mes soins confié,
En témoignage heureux de ma tendre Amitié
Et si, pour mon succès, quelque reconnaissance
En voyant ce Portrait, s'empare de vos Cœurs,
De l'Auteur de tout bien bénissant les faveurs,
Vos prières, vos vœux seront ma récompense.
Puisse ce don pieux resserrer le lien

D'une amitié sincère et telle que la nôtre !

Ah! si mon allégresse accroît ici la vôtre,
C'est de votre bonheur que s'augmente le mien.

LYON LE 3 MAI 1821.

. II.

PROCES-VERBAL DE CESSION DU BUSTE DE SAINTE THÉRÈSE PAR LES DAMES DE SAINTE CLAIRE DE POLIGNY AUX DAMES CARMELITES DE LYON.

Le lundi deux octobre mil huit cent vingt à neuf heures du matin, en présence et sous les auspices de Monsieur l'Abbé Gagneur, ancien curé de Saint Bruno de la ville de Lyon, Aumônier actuel de l'Abbaye de Sainte Claire de la ville de Poligny; présent Monsieur de Branges, sous-préfet de l'arrondissement de Poligny, département du Jura, accompagné de Madame son épouse; présent Monsieur Duhamel, maire de la ville de Poligny, accompagné de Mademoiselle Duhamel sa fille; present plusieurs autres témoins respectables ci-après signės:

Tres Noble Dame de la Barmondière, chanoinesse du chapitre de Joursay en Forez, domiciliée à Lyon, s'est présentée au parloir de la susdite insigne Abbaye, où elle a dit à Madame l'Abbesse assistée de s ́s principales officières, et encore de chère Soeur Sainte Euphrosine, née Duc, ancienne Religieuse Carmélite de Macon, actuellement professe de ladite Abbaye :

10 Qu'ayant appris que les Carmélites de Besançon avaient gratifié en 1780 leurs sœurs de Macon d'une copie en cire du buste de Sainte Thérèse, elle désirerait savoir où était cette copie; à quoi la Sœur Euphrosine a répondu que cette copie était dans l'Abbaye, ajoutant que la Mère prieure de Mâcon nommée de Saint Jean Baptiste, née Martin, l'ayant reçue, la fit mettre dans une niche vitrée placée dans le choeur du monastere de Mâcon, qu'en 1792 les Carmélites de Maçon l'emportèrent dans leur habitation séculière, où jusqu'à leur mort elles l'ont toujours vénéré, et qu'alors elle, Soeur Euphrosine, l'emporta et la plaça dans l'Abbaye de Poligny

20 Madame de la Barmondière a expose humblement mais instamment que Mesdames les Prieure et Carmélites de Lyon désireraient vivement posséder ce buste de leur Sainte Mère, soit la copie de sa figure prise sur celle qui fut faite sur la sainte après sa mort, copie sus mentionnée et dont l'identité est duement et inconstestablement attestée par la déclaration de Sœur Euphrosine qui assure que la copie original était autrefois à Besançon, et que la copie cu cire dont il s'agit ici est parfaitement ressemblante à ladite copie originale;

Pourquoi Madame de la Barmondière et l'Aumonier des dames Carmélites de Lyon on fait exprès le voyage à Poligny avec Madame de la Martiziere, chanoinesse du Chapitre de Salles en Beaujolais.

Madame l'Abbesse de Sainte Claire de Poligny, nonobstant sa tendre devo

tion à l'image fidèle de l'illustre réformatrice du Carmel, nonobstant l'affection particulière et filiale que Soeur Euphrosine porte à cette image précieuse, a bien voulu en faire le sacrifice en son nom et celui de ses dignes, ferventes et édifiantes Religieuses, et encore en celui de la ville représentée pas ses deux premiers magistrats.

Et de suite, pour comble de grâce et de bienfaits, Madame l'Abbesse a introduit dans l'intérieur du cloître Madame de la Barmondière et l'Aumônier des Carmélites de Lyon, et leur a fait la remise du buste en cire de Sainte Thérèse susmentionné, et ensemble de la niche vitrée et du soubassement enrichi de diverses Reliques de Sainte Thérèse, le tout tel qu'il avait été apporté de Macon par Soeur Euphrosine.

Madame de la Barmondière et l'Aumônier des Carmélites de Lyon ayant eu le bonheur de visiter ce lieu saint et justement révéré, n'oublieront jamais ce puits miraculeux, cette place où priait Sainte Colette et où elle entendait la Me-se, ce cimetière où reposent tant de corps précieux et vénérables, cette croix plantée par Sainte Colette, et enfin ce sanctuaire où les dignes filles de Sainte Colette sont aujourd'huy, comme toujours, l'objet de l'édification publique, une source de bénédictions pour la ville interessante de Poligny et la province entière; ils aiment à consigner ici d'une manière authentique l'expression de leur vive reconnaissance et de celle des Dames Carmélites de Lyon pour Madame l'Abbesse de Sainte Claire de Poligny, pour Monsieur l'Abbé Gagneur, aumônier de cette Abbaye, pour Monsieur de Branges, sous préfet, pour Monsieur Duhamel, maire de la ville, et regrettent de n'avoir pu voir dans ce pieux voyage le respectable Monsieur de Vaudry actuellement à Paris, et chez qui ils ont logé à Poligny.

Fait, clos et signé à Poligny les jour et an que dessus.

Sœur M. G. BROCARD DU TILLET, Abbesse; Soeur JUDITH JACQUEMET, vicaire; ALLIBERT, chanoine de Lyon, aumônier des Carmélites de Lyon; GUERITTOT née MONNIER; Sœur EUPHROSINE DUC, portière; Sour ROSALIE DELAYE, maîtresse des novices; DE COILLOZ née AUDRAS; PONTIER; ELEONORE DE BRANGES; DUHAMEL; CAROLINE DUHAMEL; F. GARNIER, chanoine, vicaire général; GAGNEUR, née PATORNAY; MAIRE; Comtesse DE LA MARTIZIÈRE, chanoinesse; F. GUERILLOT; GRAPINET; DEPOINTE; OUTHIER; DE LA BARMONDIÈRE, chanoinesse.

Le sous préfet de Poligny, en legalisant l'exactitude des signatures cy dessus, certifie que tous les faits énoncés au présent procès-verbal sont de la plus grande verité, ayant été un des témoins honorés dans cette pieuse mission. Il ajoute, en outre, qu'il est trop heureux que dans le cours de son administration il ait vu naître une circonstance aussi sainte et qui l'autorise en même temps à laisser un monument authentique de son respect, de son amour pour la Religion Catholique, Apostolique et Romaine, celle de ses Pères, de sa vénération pour le saint monastère où vécut si dignement Sainte Colette, où vivent si pieusement, aujourd'hui, ses dignes sœurs! enfin, de pouvoir consigner, ici, l'hommage de la juste admiration des habitants de Poligny et de la sienne en particnlier, pour les bienfaits et les vertus dont les pieux voyageurs de Lyon ont laissé après eux des traces, dont le souvenir ne s'effacera jamais dans cette ville.

En sous-préfecture de Poligny, le deuxième jour d'octobre, l'an de grâce

mil huit cent vingt. Le sous-préfet de l'arrondissement, AMAND DE BRANGES DE BOURCIA.

IV. - EXTRAIT TIRE DES ANNALES DE LA FONDATION DU MONASTÈRE DES CARMÉLITES DE BESANÇON, POUR SERVIR D'AUTHENTIQUE AU PORTRAIT EN CIRE DE SAINTE THÉRÈSE.

La Maison d'Autriche est connue pour sa vénération pour Sainte Thérèse. Ce fut l'archiduc Albert qui introduisit sa réforme en Flandre, de là en Franche-Comté, et en d'autres pays. Ce fut Anne d'Autriche, épouse de l'empereur Matias, qui fit solliciter l'établissement des Carmélites à Besançon par le comte de Eyrstenberg, son ministre en cette ville, qui était alors une cité libre et imperiale. On les y admit en 1616, trente quatre ans après la mort de Sainte Therése. Enfin ce fut aux libéralités de Caroline d'Autriche, comtesse de Cante-Croix, fille de l'empereur Rodolphe II, que les Carmélites furent redevables des prémices de leur établissement. Cette princesse fit en partie les frais de la construction de leur Eglise; elle l'enrichit de tableaux, d'argenterie, et d'ornements de grand prix. Elle leur témoigna son affection jusqu'à vouloir demeurer près de leur monastère, pour être à portée de s'entretenir plus souvent avec elles.

La canonisation de Sainte Therese, en 1624, fournit à Caroline d'Autriche une nouvelle occasion de signaler ses pieux sentiments: Elle épargna aux Carmelites une partie de la dépense, et comme elle était en possession d'un portrait en cire qu'elle tenait des Carmélites d'Albe, qui eurent la précaution d'en tirer quelqu'uns sur le visage de cette grande sainte après sa mort, elle le destina à paraître en triomphe pendant la cérémonie. Elle le fit exposer dans leur Eglise, décoré de tout ce qu'elle avait de plus précieux.

La princesse s'en crut dessaissie par cette espèce de consécration; elle se persuada que le portrait de la Mère ne pouvait plus appartenir qu'à ses filles; et quelque prix qu'elle y attachat, elle résolut de le laisser aux Carmélites plutot qu'au prince de Cante-Croix son fils.

Depuis plus d'un siècle et demi les Carmelites de Besançon conservent religieusement ce portrait, non seulement comme un gage inalienable du cœur de leur illustre bienfaitrice, mais comme l'expression la plus fidèle de la physionomie de leur Sainte Mere. On y trouve effectivement tous les traits spécifiés dans le plus grand détail par le père Ribeira qui les avait examinés et recueillis avec soin; il n'est personne qui ne soit saisi d'admiration à la vue de cette Tête qui semble avoir été détachée du corps de Sainte Thérèse; on croirait presque qu'elle a encore un reste de vie,

De Notre Monastère des Carmélites de Besançon, ce 10 octobre 1780. Signė: Sœur MARIE FRANçoise du SAINT ESPRIT, prieure des Religieuses Carmélites de Besançon.

Lors de la première apparition du choléra-morbus en France, les Carmélites furent autorisées à renouveler le vœu qu'elles avaient fait au Sacré Coeur de Jésus le 26 novembre 1720, alors que la peste désolait le midi de la France. Voici la permission qui leur

L

fut accordée à ce sujet par Monseigneur de Pins, Administrateur du diocèse de Lyon :

« Nous Jean Paul Gaston de Pins, Archevêque d'Amasie, Administrateur apostolique du diocèse de Lyon et de Vienne;

<< Vu le manuscrit original du vou fait au Sacré Cœur de Jésus, suivant la teneur ci-dessus 1, le 26 novembre 1720, par les Religieuses Carmélites de Lyon, dans l'intention d'être préservées de la contagion qui affligeait alors le royaume.

« M. Cholleton, notre Vicaire-Général et supérieur desdites Religieuses, nous ayant représenté, en cette qualité, que ces Religieuses, nonobstant leur dispersion, n'ont jamais cessé d'accomplir ce vou, qu'elles y persévèrent dans leur nouveau monastère de la Providence, montée de Saint Barthelemi; qu'en vue d'être préservées du Cholera Morbus qui afflige depuis le 27 mars dernier la ville de Paris et plusieurs départements, elles seraient dans l'intention de renouveler le susdit vœu en la même forme, si nous les y autorisons; toutefois, en substituant à l'autel dédié au Coeur de Jésus dans l'ancienne église qui a été démolie, un tableau du Cœur de Jésus qui serait placé, comme monument du renouvellement du vou, sur l'autel de la salle actuelle du chapitre :

« Sur quoi considérant que le vœu dont il s'agit est conçu dans les termes les plus touchants, les plus édifiants, et dans les sentiments de la plus solide piété; que son renouvellement est parfaitement dans nos vues, puisque par notre circulaire du 7 avril présent mois nous avons non seulement ordonné des prières publiques qui ont lieu actuellement dans tout le diocèse, mais encore fait en personne l'ouverture et la clôture d'une Neuvaine solennelle à Notre-Dame de Fourvière les 9 et 17 de ce mois, à laquelle, soir et matin, il y a eu pendant les neuf jours un concours extraordinaire de fidèles de tout âge et de toutes conditions:

« 1° Nous louons, approuvons et autorisons le vœu dont il s'agit dans le monastère des Carmélites de Lyon. Il sera renouvelé solennellement dans le choeur, le Saint-Sacrement exposé, et toutes les Religieuses pro-ternées pendant que la Mère Prieure le prononcera à haute voix, le Jeudi- Saint 19 du mois courant.

1 Voir page 133.

« PreviousContinue »