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du rassemblemeet qui logeait dans la cour de l'abbaye d'Ainay, maison Saunier, en février 1794.

Mlle de Jonage étant décédée, son frère, M. César-Antoine de Jonage, accorda aux Carmélites la même faveur que sa sœur et les logea gratuitement jusqu'à sa mort arrivée le 5 mars 1800. Trois mois après les Carmélites quitaient l'hôtel de Jonage, rue du Peyrat', qui les avaient abritées pendant les mauvais jours, pour se loger place Bonaparte, no 121, dans la maison Magneunin qui formait l'angle des places Bonaparte et Le Viste.

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A ce moment le rassemblement était composé de huit Carmélites, savoir la Révérende Mère prieure Marie de SaintJoseph Goutelle; les sœurs Marie-Barbe de la Conception Gillier, Marie-Anne-Constance de la Sainte-Trinité Moline, Marie-Émerentienne de Saint-Michel Richon, Marie-SuzanneThérèse du Saint-Esprit Clément, Marie-Anne-Thérèse de Saint-Albert Deville, dépositaire, Marie-Marguerite-Pauline du Saint-Sacrement Moynier, et Marie-Étiennette de l'Incarnation Chambry, converse. La sœur converse Marthe de l'Enfant-Jésus Pinet logeait en dehors, tout en étant en communication avec ses compagnes.

Au commencement du mois de septembre 1800, la sœur Jeanne-André-Marie-Elisabeth Herque vint rejoindre le rassemblement de la Mère prieure dans la maison Magneunin, et porter à neuf le nombre des religieuses qui composaient la communauté.

La même année une généreuse bienfaitrice, qui a désiré ne pas être connue, a donné à la communauté la somme de sept mille livres, à seule fin que les revenus fussent employés

1 L'hôtel de Jonage a été démoli en 1856, et sur son emplacement M. de Murard a fait édifier, par l'architecte lyonnais Bresson, la splendide maison qui porte actuellement le numéro 30 sur la rue du Peyrat.

2 La maison Magneunin a été acquise par la ville de Lyon en 1860, de Denis Augustin Jouffroy, et démolie en 1861 pour l'ouverture de la rue de l'Hôtel-de-Ville. Elle portait alors le n° 14 sur la rue Louis-le-Grand, et avait appartenu sous la Restauration à Camille Jordan.

à procurer aux religieuses un logement plus vaste, et que le capital servit à l'acquisition d'une maison lorsque les circonstances le permettraient. La même personne a également donné à la communauté, pour être partagés entre les sœurs qui la composaient à cette époque, cent louis pour dire des prières à son intention, surtout après sa mort.

Le 23 octobre 1800, la sœur Marie-Anne-Thérèse Goullard est décédée à l'âge de cinquante-un ans moins seize jours, dans le domicile où elle s'était retirée après l'expulsion de la communauté en 1792. Voici l'acte de son décès relevé sur les registres de la municipalité du Midi de la ville de Lyon.

<«< Du deux brumaire l'an neuf de la Republique française, acte de décès de Marie Anne Goulard (sic), décédée le premier du courant à dix heures du soir, âgée de cinquante un ans, née à Lyon, rentière, ex Religieuse Carmelite, rue du Plat, fille de défunt Antoine Goulard, qui était rentier audit Lyon, et de défunte Marguerite Devaux son épouse, sur la déclaration de Claude Antoine Barudet, commissionnaire susdite rue du Plat, et de Claude Berudier, tailleur d'habits même rue, ont signé. Constaté par moi Maire de Lyon, division du Midi, faisant les fonctions d'officier public de l'état civil soussigné. CLAUDE ANTOINE BARUDET, BERUDIER, RAMBAUDBROSSE adjoint. »

Peu de temps après, la sœur Jeanne-Henriette du Coeurde-Marie Richon vint rejoindre le rassemblement de la Mère prieure, qui se trouva alors composé de dix religieuses. Un peu plus tard, vers la fin de 1802, ce fut le tour des sœurs Claudine-Thérèse de Jésus de Saint-Joseph Valin et Françoise de Saint-Joseph-Thérèse de Marie de Jésus de Borssat, qui portèrent à douze le nombre des Carmélites réunies en communauté dans la maison Magneunin, à Bellecour. Enfin

1 C'est par erreur que nous avons indiqué la date de 1802 à la liste que nous donnons page 223, attendu que les noms qui y figurent sont (sauf quelques omissions) ceux des Religieuses qui composaient la Communaute vers 1807. Cette liste avait été trouvée dans une liasse contenant des papiers remontant à l'année 1802, et comme elle ne portait pas de date, les Dames Carmélites qui nous l'ont communiquée avaient eru devoir lui assigner celle des pièces avec lesquelles elle se trouvait classée. Nous prions le lecteur de tenir compte de cette rectification.

en mars 1804, la soeur Jeanne-Marie-Aimée de Jésus Peillon vint se joindre à ses compagnes et augmenter le rassemblement.

Dans les derniers six mois de l'année 1804, la communauté perdit trois de ses membres. C'est d'abord la sœur MarieAnne-Constance de la Sainte-Trinité Moline, qui mourut le 25 juillet, âgée de soixante-dix-neuf ans, cinq mois et seize jours. Ses funérailles religieuses furent célébrées à l'église Saint-François-de-Sales, paroisse de la communauté, et son corps inhumé dans le cimetière de Saint-Just, qui existait autrefois sur le versant des anciennes fortifications, au midi de l'ancien télégraphe Chappe, et qui a été détruit en 1814.

Le 26 septembre suivant, ce fut le tour de la sœur MarieBarbe de la Conception Gillier, morte à l'âge de quatrevingt-trois ans, neuf mois et dix-neuf jours, et qui a été inhumée dans les mêmes conditions que la sœur Moline.

Enfin le 5 décembre 1804, la sœur Marie-MargueritePauline du Saint-Sacrement Moynier est morte âgée de soixante-un ans et huit jours. Ses funérailles ont été célébrées à Saint-François-de-Sales, comme celles de ses deux compagnes auprès desquelles elle a été enterrée.

Voici les extraits des actes de décès de ces trois religieuses, relevés sur les registres de la ville de Lyon.

« Le sept thermidor de l'an douze Acte du décès de Marie Anne Moline, décédée hier matin, à une heure, âgée de 80 ans, native de Lyon, demeurante place Leviste no 121 (sic), ancienne Religieuse Carmelite, fille de deffunt Michel Moline et de Michelle Aubert son épouse, sur les déclarations..... >>

« Du cinq vendémiaire an treize. Acte de décès de Barbe Gillier, décédée hier soir, à dix heures, âgée de 83 ans (sic), native de Lyon, ex Religieuse Carmelite demeurant place Leviste, fille de défunt Pierre Gillier, marchand fabricant en cette ville, et de Antoinette Fournier son épouse, sur les déclarations... >>

« Le quinze frimaire de l'an treize, par devant... qui ont déclaré que Marguerite Moinier, âgée de 61 ans, native de Lyon, ancienne Religieuse

Carmelite, place Bellecour, no 121, fille de Joseph Moinier et Anne Jonquet son épouse, est décédée hier soir à trois heures... >>

Après ces pertes, les sœurs converses Marie-JacquelineMarthe de l'Enfant-Jésus Pinet et Fleurie-Marie-Anne de Saint-Barthélemy Buisson vinrent se réunir au rassemblement de la Mère prieure.

Tout en se conformant à la volonté de Dieu, le seul désir des Carmélites rassemblées dans la maison Magneunin, à Bellecour, était alors de pouvoir acquérir une petite propriété où la communauté se serait perpétuée. Aidée par plusieurs bienfaiteurs, notamment par Mme de la Barmondière qui mit à leur disposition la somme de vingt mille livres, les religieuses songèrent d'abord à rentrer en possession d'une partie de leur ancien monastère; mais elles durent bien vite renoncer à ce projet devant le prix élevé qu'on leur demanda. Un moment elles eurent l'intention d'acheter l'ancien couvent des Pères Carmes déchaussés, mais Mme de la Barmondière, en sa qualité d'ancienne chanoinesse du chapitre de Joursay en Forez, se faisait un cas de conscience de contribuer à l'acquisition d'un bien jadis ecclésiastique. Pour lever ses scrupules les religieuses eurent recours à Sa Sainteté le Pape Pie VII, par l'intermédiaire de M. de Vilieu qui voulut bien se charger de cette mission.

Voici la supplique qu'il devait remettre au Saint-Père, le mémoire en italien, et l'autorisation verbale que Sa Sainteté a bien voulu accorder à la demande des Carmélites:

SUPPLIQUE A SS. PIE VII

Les dames de la ville de Lyon, de la réforme de Sainte Thésèse, au nombre de vingt1, auxquelles désirent se réunir d'autres Carmélites d'une ville voisine pour, à la faveur de la tolérance actuelle du gouvernement, vivre ensemble conformément à leur Saint Institut et être, par là, plus à même de propager leur Ordre dans des temps plus heureux, encouragées

1 Ce nombre comprenait en outre du rassemblement, toutes les religieuses de l'ancienne communauté qui vivaient alors dispersées en dehors de Lyon.

à cela par leurs sœurs de Pamiers déjà réunies dans leur ancienne maison claustrale acquise par la famille de l'une d'elles, et aussi par les sœurs de Paris, Abbeville, Amiens, Chartres, Reims, Beaune, Tours, Bordeaux et Aix, dont plusieurs portent l'habit religieux, se proposent d'acquérir d'un particulier l'ancienne maison et l'Eglise des Carmes déchaussés de Lyon, tous morts, un seul excepté.

Elles n'ont de ressource que dans la bourse d'une personne extrêmement charitable, mais dont la conscience timorée outre mesure repugne à contribuer à l'acquisition d'un bien jadis ecclésiastique, dont l'aliénation et la sécularisation se trouvent pourtant légitimés par le Concordat. Son scrupule ne pourrait être levé que par la certitude que Sa Sainteté les autorise spécialement à cette acquisition, sans qu'il soit néanmoins nécessaire pour la tranquiliser que cette autorisation soit revêtue des formes authentiques, qu'elle sent bien que les circonstances ne permettent pas d'employer. Cette occasion manquant, les Carmélites de Lyon manquent la seule occasion de se ressusciter.

Elles désirent que Sa Sainteté veuille bien étendre cette permission sur tout autre bien ecclésiastique qui pourrait remplir leur objet, en cas qu'elles ne puissent s'arranger avec l'acquéreur de la maison des Carmes déchaussés.

LETTRE DE MONSIEUR DE VILIEU AUX CARMELITES

On n'a pu présenter le mémoire en français des dames Religieuses Carmélites, parce que Notre Saint Père ne parle pas français et qu'il était trop long; aucun des gens d'affaires qui environnent le Pape n'a voulu s'en charger, par la raison que tout le monde sait : mais moi soussigné, ayant eu une audience particulière du Pape Pie VII, le samedi 26 mai 1804, certifie que lui ayant présenté le petit mémoire en italien ci-contre, et lu ayant parlé en détail de ladite affaire, Sa Sainteté m'a assuré qu'il n'y avait aucun inconvénient et sous aucun rapport que la Dame bienfaitrice des Carmélites contribue à l'acquisition projetée; le Pape ne signe pas lui même et certainement dans cette circonstance il n'aurait pu ni voulu signer. J'atteste la vérité de tout ce que dessus à Rome, ce 27 mai 1804. DE VILIEU.

MÉMOIRE EN ITALIEN PRÉSENTÉ AU SAINT-PÈRE PAR M. DE VILIEU

Le Religiose Carmelitane della città di Lione in Francia, che hanno sopravissuto a la Rivoluzione, hanno la buona ventura di trovare une benefatrice, che acconsente di pagare col suo proprio danaro, l'acquisto d'una porzione d'antico Convento, alla fine di collocare le susdette religiose Carmelitane, ma la susdetta benefatrice ellossa da una delicatezza forse estrema, bramerabbe essere autorizzata, da nostro Santissimo Padre sarebbe indiscretto di domandare l'approvarizione della Sua Santita?

Peu de temps après son arrivée à Lyon, Son Éminence le

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