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le 4 août 1790, uneprovision de 4440 livres qu'il leur retint ensuite sur le montant des pensions viagères que la Nation leur accorda.

A la veille d'abandonner le monastère, la sœur Deville, en qualité de dépositaire, procéda au partage du numéraire que possédait la communauté et qui provenait des pensions alimentaires servies aux religieuses, des secours et aumônes qu'elles avaient recueillis, ainsi que du produit de leur travail manuel. D'après la proportion établie par les supérieurs, les sœurs du choeur reçurent 276 livres pour leur part et les sœurs du voile blanc 168 livres seulement. Il fut aussi décidé en chapitre, d'un commun accord, que ces diverses sommes resteraient jusqu'à nouvel ordre entre les mains de la sœur Deville, dépositaire de la communauté.

Le 4 octobre 1792, les Carmélites furent expulsées du monastère de Notre-Dame de la Compassion de Lyon. Celles dont les familles pouvaient les recevoir y allèrent demander l'hospitalité, et les autres continuèrent de résider à Lyon, mais divisées en plusieurs bandes ou réunions.

La première de ces réunions comprenait la Révérende Mère prieure Marie de Saint-Joseph Goutelle, la Mère Thérèse du Saint-Esprit Chirat, ancienne prieure; les sœurs MarieBarbe de la Conception Gillier, Marie-Anne-Madeleine de la Croix Vial, Marie-Anne-Thérèse de Saint-Albert Deville, dépositaire, Jeanne-Marie-Madeleine de Saint-Joseph Duculty, Jeanne André-Marie-Elisabeth Herque, et Marie-Étiennette de l'Incarnation Chambry, converse. Ce rassemblement s'installa à Ainay, près de l'Arsenal.

La seconde réunion se composait de la Mère sous-prieure Marie-Joséphine de Saint-André Yon de Jonage, et des sœurs Jeanne-Henriette du Coeur de Marie Richon, MarieEmerentienne de Saint-Michel Richon, Marie-Madeleine Victoire de Jésus La Sausse, et Fleurie-Marie-Anne de Saint-Barthélemy Pnisson, converse. La Mère sous-prieure logea

son rassemblement à l'hôtel de Jonage, rue du Peyrat, dans un local que sa sœur, Mademoiselle de Jonage, mit à sa disposition.

La troisième réunion ne comprenait que les sœurs MarieCatherine-Thérèse de Jésus Fayet, Marie-Suzanne-Thérèse du Saint-Esprit Clément, et Marie-Jacqueline-Marthe de l'Enfant-Jésus Pinet, converse. Ce rassemblement logea d'abord à proximité du monastère; mais la sœur Fayet étant morte le 26 octobre 1792, vingt-deux jours après l'expulsion de la communauté, fut enterrée au cimetière des Grands Augustins, paroisse Saint-Louis', et ses compagnes se retirèrent à Ainay, avec les sœurs Marie-Anne-Constance de la Sainte-Trinité Moline et Marie - Marguerite de Jésus Bourg qui s'étaient logées dans la cour de l'abbaye, maison Saunier. Peu après la sœur Jeanne-Marie-Thérèse de Jésus Froment vint rejoindre ce rassemblement.

La réunion de la Mère prieure perdit la Mère Chirat, qui mourut en dehors du rassemblement, chez des parents, le 31 janvier 1793, et fut enterrée dans le cimetière de la paroisse Saint-Pierre des Terreaux. Voici un extrait partiel de l'acte de son décès, relevé sur les registres de la ville :

« Le 31 janvier 1793... Elisabeth Chirat, ci-devant Religieuse Carmelite, âgée d'environ soixante et seize ans, fille de Jean Chirat et de Benoite Sparon, est décédée cette nuit dans son domicile rue de l'Enfant qui Pisse. >>

Pendant le siège de Lyon, dans la nuit du 24 au 25 août 1793, la maison où résidait la réunion de la Mère prieure fut incendiée à la suite de l'explosion de l'arsenal. Les religieuses furent obligées de se sauver au milieu de la nuit et

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1 Acte de décès de la Sœur Fayet. Le vingt-sept octobre 1792, j'ai inhumé le corps de Catherine Fayet, cy devant Religieuse Carmelite, décédée hier, âgée d'environ soixante quatre ans, en présence d'Anthoine Berthet, fabricant, soussigné, et de Louis Matoux, affaneur, illitéré (sic), de ce enquis: BERTHET; RoziĖ, vicaire. (Archives de la ville. Registre n° 261, fol. 78, art. 594 de la Paroisse Saint-Louis (Saint-Vincent).

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perdirent dans cette catastrophe une partie de leurs effets, ainsi que des papiers précieux relatifs à la communauté. Les sœurs Gillier, Vial, Deville et Duculty vinrent immédiatement se joindre au troisième rassemblement, dans la cour de l'abbaye d'Ainay, et la Mère prieure avec la sœur converse Chambry se logèrent séparément dans le centre de la ville:

Le 19 novembre 1793, la sœur Duculty mourut dans le rassemblement logé dans la cour de l'abbaye d'Ainay, et fut enterrée dans le cimetière de la paroisse d'Ainay, près de l'ancienne Académie. Voici l'acte de son décès relevé sur les registres de la ville :

« Aujourd'hui premier frimaire de la seconde année republicaine, par devant... les citoyennes Deville, couturière cour d'Enay (sic) et Suzanne Clément, même état et cour, nous ont déclaré que Jeanne Marie Duculty, âgée de 48 ans, Religieuse aux ci-devant Carmelites, fille d'Antoine Duculty, négociant à Saint Chamond et de la citoyenne Croisier, est décédée avant hier à minuit dans le domicile de la citoyenne Bourg, dans la cour d'Enay. »

Cette pièce fait connaître le domicile et la profession qu'exercaient les religieuses à ce moment:

Sous la Terreur, après la première arrestation suivie de la mise en liberté des Carmélites qui composaient le troisième rassemblement logé dans la cour de l'abbaye d'Ainay, les sœurs Bourg, Froment et Pinet avaient jugé à propos de se retirer ailleurs pour, en diminuant l'importance de la réunion, ne pas éveiller une seconde fois l'attention des sections révolutionnaires.

Malgré cette précaution les cinq Carmélites qui étaient restées dans la maison Saunier furent arrêtées une deuxième fois, le 26 mars 1794, avec les Clarisses qui s'étaient réfugiées dans la même maison après l'explosion de l'arsenal. La Commission révolutionnaire, devant qui elles furent traduites, condamna à mort la sœur Vial, et à la détention les

sœurs Deville, Moline, Clément et Gillier. (Voir les interrogatoires et les jugements, pages 212 et suivantes).

Les sœurs qui composaient la réunion de la Mère sousprieure à l'hôtel de Jonage, averties le mème jour qu'on devait procéder à leur arrestation, se dispersèrent en fuyant dans les montagnes du Lyonnais où elles trouvèrent un asile contre les terroristes.

Les Carmélites incarcérées se trouvaient dans un dénuement complet, lorsque la divine Providence suscita une sœur hospitalière de Pont-de-Vaux, nommée Bertillon, qui chassée de cette ville pour refus de serment vint se réfugier à Lyon et prit soin de leur apporter de la nourriture, car, à cette époque, on ne donnait aux prisonniers que du pain noir et de l'eau. Peu de temps après, les sœurs Saint-Michel Richon et Chambry, ainsi que Marthe Pinet, rentrèrent en ville et purent les secourir. Ces quatre sœurs ont exposé leur liberté pour procurer à leurs compagnes emprisonnées des aliments et des secours de toute nature. Nous devons aussi signaler la famille de M. Girard, négociant en dorures, dont la charité fournissait aux dépenses nécessaires.

Le 19 novembre 1794, après huit mois de dure captivitė, les sœurs Deville, Clément, Moline et Gillier furent mises en liberté, et ne voulant pas retourner habiter la maison Saunier où elles avaient été arrêtées, elles se réunirent au rassemblement de la Mère sous-prieure, à l'hôtel de Jonage, où étaient seulement revenues après la Terreur les deux sœurs Saint-Michel Richon et de l'Incarnation Chambry. Pour pouvoir retirer leurs effets de la maison Saunier, les Carmélites durent faire procéder à leurs frais, à la levée de scellés qui avaient été apposés sur leur mobilier à la suite de leur condamnation par la Commission Révolutionnaire.

Le 29 novembre 1795, la sœur Marie-Anne de Jésus Beraud est décédée à Moingt, près de Montbrison, où elle s'était retirée après l'expulsion de la communauté en 1792.

Elle était âgée de cinquante-quatre ans et trois mois et demi.

Le 4 octobre 1796, la soeur Marie-Marguerite-Pauline du Saint-Sacrement Moynier vint rejoindre le rassemblement de la Mère sous-prieure à l'hôtel de Jonage.

La Mère sous-prieure Marie-Joséphine de Saint-André Yon de Jonage est décédée dans son rassemblement le 8 avril 1797, et a été enterrée au cimetière de la Madeleine à la Guillotière. Voici un extrait partiel de l'acte de son décès relevé sur les registres de la municipalité du Midi (Lyon était alors divisé en trois municipalités : celles du Nord, du Midi et de l'Ouest).

« Le dix neuf germinal an Cinq... Marie Andrée Joséphine Yon Jonage, àgée de cinquante neuf ans, native de Lyon, ex-religieuse susdite rue du Peyrat, fille de défunt Jacques Claude Yon Jonage et de Marguerite Arthaud, est décédée ce matin à 8 heures dans son domicile. >>

Après la mort de la Mère sous-prieure, la Mère prieure Goutelle vint prendre la direction du rassemblement qu'elle rejoignit le 7 août 1797. Mlle de Jonage, malgré la perte de sa sœur, continua d'abriter les Carmélites dans son hôtel de la rue du Peyrat.

Le 25 juin 1798, la sœur Marie-Julienne de Jésus Chaland est décédée à Brignais (Rhône), où elle s'était retirée après l'expulsion de la communauté en 1792. Elle était âgée de soixante-dix ans et dix mois et demi.

Le 30 janvier 1799, la sœur converse Marie-Françoise de Jésus Bruyas, ágée de soixante-huit ans et six mois, est décédée hors de Lyon, chez des parents où elle s'était retirée après l'expulsion de la communauté en 1792.

Le 29 mai 1799, la sœur Jeanne-Marie-Thérèse de Jésus Froment est morte à l'âge de soixante-quatorze ans et six mois, à Collonges-sur-Saône, chez M. Archimbaud, son parent, où elle s'était retirée après la première arrestation

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