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venir aux presents statuts, ils seront anandez et contraints de payer la somme de div livres pour la boëtte, et celle de trois livres pour les Pauvres.

E. COULAUD, doyen et juré,
A. Roux, juré,

C. PELLISSIER,

L. REPARA,

P. BERARD,

I. MASSARD,

E. PASCAL,

I.-B. DISDIER,

G. GRANIAN,

E. CHABERT,

C. BOUGERAUD,

A. DE SAINTOURS,

I. BARON,

A. COULAUD,

G. PELLISSIER,
1. COULAUD.

Enregistré au greffe civil de la Cour du Parlement, aydes et finances de Dauphiné, par moy conseiller secrétaire du roy, maison et couronne de France, greffier civil en ladite Cour de Parlement, soussigné, en suite de son décret du CUCHET. 21 février 1666.

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La corporation des apothicaires comptait parmi ses membres plusieurs hommes bien placés et puissants, entre autres Martin Coulaud ou Collaud,qui venait d'être consul, qui était apothicaire de Lesdiguières, et qui avait la confiance de Marie Vignon. C'est lui que la dame de Moirans désire se voir porter garant, dans un marché assez louche (1) d'ailleurs qu'elle avait fait avec messire Laurent d'Areod (2), doyen de l'église cathédrale de Gap: ce dernier avait promis à Marie Vignon, qui avait accepté, 200 pistoles, si elle obtenait de Lesdiguières la grâce de son frère Loys d'Areod, prisonnier du duc de Savoie, à Turin. Ce Martin Collaud était donc un très notable du corps des apothicaires.

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Les médecins ne pouvaient manquer de s'organiser de la même façon : Les corporations de médecins, qui, avant la Révolution, existaient dans un grand nombre de villes, aussi bien qu'à Paris, portaient le nom de collèges; expression quin'avait alors nullement le sens que nous lui donnons aujourd'hui et qui signifiait, simplement, assemblée, réunion, fusion d'hommes liés par des statuts communs, pure corporation professionnelle. Les membres de ces collèges prenaient le nom d'agrégé, sans que ce mot évoquât la même idée que les termes actuels d'agrégé et d'agrégation dans les Facultés. On était agrégé au collège lorsqu'on faisait partie de la corporation, lorsqu'on y était affilié. Ceux-là seuls pouvaient exercer dans la ville où était le collège, qui s'y étaient fait agréger et pour y être reçu, il fallait un certain nombre de formalités, notamment des examens. Cela limitait sans doute la concurrence et avait les inconvénients de tout corps

(1) Voir Marie Vignon et Lesdiguières, par Pilot de Thorey, in le Dauphiné. Avril 1895.

(2) On peut se demander si ces d'Areod n'étaient pas des descendants directs ou indirects de maître Pierre Areod.

se recrutant lui-même, mais cela élevait évidemment le niveau des médecins dans la ville.

Tout médecin qui voulait s'établir à Grenoble devait donc passer l'examen devant le collège de Grenoble, de quelque Faculté qu'il vint: Astruc fulmina même contre cette injure faite aux médecins de Montpellier et de Paris; mais à une certaine époque, les docteurs de la faculté de Paris furent exemptés d'examen. A Bordeaux, les médecins professeurs de l'Université même de Bordeaux, à la faculté de médecine, devaient passer un examen pour être admis dans le collège (1) de cette ville.

C'est en 1608 qu'une commission donnée par le roi au premier Président du Parlement de Grenoble, Arthus Prunier, seigneur de Saint-André, l'autorisa à s'entendre « avec les conseillers de cette cour, des gentilshommes, de notables bourgeois, soit de cette ville, soit d'autres lieux de la province, et avec François de Fougerolles, médecin ordinaire du roi, et tel autre médecin qu'il jugera à propos de choisir, à l'effet de dresser un règlement pour la médecine (2) ». En même temps, les médecins de Grenoble demandèrent et obtinrent l'autorisation de s'organiser en collège de médecine. Adoptés en 1608, les statuts de ce collège furent homologués par le Parlement le 29 avril 1620.

En lisant ces statuts, on voit que le collège de médecine de Grenoble contenait en germe plusieurs institutions qui, séparées depuis par la division du travail et développées chacune de son côté, sont devenues. dans notre région l'association des médecins, le syndicat des médecins, les sociétés savantes de médecine, enfin l'Ecole de médecine. Nous verrons que le collège de Grenoble, celui de Bordeaux, ceux de bien d'autres villes, étaient de véritables petites Ecoles de médecine, véritables corps enseignants en même temps qu'associations profession nelles.

Mais la Faculté de Paris elle-même, qu'était-elle d'abord, sinon le collège des médecins de Paris, comprenant tous les docteurs de la ville! Ceux-là seuls pouvaient exercer à Paris, qui y étaient agrégés, et c'est dans ce collège professionnel qu'on prenait chaque année un certain nombre de médecins qui, sous le nom de docteurs-régents, devaient faire les cours de la Faculté et enseigner la médecine. Quant à l'examen probatoire la de Faculté, il était fait par tout le collège. La Faculté n'était qu'une émanation du collège.

Il faut donc voir dans le collège des médecins de Grenoble, fondé en

(1) Pery: Histoire de la Faculté de Bordeaux.

(2) Archives départementales, B, 2312.

1608, plus directement encore que dans l'Université du siècle dernier et surtout que dans celle de Humbert, le véritable embryon de notre Ecole de médecine et de pharmacie. J'espère montrer, dans la suite de cette étude, cette lente, mais non douteuse évolution.

La première assemblée tenue pour l'adoption des statuts (1) était présidée par le doyen du collège LOUIS DE VILLENEUVE, médecin du roi. Il signe Ludovicus Villenovanus, medicus regius.

Les membres du collège sont NICOLAS VILLENEUVE (Nicolaus Villenovanus), DM;

Antoine DAVIN (Antonius Davinus), medicus regius.
RAPHAEL, D M.

CUVEILLER (Cuvillerius), D M.

André AUDIBERT (Andrea Audibertus), D M.

BENOIT (Benedictus), D M.

Jean TARDIN (Johannes Tardinus), D M.

ALMERAS (Almeratius), D M.

En tout 9 membres.

Le règlement commençe par la déclaration suivante (2):

Hæc sunt privata collegii Doctorum medicorum Statuta, quibus ad majorem Civitatis splendorem, artis dignitatem, mutuam pacem et concordiam alendam, nec non à solitis Empiricorum et Circulatorum incursionibus ordinem vindicandum, se et posteros solemni et inviolabili juramento vinciri voluerunt : Anno 1608.

Pour apprécier l'importance de cette déclaration, il faut se reporter à une époque où le charlatanisme des empiriques et des médecins ambulants (circulatores) dépassait de beaucoup ce que nous pouvons voir aujourd'hui.

Formalités à remplir pour être agrégé :

I.

Quicumque, post adeptum Doctoratus honorem prensarit Gratianopoli Medicinam facere, Doctorum Medicorum Decanum adibit, et quæ hâc in parte sit sua mens aperiet, à quo,'Consilio indicto et habito, Collegarum pariter responsum expectabit.

II.

Consilio dimisso, Doctorum Medicorum quemque Domi intra privatos parietes inviset, horum Suffragia rogabit, amicitiamquè sibi conciliare sataget.

Excellente habitude d'urbanité, mais la dernière phrase a le tort d'ouvrir la porte trop aisée à des... politesses peu compatibles avec la dignité.

(1) Pilot: Histoire municipale de Grenoble.

(1) Les statuts que je reproduis ici ont été publiés par Abin Gras. de Société de statistique de l'Isère. Juin 1844.

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III.

Voti compos factus, toti Collegio Diplomata Doctoratûs et Litteras exhibebit, ut de his suun interponat judicium, nùm veræ aut subrepitiæ fuerint, et à qua Universitate sine dolo emanerint, et unà cum Litteris exhibebit pariter attestationem Magistratus loci aut locorum, ubi Medicinam fecerit, se per sex annos Medicinam factitasse cum laude et approbatione post adeptas Doctoratûs Litteras, ut Lugduni et in reliquis Galliæ Civitatibus observatur.

Le diplôme de docteur en médecine délivré par les Universités était donné si facilement, que les jeunes docteurs n'avaient aucune expérience clinique le stage de six ans était donc nécessaire pour faire mentir le vieux proverbe « Nouveau médecin, cimetière bossu »; et encore il arrivait assez souvent que le collège, tout en recevant le candidat, ne lui donnait pas de suite l'autorisation d'exercer pleinement la médecine: il lui imposait l'obligation de suivre encore pendant deux ans, avant d'avoir son diplome, un praticien de la ville qu'on lui désignait. Il en était de même à Bordeaux où, en 1554, un candidat est reçu par le collège (1), à la charge de ne pas pratiquer pendant six mois pour les cas graves, sans faire appeler d'autres médecins, et d'aller deux fois par semaine, pendant un an, à l'hôpital. A Paris,il arrivait de même que, lorsque le licencié était reçu, qu'il s'était rendu à Notre-Dame, où le chancelier de l'Université lui avait conféré le droit d'exercer la médecine et lui avait remis son diplòme, le collège lui imposait encore un stage de deux ans, sous un docteur-régent.

IV

On arrivait enfin à l'examen, qui était subi en présence du Parlement en latin. La matière de l'examen était tirée au sort par le doyen.

Ubi veræ judicatæ fuerint, ad examen admittetur, prout toti Collegio visum fuerit: Postea textus aliquis ex Aphorismis Hipocratis enucleandus præbebitur: Postremo morbus aliquis ei proponetur ut in promptu et extemplô ejus Diagnosim, Prognosim et Therepeiam explicet.

J'ai dit plus haut qu'à la Faculté de Paris, l'examen de doctorat n'était pas fait seulement par les docteurs-régents: tous les membres du collège présents choisissaient parmi eux cinq membres, chargés de faire l'examen. Chacun interrogeait à la ronde pendant une demi-heure. (Corlieu.)

V.

Si suis ad rogata responsis Collegio satisfecerit, is aggregabitur, et in Doctorum Medicorum Gratianopolitanum numerum reponetur, præstitô priùs juramento infra scripto; sed ea Lege ut in Collegij impensas persolvat nummos aureos sex: His peractis, omnes Doctores Medici eum amplexabuntur, et ei à Decano, ex Collegii consilio, sessionis locus postremus assignabitur, qui eum monebit ut ita se gerat erga Symmystas, reliquosque omnes, ut neminem facti pœniteat.

(1) Pery: Histoire de la Faculté de Bordeaux.

VI

Comme à tout nouveau venu, on faisait au jeune praticien la portion congrue de la clientèle.

Qui ultimus aggregatus fuerit, suæ receptionis libellum attestatorium, à Decano accipiet signatum, et toto suæ hujus augurationis anno gratis Ptochodochij et cæteros urbis hujus pauperes ægros inviset, qui ipsi commonstrati fuerint, eisque Medicam opem gratis præstabit.

VII

L'article VII des statuts est extrêmement important: Il nous montre qu'à Grenoble, les professeurs agrégés du collège (c'était leur titre) faisaient, lorsqu'ils étaient désignés par leurs collègues, de véritables cours, lectures ou conférences, pour l'instruction des chirurgiens et des apothicaires. Ils faisaient même des dissections.

Nullus, ne rogatus quidem, se immiscebit Chirurgis, aut Pharmacopolis, aut ipsorum Ministris prælegere, aut publicis dissectionibus Cadaverum præesse, sine totius Collegij venia, ni velit perfidus censeri, exauctorari et à consultationibus privari, et si antè receptus fuerit ex Collegarum albo deleri, atque ab eorum consortio colloquioque arceri.

Le collège était donc à l'occasion, non seulement une association professionnelle, mais un véritable corps enseignant. J'ai déjà dit que la Faculté de Paris, formée par l'ensemble (peu nombreux) (1) des docteurs-régents choisis dans le collège, n'était qu'une émanation du collège de Paris.

A Grenoble, les cours ou conférences aux pharmaciens et aux chirurgiens étaient réglementaires; mais, afin que cet enseignement ne fut pas confié à des mains indignes, le collège tenait expressément à désigner, le jour de la saint Côme et de la saint Damien, ceux d'entre ses membres qui lui semblaient les plus dignes.

L'article XVI ajoute d'ailleurs plus bas :

Quot-annis, die divis Cosmo et Damiano dicatâ, totum Collegium, conveniet ad deliberandum de duobus Doctoribus eligendis, quorum alter Chirurguis, alter veró Pharmacopolis prælegat.

Il en était de même dans tous les collèges de médecine; c'étaient de véritables écoles professionnelles de médecine et de pharmacie: à Bordeaux, où existait cependant une faculté de médecine, en 1633, c'est un professeur même de l'Université de cette ville qui se lève, et demande pourquoi le collège des médecins n'a pas, comme d'habitude, désigné deux des siens pour faire un cours aux chirurgiens et aux pharmaciens. <<< Il ne convient pas, dit-il, que se soient seulement les professeurs de la

(1) Il n'y eut d'abord que deux professeurs à la Facult En 1634 ils étaient trois. Ils étaient quatre en 1646.

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