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Comme il était impossible de ne pas répondre aux exigences ministérielles et partant, de réduire le devis, il a fallu songer à réaliser des économies sur l'emplacement en abandonnant le terrain de la rue Mazet.

S'inspirant de cette idée, l'administration municipale a proposé de construire l'Ecole au Jardin des Plantes, à droite ou à gauche du Muséum.

Cette proposition a séduit tout d'abord le conseil, car, outre l'économie du terrain qu'elle permettait de faire, elle avait encore l'avantage de juxtaposer l'Ecole de médecine et de pharmacie à l'un des premiers jardins botaniques de France et au Muséum, dont les collections d'histoire naturelle sont très riches; de plus, la présence de l'Ecole eût augmenté l'animation de ce quartier relativement déshérité.

Mais un accès des lieux a démontré que cette solution mutilerait trop, soit le jardin botanique, soit le jardin paysager, et d'un commun accord, et bien qu'à regret, elle a été rejetée.

D'autant que l'administration municipale a alors proposé un emplacement très heureusement choisi et qui a réuni tous les suffrages.

D'après cette nouvelle proposition, l'Ecole serait construite à l'angle du boulevard de Bonne et de la rue Lesdiguières, en face de l'infirmerie du lycée de garçons. Ce terrain est frappé d'une servitude qui en diminue beaucoup la valeur, celle de ne pas permettre des constructions à quatre étages, sous peine de porter préjudice aux cours de récréations du lycée ; de plus, il est situé à côté de nouvelles casernes alpines.

En le choisissant de préférence au terrain de la rue Mazet, on réalisera donc assurément une très importante économie.

En ce qui concerne les intérêts en cause, c'est-à-dire ceux des étudiants en médecine et en pharmacie, le nouvel emplacement est très convenable, car il est d'une part à égale distance de l'Hôpital (boulevard de Bonne) et de la Faculté des sciences (rue Lesdiguières et place de la Constitution) et, d'autre part, il est peu éloigné du jardin botanique et du Muséum, situés, l'un et l'autre, sur le boulevard des Alpes, qui est le prolongement du boulevard de Bonne.

En résumé, Messieurs, vous êtes appelés aujourd'hui à confirmer les décisions que vous avez prises en réunion officieuse, c'est-à-dire à approuver les nouveaux plans et devis qui ont reçu la consécration officielle; à dire que le supplément de dépenses de 75.000 fr., en partie comblé par l'économie faite sur le terrain, sera inscrit au prochain emprunt et enfin, que l'Ecole de médecine et de pharmacie sera construite à l'angle du boulevard de Bonne et de la rue Lesdiguières; à autoriser M. le Maire à faire préparer le cahier des charges de la construction en vue de l'adjudication dans le délai le plus rapproché possible.

En même temps, est organisé le service obstétrical de la nouvelle Ecole.

M. le Maire expose que M. le Ministre de l'Instruction publique demande, pour la réorganisation de l'Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie, que la commission administrative des hospices mette à la disposition de l'Ecole le service des maladies des enfants et le service de clinique obstétricale et il invite la commission à délibérer sur cette demande :

La commission, considérant que la réorganisation de l'Ecole de médecine et de pharmacie est toute à l'avantage de la ville de Grenoble et des Hospices, et qu'il y a lieu de la faciliter en accueillant la demande de M. le Ministre,

Délibère En ce qui concerne la clinique obstétricale, que le service

:

des filles mères restera, comme par le passé, à la disposition de l'Ecole de médecine;

En ce qui concerne la clinique infantile, la commission confirme sa délibération du 25 août 1884, par laquelle le service des enfants malades a été confié au professeur de l'Ecole chargé de ce cours;

Avoir délibéré les jour, mois et an que dessus et ont signé au registre les membres présents.

Pour extrait conforme :

L'administrateur de service,
Signé Dr GIRARD.

Les premiers travaux sont mis en adjudication le 27 août 1891, et pendant que s'élève le monument, l'Ecole vit, comme elle peut, à la conciergerie, soutenue par l'espoir d'un avenir meilleur et prend très judicieusement son parti de la suppression des officiers de santé. En 1888, M. Baboin avait été nommé professeur suppléant, et M. Verne, ancien chef des travaux chimiques de l'Ecole (concours de 1880), avait été nomme professeur titulaire de pharmacie et de matière médicale (1).

:

Une perte cruelle allait frapper l'Ecole avant qu'el'e quittât ses anciens locaux le Dr Carlet meurt brusquement, en pleine activité intellectuelle. Sa perte fut vivement ressentie par les élèves. Trait-d'union entre la Faculté des sciences et l'Ecole, le Dr Carlet continuait une tradition déjà ancienne, en vertu de laquelle nous avions déjà vu Leroy, Charvet, M. Raoult et d'autres jeter sur les deux enseignements un égal éclat, qui ne pouvait que profiter à l'Ecole de médecine et de pharmacie.

Il fut remplacé à la chaire d'Histoire naturelle de l'Ecole par le Dr Bordier, depuis longtemps professeur de géographie médicale à l'Ecole d'anthropologie de Paris (2).

(1) M. Verne a publié de nombreux mémoires :

Sur la découverte de la boldine (Bulletin de la Société chimique de Paris). Etude sur le boldo, couronnée par la Société de pharmacie de Paris.

Etude sur les ferments digestifs.

Etude sur les altérations du calomel par l'albumine, le sucre et les acides. Des préparations pharmaceutiques du goudron, etc., etc.

(2) Voici les principales publications du Dr Bordier :

Epidémie cholérique de 1866 à l'Hopital Beaujon. Paris, Asselin, 1867. De l'emploi du sphygmographe dans l'étude des agents thérapeutiques. Paris, Hennuyer, 1868.

Des nerfs vaso-moteurs. Paris, Leclerc, 1868.

De la glycosurie dans la convalescence des maladies aiguës. Paris, Asselin, 1868. Migraine. (Art. du Dict. encycl. des Sciences médicales). Paris, en collaboration avec Gubler, Masson, 1872.

Névrosthéniques. (Art. du Dict. encycl. des Sciences médicales). Paris, Masson,

1873.

De l'élimination des médicaments. Paris, Hennuyer, 1873.

De l'influence des variations de la pression atmosphérique sur l'évolution organique. Paris, Masson, 1877.

Les Esquimaux. Paris, Masson, 1877.

Peu de temps après, le Dr Berger demandait, pour des raisons de santé,

Note sur les effets narcotiques du protoxyde d'azote. Paris, Masson, 1877. Tiahuanaco et les bords du lac Titicaca. In Bull. Société d'Anthropol., 1877. Des localisations cérébrales. In Revue d'Anthropol., 1877.

Instructions pour l'ile de Madagascar, Paris, Masson, 1878.

Les Gauchos. In Bull. Société d'Anthropol., 1878.

De l'usage de l'arc et des échasses en Océanie. In Bull, Société d'Anthropol., 1879.

L'exposition des Sciences Anthropologiques. Paris, Reinwald, 1878.

Instructions pour la Malaisie. In Bull. de la Société d'Anthropologie, 1879. Instructions pour la Laponie. In Bull. de la Société d'Anthropologie, 1879. Etude sur une série de crânes d'assassins. Paris, Masson, 1879. 2me édition, 1890.

Notes de pathologie exotique, le bouton de Biskra et la Veruga ou bouton des Andes. J.-B. Baillières, 1880.

L'Ethnographie du Mackensie. In Bull. de la Société d'Anthropologie, 1881. De l'aptitude des races blondes de l'Europe pour la suette. In Bull. de la Société d'Anthropologie, 1881.

Japonais et Malais. In Revue d'Antropol., 1881.

Notice sur la collection d'Anthropologie préhistorique du Muséum d'histoire naturelle de Grenoble. Grenoble, Dupont, 1882.

L'Humanité devant la foi et devant la science. Grenoble, Dupont, 1882.

La science et la question du travail. Grenoble, Dupont, 1882.

Rapport à M. le Maire de Grenoble sur une expérience de transport de la force motrice au moyen de l'électricité. Grenoble, Dupont, 1883.

Articles Coca; Condurango, Fer, Musc, Nicotianine, Nicotine, Quassia, Raifort, Résolutifs, Santal, Scammonée, etc. In Dict. encycl. des Sciences médicales. Paris, Masson.

Articles Albinisme, Algérie Beriberi, Bouton de Biskra, Cholera, Dégéné rescence. In Dictionnaire des Sciences Anthropologiques. Paris, Doin.

La Géographie médicale, 1 vol. in-8° de 660 pages, avec planches. Paris, Reinwald, 1884.

La Colonisation scientifique et les Colonies françaises, 1 vol. in-8o de 500 pages. Paris, Reinwald, 1884.

La Vie des Sociétés, 1 vol. in-8° de 350 pages. Paris, Reinwald, 1887. Pathologie comparée de l'Homme et des êtres organisés, 1 vol, in-8o de 500 pages. Paris, Lecrosnier, 1889.

Les microbes et la transformisme. (Revue scientifique, 1891.)

Le milieu intérieur et l'acclimatation. (Revue de l'Ecole d'anthropologie, 1891.)

Le sifflet chez les peuples primitifs. (Bulletin de la Société d'anthropologie et la Nature, 1891.)

Naissance et évolution des idées et des pratiques médicales, superstitions médicales. (Revue de l'Ecole d'anthropologie, 1893.)

La question de race en médecine. (Annales de l'Univerté de Grenoble, 1893.) Toxicologie primitive. (Revue de l'Ecole d'anthropologie, 1893.)

Théorie et mécanisme de l'hérédité. (Revue de l'Ecole d'anthropologie, 1893.) Mutilations ethniques. (Annales de l'Université de Grenoble, 1893.)

Coup d'oeil sur la population néolithique dans le Dauphiné et en Europe, Grenoble, Rigaudin, 1894.

Les Monuments mégalithiques. Grenoble, Rigaudin, 1894.

Les cordeliers de Grenoble et le maréchal Bourcet. Grenoble, Rigaudin, 1894. L'Etat social en Dauphiné avant la Révolution. Grenoble, Rigaudin, 1894. La vie d'un paysan dauphinois avant la Révolution. Grenoble, Rigaudin, 1894.

Etude sur la couleur des cheveux et des yeux dans le département de l'Isère. Grenoble, Rigaudin, 1895.

à être relevé de ses fonctions de Directeur; il était nommé Directeur ho: oraire et remplacé par le Dr Bordier. Le Dr Porte (1) est nommé suppléant des chaires de pathologie et de clinique médicales; le Dr Perriol est nommé chef des travaux anatomiques, il est nommé en même temps chirurgien adjoint des hôpitaux (2). M. Romeyer, pharmacien en chef de l'Hôpital, est nommé chef des travaux chimiques. M. Labatut (3), suppléant des chaires de chimie et de physique, est chargé du cours de M. Raoult, démissionnaire. En 1883, M. le Dr Deschamps avait été nommé professeur suppléant des chaires de chirurgie et d'obstétrique (4). Le D' Douillet avait

D'une coutume funéraire en Dauphiné, 1895.

Etude sur le rôle de la médecine dans l'expédition de Madasgascar. Passim: In Journal de Thérapeutique de Gubler, Bulletin de Thérapeutique, Revue scientifique, Revue internationale des Sciences, Archives de Médcine, Archives de Médecine navale, la Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie, Bulletin de la Société anatomique, Bulletin de la Société de Thérapeutique, Bulletin de la Société d'Anthropologie, La Nature, Le Bulletin de la Société dauphinoise d'Ethnologie et d'Anthropologie, La Revue de l'Ecole d'Antropologie, etc.

(1) M. Porte, chargé de la suppléance de la chaire de clinique médicale, a publié un certain nombre de travaux, dont voici les principaux :

Phlebite au cours d'un pneunomie bilieuse. (Dauphiné médical, 1855.)
Néphrite périphérique.

Néphrite syphilitique précoce.

En collaboration avec M. Labatut Traitement de la goutte et du rhumatisme par l'électrolyse du chlorure de lithium.

Bruits musicaux cardio-vasculaires.

(2) M. Perriol a publié :

Désarticulation du genou par la méthode sous-périostée.

Suture du nerf médian et sutures tendineuses.

Désarticulation de l'épaule à lambeau cutané.

Imperforation du rectum. (Comptes rendus de la Société de médecine et de pharmacie.)

(3) M. Labatut a fait d'importants travaux sur le transport des ions. Il a ainsi posé les bases d'une nouvelle méthode d'introduction des médicaments, qu'il a développée au point de vue clinique, en collaboration avec le Dr Porte. (4) M. Deschamps a publié de nombreux travaux relatifs à l'ophtalmologie : Thèse inaugurale. Paris, 1884. Du choléra endémique en Cochinchine. Mention honorable (prix de thèse).

Un cas de calcul de l'amygdale. (Dauphiné médical, juillet 1889.) Conjonctivite due à la présence prolongée d'un grain de blé dans le cul de sac conjectival supérieur. (Dauphiné médical, avril 1889.)

Quelques considérations sur l'opération de la cataracte (Dauphiné médical, 1890.)

Corps étranger ayant séjourné 25 ans dans une fosse nasale. (Dauphiné médical, 1890.)

Complications oculaires de la rougeole. (Dauphiné médical, 1890.)

Deux observations des luxations traumatiques du cristallin. (Dauphiné médical, mars 1891.)

De la luxation spontanée du cristallin. (Annales d'ocultisiques, 1891.)

Du choix des lunettes. (Annales de l'enseignement supérieur de Grenoble, 1891.)

Sur les végétation adénoïdes. (Dauphiné médical, 1891.)

été, en 1891, nommé suppléant des chaires d'anatomie et de physiologie (1).

Pendant que les ouvriers mettaient la dernière main à ce qui allait être l'Ecole de médecine réorganisée, survient le décret de 1893, qui allait modifier profondément les études médicales. Notre réorganisation, notre installation dans les nouveaux bâtiments venaient à point pour coïncider avec une orientation nouvelle c'était une rénovation complète.

L'idée générale de la nouvelle réglementation est excellente, elle repose sur l'importance de plus en plus grande que prennent chaque jour dans la médecine, les sciences qu'on nommait jadis accessoires; ce sont elles qui font que la médecine est de plus en plus une science, mise au service d'un art (2): mais elle a l'inconvénient de ne pas rétablir les examens de fin d'année.

Les avantages qu'elle présente pour nous ont été très bien résumés par M. le Directeur de l'enseignement supérieur (3). « Il se trouve donc, dit-il, et on l'a voulu que les décrets de 1893 sont une mesure de décentralisation. Si les familles en comprennent bien l'esprit, ils peuvent avoir pour les établissements d'enseignement supérieur et en particulier pour les Ecoles de médecine, de plein exercice et préparatoires, les plus heureux effets.. On a voulu proposer un remède à l'engorgement excessif de Paris. Les étudiants y font foule, le conseil général des Facultés s'en plaignait récemment et en signalait les dangers

De l'intervention chirurgicale dans les blessures de l'œil avec pénétration de corps étranger. (Dauphiné médical, décembre 1892.)

Un nouvel appareil destiné à remplacer la pile du galvano cautère. (Annales d'oculistiques, 1893.)

Guérison de plusieurs cas de surdité profonde d'origine spécifique. (Dauphiné médical, octobre 1893.

Les vapeurs de formol dans les affections de l'oreille moyenne. (Annales des maladies de l'oreille, avril 1894.)

Traitement du ptérygion par le raclage méthodique de la cornée. Communication à la Société Française d'ophtalmologie, en mai 1895.

(1) M. Douillet a fait de nombreuses publications :

Sur la myopathie atrophique. (Loire médicale, 1885.)

Sur la tachycardie essentielle. (Dauphiné médical, 1851.)
Sur un empyeme enkysté suivi de vomique.

Sur l'atethose.

Sur les accidents dus à l'électricité à courants continus.

(2) On sait que cette réforme repose surtout sur le certificat d'études physiques, chimiques et naturelles exigé des aspirants au doctorat en ce qui concerne les Ecoles, elle leur est favorable puisque les étudiants peuvent passer dans ces Ecoles deux examens probatoires et prendre 12 inscriptions.

(3) La réglementation des études médicales, par Louis LIARD, Revue des DeuxMondes, 15 octobre 1894.

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