་་ travaux anatomiques, les agrégés, puis interruption pour les professeurs des Ecoles préparatoires, et de nouveau concours pour les professeurs des Facultés. Pourquoi cette différence? Pourquoi ce défaut d'harmonie ? » « C'est à tort qu'on a supposé que des menées, des intrigues vicieraient en province les résultats du concours. Mais le concours délivrera les juges des trois quarts au moins des intrigants qui s'y seraient pressés sans lui. » Plusieurs membres acceptaient le concours, mais à condition que, pour le débarrasser des influences locales, on le transporterait dans une Faculté: c'est le système qui nous régit actuellement. « Je verrais dans cette mesure, répond Gintrac, de très graves inconvénients. D'abord les jeunes médecins des villes où sont placées les Ecoles préparatoires et qui voudraient concourir, seraient obligés de laisser leur clientèle;. ... d'un autre côté, et ceci est sérieux, en ôtant aux professeurs des Ecoles le droit de contribuer au choix de leurs nouveaux collègues, vous jetteriez sur eux une déconsidération imméritée; vous les mettriez en état perpétuel de suspicion..... Ne voyez-vous pas partout le niveau des études s'élever? Et ce serait avec ce mouvement expansif, avec ce rayonnement vivifiant, que vous penseriez à une mesure qui frapperait d'inertie nos écoles, refroidirait le zèle, réprimerait les élans généreux qu'il importe tant de faire naître et d'exciter loin du centre?.. .. Le sol scientifique est généralement assez paisible; il serait au moins parfois remué et toujours au profit de l'instruction de tous. Vous ne priverez pas, je l'espère, nos cités de ce moyen certain d'émulation, de ce levier précieux, qui tend d'une manière si efficace les ressorts intellectuels;. . . . . c'est donc devant l'Ecole où la chaire est vacante que le concours devrait avoir lieu. » Gintracajoutait : « Je souhaiterais d'ailleurs que le professeur d'une des Facultés du royaume, chargé de la chaire correspondante à celle dont la vacance motive le concours, reçut de M. le Ministre la mission de venir présider cet important concours ». Appuyé par Velpeau, par Royer-Collard, le principe du concours pour la nomination des professeurs des Ecoles préparatoires fut adopté par la commission. Elle décida également que le jury serait présidé par un délégué de l'Université, pris soit dans l'une des Facultés, soit dans l'une des Ecoles de pharmacie. La même commission émet le vœu : « qu'à l'avenir, il ne sera plus créé qu'un seul ordre de praticiens, celui des docteurs en médecine »<. Un congrès médical réuni à la même époque avait émis, de son côté, des vœux pressants, en faveur des Ecoles préparatoires très fortement menacées. A la séance de clôture de ce congrès, qui avait réuni les sommités médicales de la province, M. de Salvandy, leur dit : « Les Ecoles préparatoires vous ont occupé. Dans cette sagesse qui a plané sur vos travaux, vous avez pensé qu'elles devaient être maintenues; vous vous êtes prononcés pour le fait existant. Un vœu a été exprimé que les Ecoles préparatoires de médecine et de pharmacie fussent plus directement attachées à l'Université; qu'elles passassent tout entières sous son autorité; qu'elles ne relevassent que d'elle. Vous avez eu raison. La dignité de l'enseignement médical y est intéressée ». . . . . « Il faut de leur côté que les villes s'appliquent au matériel de vos Ecoles, dont le développement est indispensable au but que nous voulons atteindre ».... Le ministre, en terminant, engage les médecins à lutter contre cette centralisation contre laquelle le devoir de mon ministère est de lutter ». Belles paroles qui ont mis du temps à devenir une réalité, ou du moins à commencer à se traduire dans les actes! Entre temps, le 7 septembre 1846, un arrêté instituait les examens de fin d'année pendant le cours des études médicales, et spécifiait que les deux premiers, passés dans les Ecoles préparatoires, étaient valables pour l'inscription ultérieure dans les Facultés. Ces examens de fin d'année avaient l'avantage de donner aux cours professés dans les Ecoles préparatoires, une sanction qu'ils n'avaient pas. Leur suppression est évidemment très préjudiciable à l'exactitude et au zèle des élèves en médecine. Enfin, le 15 février 1847, M. de Salvandy présentait à la Chambre des pairs un projet de loi, sur l'exercice et l'enseignement de la médecine. Il y proposait la suppression des officiers de santé; il maintenait la divisoin des élèves entre les 3 Facultés et les 20 Ecoles secondaires; il conferait aux Ecoles préparatoires, en la restreignant aux deux premières années d'études médicales, l'égalité absolue pour ces deux années et il constatait cette égalité, en investissant les Ecoles préparatoires du droit nouveau de conférer, comme les Facultés, un premier grade médical, qui eut été, comme dans l'ordre de droit, le baccalauréat; mais il maintenait aux Facultés la prérogative de conférer seules, la licence et le doctorat et fixait à cinq années le cours d'études nécessaires pour le grade de docteur, «la reconstitution définitive, ajoutait l'exposé des motifs, qui est proposée pour les Ecoles préparatoires, a paru l'unique part qui fut à faire à la diffusion de l'enseignement et aux progrès du temps. Ces écoles désormais seront des annexes des Facultés; elles participeront au droit de conférer des grades: cet acte solennel marquera leur rang dans l'Université, et par le lustre qu'elles en recevront, les pères de famille seront de plus en plus encouragés à leur confier leurs enfants (1) ». « Ces centres d'études multipliées, dit-il encore, ont pour l'enseignement des avantages considérables: l'accès plus libre et plus facile dans les jardins botaniques, dans les collections, dans les amphithéâtres, dans les hôpitaux, au lit des malades; la parole du maître écoutée de plus près, plus personnelle, sinon plus fréquente, et pour les familles la proximité, l'économie, la sécurité ». Enfin le projet ajoutait « Les Ecoles préparatoires seront mises successivement à la charge de l'Etat; le matériel et les collections resteront à la charge des communes ». On disait à Grenoble que trois Ecoles allaient passer au budget de l'Etat celles de Lyon, de Bordeaux et de Toulouse. Le maire de Grenoble s'empressa d'adresser une pétition aux Chambres (2) pour qu'aux villes de Lyon, Bordeaux et Toulouse, qui étaient visées par le projet, on ajoutat les villes qui ont une Faculté des sciences, comme Grenoble, Caen, Rennes, Besançon, Dijon. C'était un acheminement détourné au titre de Faculté. Mais tous ces projets restèrent à l'étude. La Révolution de 1848 vint arrêter la réalisation d'un plan qui contenait beaucoup de bonnes choses. Quant à la pharmacie, ce n'est qu'en 1850 que la réforme des études fut mise en discussion et soumise à une commission (3). Dans leur rapport, les commissaires touchent incidemment une question qui nous intéresse : « Nous n'avons pas mission, disent-ils, d'examiner si les jurys locaux, tels qu'ils sont constitués aujourd'hui, fonctionnent d'une manière satisfaisante; si le professeur de la Faculté de médecine chargé de présider ces jurys, composés de deux médecins et de quatre pharmaciens du département, n'est pas d'ordinaire réduit à protester seulement par sa boule noire contre la faiblesse des candidats admis par la majorité et si, dans l'intérêt des études pharmaceutiques, il ne serait pas urgent de modifier cet état de choses, en supprimant la collation des grades par les jurys locaux ». Mais rien ne fut résolu. Enfin, en 1854, un vaste projet fut présenté pour la médecine et la pharmacie. Mais il ne s'agit plus du projet de Salvandy, qui semble abandonné. (1) Les Facultés de Paris, Montpellier et Strasbourg comptaient à cette époque, à elle trois, 1.052 étudiants. Les 20 Ecoles secondaires en comptaient ensemble 823; l'Ecole de Grenoble en comptait 32. (2) Archives municipales, 9, F. (3) Elle était composée de : Thénard, Orfila, Bérard, Bussy, Persoz, Chevreul, de Jussieu, Milne-Edwards. Dr A. BORDIER. Au lieu des réformes radicales qu'il comportait, on se bornera à certaines améliorations de l'état de chose existant. En tête des réformes utiles et logiquement devenues nécessaires, proposées en 1854 par A. de Fourtoul, il faut noter la suppression des jurys médicaux « dont on pouvait comprendre la nécessité lorsque l'enseignement médical était à peine organisé en France, mais qui n'ont plus de raison d'être, depuis qu'on a créé vingt Ecoles préparatoires de médecine et de pharmacie. A quoi bon des commissions spéciales pour délivrer des grades, quand les Facultés de médecine et les Ecoles peuvent suffire à cette tâche et sont beaucoup plus compétentes ». Une réforme d'une grande valeur était, en outre, proposée : jusqu'à présent les jurys médicaux délivraient aux officiers de santé un simple certificat d'aptitude. Après une discussion approfondie, le conseil impérial de l'instruction publique et le Conseil d'Etat ont été d'avis de proposer la suppression absolue du prétendu certificat d'études médicales et de le remplacer par douze inscriptions prises dans une Faculté de médecine, ou par quatorze inscriptions dans une Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie », importante modification qui ne pouvait être matériellement au moins qu'avantageuse aux Ecoles. Ces mesures s'étendaient d'ailleurs aux pharmaciens de 2o classe, aux herboristes et aux sages-femmes (1). (1) Un décret d'août 1854 stipulait : ART. 12. Douze inscriptions dans une Faculté de médecine peuvent être compensées par quatorze inscriptions prises dans une Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie, moyennant un supplément de cinq francs par inscription. ART. 17. Les jurys médicaux cesseront leurs fonctions au 1er janvier prochain, en ce qui concerne la délivrance des certificats d'aptitude pour les professions d'officiers de santé, sage-femmes, pharmaciens et herboristes de 2o classe. A partir de cette époque, les certificats d'aptitude pour la profession d'officier de santé et celle de sage-femme seront délivrés, soit par les Facultés de médecine de Paris, Montpellier et Strasbourg, soit par les Ecoles préparatoires de médecine et de pharmacie, sous la présidence d'un professeur de l'une des Facultés de médecine. A partir de cette époque, les certificats d'aptitude pour les professions de pharmacien et d'herboriste de 2e classe seront délivrés, soit par les Ecoles supérieures de pharmacie, soit par les Ecoles préparatoires de médecine et de pharmacie, sous la présidence d'un professeur de l'une des Ecoles supérieures de pharmacie. ART. 20. Les aspirants au titre d'officier de santé doivent justifier de douze inscriptions dans une Faculté de médecine ou de quatorze inscriptions dans une Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie. Les aspirants au titre de pharmacien de 2e classe doivent justifier: 1o de six années de stage; 2o de quatre inscriptions dans une Ecole supérieure de pharmacie ou de six dans une Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie. Deux années de stage pourront être compensées par quatre inscriptions dans Il est aisé de mesurer combien la situation des Ecoles secondaires s'était améliorée : elles ne sont plus regardées comme un annexe de l'Hôpital; elles sont un des rouages universitaires et conférent, au même titre que les Facultés, certains grades en médecine et en pharmacie. Une seule lacune déparait encore cette nouvelle organisation de nos Ecoles, c'était l'absence d'équivalence complète entre leurs inscriptions et celles des Facultés: cette équivalence n'était absolue que pour les 8 premières, mais au-delà de 8 elle cessait : 9 inscriptions ne valaient plus que 8 et 14 ne valaient que 12. Il y avait néanmoins un mouvement très marqué. L'idée de l'administration perçait bien, à la même époque, dans les considérants de l'organisation des conseils académiques (14 juin et 22 août 1854) « L'administration, est-il dit, s'est principalement proposé, dans les réformes dont l'enseignement supérieur a été l'objet, de constituer de véritables centres d'enseignement, et de rallumer ces foyers de la science dont nos grandes provinces universitaires étaient privées depuis longtemps. L'isolement est mortel aux établissements d'enseignement supérieur, aussi tous nos actes ont-ils tendu à les rapprocher, à les unir, à les pénétrer, en quelque sorte, les uns par les autres. Les Facultés de théologie et de droit s'appuient sur la Faculté des lettres; les Facultés de médecine, les Ecoles préparatoires de médecine et de pharmacie sur les Facultés des sciences; les Facultés des sciences elles-mêmes ne sont pas étrangères aux Facultés des lettres, puisque les unes et les autres concourent aux examens du double baccalauréat. » Il est aisé de voir le point de départ du mouvement qui aboutira demain à la création des Universités provinciales. A partir de 1854, la plupart des Ecoles préparatoires se mirent à l'unisson des réformes qui leur étaient demandées en échange des avantages qui leur étaient offerts; elles se firent, suivant le terme consacré, réorganiser; un programme de cours leur fut d'ailleurs donné en 1857 (1), mais Grenoble devait encore attendre avant que sa situation lui permit de recevoir la consécration nouvelle. une Ecole supérieure de pharmacie, ou, moyennant un supplément 5 francs par inscription, par six inscriptions dans une Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie, sans que le stage puisse, dans aucun cas, être réduit à moins de quatre années. (1) Circulaire relative au nouveau règlement d'études pour les Ecoles préparatoires de médecine et de pharmacie, 16 avril 1857 (Recueil de Beauchamp). |