herboristes, sages-femmes. Réorganisation successive des Ecoles secondaires. Cours départemental d'accouchement à l'Hôpital de Aribert-Dufresne. - Albin Gras. — A. Charvet. B. Charvet. III. L'Ecole de Grenoble. Grenoble. IV. Association de prévoyance et de secours des médecins et des pharmaciens de l'Isère. Le Dr Buissard. Armand Rey et l'établissement hydrothérapique de Les eaux de La Motte. Bouquéron. - Albin Gras. A. Charvet. Armand Rey. Minder. Clot-Bey. Don de la Faculté de Montpellier. Réorganisation de l'Ecole de Grenoble. Modifications dans I L'Ecole préparatoire de Grenoble entrait dans une nouvelle phase : sans doute elle n'avait pas encore fini avec les difficutés, mais une étape dan gereuse était franchie. Les générosités de l'Hospice ont été acceptées par la ville, qui porte de suite en recette la somme de 940 fr. à recouvrer de l'Hospice, pour premier à compte de la réorganisation de l'Ecole secondaire (1); enfin, comme par un heureux présage, le bruit circule que le gouvernement va proposer aux Chambres un projet propre à retenir les étudiants en médecine dans leurs Académies respectives (2), mesure excellente et nécessaire... que nous attendons encore, mais à laquelle la force des choses conduira certainement. En attendant, chacun s'efforce de travailler dans la sphère de son (1) Archives de l'Hopital, E E, 2. (2) Lettre du Préfet au Maire, Archives municipales, 9, F. activité Silvy, Aribert-Dufresne, A. Charvet, C. Leroy et Albin Gras formaient déjà un groupe d'hommes intelligents et actifs; le Recteur écrit, dès le lendemain de la réorganisation, à la commission des Hospices, pour obtenir d'elle un laboratoire de chimie pour Leroy, professeur de chimie et de pharmacie (1). Robin, le directeur, appuie de son côté cette création et insiste sur l'urgence. La situation des élèves en pharmacie n'était cependant pas encore bien nette l'ordonnance du 13 octobre 1840 fixait à trente-cinq francs le prix de chaque inscription trimestrielle dans les Ecoles préparatoires de médecine et de pharmacie, alors que dans les trois Ecoles spéciales de pharmacie, les élèves n'avaient à payer qu'une somme annuelle de trente-six francs ; d'ailleurs les Ecoles préparatoires et les conseils municipaux de plusieurs villes proposaient un chiffre différent pour la rétribution scolaire des pharmaciens. Le ministre de l'instruction publique prit le parti de fixer le maximum au taux précèdent et de laisser aux conseils municipaux la faculté de l'abaisser autant qu'ils voudraient (2). Le conseil municipal de Grenoble fixa le taux de chaque inscription pour les élèves en pharmacie à cinq francs. En même temps, une ordonnance royale étend aux élèves en médecine des Ecoles l'obligation, jusqu'ici imposée aux élèves des Facultés, de suivre pendant une année le service de l'Hôpital. A l'Hopital, Robin et A. Charvet étaient médecins en chefs; AribertDufresne était médecin adjoint. Les institutions médicales de Grenoble s'améliorent du reste à Saint-Robert, le Dr Errat, avec une rare énergie et un incontestable talent, lutte, en dépit de mille obstacles, pour fonder un asile modèle, qui cessa dès lors de recevoir les mendiants, les syphilitiques et les filles-mères, désormais établies à l'Hôpital double amélioration aussi utile pour T'asile que pour l'Hospice de Grenoble, où se trouvait ainsi réuni tout le service de la maternité. : Une nouvelle activité semble règner même parmi les élèves et Robin, comme directeur de l'Ecole, prie les administrateurs de l'Hospice de décider un concours d'internat et un concours d'externat (3). Les juges du concours, et cela montre bien la fusion de l'Hòpital et de l'Ecole, sont les professeurs de l'Ecole et les membres de la commission administrative de l'Hospice. (1) Archives de l'Hopital, E E, 2. (2) Ordonnance de Louis-Philippe, du 13 mars 1842. (3) Archives de l'Hopital, E E, 2. Il est juste de constater que se sont deux professeurs adjoints qui, avec A. Charvet, continuent par leurs travaux scientifiques à jeter le plus de lustre sur l'Ecole. Albin Gras, dont certains travaux nous sont déjà connus, publie chaque année quelque nouveau mémoire et toujours sur les sujets les plus variés: En 1842, dans une note sur le Magnétisme animal (1), il relate certains faits alors nouveaux et presque merveilleux, que l'Ecole de la Salpêtrière a fait entrer depuis dans le domaine de la physiologie plus au moins normale. L'année suivante, 1843, il se fait démographe (2): il constate [que depuis quatre ans, les mariages et les naissances ont diminué à Grenoble, tandis que les décès ont augmenté de 1830 à 1838, la moyenne annuelle des décés était de 858; de 1838 à 1842, elle est devenue 923. Dans la première période, la moyenne annuelle des mariages était 264; dans la seconde, elle devient 251. Il attribue ces résultats à l'insalubrité de la ville, due elle-même aux travaux exécutés par le génie militaire, à l'augmentation de la misère et au grand nombre de désastres financiers survenus, parait-il, à cette époque. La même année, il publie le plan de deux anciennes portes de Cularo (3), construites par Dioclétien et par Maximien, qui existaient encore à la fin du XVIe siècle. Le plan qu'il donne a été copié sur un ancien manuscrit d'Aymar de Rivail, appartenant à Champollion. En 1844, il publie le mémoire, que j'ai eu l'occasion de citer plusieurs fois, sur les Institutions médicales de la ville de Grenoble (4) et une étude sur les bois du département de l'Isère (5). Il insiste, avec raison, sur la disparition des vastes futaies de chênes, de hêtres et d'arbres résineux dont l'existence est prouvée par les chartes et les titres anciens : la plaine de Bièvre aujourd'hui nue, était jadis occupée par une immense forêt Les défrichements commencèrent à l'époque de Humbert II, qui fit de nombreuses concessions de coupe aux communautés religieuses, ainsi qu'à différents particuliers; malgré les édits du gouvernement, la dévastation (1) Albin Gras Note sur le magnétisme animal (Société de statistique, 1842). (2) Note le mouvement annuel des naissances, des décès et des mariages à Grenoble, de 1830 à 1842. : (3) Albin Gras Note sur deux anciennes portes de Cularo (Bulletin de la Société de statistique); l'une de ces portes, dite Romaine ou Jovia, était située à l'extremité de la Grand'Rue, du côté de Grenoble et avait pris le nom de porte Traisne; l'autre, dite Viennoise ou Herculea, au nord de la place Notre-Dame, était connue sous le nom de porte de l'Evêché. (4) Bulletin de la Société de statistique, 1844. (5) Albin Gras: Etude sur les bois du département de 1 Isère, Grenoble 1844. des forêts fut continuée au XVIIIe siècle et fut portée à son comble pendant la Révolution. Beaucoup plus importante est la publication de la statistique botanique du département de l'Isère (1), travail considérable pour l'époque. A. Charvet continuait, de son côté, ses importants travaux en 1842, il fait paraître une étude sur un cas de mélanisme partiel (2); en 1844, un travail sur la reproduction de la sangsue (3. L'intérêt de ce mémoire est aujourd'hui bien diminué, la sangsue étant peu employée, mais, à cette époque, c'était une question d'actualité; les sangsues disparaissaient de notre région : les marais de Bourgoin, qui jadis suffisaient à apprivisionner Lyon, n'en avaient plus; les marais du Bourg-d'Oisans, de Sassenage, atterris et pourvus de larges canaux d'écoulement, devenaient impropres à la culture de cette hirudinée. L'auteur signale également comme contribuant à détruire les sangsues, la musaraigne d'eau (Sorex fodiens). C. Leroy poursuivait ses recherches sur les eaux minérales du Monestier (4) et d'Oriol (5), dont la captation venait d'être améliorée par Accarias, leur propriétaire. II Pendant que l'Ecole préparatoire de Grenoble s'acclimatait à son nouveau régime, les intérêts supérieurs de la médecine étaient discutés à Paris où de graves questions s'agitaient, qui devaient avoir plus tard, mais bien tard, leur retentissement à Grenoble. Le 18 novembre 1845, M. de Salvandy, grand-maitre de l'Université, sentant la nécessité de faire une bonne fois des réformes profondes dans l'enseignement de la médecine, sans cesse remanié à la surface au gré des événements politiques, propose au roi la nomination d'une grande commission chargée d'étudier les moyens « de donner satisfaction aux intérêts les plus essentiels de la science et de la société (6) ». (1) Statistique botanique du département de l'Isère, ou guide de botaniste dans le département, par Albin Gras, docteur és sciences, docteur en médecine de la Faculté de Paris, professeur à l'Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie de l'Isère, membre correspondant de la Société Linnéenne de Lyon et de la Société médicale d'émulation de la même ville, vice-secrétaire de la Société de statistique 1844. O, 2900. Albin Gras devint en 1852 secrétaire perpétuel de la Société de statistique, à la mort de son frère Scipion Gras. (2) Bulletin de la Société de statistique, 1842. (3) Bulletin de la Société de statistique, 26 juillet 1844. (4) Notice sur les eaux minérales du Monestier, Société de statistique, 1842. (5) Nouvelle analyse de l'eau gazeuse et ferrugineuse d'Oriol, près Mens. (6) Voir Beauchamp : Enquêtes et documents relatifs à l'enseignement supérieur, tome XLIX. Cette commission était présidée par Orfila (1). Les questions relatives à l'enseignement dans les Ecoles préparatoires. les seules qui doivent m'occuper, furent vivement débattues. Contre ces Ecoles parlait Terme, membre de la Chambre des députés et maire de Lyon, qui ne visait que leur suppression avec création d'une Faculté lyonnaise. Leur avocat, dont le nom mérite d'être ici mentionné, fut Gintrac, professeur de clinique médicale à l'Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie de Bordeaux. Dès la première séance, les positions sont prises: Donné ayant proposé de voter « que les Ecoles existantes continueront à vivre, qu'elles feront partie de l'Université et que leurs recettes ainsi que leurs dépenses seront portées au budget de l'Etat », Terme propose carrément leur suppression et leur remplacement par une faculté nouvelle à Lyon. Comme on voulait en même temps supprimer les officiers de santé et qu'on s'appuyait sur cette suppression, à supposer qu'elle fût votée, pour fermer les Ecoles préparatoires, sous prétexte qu'il ne devait pas y avoir deux ordres d'enseignement, alors qu'il n'y aurait plus deux ordres de médecins, Gintrac fit valoir en faveur des Ecoles des motifs qui valent encore la peine d'être cités, même aujourd'hui que cette suppression est faite : « C'est une erreur de croire, dit-il, que les Ecoles préparatoires soient destinées exclusivement à faire des officiers de santé. Loin de là; elles préparent un grand nombre de candidats au doctorat, qui viennent plus tard dans les Facultés... De ce qu'on ne conserverait pas deux degrés de médecins, on ne voit pas pourquoi les Ecoles préparatoires devraient être détruites..... En général, il est avantageux de multiplier les foyers d'instruction et c'est une erreur de croire qu'on releverait les Facultés de province en détruisant les Ecoles préparatoires. >> Les Ecoles préparatoires furent maintenues. Une autre victoire de Gintrac devant la commission fut l'acceptation, en principe, du concours pour le recrutement des professeurs des Ecoles préparatoires. L'illustre professeur de Bordeaux s'étonne que, alors que le concours a été décidé pour les professeurs des Facultés, on ne l'applique pas à ceux des Ecoles préparatoires. « Son refus pour ceux-ci constitue, dit-il, une véritable irrégularité. Ainsi il y aurait concours pour les prosecteurs, les chefs de (1) Elle était ainsi composée Orfila, président; Donné; Fouquier; Chomel; Bouillaud; P. Dubois; Royer-Collard; Andral; Velpeau; Roux; Dumas; Behier ; Marchal de Calvi; Caizergue; Lordat; Coze; Forget; Bussy; Gintrac; Sénac; Combes: Serres; Caventou; Pariset; Villeneuve ; Boullay; Cap; Alquié; Richaud des Brus; Terme; Labarraque et Cattois. |