des salles de l'Ecole, il a été donné lecture d'une lettre de la commission administrative de l'Hospice, par laquelle elle invite les professeurs de l'Ecole à se réunir à l'effet de nommer, parmi eux, les deux canditats qui devront être présentés au choix du ministre de l'instruction publique, conformément à l'article 20 de l'arrêté du 7 novembre 1820, pour le remplacement de M. Silvy, Directeur de l'Ecole, dont la démission a été acceptée par décision ministérielle du 16 novembre dernier. >> << Au premier tour, M. Billerey a a obtenu l'unanimité; au second tour, M. Chanrion a obtenu deux suffrages ». Signé SILVY neveu, A. CHARVET, ROBIN, FOURNIER, BILLEREY. : Billerey fut installé par le Recteur dans ses fonctions de Directeur. Sous la direction de Billerey, la prépondérance de l'Hospice ne se fait pas moins sentir que du temps de son prédécesseur : le conseil d'administration fixe d'ailleurs, en 1833, les honoraires collectifs des professeurs à 2.400 francs qui s'ajouteront aux 2.400 francs qui leur sont partagés comme médecins de l'Hôpital (1). C'est à lui que s'adresse le Directeur pour les achats de livres « Je viens proposer à votre sollicitude pour notre Ecole, écrit Billerey en 1834 (2), et à l'intérêt qui vous anime pour la prospérité de cet établissement placé jusqu'à présent sous votre protection paternelle, de souscrire en faveur de cette Ecole au Traité complet de l'anatomie de l'Homme accompagné des plus belles planches qu'on ait vues jusqu'ici, du Dr Bourgery » (3). Plus tard, en 1837, le maire écrit aux administrateurs de l'Hospice, pour leur communiquer une lettre du D'A. Charvet, professeur d'anatomie, qui prie la commission d'acheter pour l'Ecole un mannequin du Dr Auzou. « Les Ecoles de médecine, écrit A. Charvet, qui sont pourvues de ce moyen d'instruction, sont recherchées par les élèves, de préférence à celles qui en manquent » (4). (1) Archives de l'Hôpital, E E, 2 (18 septembre). (2) Archives de l'Hôpital, E E. 2. (3) Cette prépondérance de l'Hospice n'était pas spéciale à Grenoble. Le 11 juillet 1834, le Conseil d'instruction publique approuve le nouveau règlement de l'Ecole secondaire de médecine de Rouen, rédigé par la commission administrative de l'Hospice civil de cette ville. ART. 1er. Les élèves de l'Hospice suivront exactement les cours de l'Ecole secondaire de médecine. ART. 2. Sera rayé de la liste des élèves celui qui quittera le service de l'Hôpital. (4) Archives de l'Hôpital, E E, 2. III L'année 1837 est une date mémorable dans l'histoire des Ecoles de médecine Orfila fait une grande enquête sur l'enseignement médical en France (1). Il demande, en particulier, aux administrateurs de l'Hospice de Grenoble, la liste nominative des élèves qui suivent les cours, avec une note sur leurs progrès et le nombre de leurs inscriptions (2). Ces inscriptions ont été prises par 16 élèves en 1837, par 22 en 1836 et par 35 en 1835. Il vient lui-même à Grenoble, et fait dans son rapport la constatation suivante : Les cours sont semestriels; j'ai assisté aux leçons de tous les Professeurs du semestre d'été. Tous les professeurs sont attachés à l'hôpital, soit comme médecins, soit comme chirurgiens, d'où il résulte qu'ils peuvent facilement joindre l'exemple au précepte dans le cours de leurs leçons. La chimie et la pharmacie, ainsi que l'Histoire naturelle médicale ne sont pas enseignées à l'Ecole de Grenoble. J'aurai l'honneur de proposer au conseil la création de ces deux enseignements. L'Hôpital de Grenoble est fort riche et peut suffire à l'instruction de plus de cent élèves; on y compte de huit à neuf cents lits et les malades civils et militaires sont à la disposition des élèves, en effet, ces deux services, à l'exception des militaires fiévreux, sont confiés aux Professeurs de l'Ecole. On vient de créer une salle d'accouchements, qui m'a paru trop petite. J'ai demandé à M. le Maire s'il ne pourrait pas obtenir qu'elle fut agrandie. Les cadavres sont nombreux et livrés sans difficulté aux élèves, soit pour. le service des dissections, soit pour celui des opérations. Si l'Ecole prospérait et qu'il fut nécessaire d'agrandir ce local, on pourrait y réunir trois fois plus d'élèves à peu de frais, et l'administration s'y prêterait volontiers. Il existe deux beaux amphithéâtres pour les cours. Le jardin botanique est vaste et très bien disposé. L bibliothèque de la ville est superbe. Les considérations générales auxquelles il se livre sont encore pleines d'actualité et sont dignes, aujourd'hui plus que jamais, d'être méditées. « Utilité des Ecoles secondaires. << Les jeunes gens qui se destinent à la médecine, n'étant plus dans l'obligation d'aller, fort jeunes encore, commencer leurs études dans l'une des trois Facultés, et pouvant trouver le même moyen d'instruction dans dix-huit départements du royaume, resteront sous la tutelle presque immédiate de leurs parents jusqu'à un âge où l'on peut espérer que le goût du travail se sera déjà fait sentir, et, ces élèves étant peu nombreux, ne tardent pas à être connus et peuvent être facilement surveillés par les (1) Rapport d'Orfila sur l'état de l'enseignement médical en France (10 septembre 1837). (2) Archives de l'Hôpital, E E, 2. maîtres. Les leçons, et surtout les démonstrations qui ne sont faites que pour un petit nombre, portent plus de fruits que celles qui s'adressent à des réunions nombreuses: aussi l'anatomie, la médecine opératoire et les accouchements, dont l'étude suppose nécessairement des dissections et des manœuvres, peuvent-elles être bien mieux étudiées dans les Ecoles que dans les Facultés, parce que les élèves étant très nombreux dans ces derniers établissements, il y a rarement assez de cadavres pour eux (1). » « On peut et l'on doit espérer que les jeunes gens, en sortant des écoles secondaires, arriveront dans les Facultés connaissant bien l'anatomie, les opérations et les accouchements et que l'instruction qui se donne sur ce matières, dans les Facultés, ne sera plus désormais pour eux qu'une étude de perfectionnement. Plusieurs de nos chirurgiens les plus distingués avaient déjà une connaissance parfaite de ces matières à leur arrivée à Paris; ils l'avaient puisée dans les écoles secondaires. >> <«< Des notions bien précises sur la clinique seront données aux étudiants, parce qu'étant peu nombreux, ils peuvent entourer, sans encombrement, le lit des malades, leur prodiguer des soins assidus et rédiger des observations. Par la même raison, l'étude de l'histoire naturelle médicale, de la chimie, de la pharmacie, et de toutes les sciences de démonstration, leur est plus facile,ļattendu qu'ils peuvent, sans obstacle, voir et toucher. » J'ai dit que les villes étaient intéressées aussi dans la question; en effet, le service des hôpitaux est assuré par la présence des élèves ; l'obligation où se trouvent les professeurs et les autres médecins de se tenir constamment au courant de la science, les uns pour donner plus d'éclat à leur enseignement, les autres pour être jugés dignes de faire un jour partie de l'Ecole, est une garantie de plus en faveur de leur capacité ». Orfila ne se dissimule pas que beaucoup d'Ecoles ne répondent pas au but qu'elles doivent poursuivre: «Dans beaucoup de localités, les sœurs s'opposent à la distribution des cadavres; presque partout l'administration des Hospices interdit aux étudiants l'entrée des salles de la maternité; les professeurs de clinique se bornent à dire quelques mots au lit des malades et se croient dispensés de faire une leçon régulière; enfin, dans la plupart des écoles, on n'enseigne ni la chimie, ni la pharmacie, ni l'histoire naturelle. Enfin le traitement des professeurs est très faible. Il se compose soit du produit des inscriptions, auxquels les conseils municipaux ajoutent quelquefois une légère subvention; soit d'une allocation. (1) Tous ces vices n'ont fait qu'augmenter depuis 1837. votée par les conseils municipaux ou par les administrations des Hospices. A un petit nombre d'exceptions près, ces traitements ne s'élèvent pas audessus de 700 à 800 fr. Ils sont quelquefois au-dessous de cette somme ». Il proposait, en conséquuence, les améliorations suivantes : « L'enseignement, dans ces Ecoles, doit être médical et pharmaceutique et il doit tendre à bien préparer les élèves, à suivre les cours des Facultés et des Ecoles spéciales de pharmacie; dès lors, les écoles secondaires doivent porter le titre d'Ecoles préparatoires de médecine et de pharmacie. Chaque école devra avoir neuf cours, savoir: 1° Chimie et pharmacie; 2o Histoire naturelle; 3o Anatomie et physiologie; 4o Pathologie interne; 5o Pathologie externe; 6 Clinique interne; 7° Clinique externe et médecine opératoire ; 8° Accouchemenls; maladies des femmes et des enfants; 9° Metière médicale et thérapeutique; Il est juste que les traitements des profesaeurs soient tous portés au même taux le chiffre de 2.000 fr. paraît convenable. Il faudrait que l'Etat prit à son comptel es recettes et les dépenses de ces établissements. >> « Une des mesures que me paraissent encore exiger les intérêts des études, c'est que les élèves ne soient admis à faire compter leur inscription dans une Faculté qu'après avoir subi, dans l'Ecole secondaire, des examens annuels, correspondant au nombre des inscriptions qu'ils y avaint prises et après avoir satisfait à ces examens. On devra aussi refuser de nouvelles inscriptions à ceux des étudiants qui n'auraient pas fait la preuve de connaissances suffisantes >>. C'était la première fois qu'on tentait d'élever les Ecoles de médecine et de leur donner un rôle directement actif dans l'harmonie des études. Toutes les parties du projet d'Orfila ne devaient pas entrer dans la période d'exécution, néanmoins, un grand pas était fait. Dès l'année 1837, en vertu des nouveaux projets d'organisation, l'Ecole s'adjoint, pour la chimie et la pharmacie, Leroy, professeur de chimie à la Faculté des Sciences, et Aribert-Dufresne, pour l'histoire naturelle médicale elle se trouve donc ainsi constituée : Chimie et pharmacie: C. LEROY. Anatomie et physiologie: A. CHARVET. Pathologie interne : SILVY. Clinique interne: BILLEREY, Directeur. Histoire naturelle médicale: ARIBERT-DUFRESNE. Clinique externe : CHANRIONT. Opérations et accouchements: FOURNIER. Matière médicale et therapeutique: ROBIN. Mais le procès-verbal (1) du 11 novembre 1837 constate que l'impossibilité de faire, pour cette année, le cours de chimie et de pharmacie à l'Ecole a été reconnue, vu le manque de matériel. Il a été, en conséquence, regardé comme utile, selon ce qui avait déjà été arrêté, en présence de M. le Recteur, qu'il y fut provisoirement suppléé par le cours de chimie de la Faculté, auquel le professeur ajouterait, pour les Elèves de l'Ecole, deux leçons particulières par semaine, destinées aux interrogations, explications et développements pharmaceutiques, lesquelles leçons seraient faites à la pharmacie de l'Hôpital ». Premier exemple de la marche parallèle de la Faculté des sciences et de l'Ecole de médecine, dans le sens de l'instruction des futurs médecins. L'année suivante (1838), l'Ecole s'adjoint Gras, docteur en médecine, comme professeur provisoire de pathologie interne, et Massot, docteur en médecine, comme chef des travaux anatomiques; tous deux nommés par le ministre l'instruction publique. L'échange de services entre la Faculté des sciences et l'Ecole, déjà commencé par la nomination de Leroy comme professeur de chimie à l'Ecole, se continuait en 1839 par la nomination de A. Charvet, déjà professeur d'anatomie à l'Ecole, à la chaire de zoologie et d'histoire naturelle à la Faculté des sciences, Une animation nouvelle semble régner dans l'Ecole, lorsqu'en 1839, survint la mort de Billerey (27 octobre). Le 3 décembre, le Recteur informe les membres du conseil d'administration de l'Hospice (2) que le ministre de l'instruction publique l'a remplacé, comme Directeur de l'Ecole, par Robin, déjà professeur de clinique interne. IV Les projets d'Orfila vont prendre une forme définitive : il est grand temps |