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RÉIMPRESSION

DR

L'ANCIEN MONITEUR.

TOME QUATRIÈME.

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L'ANCIEN MONITEUR

SEULE HISTOIRE AUTHENTIQUE ET INALTÉRÉE

DE LA

RÉVOLUTION FRANÇAISE

DEPUIS LA RÉUNION DES ÉTATS-GÉNÉRAUX JUSQU'AU CONSULAT

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ÉDITION ORNÉE DE VIGNETTES, REPRODUCTION DES GRAVURES DU TEMPS.

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N° 91.

POLITIQUE. POLOGNE.

Jeudi 1 AVRIL 1790.

De Varsovie, le 10 mars. - Le courrier que M. le marquis Lucchesini avait deputé à sa cour le 4 de ce mois est de retour, et lui a, dit-on, apporté l'ordre de détruire, par les promesses les plus formelles, l'impression qu'avait faite la demande qu'il avait cru pouvoir former, relativement aux villes de Dantzick et de Thorn, et à la Starostie de Dibow.

Nous avons parlé hier de la lecture qui a été faite à a diete, dans la séance du 5 de ce mois, d'une note du ministre de Suède, et d'une lettre de M. le comte de Borcke, ministre de Prusse à Stockholm. Voici ces deux pièces intéressantes que nous venons de recevoir, et dont nous garantissons l'authenticité.

Déclaration.

« Le roi mon maître désirant faire voir à l'Europe entière, et particulièrement à une puissance aussi amie que l'est la sérénissime république de Pologne, que si la guerre continue à désoler le monde, la faute n'en est pas à lui, m'a ordonné de communiquer aux illustres états assemblés en diète les conditions sous lesquelles S. M. l'imperatrice de Russie voudrait se prèter à une pacification, et pour cet effet, le soussigné, ministre résidant de Suède, a l'honneur de joindre ici une copie de la lettre officielle du comte de Borcke, commissaire général de S. M. prussienne, au roi.

» Ces conditions sont d'une nature si inadmissible, que les illustres etats ne tarderont pas à être de l'avis du roi, qui, quelque souhait qu'il puisse former pour la paix, croirait trahir l'intérêt de son Etat, et par conséquent celui de sa gloire, s'il pouvait un moment balancer à rejeter, avec la plus haute indignation, de pareilles propositions.

» Le soussigue croit de son devoir de faire observer aux illustres états :

» 1° Que l'envie que montre l'impératrice dans ces proposition:, de se mêler des affaires intérieures de la Suède, prouve jusqu'à l'évidence qu'elle n'a jamais perdu de vue l'intention de dominer dans le Nord; intention manifestée clairement par la note du comte de Stackelberg, en date du 5 novembre 1788, et qui n'ayant jamais été rétractée par les notes beaucoup plus modérées qui leur ont succédé, pourrait un jour être regardee comme une protestation formelle, au cas que les circonstances permissent à la Russie de regagner l'influence qui a été si heureusement anéantie par la fermeté des illustres états;

» 2o Que désirant faire des paix partielles, sans médiation et par conséquent sans garantie, l'intention de l'impératrice est d'affaiblir en désunissant, et de se mettre par là en état d'effectuer les projets conçus ou à concevoir contre ses voisins.

Le danger qui leur est commun doit naturellement les porter à former et à resserrer des nauds, qui seuls sont capables de mettre des bornes aux vues ambitieuses d'une puissance qui parait elle-même n'en vouloir mettre aucunes. Signe LAURENT D'Engestrom. » Copie de la lettre officielle de M. le comte de Borcke, commissaire général de S. M. prussienne, à S. M. le roi de Suede, datée de Stockholm, le 4 février 1790.

a Sire, je dois avoir l'honneur d'informer V. M., par ordre de ma cour, quoique seulement historiquement pour le moment présent, que celle de Russie vient de faire adresser un office du com!• l'Ostermann 1" Série. Tome IV.

Constituante. 162 lir.

au comte de Nesselrode à Berlin, en date du 28 décembre 1789 (vieux style), par lequel elle lui dit :

« Que l'imperatrice, constamment animée du désir leplus sincère de manifester ses dispositions invariables, de voir terminer les calamités d'une guerre injuste à laquelle elle a été provoquée, n'hésite point de faire parvenir, à titre de confiance personnelle et exclusive envers S. M. prussienne, les points qui, d'après les principes de la plus grande modération et de l'équité la plus stricte, lui seniblent pouvoir servir de base à la pacification. »>

Ce qui regarde particulièrement V. M. y est énoncé de la manière suivante :

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Quant aux points à proposer au roi de Suède pour le rétablissement de la paix avec ce prince, l'impératrice est prête à se réconcilier avec lui de la manière la plus désintéressée, pourvu qu'il se prête à une démarche, de son côté, qui marque son repentir (du passé), sous les conditions suivantes :

» 1o Que les traités de Nystadt et d'Abbo soient rétablis dans toute leur force et teneur ;

» 2o Qu'une amnistie génerale et illimitée soit accordée de part et d'autre en faveur des sujets respectifs qui peuvent avoir encouru quelque jugement pour avoir pris ou porté les armes contre leur pays durant ces troubles;

» 3o Qu'il soit établi quelque sûreté pour l'observation stricte de cette paix. On laissera reposer cette sûreté dans un acte de constitution qui ne laisse pas le roi maitre de faire la guerre sans l'aveu des états du royaume, ni de prendre pour prétexte le danger d'une prétendue attaque; mais qu'il soit obligé de convoquer la diète même pour prendre les mesures de défense.

» S. M. l'impératrice croit devoir seulement ajouter à ces trois conditions, que dans le traité à conclure avec la Suède, il ne soit fait la moindre mention de la Porte Ottomane, ni que ces deux guerres puissent jamais être confondues l'une avec l'autre d'une manière quelconque. »

Comme ma cour ne s'est permis aucune réflexion sur cet énoncé, je m'en abstiens également, et me borne à ajouter que probablement les mèmes ouvertures ont été faites à la cour britannique, et que ce ne sera que lorsque les deux cours auront pu prendre un concert sur l'usage à en faire, que V. M. pourra être instruite officiellement de leur manière d'envisager le contenu sur lequel elle aura par conséquent tout le temps requis pour les prendre en considération.

Signé le comte de BORCKE.»

PAYS-BAS.

De Bruxelles, le 24 mars.- La tranquillité n'est pas entièrement rétablie dans la ville. La populace y règne encore, et l'hypocrisie de son chef tient les bons citoyens en alarmes. Tous les jours on est sur le qui vive, environné de superstitieux et de brigands. C'est en quelque sorte le désordre qui préserve en ce moment de l'émeute et du pillage. En effet, les volontaires de Walkiers ont repris leur uniforme : tous les soirs ils sont armés; ils parcourent les rues, en criant : «Vive la nation! vive Vonck! vivent le duc d'Ursel,

Walkiers, Vander-Meersch! Ce désespoir patriotique en impose aux pillards et cette espèce de tumulte fait la police de nuit.

Mais les états paraisse lus redouter les écrits que les armes des patriotes savent que la main trembleau citoyen forcé ner l'épée contre un citoyen; et d'ailleurs que leur importe que l'on tue la Dovulace? Leur appréhension est qu'on ne l'éclaire. Ils

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