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la guerre. Elle continua donc, & la reine de Hongrie fe couvrit d'une nouvelle gloire en délivrant l'Allemagne de toutes les troupes étrangeres dont elle avoit été inondée les années précédentes. Les premiers coups de cette campagne se frapperent en Baviere ; cet électorat fouffrit encore une révolution. Il étoit rentré fous la domination de fon fouverain vers la fin de 1742, lorfque le comte de Kevenhuller en avoit abandonné la conquête pour fe rendre en Bohême. Le comte de Seckendorff l'avoit alors recouvré, & Charles VII s'étoit rendu à Munich, fa capitale.

Au mois de mai, le prince Charles com→ mença fes brillantes opérations. Il fit enlever le fameux partifan Lacroix par les généraux Berenklaw & Nadafti. Lacroix fut battu & pris avec nombre d'officiers & environ trois cens hommes. Les François qui étoient à Eggenfeld fe retirerent vers l'Ifer, & ceux qui étoient à Thaun abandonnerent ce pofte & gagnerent Ganchoffen & Dingelfing. Au lieu de poursuivre ces fuyards, le prince for ma la résolution de furprendre le général Minuzzi, qui commandoit un corps de fept à

huit mille hommes, & qui étoit campé à Er-
blach du co
de Braunau. Ce corps qui étoit
compofé en partie de la meilleure cavalerie
impériale, fut entierement défait. On lui prit
fes bagages, fon artillerie & fes étendarts. Le
général Minuzzi, le welt-maréchal comte de
Gabrieli, & le major-général comte de Prey
fing, furent faits prifonniers.

Après cette expédition, le prince Charles alla attaquer les François. L'armée qui étoit fous les ordres du maréchal de Broglie fe retirant toujours du côté du Rhin, paffa fucceffivement & en affez peu de temps de Dingelfing à Landau, à Deckendorff, à Straubinghen, à Ingolftadt; le comte de Ségur la joignità Schellenberg avec un corps de douze mille hommes, détaché de l'armée du maréchal de Noailles. Pendant cette marche, elle avoit été fuivie par le général Nadafti, qui l'avoit toujours harcelée. La plupart des villes qui viennent d'être nommées, furent réduites en cendres, & éprouverent tous les malheurs de la guerre; mais ne nous arrêtons point à ces excès, ils font de triftes fuites des fureurs de cet art meurtrier.

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L'empereur avoit encore une fois aban

1743• donné Munich, capitale de fon électorat, & s'étoit retiré à Francfort. Le maréchal de Seckindorff étant demeuré en Baviere avec fort peu de troupes, fe trouvoit hors d'état de la défendre contre les armées autrichiennes. Il confulta l'empereur fur ce qu'il devoit faire, & il reçut ordre de ne plus agir contre les troupes de la reine de Hongrie. Il communiqua ces ordres au prince Charles, & lui fit dire qu'il espéroit que les troupes autrichiennes n'agiroient point contre celles de l'empereur. Cette déclaration fut bientôt fuivie d'un traité dont le comte de Kevenhuller & le comte de Seckindorff fignerent les préliminaires le 27 juin. Charles VII qui, lorfqu'il avoit été queftion de la paix générale, avoit déjà déclaré à la reine que, fatisfait de la couronne impériale, il renonçoit à ses prétentions fur la fucceffion d'Autriche, s'engageoit à demeurer neutre pendant tout le temps que pourroit durer la guerre ; il laiffoit la Baviere au pouvoir de la reine jufqu'à la conclufion de la paix générale. Ainfi toutes les hoftilités cefferent, & les troupes impériales ne

THERES E. pouvant plus fervir, furent cantonnées dans la Franconie.

L'armée françoife étoit fous les ordres d'un nouveau général; le maréchal duc de Noailles avoit fuccédé dans le commandement de l'armée aux maréchaux de Belle-Ifle, de Broglie & de Maillebois. Ce général, par une manœuvre fçavante & bien entendue, fe rendit maître de la campagne. Le comte de Stairs, l'un des éleves de Marlboroug, étoit à la tête d'une armée de cinquante mille hommes, compofée d'Anglois, d'Hanovriens & d'Autrichiens. Le roi d'Angleterre & fon fecond fils le duc de Cumberland s'y étoient rendus. Le maréchal de Noailles campoit vis-à-vis l'armée angloife qui fe trouvoit de l'autre côté du Mein, & occupoit le pofte d'Afchaffembourg, petite ville fituée fur le bord de cette riviere. En fe rendant maître des paffages au-deffus & au deffous de l'armée ennemie, le duc de Noailles luk coupa les vivres, & la tenoit comme bloquée dans fon camp. Les Anglois ne tarderent pas à fentir la difette des vivres, & comme elle augmentoit de jour en jour, ils prirent le parti de fe retirer vers Hanau, fur le chemin de Franc

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fort; mais ils fentoient bien que ce mouvement ne pouvoit fe faire fans s'expofer au feu des batteries du canon ennemi, placées fur le bord du Mein de maniere à les foudroyer dans leur retraite; &, par une fuite des précautions que le maréchal avoit prifes de jetter des ponts fur la riviere entre Dettingen & As chaffembourg, l'arriere garde auroit été expofée aux attaques des François. Enfin la néceffité obligea les Anglois de fortir de leur camp le 26 juin. Cette marche périlleuse fut faite dans le plus grand filence. Le duc de Noailles voyant que les Anglois étoient obligés de paffer dans un chemin étroit & creux entre une montagne & une riviere, s'empare de tous les poftes avantageux des environs; il fait avancer tous les escadrons compofés de la maifon du roi, ceux des dragons & des huffards vers le village de Dettingen par où les Anglois devoient paffer; il fait défiler fur fes deux ponts quatre brigades d'infanterie avec celle des gardes françoifes. Ces troupes avoient ordre de refter dans le village, où cachées en deçà d'un ravin profond, elles ne pouvoient être apperçues des Anglois dont le maréchal

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