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SUR

LA PHYSIQUE,

SUR L'HISTOIRE NATURELLE

ET SUR LES ARTS,

AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE;

DÉDIÉES

A M. CHARLES-PHILIPPE BOURBON;

PAR M. l'Abbé ROZIER, de plufieurs Académies; par
M. J. A. MONGEZ le jeune, Chanoine Régulier de Sainte
Geneviève, des Académies Royales des Sciences de Rouen,
de Dijon, de Lyon, &c. & par JEAN-CLAUDE DE LA
MÉTHERIE, Dodeur en Médecine, de l'Académie des Sciences,
Arts & Belles-Lettres de Dijon, de l'Académie des Sciences
de Mayence, de la Société des Curieux de la Nature de Berlin,
de la Société des Sciences Phyfiques de Laufanne, de la Société
Royale de Médecine d'Edimbourg, &c.

JANVIER 1791.

TOME XXX VIII.

A PARIS,

AU BUREAU du Journal de Physique, rue & hôtel Serpente.
Et fe trouve

A LONDRES, chez JOSEPH DE BOFFE, Libraire, Gerard-Street, N°. 7, fohg.

M. D C C. X CI.

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L'ANNÉE qui vient de s'écouler fera remarquable par les grands événemens qui s'y font paflés. L'efprit humain a fait les plus belles découvertes dans la Philofophie naturelle, & les vérités morales annoncées depuis long-tems par les philofophes vont enfin entrer dans le code des nations. Les peuples cefferont bientôt de fe regarder comme la propriété de quelques defpotes ; & l'homme connoiffant toute la dignité de fon être, jouira paisiblement des bienfaits que lui accorde la nature. Hélas! elle les a mêlés d'affez de maux, pour que des tyrans farouches & fanguinaires ne viennent pas encore en altérer les douceurs.

Aftronomie. Le nombre des comères eft encore inconnu. En faisant un relevé de toutes celles qu'on a obfervées en différens tems, on en trouve une très-grande quantité: & des philofophes d'après differentes fuppofitions, ont porté ce nombre encore bien plus loin. Lambert fuppoloit un million de comètes.

Mais en Aftronomie comme dans toutes les autres parties de la Philofophie naturelle, on a banni toutes les hypothèles, & on recherche des faits bien conftatés. Cette année on a vu trois comètes, qui ajoutées aux foixante-feize bien connues, en affurent l'existence de foixante-dixneuf.

Le 7 janvier, mifs Herschel en découvrit une dans la constellation de pégale.

Le 9 janvier, M. Mechain en apperçut une feconde dans le lien des poiffons. C'eft la huitième comète découverte par cet habile aftronome. Enfin, le 17 avril, mifs Herfchel 'en découvrit une troifième dans Andromède. MM. Mechain & Meflier l'ont apperçue jufqu'au 28 juin.

On a calculé leur orbite dans la partie inférieure ; mais on ignore le tems de la durée de leur révolution, qu'on ne pourra favoir que lorfqu'elles reparoîtront une feconde fois.

L'Aftronomie doit chaque année de nouvelles découvertes à M. Herschel. La plus intéreffante qu'il ait faite cette année eft celle qui concerne l'anneau de faturne. Il est très-peu vifible dans ce moment, parce qu'il ne fe préfente à nous que latéralement du côté de fon épaiffeur. M. Herschel l'a obfervé avec fon grand télescope de quarante pieds. Il a distingué dans cet anneau un point affez lumineux pour lui faire voir que cet anneau a un mouvement de rotation fur lui-même dans la direction de fon plan. Ce mouvement s'exécute en 10 heures 32. Cette obfervation explique parfaitement comment cette couronne de foixante-fix mille lieues de diamètre peut fe foutenir par elle-même quoique fi mince; car M. de la Place avoit déjà reconnu par le calcul que fi elle tournoit fur elle-même en dix heures, la force centrifuge feroit affez confidérable pour en foutenir toutes les parties.

M. de la Lande & M. le François fon neveu ont continué leur grand travail à l'obfervatoire de l'Ecole-Militaire fur la polition des étoiles boréales, & ils ont déjà déterminé celle de huit mille étoiles.

M. de la Lande avoit promis depuis long-tems aux marins des Tables pour trouver en mer l'heure par la hauteur du foleil, à toutes les latitudes & à toutes les déclinaifons. Madame le François fa nièce a exécuté ce travail long & pénible.

M. le Monier a publié un Mémoire fur la navigation, dans lequel établit l'existence des courans dans la mer du fud, l'utilité de la hauteur de la lune pour trouver les longitudes, & où il explique l'observation de

M. de Guignes faite à la Chine d'une éclipfe qui devoit être totale, & qui a été annulaire à caufe de l'atmosphère de la lune.

M. l'abbe Beauchamp eft revenu de Bagdad où il a établi un obfervatoire. Il en a rapporté les obfervations de plufieurs milliers d'étoiles, & plus de cent cinquante obfervations qu'il a faites de mercure, que l'on voit fi rarement dans nos climats. Il a dieflé une carte de l'Afie depuis le golfe Pertique jufqu'à la mer Cafpienne, Cafpienne, fur laquelle il a corrigé un grand nombre d'erreurs.

(Zoologie.) Cette partie de l'Hiftoire-Naturelle, quoique la plus intéreffante, tait peut-être moins de progrès, parce qu'elle eft plus difficile. Il n'eft pas aifé de faifir des animaux comme de-cueillir des plantes ou ramaffer des minéraux.

Nous avons fait connoître le travail de M. Mafcagni fur les vaiffeaux lymphatiques. Cette partie mériteroit bien d'être fuivie avec foin par nos anatomiftes, qui n'ont plus de grandes découvertes à faire dans les autres parties de l'Anatomie : & peut-être celles fur les vaiffeaux lymphatiques nous conduiroient à celles des vaiffeaux que l'on foupçonne dans les nerfs fervir à la circulation de l'efprit nerveux; mais peut-être faut-il pour cette découverte que quelqu'artiste faffe pour le microfcope ce que M. Herfchel a fait pour le télescope.

Nous avons cependant quelques ouvrages fur la Zoologie. M. Walbaum a donné une nouvelle édition des ouvrages d'Artedi fur l'Ictiologie, avec des notes intéreffantes. M. Hollandre a donné une Hiftoire-Naturelle des quadrupèdes vivipares & des oifeaux. M. Gray a publié un Mémoire très-intéreffant fur les amphibies de Linnæus, & particulièrement fur les ferpens; M. l'abbé Bonaterre a donné aufli un ouvrage fur les ferpens, ou Traité d'Ophiologie, &c. &c.

Mais la partie qui a fait les plus grands progrès eft l'Entomologie, ou P'hiftoire des infectes. Les collections des amateurs dans cette partie font des plus riches. Il ne refte qu'à décrire. M. Fabricius, que nous avons le plaifir de pofféder à Paris, a publié une defcription de celles qu'il a vues dans le Nord; mais il a trouvé dans les cabinets de cette capitale, tels que ceux de MM. Gigot d'Orcy, Olivier, Bofc d'Antic, &c. &c. une immense quantité d'elpèces, foit de nos contrées, foit des pays méridionaux, qu'il n'avoit pas vues. On les publie dans les deux beaux ouvrages dont M.d'Orcy, cet amateur aufli diftingué que zélé pour la fcience, hâte l'exécution; il fait deffiner toutes ces efpèces, enluminer, &c. L'un eft la collection des papillons d'Europe, dont la vingt-unième livraison paroît, & l'autre eft I'Entomologie, ou hiftoire naturelle des infectes, avec leurs caractères génériques & fpécifiques, &c. par M. Olivier, dont il a paru cette année plufieurs livraisons fur les coléoptères, que nous avons annoncées. Le Public connoît tout le mérite de ces deux beaux ouvrages: ainfi il feroit inutile de

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