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Botanique. Cette partie s'enrichit journellement, foit par les plantes nouvelles que ramaffent les botanifes, foit par celles dont ils publient la description.

M. Smith qui pofsède la collection de Linnæus, nous avoit donné l'année dernière une première décade des plantes rares. Il vient d'en publier une feconde qu'il a fait enluminer. L'exécution en eft très-belle, & la description telle qu'on doit l'attendre de ce célèbre naturalifte.

M. l'abbé Cavanilles a donné une differtation fur le Paffiflora avec figures.

M. de la Billardière a inféré dans ce Journal la defcription d'une nouvelle espèce d'aftragale du Liban, qui produit de la gomme adragant. Il l'a accompagnée de vues fur le mécanisme qui favorife l'écoulement de cette gomme.

M. le Vaffeur nous a donné la description de deux espèces de kina de Saint-Domingue. L'un, le Caribæa, étoit déjà connu : le fecond, le Spinofa, paroît être nouveau.

M. de Chazelles a publié un fupplément au Dictionnaire de Miller. Indépendamment de la partie d'Agriculture qui y eft bien traitée, on y trouve la defcription de quelques plantes peu connues.

Les botaniftes étrangers ont donné plufieurs differtations particulières fur les vertus & les propriétés de quelques plantes. Nous allons ici rapporter quelques-uns des travaux de nos botaniftes françois.

M. de la Mark continue à travailler avec le même zèle à la partie botanique de l'Encyclopédie.

M. Richard a préfenté à l'Académie des Sciences de Paris, 1°. un Mémoire fur le genre Fungaria, qui a du rapport avec le Cinomorion, L. 2o. un Mémoire fur le Harapa oleifera, arbre de Cayenne, décrit incomplettement dans l'ouvrage d'Aublet; 3°. un Mémoire fur le genre Pterocarpus, L. avec la defcription de quelques efpèces qui s'y

rapportent.

M. de la Billardière a présenté à l'Académie, 1°. la description de deux nouveaux genres de plantes, dont l'un de la famille des jasmins est appelé Fontanefia, du nom de M. Desfontaines, & l'autre s'appelle Erocantha de la famille des ombelles & voifin de l'Echinophora, L. 2°. une décade de plantes nouvelles avec figures, de celles qu'il a rapportées de Syrie.

M. Desfontaines a lu à l'Académie un Mémoire fur le chêne du gland doux du Mont-Atlas ; il a préfenté à la Société des naturaliftes de Paris une décade des plantes nouvelles qu'il a apportées des côtes de Barbarie.

M. l'Héritier a préfenté à l'Académie des Sciences de Paris, 1°. un Mémoire fur le genre Hemitomus voifin du Celfia; L. Ce nouveau genre renferme quatre efpèces nouvelles originaires du Pérou, & rapportées par M. Dombey; 2°. un Mémoire fur le Taxus elongata, L. dont l'auteur fait un genre nouveau qu'il a appelé Podocarpus. Il y a rapporté plusieurs

efpèces, dont une nouvelle originaire du Pérou. Ce genre a quelques

rapports avec l'if.

L'origine des champignons a ranimé une ancienne querelle parmi les botanistes. On fait que M. Necker dans fon Traité Mycitologique prétend que les champignons ne font pas des plantes femblables aux autres végétaux, qu'ils viennent fans femences, & font par conféquent fans fexes, Enfin, il en fait des êtres intermédiaires entre les végétaux & les minéraux. Cette opinion a été défendue par M. Medicus & par M. Reynier. Tous ces favans botaniftes penfent que ces efpèces font produites par une véritable criflallifation des parties organiques, fans que ces parties aient été préparées chez un père & une mère comme dans les autres végétaux ; elles proviennent feulement d'autres corps organifés en décompofition. M. l'abbé Spallanzani a aussi attaqué le fyftême des fexes des plantes par des expériences que nous avons rapportées dans le tems.

M. de Beauvois a répondu à M. Medicus & a foutenu le fyftême des fexes des plantes. Il prétend que les obfervations de MM. Necker, Medicus & Reynier fur l'origine des champignons ne font point concluantes, & il perfifte à les regarder comme de véritables plantes.

Il faut convenir que l'analogie eft conforme à cette opinion. Les champignons naiffent, croiflent, végètent, & périffent comme les autres végétaux. Ainfi quoiqu'on n'ait pas encore pu diftinguer leurs parties fexuelles ni leurs femences, l'analogie fait préfumer qu'ils en ont.

D'un autre côté la nature a fouvent des exceptions. Les analogies font fouvent fautives, & doivent céder aux faits & aux obfervations. Le philofophe doit donc toujours être dans cet état qui lui faffe accueillir la vérité lorfqu'elle fe préfente à lui. Laiffons discuter cette question par les favans qui s'en occupent. La fcience ne peut que gagner dans cette lutte l'opinions, lorsqu'on combat par des faits, des expériences, des obfervations.

Ce qu'il y a de certain c'eft que la génération Spontanée rejettée avec tant de dédain depuis quelque tems par une certaine classe de phyficiens, doit être admife par tout vrai philofophe, ne fût-ce que pour expliquer la première origine des êtres organifes. Je regarde encore comme certain que la génération n'eft qu'une véritable criftallifation. La queftion fé réduit donc en théorie générale à favoir, fi les liqueurs propres à criftallifer pour former un étre organique ne peuvent être préparées que chez d'autres organifés. C'eft la marche la plus ordinaire de la nature dans ces momens-ci. A la première origine des chofes elle en a dû fuivre une autre. Il eft donc démontré qu'elle pourroit encore l'employer. C'eft par conféquent à l'observation à décider fi elle y a renoncé absolument.

On fait que par NATURE j'entends la collection des êtres exiftans. Les loix de la nature font les loix que fuivent tous les êtres qui exiftent. Nous

fuppofons que ce mouvement, ces loix & l'exiftence font effentiels à ces êtres, ainfi que la fenfibilité; qu'ils éprouvent une fenfation, un fentiment, toutes les fois qu'ils reçoivent un mouvement; qu'ils ont toujours exifté, ont toujours été animés d'un mouvement qui leur eft effentiel ; & en raison de ce mouvement ils fe font combinés, ont criftallifé de telle & telle manière, ont formé ici des êtres que nous appelons inanimés, là des êtres animés, ou organifés, dont la partie centrale qui eft au centre du fenforium comme recevant un plus grand nombre de mouvemens, a plus de fenfibilité & d'intelligence; que plus la machine fera parfaite, plus grande fera cette intelligence, comme nous le voyons chez les "différens animaux que nous connoiffons; que fi par conféquent il exifte un être organifé de manière à communiquer tous les mouvemens & les fentimens poflibles à l'être qui fera au centre de cette machine; celui-ci fera l'être fouverainement parfait 8 P....

Voilà tout ce que l'analogie apprend & peut apprendre au philofophe phyficien fur la nature des êtres exiftans, qu'elle nous dit être en trèsgrand nombre, fans nous affurer fi tels ou tels êtres de la férie des êtres poffibles font exiftans (Voyez dans mon Difcours de l'année dernière la férie des êtres); & nous n'avons point d'autres moyens de connoître les êtres exiftans qui ne font pas foumis à nos fens, que l'analogie.... N'affirmons pas qu'il eft impoffible que les champignons ne viennent pas de graines, n'ayant pas de fexes; mais difons qu'il eft vraisemblable que ce font des plantes comme les autres jufqu'à ce que des obfervations bien conftatées aient prouvé le contraire. Le fait fuivant doit nous rendre encore plus circonfpects.

M. de Sauffure a observé deux nouvelles espèces de trémelles, & il a reconnu qu'elles avoient un véritable mouvement, comme l'avoit déjà vu M. Adanfon. Ces obfervations ont fait conclure à M. de Sauffure avec MM. Bonnet & l'abbé Cortis, que les trémelles n'étoient point des plantes comme on l'avoit toujours cru, mais devoient plutôt être rangées au nombre des animaux ; il fe pourroit que les champignons n'appartinffent pas plus aux végétaux que les trémelles, que l'on doit peut-être regarder comme des êtres intermédiaires entre les animaux & les végétaux.

Ces vues confirment ce que j'ai dit que dans la claflification des êtres organifés il falloit après les polypes placer les trémelles, puis les biffus, &c, de-là on pafferoit aux autres végétaux.

Minéralogie. Cette fcience acquiert tous les jours par les travaux des chimiftes; car elle ne pourra faire de vrais progrès qu'avec le fecours de la Chimie, quoi qu'en veuillent dire certains minéralogiftes. Plufieurs fubftances fur lefquelles on avoit prononcé fur de fimples apperçus, ont été analysées avec foin, & on a reconnu qu'elles étoient d'une nature toute différente de celle qu'on avoit foupçonnée.

Le phosphate calcaire de l'Eftramadure que M. Prouft nous avoit fait

connoître

connoître, mais dont il n'avoit pas eu le tems de faire une analyse exacte a été examiné de nouveau par MM. Pelletier & Donadei. Ils y ont reconnu indépendamment de l'acide phofphorique, l'acide marin & l'acide fluorique.

M. Weedgwood ayant analyfé une terre qu'il a reçue de la nouvelle Zélande, a cru y reconnoître aflez de caractères particuliers pour en faire une espèce nouvelle. Elle eft fufible au feu, ne fe diffout que dans l'acide marin, dont elle ne précipite pas l'eau ; mais en ajoutant de l'acide nitreux à l'acide marin, l'eau ne la précipite plus. . . . Si ces premiers apperçus fe confirment, ce fera une nouvelle terre à ajouter aux fept autres, & nous aurons, 1°. la terre calcaire, 2°. la magnéfienne, 3°. la terre pefante, 4°. la terre argileuse, 5°. la terre filiceufe, 6°. la terre kirkonienne ou du jargon, 7°. la terre adamantine ou du fpath adamantin, 8°. la terre zelandienne; mais il faut attendre de nouvelles expériences pour prononcer fur ces trois dernières terres.

M. Klaproth a répété les expériences fur le glimmer verd & fur la pechblende. Il y a conftamment trouvé le nouveau demi-métal qu'il a appelé uranite.

Le même chimifte, dans l'analyse du jargon, a fait voir que l'alkali de la foude cauftique diffout avec beaucoup de facilité la terre argileufe.

Il a auffi analyfé le plomb jaune de Carinthie que M. Heyer avoit foupçonné être minéralisé par l'acide tungstique. M. Klaproth a conclu d'après un grand nombre d'expériences que ce n'étoit point l'acide tungftique, mais l'acide molybdique.

Avec quelle fatisfaction devons-nous voir nos connoiffances s'étendre ainfi. Il y a peu de tems qu'on croyoit que le foufre & l'arfenic feuls minéralifoient les différentes fubftances métalliques. Aujourd'hui il est prouvé que le nombre de ces minéralifateurs eft très-confidérable.

1°. Le foufre fe trouve le plus fouvent dans les mines de plomb, de fer, de cuivre, de mercure, &c. Il minéralife auffi l'argent, l'étain, &c. 2°. L'arfenic minéralife le fer, le cuivre, l'argent & un grand nombre d'autres fubftances.

3°. L'acide arfenical peut auffi fervir de minéralifateur, fuivant M. l'abbé Mongès le jeune.

4°. L'acide vitriolique fe trouve dans les vitriols de fer, de cuivre, de zinc, & dans celui de plomb que nous avons fait connoître.

5. L'acide phofphorique eft le minéralifateur du plomb vert, du rougeâtre & du noir de Bretagne, du fer dans la fidérite, &c.

6. L'air fixe eft dans toutes les mines fpathiques du fer, dans le plomb blanc, dans les calamines, &c.

7°. L'air pur fe trouve dans la manganèfe, dans le wolfram, dans le plomb rouge de Sibérie, &c.

8°. L'acide marin minéralife l'argent corné, le mercure corné, &c.

9°. L'acide molybdique fe trouve dans le plomb jaune.

10°. Le wolfram eft encore une mine de fer minéralisée par l'acide tungftique qu'y ont démontré MM. Delhuiart, foit qu'il s'y trouve fous forme acide, ou fous forme métallique.

11°. La plombagine fe trouve auffi avec le fer dont elle peut être regardée comme un des minéralifateurs.

Il est très- vraisemblable qu'on rencontrera auffi l'acide boracique combiné avec quelques fubftances métalliques, comme M. Laflius l'a trouvé combiné avec la terre calcaire dans le fpath boracique.

L'acide fluorique doit encore être un minéralifateur; car le fpath fluor eft trop commun dans les mines pour que fon acide ne fe trouve pas combiné avec les fubftances métalliques.

Enfin, que ne nous promettent pas les travaux foutenus des grands chimiftes qui s'occupent de ces analyses?

M. de Sauffure nous a donné la relation de fon voyage au Mont-Rose, dont le plus haut pic eft élevé de deux mille quatre cent trente toifes au-deffus du niveau de la mer, c'est-à-dire, n'eft inférieur que de vingt toifes à l'élévation du Mont-Blanc. Cette montagne eft remarquable par "la multiplicité & le rapprochement de fes hautes cîmes dont la difpofition fait une efpèce de cirque vuide en dedans. On diftingue fept de ces principales cîmes & autant de vallées. Les pentes en font fort douces. Et une chofe très-remarquable eft que le Mont-Role & les montagnes adjacentes font compofées de couches qui font prefque par-tout à-peuprès horisontales. Le granit en maffe ne s'y rencontre qu'accidentellement. Enfin, il y a des mines d'or dans un de ces rameaux à Macugnaga. Cette relation eft remplie de grandes vues & d'obfervations intéreffantes, telles que les fait faire ce célèbre naturalifte.

M. Screiber nous a fourni des détails très-intéreffans fur la mine d'or d'Allemont. Il nous a appris qu'on n'y trouve cette fubftance précieuse qu'accidentellement, & qu'elle n'eft point en filons réglés; ce qui nou explique comment plufieurs fleuves, & fur-tout en France, charient de paillettes d'or, fans qu'on puiffe en conclure qu'il y ait dans les montagne d'où fortent ces fleuves des mines d'or fuffifaniment riches pour êtr exploitées, & que cet or Y foit en filons.

Cependant nous favons qu'on exploite avec avantage des mines d'or infiniment pauvres en apparence, favoir, des mines qui au quintal ne contiennent que trois grains d'or. M. de Sauffure en a vu exploiter avec fuccès au pied du Mont-Rofe qui n'étoient guère plus

riches.

Le même minéralogifte, M. Screiber, nous a fait connoître la manière dont les fameufes mines du Hartz font exploitées. La nation françoife qui eft fi peu avancée fur ces matières ne fauroit trop les étudier.

Sous l'ancien régime la faveur faifoit accorder à un feul particulier des

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