Page images
PDF
EPUB

vaient plus que des cultivateurs épars et pai1794. An II. sibles.

Cette rebellion dura plusieurs années dans les campagnes, parce que la nature de ce pays, coupé et boisé, offrait aux paysans des retraites impénétrables. Elle ne s'étendit pas dans les villes, parce qu'il était impossible de s'y cacher, et que les royalistes, n'y étant point soutenus par des armées régulières, auraient été exposés sans ressources à la vengeance des républicains.

L'Angleterre, ayant manqué l'occasion favorable de ruiner son ennemi par la guerre civile, résolut de s'emparer des colonies françaises en Amérique; et, pour que la république ne pût pas la troubler dans cette entreprise, elle chercha tous les moyens de réparer la perte qu'éprouvait la coalition par la défection du roi de Prusse, et de rendre la guerre du continent plus active. Elle fit un traité avec le roi de Sardaigne, prêta de l'argent à l'empereur, et conclut avec Frédéric-Guillaume une convention de subsides, qui, d'après ce qu'on connaissait des dispositions de ce monarque, causa beaucoup de surprise aux politiques, et fournit à l'opposition un sujet fécond de critique, de reproches et de sarcasmes.

Ce traité, conclu le 14 avril, obligeait le

roi de Prusse à joindre à la coalition, au mois de mai, une armée de soixante-deux mille hommes. Il devait recevoir cinquante millions. Cette somme lui était accordée, selon les termes du traité, afin de faciliter à sa majesté les moyens d'agir avec vigueur, et conformément au zèle et à l'intérêt dont elle est animée pour la cause commune.

Sa déclaration précédente pouvait faire juger de ce zèle, et, l'année d'après, son traité de paix avec la France en donna au ministère anglais la preuve complète.

Avant l'ouverture de la campagne, on tint un grand conseil de guerre en Flandre. Mack, qui venait de Londres, y fut appelé, et on lui attribua encore les malheurs de cette campagne, quoiqu'on n'eût suivi aucun de ses plans.

Le duc d'Yorck, toujours destiné par le ministère à commander les Anglais, et presque toujours condamné par le sort à être battu, ne voulait point servir sous les ordres d'un général autrichien. Pour terminer cette contestation, l'empereur François II vint lui-même se mettre à la tête des troupes. Son arrivée à Bruxelles lui rendit l'amour des Brabançons, et il convint qu'il avait été trompé par tous ceux qui lui avaient rendu compte de ce pays, excepté par le prince Charles et par le comte

1794.

An II.

1794.

de Metternich. Sa présence ranima l'ardeur des An II. troupes; leur première opération réalisa les espérances que tant d'efforts réunis avaient fait concevoir les Français furent battus à Cateau-Cambresis. Les alliés assiégèrent Landrecies, et se trouvèrent, dès le commencement de la campagne, à quarante lieues de Paris; mais ce fut là le terme de leurs prospérités.

Cette année, l'Europe fut ensanglantée par les armées les plus nombreuses que jamais elle eût vu rassembler, quoique leur effectif fùt au-dessous des états publiés par les deux partis.

Voici le tableau des forces que déployèrent, selon les journaux du temps, les républicains et les rois acharnés réciproquement à se détruire.

ARMÉES RÉPUBLICAINES.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

1794.

An II.

forces républicaines; mais l'effectif était bien ——— loin d'être aussi considérable. Les deux armées réunies du Rhin et de la Moselle ne formaient pas un complet de plus de soixante mille hommes armés, et en état de combattre. Elles reçurent un renfort de huit mille hommes de l'armée des Alpes, et de quatorze mille hommes venant de la Vendée. Si l'on avait des détails exacts des autres armées, on verrait combien les tableaux présentés à la Convention étaient exagérés.

ARMÉES DES COALISÉS.

Armée du prince de Cobourg.. 140 mille hommes.

[merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Il n'entre point dans le plan de cet ouvrage de rendre un compte exact des manœuvres savantes, des combats nombreux, des siéges meurtriers qui remplirent cette époque célébre; l'habileté des généraux, l'opiniâtreté des

1794.

partis, l'importance des combinaisons, les acAn II. tions éclatantes d'une foule de guerriers, exigent, pour ces détails militaires, un travail séparé; et il est à désirer que l'histoire du commencement de cette guerre mémorable soit tracée par la même plume qui vient d'écrire si brillamment celle des deux dernières campagnes. Le général Mathieu Dumas, dans cette relation, ne laisse rien à souhaiter au lecteur pour le développement des plans, l'enchaînement des opérations, l'exactitude des faits, l'élégante clarté du style et la richesse des détails. Mais nous, en présentant au public le vaste tableau des révolutions de la politique européenne pendant l'espace de dix années, nous ne devons prendre des événemens militaires que les résultats, et nous sommes forcé à ne nous occuper que de leur influence sur le système des rois et sur le sort des nations.

Après plusieurs combats et plusieurs succès alternatifs, Clairfait fut repoussé près de Tournay. Les Français, après avoir forcé le passage de la Sambre, firent de vains efforts pour chasser le général Kaunitz de sa position entre Rocroy et Bitche. L'empereur, arrivant alors à Tournay, fit le plan d'une attaque générale ; elle devait se faire sur trois colonnes :

« PreviousContinue »