quelquefois très-abondants, tandis qu'on n'en trouve jamais dans le grès vosgien.

10. Le grès bigarré manque souvent entièrement dans cette partie de la chaîne des Vosges.

11. Lorsque ce grès manque, le grès vosgien forme assez fréquemment des escarpements ou espèces de falaises plus ou moins hautes.

IV.

Calcaire compacte, Muschelkalk.

12. Un calcaire gris compacte, muschelkalk, succède immédiatement au grès vosgien, quand le grès bigarré manque; mais alors les couches inférieures de ce calcaire, les plus voisines de la superposition, sont brisées, rompues et accidentées comme si elles avaient éprouvé un subit affaissement à la suite d'une violente secousse produite par une faille ou par toute autre cause.

13. Le calcaire muschelkalk, qui recouvre communément le grès bigarré ou les sables argileux, lorsque ceux-ci remplacent le grès, est plus ou moins compacte, esquilleux, gris, brun, enfumé. Il renferme beaucoup de fossiles marins.

14. Lorsque ce calcaire repose sur le grès bi

garré dans le voisinage des roches granitoïdes, il passe à l'état de dolomie d'un gris jaunâtre, qui est elle-même quelquefois remplacée par des bancs irréguliers de silex.

ง.

Marnes irisées du keuper.

15. Des marnes keupériques grises, rouges, jaunes, vertes, en couches horizontales et souvent inclinées, alternent avec des calcaires très-fins plus ou moins argileux.

16. Ces marnes recouvrent généralement le muschelkalk, et contiennent une grande quantité de pétrifications marines.

17. Elles sont souvent salifères, quelquefois bitumineuses, et parfois l'une et l'autre, ainsi que l'a prouvé le sondage fait près des sources salines de Sultz-sous-Forêts, sondage dans lequel on a trouvé, à plus de vingt mètres de profondeur, des couches argilo-bitumineuses alternant avec des marnes sableuses salifères.

18. Ces marnes contiennent assez fréquemment de la chaux sulfatée, tantôt cristallisée et tantôt en masses irrégulières.

VI.

Terrain tertiaire de grès molasse, calcaire asphal tique et sables bitumineux.

19. Sur les marnes du keuper est un terrain de formation tertiaire, composé : 1o de grès marneux ou argileux, ou grès molasse gris; 2° de sables gras marneux ou argileux, contenant des coquilles terrestres et fluviatiles, et souvent remplacés par des couches irrégulières de galets ou de poudingues (Nagefluhs); 3o de marnes argilo-calcaires plus ou moins sableuses; 4° de grès argileux ou plutôt sables silicéo-argileux bitumineux, agglutinés par du malthe ou pétrole; 5o de marnes argilo-calcaires, quelquefois graveleuses et bitumineuses, à coquilles fossiles, terrestres et fluviatiles; 6° de lignites en couches plus ou moins épaisses, et souvent très-bitumineux, contenant du succin; 7o de marnes calcaires asphaltiques, en couches grises, brunes et noirâtres, quelquefois pyriteuses et aluminifères, renfermant de nombreux débris de végétaux avec des coquilles

lacustres.

20. C'est à cette formation que se rapporte la

mine d'asphalte de Lobsann, dont nous allons donner la description (1).

21. Les grès et les calcaires de la formation tertiaire asphaltique et bitumineuse sont recouverts 1° par des argiles et marnes marines ; 2o par des minerais de fer oxydé hydraté, quelquefois géodique et quelquefois en fragments anguleux de fer oxydé compacte, jaune, rouge, brun et noir; et 3° par des couches irrégulières d'argiles et de sables caillouteux, qui forment le sol et le sous-sol de la vallée du Rhin, et vont insensiblement se confondre avec le terrain de diluvium et les alluvions modernes de ce fleuve.

VII.

Terrain diluvien.

22. La haute plaine de cette belle vallée offre un terrain diluvien composé de couches horizontales de sable et d'argile qui recouvrent un grand

(1) La découverte de ces terrains bitumineux du pays de Lobsann est déjà ancienne : elle date, dit-on, du commencement du siècle dernier. On l'attribue à un médecin grec appelé Eryn d'Erynnis, qui mourut ignoré au moulin de Merkwiller près de Sultz, et qui avait beaucoup de connaissances en chimie et minéralogie. C'est lui qui découvrit la source du PechelBrunnen, source de la Paix, dont il employait avec succès le bitume dans ses compositions et préparations pharmaceutiques.

amas de graviers ou de galets de toutes grosseurs, de quartz, de granite, porphyre, micaschis

tes, etc.

23. Ces galets sont quelquefois agglutinés par un ciment silicéo-calcaire, et passent alors à l'état de poudingues disposés en couches ou plaquettes irrégulières.

24. Ce diluvium, qui renferme des ossements d'éléphants bien conservés, est dans quelques endroits recouvert par des marnes jaunes argilo-calcaires de formation postérieure, appelées Lehms ou Loes, remplies de coquilles terrestres et flùviatiles.

VIII.

Alluvions du Rhin.

25. Enfin les alluvions de la plaine basse de la vallée du Rhin, dont la hauteur est d'environ deux à trois mètres au-dessus des eaux moyennes de ce fleuve, forment un dépôt horizontal quelquefois sableux, souvent limoneux, et parfois tourbeux ou marneux, et qui contient, au milieu de nombreux débris de bois fossiles dicotylédones, des ossements d'animaux des espèces actuellement vivantes, avec des coquilles terrestres et fluviatiles.