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Des deux côtés doivent être conftruits des bâtimens fymmétriques, dont l'un déjà achevé, eft occupé par les Ecoles de Droit. V. tom. 1, p. 66.

PLACE DE SORBONNE (la) a été faite environ l'an 1640, pour orner le portail & la façade de l'Eglife de Sorbonne. Cette Place eft quarrée, & l'on y entre par la petite rue de Richelieu, par celle des Maçons, par celle de Sorbonne & par celle des Cordiers. Jufqu'en 1647 on y entroit par la rue des Poirées, qui fut alors condamnée pour unir à la Sorbonne le Collège des 18. Cette Place eft décorée dans le fond par le magnifique portail de l'Eglife de Sorbonne. Du côté des rues de Sorbonne & des Maçons, par les Ecoles de Théologie, & du côté de la rue des Cordiers, par la Chapelle ou Eglife du Collège de Cluny.

PLACE DU CARROUSEL. Elle a été ouverte pour laiffer voir la fuperbe façade du Château des Tuileries, & nommée Place du Carroufel, à caufe de celui que le Roi Louis XIV y donna en 1662 à la Reine fa mère & à la Reine fon époufe.

PLACES DU LOUVRE. (les) Celle du côté de SaintGermain de l'Auxerrois, qui a quatre-vingt-fept toises & demie de longueur, n'eft formée que depuis quelque temps. Elle étoit auparavant couverte de différens bâtimens. L'on y a vu le garde-meuble de la Couronne, les écuries de la Reine, l'Hôtel des Poftes, l'Hôtel de Créquy, &c. Cette Place eft ornée aujourd'hui de deux gazons & de barrières qui les environnent.

Celle du côté de la rue Froidmenteau vient tout récemment d'être élargie par les foins de M. le Marquis de Marigny. Les rues Champfleuri, du Chantre, de Beauvais & Froidmenteau y aboutiffent.

. PLACE DU PILORI. Cette Place ou marché do carreau de la halle, eft celle où l'on vend le pain, le beurre & le fromage tous les mercredis & les famedis. C'eft auffi dans cette Place qu'eft le Pilori. Les plus fameux Etymologistes du dernier fiècle, tels que Borel, Spelman, du Cange, Ménage, &c. ont donné plufieurs étymologies de ce nom; mais celle qu'en donne Sauval a paru plus naturelle que toutes les autres. Il dit que dans un contrat de l'an 1295, il y eft fait mention d'un puits qui étoit dans cet endroit, & qu'il

y eft défigné par ces mots : Puteus didus Lori; d'où il conclut que le nom de Pilory eft corrompu & abrégé de puits de Lori, c'est-à-dire, d'un puits qui appartenoit à un Bourgeois nommé Lori, & que le gibet qui étoit auprès de ce puits en prit le nom. Voy. PILORI.

Il y avoit en 120), attenant le Pilori, un échafaud à demeure. Il est parlé de cet échafaud dans plufieurs Arrêts du Parlement, & l'on voit dans un compte du Domaine de Paris, endu en 1478, folio 461, lequel eft rapporté par Sauval au tome 3, page 433 de fes antiquités de Paris, qu'on donna trente-cinq livres patifis à Jean Marchand, Charpentier, qui avoit fait l'échafaud & coupe-tête du Pilori qui étoit tout pourri, & fur lequel le Duc de Nemours eut le col coupé. On lit au même endroit que cet infortuné Seigneur fur conduit de la Baftille ici, monté fur un cheval caparaçonné de noir. Etant arrivé, il fut mené aux chambres de la hall au poiffon, lefquelles on avoit exprès tendues de farges de Pers. On les avoit auffi arrofé de vinaigre, & parfumé avec deux fommes de cheval de bourées de genièvre qu'on y avoit fait brûler, pour ôter le goût de la marée que lefdites chambres & greniers fentoient. Ce fut ici que le Duc de Nemours fe confeffà, & pendant cet acte de religion, on fervit une collation, compofée de douze pintes de vin, de pain blanc & de poires, pour MM. du Parlement & Officiers du Roi, étant efdits greniers. Pour cette collation, on donna douze fols parifis audit Jehan Marchand, qui l'avoit fournie. Le Duc de Nemours s'étant confeffé, fut conduit à l'échafaud par une galerie de charpente qu'on avoit pratiquée depuis lefdites chambres & greniers, jufqu'à l'échafaud du Pilori où il fut exécuté. On voit encore ailleurs qu'en 1562, il y avoit au Pilori un échafaud qui tomboit en ruine, & qu'à la place on y en fit un autre. On ne fait point précisément le temps qu'on a ceffé de faire ici les exécutions à mort.

Cette Place eft entourée de boutiques & d'échopes, louées par l'Exécuteur de la haute Juftice, à des gens qui font en détail la vente de toutes fortes de poiffon. Voy. CHAMBRE de Justice.

PLACE (ou marché) aux veaux. La rue de la vieille Place aux veaux commence à la rue Planche-Mibray, & aboutie en retour à la rue Saint-Jacques-de-la-Boucherie. On a remarqué qu'anciennement elle fe prolongeoit jufqu'à la porte de Paris. Gombouft & Bullet l'ont confondue avec la rue

de la Tuerie: on la trouve auffi en 1488, fous le nom de la Tannerie; mais aujourd'hui ces rues font diftinguées; jadis on y brûloit les cochons, enfuite l'on y vendit les veaux. Cette Place eft très - ancienne; elle s'appelloit au quatoizième siècle, la Place aux Sainions, une des premières familles de Bouchers qui foient connues. La lifte des rues du quinzième siècle l'indique fous le nom de rue aux Veaux : & Corrozet fous celui de la Place aux Veaux : elle eft nommée de même dans le procès-verbal de 1836, & l'on préfume que l'épithète de vieille ne lui a été donnée que depuis qu'on transféra cette Place fur le Quai des Ormes, en vertu d'un Arrêt du 8 Février 1646. Elle commençoit au bout du Pont-Marie, & au coin de la rue des Nonaindières, & fe terminoit à la defcente de la rue Geoffroyl'Afnier. C'est dans cet endroit que fe vendoient les veaux qui y arrivoient de toutes les Provinces voifines de la Capitale. Le marché le plus confidérable eft le vendredi de chaque femaine, excepté pendant le carême. C'eft là où les Bouchers s'en approvifionnent. Elle a été transférée en 1774 auprès des Bernardins. Voy. HALLE AUX VEAUX, , page 205. Autres Places moins confiderables.

PLACE AUX CHATS. (la) Les rues Saint-Honoré, de la Lingerie, de la Ferronnerie y aboutiffent: Quartier de Sainte Opportune. Cette Place eft tous les jours fréquentée par les Jardiniers qui y apportent leurs légumes, mais qui n'y peuvent refter que jufqu'à huit heures du matin, qu'il faut que la Place foit nette, fuivant les Ordonnances de Police.

A l'endroit de la rue de la Ferronnerie, où aboutit la rue des Déchargears, étoit une Place appellée anciennement la Place aux Pourci ur, & enfuite la Place aux Chats. Avant que la Ville se fût accrue de ce côté là, c'étoit un lieu plem d'immondices, & une voirie : elle s'étendoit affez loin, car on ne peut douter que la rue de la Limace, & le cul-de-fac de la Foffe-aux-Chiens n'en fiffent partie.

PLACE DE CAMBRAY. (la) Au fortir de la Commanderie de Saint-Jean-de-Latran, on entre dans la Place ou terrein de Cambray, qui a pris fon nom du Collège de Cambray, & qui aboutit à la rue Saint-Jacques, vis-à-vis Eglife de Saint Benoît. Autrefois c'étoit le cimetière de cette Eglife; mais au commencement du fiècle dernier, il fut transféré derrière le Collège Royal. Ce terrein fenommoit autrefois le grand cimetière, le cimetière de Cambray, le

cimetière de l'Acacias, d'un acacia qu'on y avoit planté, & le cimetière du corps-de-garde, à caufe d'un corps-de-garde qui en étoit voifin.

PLACE DE FRANCE. (la) En 1608, le Roi Henri IV dit le Grand, ayant formé le deffein d'embellir Paris, réfolut de faire dans le Quartier du Marais, prefqu'à l'endroit où eft aujourd'hui la Place Royale, une Place la plus magnifique qu'il y eût eu jufqu'alors, laquelle, fuivant fon intention, auroit été nommée la Place de France, à cause que chaque rue qui y auroit abouti, auroit porté le nom d'une des principales Provinces du Royaume. Ce grand Prince, pour en arrêter le deffin, fe tranfporta fur les lieux, & en fit tracer le plan & l'élévation en fa présence, par Alaume & Chatillon fes Ingénieurs. Le marché en fut donné à Carel & autres Entrepreneurs, à la charge d'y travailler inceffamment, avec ordre au Duc de Sully d'y tenir la main. On feroit entré dans cette Place par huit rues, larges de fix toises, & bordées de maisons uniformes. Ces rues auroient été nommées Picardie, Dauphiné, Provence, Languedoc, Guyenne, Poitou, Bretagne, Bourgogne. Les curieux peuvent voir le plan & l'élévation de cette Place, qui furent gravés par Poinfart. La mort funefte d'Henri IV dérangea entièrement ce projet & les alignemens : cependant on donna aux rues qu'on fit faire en 1626, les noms d'Angoumois, de Beauce, de Beaujolois, de Forez, de Bourgogne, de Berry, de Limoges, de Périgueux, de la Marche, d'Orléans, de Poitou, d'Anjou, de Ferche, de Touraine, de Saintonge & de Normandie.

PLACE DES BARNABITES (la) a été faite de la maifon du père de Jean Crátel (Marchand Drapier) à qui ce Parri cide avoit communiqué l'horrible deffein qu'il avoit formé contre Henri-le-Grand. Ce Scélérat porta fon couteau facrilège jufques fur le vifage de ce grand Roi, & fut condamné par Arrêt du Parlement au fupplice qu'il méritoit. Pour conferver une marque de ce parricide, la maifon de fon père fut rafée, & la Ville fit élever en 1594 dans cette petite Place une pyramide, fur la bafe de laquelle il y avoit des infcriptions en vers & en profe, où on lifoit toutes les circonftances de cet horrible attentat. Ce monument a été renverfé l'an 1605, par un effet de la bonté du Roi, qui en' accorda la démolition aux inftantes prières du P. Coton. M. Miron, Prévôt des Marchands, y fit conftruire une fontaine.

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PLACE DU CHEVALIER DU GUET. (la) Cette Place,

non plus que la rue de ce nom, n'étoient connues en 1300, & jufqu'au milieu du feizième fiècle, que fous le nom général de rue le Perrin-Gaffelin. Le nom de l'iace & de rue du Chevalier du Guet, vient d'une m ifon que le Roi y avoit acquife pour loger le Chevalier ou Commandant du Guet.

La Place où elle étoit fituée communiquoit à la rue SaintGermain-l'Auxerrois, par deux ruelles, aujourd'hui fermées, qui ne fe trouvent défignées dans nos Hiftoriens, fous aucun nom particulier.

Les rues de la Vieille-Orangerie, des Lavandières & de Perrin-Gaffelin y aboutiffent.

PLACE GATINE (la) eft fituée dans la rue Saint-Denis, attenant Sainte Opportune, & prefque vis-à-vis l'Hôpital de Sainte Catherine. Cette Place eft l'endroit où étoit la maifon d'un riche Marchand, appellé Philippe de Gatine, qui, par Arrêt du Parlement du 30 Juillet de l'an 1571,* fut pendu pour avoir tenu chez lui des affemblées de Calviniftes, & fa maifon fut rafée. On y éleva une grande croix de pierre, avec un bas-relief, sculpté par Gougeon, laquelle fut depuis tranfportée dans le cimetière des Saints Innocens, où elle est

encore.

La néceffité des temps força Charles IX à avoir cette complaifance pour les Calviniftes, malgré la répugnance du Parlement, de l'Univerfité, &c. on fut obligé de faire la tranflation de cette croix pendant la nuit; mais cette précaution n'empêcha pis quelques Catholiques de s'y oppofer, & d'exciter une fédition qui auroit pu avoir des fuites fàcheufes, fi elle n'avoit pas été promptement appaifée par le fupplice d'un des plus mutins, qui fut pendu à la fenêtre de la maifon la plus proche.

PLACE SAINT-SULPICE. (la) Près de cette Eglife, du côté du nord, eft d'abord le cimetière, enfuite vient le Presbytère où demeurent le Curé & les Prêtres qui lui aident

Piganiol qui place cet événement en 1571, cft contredit par M Jaillot, qui avance qu'il y avoit plus de deux ans que Philippe de Gaftine avoit été exécuté, lorfque la croix, élevée fur l'emplacement de fa maifen, fut transférée au cimetière des Innocens. Rech, fur Paris, Quart, Sainte-Opportune, p. 8.

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