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Ce Sonnet qui eft de Jean Defmarets de Saint-Sorlin, de PAcadémie Françoife, ne fut gravé fur cette face, que longtemps après la mort du Cardinal.

Sur la face qui eft à main gauche.

Quod Bellator hydros pacem fpirare, rebelles
Deplumes trepidare aquilas, mitefcere pardos,
Et depreffa jugo fubmittere colla leones,
Defpectat LODOICUS, equo fublimis aheno,
Non digiti, non artifices fecêre camini,
Sed virtus & plena Deo fortuna peregit.
ARMANDUS Vindex fidei pacifque Sequefter,
Auguftum curavit opus; Populifque verendam
Regali voluit ftatuam confurgere circo,
Ut poft civilis depulfa pericula belli,

Et circum domitos armis felicibus hoftes,

Eternum Domina LODOICUS in Urbe triumphet.

Il y a environ foixante & dix ans, que les pavillons qui forment la Place Royale, étoient regardés comme les plus grandes & les plus fuperbes maifons de Paris; mais à préfent deux de ces pavillons, joints enfemble, feroient trop petits pour loger certains Particuliers.

Cette Place fut achevée en 1612. Le 5 Avril de cette année, Marie de Médicis y donna le fpectacle d'un magnifique carroufel qu'elle avoit ordonné à l'occafion de la double alliance contractée entre la France & l'Espagne.

PLACE D'HENRI IV. La ftatue équestre du Roi Henri IV, est un monument qui attire avec juftice les regards des Paffans. Elle eft fur un piedestal de marbre blanc, aux quatre coins duquel font attachés quatre Efclaves de bronze, qui foulent aux pieds des armes de différentes espèces. La figure du Roi Henri-le-Grand eft parfaitement belle; elle eft d'un Sculpteur nommé Dupré. Le cheval eft de Jean de Boulogne. Cofme II, Grand Duc de Tofcane, en fit préfent à Marie de Médicis, pour lors Régente du Royaume de France. Les Connoiffeurs trouvent que cette figure a trop

*C'eft le premier monument public qui ait été érigé en l'honneur de nos Rois. Cette ftatue fut fondue à Florence, & le Grand-Duc en fig préfent à Marie de Médicis, alors Régente,

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de flanc & trop de ventre, ce qui fait paroître les jambes du Roi Henri trop courtes & peu proportionnées. Les ornemens font du deffin & de l'exécution de Francheville. Le piedestal eft décoré de bas-reliefs, & d'infcriptions qui repréfentent ou expliquent les principales actions de ce grand Roi. La première pierre du piedestal fut pofée par Louis XIII, le 2 Juin 1614, & la ftatue fut élevée le 23 Août fuivant le tout ne fut achevé qu'en 1635.

Sur la face principale du piedestal, on lit l'infcription fui

vante :

ERRICO IV Galliarum Imperatori Navar. R. Ludovicus XIII filius ejus opus incho. & intermiffum pro dignitate pietatis & Imperii plenius & amplius abfolvit, Emin. D. C. RICHELIUS commune votum Populi promovit fuper illuft. viri de Bulion, Boutillier, P. Ærarii F. faciendum curaverunt

M. D. C. XXXV.

Dans la table qui eft au-deffous, est écrit:

Quifquis hac leges, ita legito: uti optimo Regi precaberis exercitum fortem, populum fidelem, Imperium fecurum & annos de noftris B. B. F.

Sur la face qui eft du côté du Fauxbourg Saint-Germain, font repréfentées en bas-reliefs, les batailles d'Arques, d'Ivry: les principales circonftances en font expliquées par deux infcriptions qu'on y lit, dont la première eft ainfi conçue:

Genio Galliarum S. & invidiffimo R. qui Arquenfi prælio magnas Conjuratorum copias parva manu fudit.

La feconde: Vidori, triumphatori feretrio perduelles ad Evariacum cafi malis vicinis indignantibus & faventibus clementiff. Imper Hifpano Duci optima reliquit.

Sur la table qui eft du côté du Pont-Royal, eft marquée l'entrée triomphante du Roi Henri le-Grand dans Paris, le 22 de Mars 1594.

N. M. Regis rerum humanarum optimi, qui fine cade Urbem ingreffus, vindicatá rebellione, extindis jadionibus, Gallias optatá pace compofuit.

Enfin, fur la face qui eft du côté de la Samaritaine font marquées la prife d'Amiens & celle de Montmélian en Savoie; la première, par cette infcription:

Ambianum Hifpanorum fraude interceptá Errici M. virtute afferta, Ludovicus XIII. M. P. F. iifdem ab hoflibus fæpiùs fraude ac fcelere tentatus femper juftitia & fortitudine fuperior fuit.

La prise de Montmélian, par celle-ci :

Mons omnibus antè fe Ducibus Regibufque fruftrà petitus Er

rici M. felicitate fub Imperium redadus, ad æternam fecu ritatem ac gloriam gallici nominis.

Sur la grille de fer qui enferme ce monument, eft l'inscription qui fuit:

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Ludovicus XIII. P. F. F. Imperii virtutis, & fortunæ obfequentiff. hæres J. L. D. D. Richelius C. vir fuprà titulos & concilia omnium retrò Principum, opus abfolvendum cenfuit. N. N. II. VV. de Bullion Bouthillier, S. A. P. dignitati & regno pares are, ingenio, cura, difficillimis temporibus P.P. On ne fait où le Maire a pris que ces infcriptions étoient de Benigne Millotet Avocat-Général au Parlement de Dijon. Des Gens de lettres fort âgés affurent qu'elles étoient de M. Gaulmin, mort Confeiller d'Etat en l'an 1655, en réputation d'un des plus favans hommes & des meilleurs Critiques de fon fiècle. On lit la même chofe dans un livre de feu M. Charpentier, de l'Académie Françoife, qui affure que cette ftatue équeftre d'Henri-le-Grand devoit avoir des infcriptions françoises, qui furent compofées par le fameux P. Cotton, Jéfuite; mais que comme il y fallut ajouter quelque chofe, lorfque ce monument fut achevé, on en fit faire de nouvelles par M. Gaulmin, qui aima mieux les faire latines que Françoifes, parce qu'il entendoit mieux la langue de l'ancienne Rome, que la langue françoife.

Avant que de finir cet article, on remarquera, que quoique la ftatue d'Henri IV foit parfaitement belle, & que la figure du cheval ait de grands défauts; cependant un ufage ridicule fait qu'en parlant de ce monument, on dit toujours le cheval de bronze, fans dire un feul mot de la ftatue du Grand Henri; ce qui a fait dire à un Poëte de ce temps:

Superbes monumens, que votre va

nité.

Eft inutile pour la gloire Des grands Héros dont la mémoire mérite l'immortalité?

Que fert-il que Paris, au bord de fon canal,

Expofe de nos Rois ce grand original?

Qui fut fi bien regner, qui fut fi bien combattre ?

On ne parle point d'Henri quatre, On ne parle que du cheval.

Il eût été à fouhaiter que ceux qui ont eu l'infpection de cet ouvrage, euffe placé cette ftatue en face de l'ouverture de la Place Dauphine & de la porte du Palais.

PLACE DE LOUIS XV. Dès l'année 1748, la Ville avoit décidé de faire élever une statue équeftre à LOUIS-LE-BIEN

AIME. En face du jardin des Tuileries, étoit une esplanade entourée d'un foffé du côté du cours, dont une partie fervoit de magafin aux marbres du Roi. Des motifs particuliers firent préférer cet endroit à tous ceux qu'on avoit propofés.

Cette Place eft donc fituée entre le foffé qui termine le jardin des Tuileries, l'ancienne porte & Fauxbourg SaintHonoré, les allées des champs Elifées, celles du Cours-laReine, & le quai qui borde la rivière de Seine : elle eft formée par un quarré de cent vingt-cinq toifes de longueur, quatre-vingt-fept de largeur entre les baluftrades intérieures: les quatre angles du grand quarré forment quatre pans coupés de vingt-deux toifes de longueur chacun, & font terminés à leurs extrêmités par des guérites ou gros focles ornés de frontons, & furmontés d'un acrotère, décoré par des guirlandes de feuilles de chêne, & deftinés à porter des groupes de figures de marbre, analogues au fujet & à la Place.

Deux de ces pans coupés du côté des champs Elifées, font ouverts, & conduifent à deux avenues diagonales, dont l'une eft appellée le Cours-la-Reine: du même côté, à la tête des champs Elifées, font quatre pavillons décorés de boflages à l'ufage des Fontainiers, Garde & Portier des champs Elifées & Cours-la-Reine.

La façade des deux pavillons les plus proches de la grande allée des champs Elifées, découvre l'ordre de la nouvelle plantation.

On arrive à cette Place qui fait la réunion du jardin des Tuileries avec les champs Elifées par fix entrées, dont les deux principales ont chacune vingt-cinq toifes de largeur.

Le fol de cette Place, donné à la Ville par le Roi, eft renfermé par de grands follés de onze à douze toifes de largeur, de quatorze pieds de profondeur, qui fe communiquent les uns aux autres du côté des champs Elifées par fept ponts de pierre avec archivoltes, & font fermés par des balustrades.

Les murs de l'intérieur des foilés, tous revêtus en pierre, font décorés de chaînes de refend à l'à-plomb des piedeftaux des balustrades, des tables faillantes entre deux: les murs font couronnés par un cordon portant les balustrades. Le fol des foffés eft femé de gazon, entouré de larges chemins fablés.

Les pallages des ponts l'annoncent par de grandes portions circulaires, qui, fe raccordant à celles de l'intérieur de la Place, & feize, gros piedeftaux, deftinés à porter des lions & fphinx en bronze, facilitent l'inégalité de la hauteur des balustrades de l'intérieur de la Place, d'avec celles de l'extérieur.

Celles

J

Celles de l'intérieur de la Place, pofées fur un focle audeffus du cordon, dans tout le contour de la Place, ont donné lieu à une banquette ou trottoir, élevés au-deffus du fol, d'où l'on monte par des degrés, à tous les paflages des ponts & entrées, & en face des huit guérites.

Au centre de la Place, en face de l'allée du milieu du jardin des Tuileries, s'élève à la hauteur de vingt-un pieds, un piedestal de marbre blanc veiné, de quatorze pieds & demi de long, fur huit pieds & demi de large, fur lequel eft pofée la ftatue équeftre du Roi en bronze, de quatorze pieds de proportion, fondue d'un feul jet en 1768, fur les deffins & lous la conduite de feu M. Bouchardon, Sculpteur ordinaire de S. M. Le Roi eft repréfenté à cheval, vêtu à la romaine, & couronné de laurier. Aux quatre angles du piedestal, paroiffent de bout, & pofées fur un focle de quatre pieds de hauteur, & de deux pieds de faillie au-delà du nud du picdeftal, quatre figures de bronze de dix pieds de hauteur, repréfentant des Vertus caractérisées par leurs attriburs: elles paroiffent foutenir dans des attitudes variées, la corniche du piedestal de vingt-deux pouces de hauteur, fur un pied & demi de faillie.

Le devant du piedestal, en face du jardin des Tuileries, fait voir deux Vertus; celle qui eft à la droite, représente la Force, & celle de la gauche repréfente la Paix. Entre ces deux figures, eft une table de marbre de cinq pieds quarrés, enrichie de deux branches de laurier, doré d'or moulu, & portant cette infcription:

LUDOVICO XV.

OPTIMO PRINCIPI,

QUOD

AD SCALDIM, MOSAM, RHENUM

VICTOR

PACEM ARMIS

PACE

ET SUORUM ET EUROPE FELICITATEM

QUÆSIVIT.

A l'autre bout du piedestal, & du côté des champs Elifées, paroiffent les deux autres Vertus. On voit à la droite la Prudence, & celle qui eft à la gauche défigne la Justice;

Tome IV.

D

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