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& Seigneuries; & fera contraint de faire faire inceffammen leflites réparations, & de payer les Experts qui en auront fai les devis. 10o. A la fin de chacune defdites vifites, ledit Seigneur Donateur, le Donataire, ou celui des Subftitués qui jouira pour lors deflites Terres & Seigneuries, fera tenu de faire préfenter au Prévôt des Marchands deux médailles d'argent, &à chacun des Echevins, Procureur du Roi, Greffier & Receveur de ladite Ville, une médaille auffi d'argent, repréfentant d'un côté le portrait de Louis-le-Grand, & au revers le groupe de la flatue que ledit fieur Maréchal Duc de la Feuillade lui a fait ériger. Seront pareillement tenus lefdits Seigneurs Donateur, Donataire & Subflitués, de faire faire à leurs frais, fur le même con, une médaille d'or, qui fera par eux préfentée, & en leur abfence par le Prévôt des Marchands le lendemain de ladite vifite ou autre jour fuivant, au Roi & à fes fucceffeurs Rois pour lors regnans. 11°. Si la ligne mafculine dudit Seigneur donateur, tant dire de que collatérale, & celles d'Aubuffon-Villac en Périgord, & d'Aubuffon de Poux & de Banieux en la Marche, viennent à manquer, lefdites Terres & Seigneuries appartiendront pour toujours & en toute propriété à la Ville de Paris, ledit Seigneur Donateur lui en transportant tout droit de propriété, fonds, très-fonds, noms, raisons, actions, faifines & autres droits généralement quelconques; ce acceptant pour ladite Ville, fous le bon plaifir du Roi, & du confentement de M. Maitre Maximilien Titon, fon Procureur & de ladite Ville, Meffire Henri de Fourcy, Chevalier, Comte de Chery & autres lieux, Confeiller du Roi en fes Confeils, & d'Honneur en fa Cour de Parlement, Prévôt des Marchands, & nobles hommes Matthien-François Geoffroy, Bourgeois de Paris; Jean-Jacques Gayot, Confeiller du Roi en l'Hôtel de ladite Ville; Matire Nicolas Chuppin, Confeiller du Roi, Contrôleur-Général du marc d'or des Ordres de Sa Majesté, & M. Maitre Jean Sanguiniere, Confeiller du Roi au Chateles de Paris, tous Echevins de cette Ville de Paris, pour ce préfent, aux charges & conditions que ledit Seigneur Donateur impofe au Seigneur Donataire & aux Subftitués.

Ce contrat de donation & de fubftitution fut paffé à Paris le jour & an que deffus, pardevant Mouffle & Lauverdy, Confeillers du Roi, Notaires de Sa Majefté au Châtelet de Paris, & fut enregistré au Parlement le 4 Juillet de ladite année 1687.

Le même jour & an, furent auffi enregistrées au Parlement les Lettres-patentes du Roi, en forme d'Edit, portant confirmation du contrat ci-deffus, & dérogation à l'art. 59 de

l'Ordonnance d'Orléans, & à l'art. 57 de l'Ordonnance de Moulins, Déclarations & Arrêts intervenus fur icelles, & pareille dérogation aux art. 212, 215, 295, 316 de la Coufume de la Marche, qui font les art. 2 & 5 du titre des testamens, 8 & 19 du titre des donations de la même Coutume; & encore aux art. 215, 219 & 272 de la Coutume de Poitou, qui font les art. 13 & 17 du titre des donations, & 5 du titre des teftamens de ladite Coutume, & à toutes autres difpofitions defdites Coutumes, Loix, Ordonnances, Edits, Réglemens, Ufages, Arrêts & autres chofes contraires auxd. donation & fubftitution, & fans que les préfentes dérogations puiffent être tirées à conféquence, en aucune autre caufe, &c.

Malgré tant de précaution, & tant de mefures prifes pour affurer la durée de ce monument, à peine François d'Aubuffon de la Feuillade, Pair & Maréchal de France fut-il mort, qu'on commença à donner atteinte à la fondation qu'il avoit faite. Ce Seigneur mourut la nuit du 18 au 19 Septembre 1691 *, & dès le 20 Avril 1699, le Confeil d'Etat du Roi rendit un Arrêt, qui ordonna que dorénavant il ne feroit plus allumé de feux dans les quatre fanaux de la Place des Victoires, dont le Roi difpenfe le Duc de la Feuil lade & fes fucceffeurs Donataires du feu Maréchal Duc de la Feuillade. Le motif de ce changement eft fondé fur l'incommodité que reçoivent ceux qui habitent les maifons de cette Place, de l'attroupement des Fainéans & Vagabonds, occafionné par les feux de ces fanaux, particulièrement pen

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L'Abbé de Choifi dit que le Maréchal de la Feuillade avoit deffein d'acheter une cave dans l'Eglife des Petits-Pères, & qu'il prétendoit la pouffer fous terre, jusqu'au milieu de cette Place, afin de fe faire enterrer précisément fous la ftatue de Louis XIV. Je fais que le Maréchal de la Feuillade n'avoit pas mérité par des actions & des victoires fignalées, d'avoir un tombeau à Saint-Denis, comme du Gaefelin & Turenne ; mais il n'étoit pas auffi de ces Courtisans inutiles à l'Etat, qu'on devoit enterrer aux pieds de la ftatue de leur Maître, dans la Place publique, confacrée à l'idole qu'ils ont encenfée & peu fervie. La plaifanterie de l'Abbé de Choifi eft de ces traits qui tombent à faux, & qui ne font tort qu'à l'Ecrivain dont ils décèlent la malignité. DE SAINT-F01, Eff. Hift. fur, Paris, t, 2, P. 48 & 49.

dant l'été; d'ailleurs cette lumière ne fervoit plus au Public, ladite Place étant fuffifamment éclairée par les lanternes qui

font allumées, ainfi que dans les autres Places & rues de la Ville de Paris, dans les temps & faifons réglées par les Ordonnances de Police. Cer Arrêt donna lieu à un autre, car ces fanaux n'étant plus allumés, étoient devenus inutiles, & même les grands focles qui portoient les colonnes des groupes fur lesquels étoient potés lefdits fanaux, étant dégradés, & le furplus, en danger d'être volé, le Duc de la Feuillade repréfenta que pour cette raifon, & les autres fufdites, il étoit a propos de les démolir. Le Roi étant en fon Confeil d'Etat, tenu à Paris le 23 d'Octobre 1717, permit audit Sieur de la Feuillade, de faire démolir les quatre groupes, & de difpofer des matériaux démolis, ainfi que bon lui fembleroit. Cet Arrêt eut fon exécution en 1718, & le Duc de la Feuillade donna ces colonnes aux Pères Théatins de Paris. Voy. THEATINS.

PLACE ROYALE. Le Roi Charles IX ayant ordonné en 1565 & 1569, au Parlement, de faire démolir l'Hôtel des Tournelles, & de le vendre, après l'avoir partagé en plufieurs places & rues, il fut procédé fi lentement à l'exécution de cet ordre, que la démolition n'étoit pas encore entièrement achevée, lorfqu'Henri IV parvint à la Couronne. Ce grand Prince ayant réfolu d'établir en France une manufacture d'étoffes de foie, d'or & d'argent, y fit venir environ deux cents Ouvriers, & les logea dans ce qui reftoit de l'Hôtel des Tournelles. Cette partie fervoit alors de marché aux chevaux. Les Entrepreneurs de ces manufactures ne s'y trouvant pas apparemment affez commodément logés, firent élever en 1605, un grand & magnifique logis, faifant face à une grande place qui reftoit du Palais & du parc de l'Hôtel des Tournelles. La fituation & l'effet de ce pavillon fit naître au Roi l'idée de conftruire en ce lieu une Place publique qui feroit nommée la Place Royale, & qui auroit foixante & douze toifes en quarré, c'est-à-dire cinq mille cent quatre-vingt-quatre toifes de fuperficie.

Le Roi Henri IV fit bâtir à fes dépens l'un des quatre côtés qu'il vendit enfuite à des Particuliers. Il donna les places des trois autres côtés, chacune pour un écu d'or de cens, à la charge que les Preneurs y feroient bâtir des pavillons conformes aux deffins qui leur feroient donnés de fa part. Le pavillon qui fait face à la rue Royale & à la rue Saint-Antoine, fut nommé le pavillon du Roi; & celui qui eft vis-à-vis,

t'eft-à-dire, en face de la chauffée des Minimes, le pavillon de la Reine. Ce même Prince, pour empêcher que la fymmétrie de cette Place ne fût altérée à l'avenir, ordonna qu'aucun des pavillons ne pourroit être partagé entre cohéritiers, mais qu'il feroit mis dans un lot, ou leur appartiendroit par indivis, ou qu'ils s'en accommoderoient entr'eux, de forte qu'il demeureroit en fon entier. Il fit en même temps percer quatre rues qui conduisent à cette Place, & qui en donnent l'entrée. Celle qui va de la rue Saint-Antoine à ladite Place, fe nomme la rue Royale; celle qui commence aux Minimes, la rue de la chauffée des Minimes ; celle qui vient de la rue des Tournelles, la rue du Pas de la Mule; & celle qui vient de la rue Saint-Louis, & de la rue neuve Sainte-Catherine, s'appelle la rue de l'Echarpe.

Cette Place qui eft réguliérement quarrée, & qui a neuf pavillons à chacune des trois faces, n'en a que huit à la quatrième, parce que le bout de la rue de l'Echarpe eft à ciel ouvert, au lieu que celui du Pas de la Mule, qui lui est oppofé, eft couvert d'un pavillon fur une arcade par laquelle on paffe. Il y a donc trente-cinq pavillons bâtis de pierre & de brique, & couverts d'ardoife. Ils font portés fur le devant par une fuite d'arcades, larges de huit pieds & demi, hautes de douze ou environ, & ornées de pilaftres doriques, qui règnent au pourtour de la Place, & forment autant de corridors, couverts d'une voûte furbaiffée de pierre & de brique. Cette Place eft pavée le long de ces corridors, de la largeur d'une rue. Le refte eft fermé d'une grille de fer avec des ornemens dorés, qui renferme de grands tapis de gazon vert. Pour entrer dans cette efpèce de parterre, il y a quatre principales portes qu'on n'ouvre que dans des occafions extraordinaires, & deux petites qui font toujours ouvertes. Comme cette grille a été faite fous le règne de Louis XIV, on voit le portrait en médaillon de ce Prince, fur deux de ces portes. Elle fut faite aux dépens des Propriétaires des pavillons, qui donnèrent chacun 1000 livres; ainfi cette grille qui eft dans le fond fort inutile, a coûté 35000 livres. Au milieu de ce parterre de gazon, ftatue équestre de Louis XIII en bronze, pofée fur un grand piedestal de marbre blanc, le 27 Novembre 1639. Le cheval fut fait par Daniel Ricciarelli, de Voltèrre, & Difciple de Michel Ange. Toutes les parties en font bien traitées, & fur tout les jambes, l'encolure & la tête. Les crins font d'une grande légéreté. Ricciarelli avoit fait cette figure pour le Roi Henri II; mais cet habile Sculpteur étant mort en

eft une

1556, il ne put point faire la figure du Roi pour lequel il étoit deftiné. Celle du Roi Louis XIII qu'on a placé fur ce cheval, eft de Biard le fils. Sur les faces du piedeftal on a placé des infcriptions à la louange de Louis XIII, & du Cardinal de Richelieu fon premier Miniftre.

Sur la face qui eft du côté de la rue Saint-Antoine, on lit:

POUR LA GLORIEUSE ET IMMORTELLE MÉMOIRE du très-grand & très-invincible LOUIS-LE-JUSTE, XIII. du nom, Roi de France & de Navarre. Armand, Cardinal & Duc de Richelieu, fon principal Miniftre dans tous fes illuftres & généreux deffeins, comblé d'honneurs & de bienfaits par un fi bon Maître & un fi généreux Monarque, lui a fait élever cette ftatue, pour une marque éternelle de fon zèle, de fa fidélité & de fa reconnoiffance. 1639.

Sur la face du côté des Minimes:

LUDOVICO XIII, Chriflianiffimo Gallia & Navarra Regi, jufto, pio, fœlici, victori, triomphatori, femper augufto, ARMANDUS CARDINALIS DUX RICHELIUS, præcipuorum Regni onerum Adjutor & Adminifter Domino optimè merito, Principique munificentiffimo, fidei fuæ devotionis & ob innumera beneficia, immenfofque honores fibi collatos, perenne grati animi monimentum, hanc ftatuam equef trem ponendam curavit. Anno Dom, 1639. Sur la face qui est à main droite :

POUR LOUIS-LE-JUSTE.

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Que ne peut la vertu, que ne peut le courage?
J'ai dompté pour jamais l'héréfie en fon fort.
Du Tage impérieux j'ai fait trembler le bord,
Er du Rhin jufqu'à l'Ebre accru mon héritage.
J'ai fauvé par mon bras l'Europe d'esclavage
Et fi tant de travaux n'euffent hâté mon fort,
J'euffe attaqué l'Afie, & d'un pieux effort,
J'euffe du Saint Tombeau vengé le long fervage.
Armand, le Grand Armand, l'ame de mes Exploits,
Porta de toutes parts mes armes & mes loix,
Et donna tout l'éclat aux rayons de ma gloire.

Enfin il m'éleva ce pompeux monument,

Où pour rendre à fon nom, mémoire pour mémoire
Je veux qu'avec le mien il vive inceffamment.

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