Finfcription, paroiffent des fragmens de trophées, convenables aux Sciences & aux Arts. Sur le pilastre qui est à droite de l'inscription, est un trophée qui représente l'Afrique ; & fur le pilaftre qui est à gauche, est un autre trophée représ fentant l'Amérique. A gauche de la statue, & à l'opposite de la Chancellerie, est un autre cartel avec cetre inscription: Cippum cui equeftris Ludovici Magni flatua impofita eft,Splendidis ordine uno latè septum ædibus, reftitui & ornari curarunt Prafeaus & Ædiles, anno 1730. Cette inscription, de même que la première, est soutenue par deux enfans ou génies, dont l'un tient des couronnes de chêne & de laurier, & l'autre des pommes du jardin des Hespérides. Sous la corniche, & à côté de l'inscription, paroissent des fragmens de trophées, compofés de massues, de carquois, de flèches & de couronnes palissadées, qui font les récompenfes des belles actions militaires. Sur les piedestaux qui font à droite, & à gauche de cette inscription, font des trophées qui repréfentent l'Afie & l'Europe. Ala tête du piedestal, vis-à-vis le Couvent des Feuillans, font les armes de France, ornées de palmes & de lauriers. De l'autre côté, & vis-à-vis l'Eglise des Capucines, font les armes de la Ville de Paris, dont le vaisseau est posé sur la tête d'un fleuve, accompagné de roseaux, d'armes, du livre, du caducée & de la bourse de Mercure, & couronné par fon chapeau; attributs qui désignent le commerce. Dans les pilaftres qui font aux angles, sont des agraffes où tiennent des chûres de festons de chêne & de laurier, qui tombent le long desdits pilastres, & qui sont des symboles de la Force & de la Victoire. Cette même année 1730, cette statue équestre fut enfermée d'une grille de fer qui règne au pourtour, pour éviter à l'avenir les dégradations que pourroient y faire quelque personne mal intentionnée. Cette grille est confervée par des bornes qui sont posées à l'entour, & à peu de distance les unes des autres. PLACE DES VICTOIRES. C'est ici l'ouvrage de la reconnoiffance de François Vicomte d'Aubusson de la Feuillade, Pair & Maréchal de France, Colonel des Gardes Françoises, & Gouverneur de Dauphiné, pour toutes les faveurs & les graces qu'il avoit reçues de Louis-le-Grand. Jamais Particulier n'avoit entrepris de consacrer à la gloire de fon Prince, un monument aussi magnifique, ni d'une fi grande dépense. Dans cette vue, le Maréchal Duc de la Feuillade acheta en 1684 P'Hôtel de la Ferté-Seneterre, & le fit abattre pour ouvrir cette Place; mais comme cet emplacement ne fuffifoie pas, il engagea le Corps-de-Ville à acheter l'Hôtel d'Emery. & plusieurs autres maisons qui furent toutes renversées pour ce dessein. Malgré le renversement de tant de maisons, cette Place qui a été construite fur les dessins de Prédot, Architecte, n'est pas d'une grande étendue; mais fix rues qui y viennent aboutir, la dégagent beaucoup, & semblent la rendre plus grande qu'elle n'est en effet. Sa figure est un ovale irrégulier, de quarante toises de diamètre. Les bâtimens qui règnent. au pourtour, sont d'une même symmétrie, & ornés de pilastres d'ordre ionique, foutenus fur des arcades chargées de refends. Du milieu de cette Place s'élève un monument qui a trente-cinq pieds de hauteur, vingt-deux pour le piedestal qui est de marbre blanc veiné, & treize pour la figure de Louis-le-Grand. La statue de ce Prince & celle de la Victoire, font ici un groupe d'autant plus brillant, qu'il est de bronze doré. La première est vêtue d'un grand habit, dont on se sert à la cérémonie du Sacre; habillement particulier à nos Rois, & qui les diftingue des autres Rois. Elle foule aux pieds le chien Cerbère, qui, par ses trois têtes, désigne ici la triple alliance, formée pour lors par les Ennemis de la France. Derrière cette statue eft celle de la Victoire ayant un pied pofé sur un globe, & le reste du corps en l'air. Elle met d'une main une couronne de laurier sur la tête du Roi, & de l'autre tient un faifceau de palmes & de branches d'olivier. Sur la plinthe, & fous les pieds du Roi, est cette inscription en lettres d'or: Viro immortali. Derrière ces deux figures, on voit un bouclier, un faifceau • d'armes, une maffe d'Hercule, & une peau de lion. Toutes ces chofes forment un groupe de treize pieds de hauteur d'un seul jet, dans lequel il est entré environ trente milliers de métal. Sur les quatre corps avancés du soubassement, qui fert d'empâtement au piedestal, on a placé autant d'Esclaves qui font aussi de bronze, & ont douze pieds de proportion. Ils font enchaînés au piedestal par de groffes chaînes; leurs vêremens, & les diverses espèces d'armes qui font auprès d'eux, font connoître les différentes Nations, dont la France a triomphe sous le règne de Louis-le-Grand. Tous ces ouvrages, de même que les bas-reliefs qui remplissent les faces du piedestal, & les deux qui font sur les faces du grand foubaffement, font de bronze, & dessinés très-correctement, 2 La corniche du piedestal est soutenue & ornée par huit confoles aussi de bronze, & a aux quatre faces les armes de France, entourées de palmes & de lauriers. L'espace qui est au pourtour de ce monument, jusqu'à neuf pieds de distance, est pavé de marbre, & entouré d'une grille de fer haute de fix pieds. Quatre grands fanaux ornés de sculpture, éclairoient autrefois cette Place pendant la nuit. Ils étoient élevés chacun fur trois colonnes doriques de marbre veiné, disposées en triangles, & dont les bas-reliefs étoient chargés de plufieurs inscriptions, sur les actions les plus mémorables de Louis XIV. On les a démolisen 1718. C'est Martin VandenBogaer, connu sous le nom de Desjardins, Sculpteur de l'Académie Royale, qui a donné les dessins, & qui a conduit la fonte de ce superbe monument. Le piedestal est enrichi de bas-reliefs, dont les sujets font expliqués par des infcriptions latines & françoises, de la composition de François-Séraphin Regnier des Marais, Secrétaire perpétuel de Académie Françoise: on ne rapportera que celle qui sert de dédicace, & qui explique le sujet de tout l'ouvrage. A LOUIS-LE-GRAND, LE PERE ET LE CONDUCTEUR DES ARMÉES; TOUJOURS HEUREUX. Après avoir vaincu ses Ennemis, protégé ses Alliés, ajouté de très-puissans Peuples à fon Empire, afsuré les frontières par des Places imprenables, joint l'Océan la Médítérannée, chassé les Pirates de toutes les Mers, réformé les Loix, détruit l'hérésie, porté, par le bruit de fon nom, les Nations les plus barbares, à le révérer des extrémités de la Terre, & réglé parfaitement toutes chofes au dedans & au dehors, par la grandeur de fon courage & de fon génie. , FRANÇOIS VICOMTE D'AUBUSSON DUC DE LA FEUILLADE, Pair & Maréchal de France, Gouverneur de Dauphiné, & Colonel des Gardes-Françoises. POUR PERPÉTUELLE MÉMOIRE A LA POSTÉRITÉ. La dédicace de ce riche monument se fit le 28 de Mars de ladite année 1686. Ce jour-là le Maréchal Duc de le , , Feuillade, à cheval, & à la tête du Régiment des GardesFrançoises, dont il étoit Colonel, fit trois fois le tour de cette statue, en présence du Gouverneur de Paris & du Corps de Ville. M. de Bullion, Prévôt de Paris, prétendit devoir assister à cette cérémonie à la tête du Châtelet, & marcher à la gauche du Gouverneur; mais le Roi ayant appris qu'en 1639, lorsque la st tue de Louis XIII fut élevée dans la Place Royale, le Prévôt de Paris, ni le Châtelet n'y avoient point assisté, il décida contre eux, & ils ne s'y trouvèrent point. Pour rendre ce monument aussi durable que les ouvrages des hommes peuvent l'être, François Vicomte d'Aubuffon de la Feuillade, Duc, Pair & Maréchal de France qui l'avoit fait ériger, donna, céda, transporta & délaissa hors part & par preciput, & fans charge de rapport, par contrat de donation du vingt-neuvième jour de Juin 1687 à Messire Louis d'Aubufsson de la Feuillade, son fils unique, le Comté de la Feuillade, la Vicomté d'Aubusson, la Baronnie de la Borne, première Baronnie de la Marche, la Chátellenie de Feuilletin, fises en la Marche, & la Baronnie de Peyrufse, fife en Poitou, les Chátellenies d' Ahun, Chenevailles, Jarnage & Drouilles, fituées audit Pays de la Marche, lesdites Terres & Seigneuries, appartenances & dépendances valant préfentement 22000 livres de revenu, dont 14000 livres provenoient des biens propres dudit Seigneur Donateur, & 8000 livres de ceux qu'il avoit acquis du Roi, par contrat d'échange du 14 Juin 1686, le tout aux charges & conditions exprimées dans ledit acte, & dont celles-ci après tranfcrites, font les principales. 1°. Queledit Donataire, ni les autres appellés après lui, ne pourront vendre, aliéner, échanger ni hypothéquer lesdites Terres & Seigneuries. 2°. Que ladite donation demeurera chargée d'une fubfiitution graduelle & perpetuelle à l'infini de máte en mále, gardant toujours l'ordre de primogéniture. 3o. Seront exclus de ladite fubflitution, ceux des males, en quelque dégré& en quelque ligne que ce foit, qui se trouveront engagés dans l'Ordre de Prêtrife, Diaconat ou fous-Diaconat, Religieux Profes ou Chevaliers de Malthe, & en cas que ceux qui auroient recueilli lad. Subfiitution, fuffent promus, après l'avoir recueillie, à l'Ordre de Fretrife, Diaconatou fous-Diaconat, ou qu'ils fissent Profeffion dans quelques Ordres Religieux, ou dans l'Ordre de Malthe, entend ledit Seigneur Donateur, que la présente fubflitution foit d. clarée ouverte au profit du dégré fuivant, du jour de ladite promotion ou profeffion. 4°. Seront encore excluş de ladite fubftitution ceux defdus Substitués qui auront épousé ou épouseront une femme dont le père n'auroit pas assez de noblesse pour faire Ses enfans Chevaliers de Malthe, & pareillement les enfans qui en naîtront, & leurs descendans, en quelque dégré qu'ils Soient. 5o. Ladite substitution durera tant & fi longuement qu'il y aura des enfans & defcendans males, de male en mále, tant en ligne directe que collatérale dudit Seigneur Donateur, par substitution masculine, graduelle, perpétuelle & infinie; à l'effet de quoi le Roi fera très-humblement supplié d'accorder fes Lettres de confirmation, pour déroger à toutes Coutumes, Loix & Ordonnances à ce contraires, même par exprès aux Coutumes de la Marche & de Poitou, & aux Ordonnances d'Orléans & de Moulins, Déclarations & Arrêts intervenus fur icelle. 6°. Les filles tant du Seigneur Donateur que du Donazaire, & des Substitués tant máles que femelles, foit en ligne direde ou collatérale, demeureront pareillement excluses de lad. Substitution, & ne pourront rien prétendre auxdites Terres & Seigneuries. 7°. Ledit Seigneur Donataire voulant pourvoir à ce que la statue qu'il a érigée au Roi dans la Place des Victoires, foit confervée à perpétuité dans son entier, & dans toute sa beauté avec tous ses ornemens, & que les lumières établies pour éclairer ladite Place, foient entretenues, il veut & ordonne que ledit Louis d'Aubusson de la Feuillade fon fils, & tous ceux qui, étant appellés à ladite substitution, jouiront après lui desdites Terres & Seigneuries, foient tenus de faire redorer à leurs frais, tous les vingt-cinq ans, ladite statue & les ornemens qui font à présent dorés, fi le Prévôt des Marchands & les Echevins de cette Ville de Paris le jugent à propos; comme auffi d'entretenir à leurs frais de toutes réparations grosses & menues tous lesdits ouvrages. 8°. Seront pareillement tenus d'entretenir à leurs frais dans les quatre fanaux des lumières Suffijantes pour éclairer ladite Place des Victoires pendant la nuit, & dans toutes les saisons de l'année; comme aussi de payer les gages d'une perfonne qui fera par eux préposée pour faire allumer lesdites lumières, faire nétoyer les fanaux, &c. 9. Et afin que lesdits ouvrages foient confervés, & lesdites lumières entretenues avec plus de soin, ledit Seigneur Donateur defire & demande que de cinq ans en cinq ans, le cinquième du mois de Septembre, fête de S. Victorin, jour de la naiffance du Roi Louis XIV, lesdits ouvrages foient vus & visités par les Sieurs Prévôt des Marchands & Echevins de cette Ville de Paris, & par deux Experts par eux nommés; & fera dressé procès verbal de ladite visite, & des réparations qui feront à faire auxdits ouvrages, dont fera délivré une expédition aud. Donataire ou Substitué, qui jouira pour lors desdites Terres |