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eft un Village fitué fur un côteau un peu plus élevé que le Bourg de Saint-Brice, à quatre lieues de Paris, & expofe vers l'orient. On y cultive de tout ce que la terre produit communément : il y a même quelques petits bois qui rendent le terrein fort varié. En 1214, Pierre de Nemours, Evêque de Paris, érigea en Cure la Chapelle qui étoit à Pifco, en la démembrant de la Paroiffe de Saint-Brice. Elle fut dotée par Pierre de Piffecot, Chevalier, & autres Particuliers du même nom de Piffecot, qui donnèrent des fonds, & qui dédommagèrent le Curé de Saint-Brice par une rente. La Cure eft à la préfentation de l'Abbé de S. Victor. L'Eglife eft du titre de la Sainte Vierge, avec un Saint Gunifort qu'on y honore le 26 Août, & dont on croit que le culte a été apporté par quelques Seigneurs Ecoffois.

PISCOT-CHATEAU-VERD, ou fimplement CHATEAUVERD. Fief formé de ce cui étoit refté à MM. de Braque après l'aliénation faite à Arnoul Boucher, de quelques Seigneuries à Pifcot.

PITIÉ, ( l'Hôpital de la ) Quart. de la Place Maubert, au haut de la grand'rue, qui conduit à S. Victor & au Jardin Royal.

C'eft une des Maifons qui compofent l'Hôpital général, & le lieu des affemblées de fes Adminiftrateurs. Elle fut fondée en 1612, long-temps avant l'Hôpital général, & réunie en 1656, fous la Régence de Marie de Médicis. On y entretient un grand nombre de garçons, enfans-trouvés & autres, à qui l'onapprend à lire, à écrire, & la Religion catholique apoftolique & romaine. On y fabrique des draps pour les Hôpitaux. Les parens ne peuvent en retirer leurs enfans, qu'après un certain temps; mais il faut qu'ils foient en état de les nourrir & de les bien élever. Son enclos a deux cents pas, fur deux cents de large. Il y a un Supérieur des Prêtres & des Sœurs Officières. Voy. HÔPITAUX.

PLACES PUBLIQUES.

Les dix-fept Places principales de la Ville de Paris.

PLACE BAUDOYER (la) ou Baudets, eft derrière S. Gervais, & à la tête de la rue S. Antoine. Elle a pris fon nom d'une porte qui avoit, dit-on, été bâtie par PhilippeAugufte, & qui dans nos chartes & dans nos Hiftoriens,

eft nommée Placita; Porta Bagaudarum*, Porta Balderii, Porta Baudia, en francois; la Porte Baudet, Baudoyer, Baudayer, Baudets.

PLACE DAUPHINE. Au fortir du Palais, on entre dans La Place Dauphine, qui eft à la pointe de l'Ifle, fur laquelle eft la Cité. Henri IV s'y étant tranfporté en perfonne, en donna le plan, & la nomma Place Dauphine, en mémoire de la naiffance de Louis XIII, qui pour lors, c'eft-à-dire en 1608, n'étoit que Dauphin. Cette Place eft de figure triangulaire; les maifons qui la forment font bâties de brique, & les cordons de pierre de taille. Elles font toutes d'une même fymmétrie. Cette Place n'a que deux ouvertures, l'une dans le milieu de la bafe de ce triangle, & l'autre vis-à-vis dans l'angle qui eft du côté du Pont-Neuf. Cette Place a été tate fur deux petites Ifles, dont l'Abbé de Saint-Germain étoit Seigneur & Propriétaire. Elles ont fubfifté jusqu'à la fin du feiz.ème fiècle. La moins petite s'étendoit en long du côté des Auguftins. Le Continuateur de Guillaume de Nangis, la nomme l'Ile des Juifs. Des titres de l'an 1556, l'appellent l'Ile aux Treilles, & le P. Dubreuil, l'Ile aux Vaches. L'an 1160, le Roi Philippe fit don au Chapelain de la Chapelle S. Nicolas du Palais, de fix muids de vin des treilles qu'il avoit derrière le Palais. Dans une charte de l'an 1250, F'Abbé & les Moines de Saint-Germain la nomment leur Isle de Seine, & s'y réfervent fix deniers fur chaque jument pleine, & douze fur chaque boeuf & chaque vache que l'on y meneroit paître. C'est dans cette Ifle que l'on fit brûler le 18 de Mars de l'an 1313, le Grand-Maître des Templiers, & le Maire de Normandie. (Voy. TEMPLIERS.) Les Religieux de Saint-Germain s'étant plaints de cette exécution, le Roi déclara qu'il n'avoit pas prétendu préjudicier à leurs draits, ni à leurs intentions, ce qui paroît par les regiftres de la Chambre des Comptes, & par ceux du Tréfor des Chartres. L'an 1315, on fit encore brûler dans cette Isle

Les Bagaudes étoient des gueux, des ferfs & des gens de fac & de cde, qui, fous l'Empire de Dioclétien, fe foulevèrent contre les Ro

,& furent appellés Bagaudez, d'un mot Gaulois, dont la fignifarm nous eft inconnue. Ils habitoient l'endroit où eft aujourd'hui le Village de Saint-Maur-des-Fossés, où ils avoient leur camp & leur chatean, Caftrum Bagaudarum.

trois femmes, pour avoir fait des breuvages femblables à ceux dont on accufoit Pierre de Lattilly, Evêque de Châlons & Chancelier de France, de s'être fervi pour ôter la vie à Philippe-le-Bel, & à l'Evêque de Châlons fon prédécesseur. L'autre Ifle étoit de l'autre côté, vers l'Ecole de SaintGermain, & ne contenoit qu'un demi-quartier de terre. Elle eft appellée dans les titres de Saint-Germain, tantôt l'Ïfie de Bufi, tantôt l'Ifle du Pafleur aux Vaches.

Selon M. Jaillot dans fes Recherches fur Paris, Quartier de la Cité, page 186, on a confondu toutes les Ifles dont nous venons de parler, avec les Ifles aux Bureaux & de la Gourdaine. L'Ile des Treilles étoit vis-à-vis le Palais Bourbon, & féparée par un petit bras d'eau de celle qu'on appelloit en 1250, l'Ile de Seine, & depuis l'Ifle aux Vaches. Celle-ci s'étendoit vis-à-vis Chaillot. Le long de ces deux étoit une autre Ifle longue & étroite, appellée l'ifle de Hierufalem. Toutes ces Ifles étoient partie en pâtures, & partie en fauffaies & oferaies; elles étoient louées on accenfées à différens Particuliers, qui, pour féparer leurs poffeffions, les marquoient par de petits foffés ou rigoies, fouvent remplies d'eau, qui formoient autant d'Ifles particulières, qu'on défignoit par le nom de leurs poffeffeurs ou autres ; telles font les Ifles à Prunier, l'Ile de la Garenne, l'Ile de Longchamp, l'ifle Merdeufe, l'Ile de la Pierre, &c. De l'autre côté, & audeffous des Tuileries, étoit l'Ifle,ou les Mottes de la Saumonnière. Voy. ISLE DES CIGNES, p. 368. A l'égard de l'Ifle de Buffi, elle étoit fituée plus bas, vis-à-vis d'Ifiy, & du port de Javel.

PLACE DE LOUIS-LE-GRAND (la) ou DE VENDÔME, M. de Louvois voulant fe fignaler dans la Surintendance des bâtimens du Roi, comme il faifoit dans le Ministère de la Guerre, infpira au Roi le deffin de faire une grande place dans ce quartier, afin de faciliter la communication de la rue Saint-Honoré avec la rue neuve des Petits-Champs. Pour l'exécution de ce projet, le Roi acheta en 1685, l'Hôtel de Vendôme, toutes les terres & places des environs, & même l'emplacement du Couvent des Capucines, qu'il ordonna qu'on tranfportât dans la rue neuve des Petits-Champs, où elles font à préfent. En 1687, on démolit l'Hôtel de Vendôme, & fur cet emplacement on éleva des façades qui auroient formé une place la plus magnifique qu'il y eût en Europe; elle auroit cu quatre-vingt-fix toifes de longueur, fur foixante & dix-huit de largeur, en trois lignes de bâtimens, car le

côté

oté de la rue Saint-Honoré, devoit être tout ouvert, afin de lui donner plus d'air & plus d'étendue. Il y auroit eu dans cette place un Hôtel pour la bibliothèque du Roi, & four toutes les Académies Royales, l'Hôtel de la Monnoie, Hotel des Ambaffadeurs extraordinaires, &c. La mort de M. de Louvois, arrivée en 1691, fit difcontinuer & même charger ce magnifique projet. On démolit les bâtimens qu'on y avoit élevés, & le Roi céda à la Ville les matériaux & Templacement, par fa Déclaration du 7 Avril 1699; & par le contrat qui fut paffé en conféquence le 8 Mai fuivant, Ja Ville s'engagea à faire bâtir dans le Fauxbourg S. Antoine, an Hôtel pour la feconde Compagnie des Moufquetaires, & au Quartier S. Honoré, une place fur les nouveaux deffins çi en feroient donnés,

Jules-Hardouin Manfart ayant donné les deffins pour bâtir la nouvelle place, la Ville vendit les places à plufieurs Particuliers, qui, s'étant enrichis dans les affaires, ont fait bâtir ic des Hotels fomptueux. Cette place qui a foixante & quinze toiles de longueur, fur foixante & dix de largeur, à deux evenues, l'une par la rue S. Honoré, vis-à-vis le Couvent des Feuillans, & l'autre par la rue neuve des Petits-Champs, vis à-vis le Couvent des Capucines. Elle a la figure d'un octogone imparfait, quatre faces étant plus petites que les au→ Ires. L'architecture qui règne au pourtour, cft d'ordre corithien en pilaftres, avec des corps avancés, revêtus de colanes, un au milieu de chaque face, qui porte des frontons, dans les tympans defquels on a placé les armes de France avec les accompagnemens. Sur les entablemens, font des figures affes. Sous ce grand ordre, il règne par-tou: un feylobate ou piedeftal continu, & orné de refends, dans lequel on a pratiqué pour chaque maifon, une porte en plein cintre, & dont la clef eft couverte par un beau mafcaron.. Les chapitaux, les bandaux des fenêtres, & tous les ornemens de fculpture ont été exécutés ou conduits par Jean-Baptifte Paulletier, Sculpteur de l'Académie Royale, mort le 18 Novembre 1719.

La maifon d'Antoine Crofat, pour lors Receveur des Fi nances de la Généralité de Bordeaux, fut la première ache→ vie de cette place, & occupée dès l'an 1702. L'année suivante, glorie fut peinte par Paul de Mattei, Peintre Napolitain. E1-07, on éleva à côté un grand Hôtel que Crozat fit bâ pour le Comte d'Evreux fon gendre. Ces deux maifons font du deffin de Bulet, & ont été bâties fous fa conduite. Du même côté, c'est-à-dire, à main gauche en entrant par Tom. IV. C

la rue Saint-Honoré, Luillier, un des Fermiers-Généraux fit élever une autre belle maifon en 1702, laquelle en 1706 fut vendue à Paul Poiffon de Bourvalais. Celui-ci en a joui jufqu'en 1717, que le Roi s'en faifit, en paiement d'une partie de la taxe, à laquelle la Chambre de Justice avoit condamné ce Traitant. (Voy. tom. 2 , pag. 169, à l'article Chambre de Justice ) de même que de la maifon voifine qui appartenoit à un autre Traitant nommé Villemarec. De ces deux maifons on n'en fit qu'une, fur la porte de laquelle eft un marbre noir, avec cette infcription: Hôtel du Chancelier de France.

Les autres maifons ont prefque toutes été bâties dans la fuite par des Financiers. Il reftoit cependant encore des places vuides en 1719, mais Law les acheta toutes avec les billets de banque qu'il avoit introduits, & qui ont ruiné taut d'honnêtes & bonnes familles.

Au milieu de cette P ace, on voit la ftatue équestre de Louis-le-Grand, qui eft d'un feul jet: cette grande figure qui a vingt pieds de hauteur, fut jettée le premier jour de Décembre de l'an 1692, par Jean-Balthafar Keller, d'après les deffins & le modèle du fameux Girardon. On affure qu'il y entra foixante & dix milliers de métal, & que vingt hom mes affis le long d'une table, & rangés de deux côtés, feroient à l'aife dans le ventre du cheval. Ce monument fut érigé le 13 Août 1699, avec beaucoup de folemnité. Le piedestal eft de marbre blanc, & a trente pieds de haut, vingt-quatre de long, fur treize de large. Les faces en font ornées par des infcriptions latines, de la conpofition de l'Académie Royale des Infcriptions & Belles-Lettres, & qui font connoître ce que ce grand Roi a fait pour l'Eglife, pour la France en général, & pour la Ville de Paris en particulier. Jufqu'en 1730, le piedestal de cette ftatue équestre n'avoit été orné que d'infcriptions, mais la même année, on l'enrichit de cartels & de trophées de bronze doré, qui ont été fculptés par Coufiou le jeune, & on y a ajouté les infcriptions que l'on va lire.

Dans le cartel qui eft du côté de la Chancellerie, on lit: Ludovicus XV, Francia & Navarræ Rex optimus, magni pronepos, Europa Arbiter, fufcepto è Maria Polona Delphino, Præfedo & Adilibus, pro avo monumentum abfolvi fivit,

anno 1730.

Ce cartel eft tenu par deux enfans qui ont pour symbole les attributs de Minerve, tels que le hibou, la branche d'olivier, le ferpent, un livre, &c. Sous la corniche & fous

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