fa conftruction a coûté à Jacques Bordier, Confeiller & Secrétaire du Roi, quatre millions cinq cent mille livres. Voy. LIVRY, 1.3 P. 412.

RAINEMOULIN, ainfi nommé d'un moulin qui étoit fur le ruiffeau qui vient de Grignon & de Villepreux; & ce moulin étoit appellé Rana molendinum. Ce petit endroit qui eft dans un terrein bas, n'eft éloigné de Villepreux que d'une demi-lieue, dont il a dû être un Hameau, dans le temps que cette Paroiffe étoit de grande étendue. Voy. VILLE PREUX.

L'Eglife n'étoit d'abord qu'une fimple Chapelle, du titre de S. Nicolas, deffervie par un Religieux Trinitaire. La Cure eft à la nomination de l'Abbé d'Hermières. En 1739, elle étoit deffervie par un Chanoine Prémontré.

Les principaux biens de cette Paroiffe confiftent en labourages: on y voit fort peu de vignes. Le Roi en est Seigneur, parce qu'elle eft totalement renfermée dans le parc de Versailles.

Il n'y avoit primitivement qu'une Chapelle dans ce lieu, fous le titre de S. Nicolas, & deffervie par un Religieux Trinitaire, laquelle ne paffoit que pour une espèce de Prieuré; mais qui ne l'a jamais été, parce qu'il n'y avoit point de Communauté : en effet, l'Eglife d'aujourd'hui paroît n'être que l'aile méridionale d'une autre Eglife plus grande, ce qui favoriferoit l'opinion de ceux qui y placeroient un Prieuré, de même que des reftes de piliers du principal corps de cette Eglife, que l'on voit à la partie feptentrionale. La petite Eglife qui fubfifte eft très-propre, & les principaux endroits du Choeur font parquetés; en un mot, elle fe reffent du voifinage de Verfailles, qui n'en eft qu'à úne lieue & demie.

Le Roi eft Seigneur de cette Paroiffe, qui eft totalement renfermée dans le parc de. Verfailles.

RAMBOUILLET (le Chateau de ) Rambelitum, Ramboletum, Rambolietum, Rambolettum, Rambuletum, fitué dans le Hurepoix, eft un Château fuperbe qui appartient à S. A. S. Monfeigneur le Duc de Penthièvre, Amiral de France. Avant de faire la defcription de cette magnifique maison, on croit devoir dire deux mots du Village, qui n'a qu'une rue, une Eglife & un beau marché. Le chenil & la maifon du Bailli, font des bâtimens que S, A, S. feu M. le Comte de Toulouse a fait élever.

L'Eglife eft affez grande, mais n'a rien qui la diftingue d'une Eglife de Village. Quelques Seigneurs de la maison d'Angennes y ont été inhumés; mais les changemens qui y font arrivés, font qu'on ne connoît plus l'endroit où leurs corps ont été mis. Il n'y en a qu'un feul, dont on voit le tombeau qui eft de pierre, & fur lequel est un homme à genoux & armé, ayant fes gantelets par terre devant lui; ce qui fignifie qu'il mourut de mort naturelle, & point en guerre: derrière cette ftatue & à la file, eft celle de fa femme auffi à genoux. Un écu parti de leurs armes eft à côté d'eux, & fculpté fur le mur: il eft décoré des colliers des Ordres de S. Michel & du S. Efprit, & les armes des d'Angennes y font très-reconnoiffables; mais on ne connoit rien à celles de fa femme, & on ne trouve même rien dans les registres de cette Eglife, qui faffe connoître nommément ce Seigneur & cette Dame: il y a toute apparence que c'eft la repréfentation de Nicolas d'Angennes, Seigneur de Rambouillet, de la Villeneuve & de la Moutonnière, Vidame du Mans Gouverneur de Metz & Pays Meffin, Confeiller d'Etat, Lieutenant-Général des armées des Rois Charles IX & Henri III, & Capitaine des Gardes de ce dernier, Chevalier de l'Ordre du St. Efprit, &c. Il vivoit encore les Février 1611, âgé de quatre-vingt-un ans; il avoit époufé Julienne, Dame d'Arquenay, de Champfleury, de Bignon &de Maifoncelle, fille unique & héritière de Claude, Seigneur d'Arquenay, Vidame du Mans, & de Madeleine de Bourgneuf de Cucé.

S. A. S. Monfeigneur Louis-Alexandre de Bourbon, Comte de Toulouse, ayant, par fon teftament daté des & 11 Mars 1735, élu fa fépulture dans l'Eglife de la Paroiffe de Rambouillet, & défendu abfolument, par fon codicille du 8 Novembre 1737, qu'on fît aucune cérémonie à fon enterrement, que comme pour le plus fimple Particulier de Rambouillet; ce Prince étant mort à cinq heures & demie du foir du premier Décembre 1737, fes modestes & pieuses intentions furent fuivies, & il fut inhumé le 4 du même mois, dans un caveau fait exprès dans la Chapelle de la Vierge de cette Eglife. Ce Prince, les délices & l'admiration de fon fiècle, finit une vie glorieufe, par une mort également chrétienne & édifiante.

La Čure de Rambouillet ne valoit qu'environ 1000 ou 1200 livres ; mais S. A. S. feu Monfeigneur le Comte de Toulouse, ayant légué à cette Eglife la fomme de 1000 liv. à prendre par chacun an fur les revenus de la Terre de

Rambouillet, cette Cure vaut aujourd'hui plus de 2000 liv. & eft une des plus riches du Diocèfe de Chartres.

Sur une table de marbre qui couvre l'entrée par laquelle on defcend au caveau où le corps du Prince a été inhumé, ona mis l'inscription qui fuit :

[C I GIST

Très-haut, très-puissant & très-excellent Prince, LouisAlexandre de Bourbon, Prince légitimé de France, Duc de Penthièvre, de Chateauvillain & de Rambouillet, Marquis d'Albert, Commandeur des Ordres du Roi, Lieutenant-Général de fes Armées, Chevalier de la Toifon d'or, Gouverneur & Lieutenant-Général pour Sa Majefté dans fa Province de Bretagne, Pair, Amiral & Grand-Veneur de France, décédé en fon Château de Rambouillet, le premier Décembre 1737, égé de cinquante-neuf ans fix mois & vingt-quatre jours.

Priez Dieu pour lui.

La fituation du Château eft affez trifte: il eft dans un fond, au milieu des eaux & des bois : on y arrive par une fort longue avenue qui eft en face du Château: à gauche règne un bâtiment neuf de cent vingt toifes de long, & qui eft décoré de trois avant-corps. C'eft dans ce bâtiment que font la Capitainerie, les cuifines, les offices & les écu ries. Au-deffus, il y a cinquante-quatre appartemens de Maîtres, tous également bien meublés & commodes.

La principale des écuries eft pour cent deux chevaux & eft ornée de deux cent quatre têtes de cerfs, fculptées avec foin, & colorées par Des Portes : les bois font naturels.

Le Chateau eft un bâtiment à l'antique, tout de brique, & flanqué de cinq groffes tours; la cour en eft petite, & fermée, du côté de l'avenue, par une très-belle grille de fer. L'appartement du Roi eft grand, commode & magnifiquement meublé. La première pièce dont il eft compofé eft une grande falle de cinquante pieds de long, fur environ trente de large. Cette pièce eft toute lambriffée & ornée des portraits de Louis XIV de Monfeigneur le Dauphin fon fils, de M. le Dauphin fon petit-fils, de Madame la Dauphine morte en 1712, du Roi Louis XV, du Roi d'Efpagne & de la feue Reine d'Efpagne. Une grande carte du Duché de Rambouillet, peinte fur toile, & ornée d'une belle bordure, occupe une efpace de vingt-fept pieda

de long, fur 12 de large : c'eft un morceau magnifique dans fon genre, & qui a coûté 30000 hvres.

Les autres appartemens, au nombre de vingt-deux, font tous différemment meublés, & ne fe reffemblent que par la propreté & la richcffe des meubles. Les appartemens font au rez-de-chauffée du jardin, & tous auffi bien éclairés que ceux d'en haut. Il y a une grande falle à manger, qui eft toute revêtue de marbre, & qui feroit une pièce parfaite fi elle n'étoit un peu baffe.

En face du Château, du côté des jardins, eft une grande pièce d'eau de cent quatre-vingt toifes de long, qui, en cet endroit, communique avec un beau canal qui règne tout le long du jardin, & qui, fans compter le retour qu'il a du côté de la futaie, & du côté de l'abreuvoir, a environ trois cent quatre-vingt toiles 'de long, fur vingt de large. Le jardin eft fort grand, & eft, pour ainfi dire, partagé en deux par le Château. D'un côté, eft un fpacieux quinconce de tilleuls; & de l'autre, font plufieurs compartimens de gazon & de fleurs, parmi lefquels il y a une grande & belle pièce d'eau. Le jardin de ce même côté eft bordé par deux longues allées de tilleuls. C'eft feu Monfeigneur le Comte de Touloufe qui fit faire la magnifique pièce d'eau qui eft entre ce jardin & le grand chemin de Chartres: elle a neuf cent toifes de long, fur quarante-cinq de latge. Le parc contient deux mille quatre cents arpens, en y comprenant les agrandiflemens que ce Prince y fit faire en 1712 & 1713. La forêt, ou les bois qui appartiennent à S. A. S. confiftent en trente mille arpens, ou environ, dans lefquels on a tracé plus de trois cents lieues de route pour le plaifir de la chaffe.

Le Marquifat de Rambouillet paifa de la maifon d'Angennes dans celle de Sainte-Maur-Montaufier, & de celle-ci, dans celle d'Uses; cette Terre fut enluite vendue à M. d'Armenonville qui la vendit à S. A. S. Monfeigneur le Comte de Touloufe. Jufqu'alors ce n'étoit qu'une Terre d'environ 10000 livres de rente'; mais fon nouveau Maître fit depuis de fi grandes acquifitions, qu'elle eft aujourd'hui une des plus grandes qu'il y ait: elle a rapporté en 1620, 1621 & 1622, jufqu'à 400000 livres; mais, année commune elle vaut environ 200000 livres par an; elle n'eft devenue fi confidérable que par les Terres & les Seigneuries qui y ont été unies en différens temps,

Le Château & la Seigneurie de Montorgueil en dếpendoient anciennement, & depuis que Monfeigneur le Comte de Touloufe fut devenu Propriétaire de Rambouillet, S. A. S.

y

joignit la forêt de Montfort, la Seigneurie & Terre de Gaferan, celle du Fargis & du Mefnil, & plufieurs autres. Le Prieur de Saint-Thomas d'Epernon doit rendre tous les ans foi & hommage au Seigneur de Montorgueil, avec, des circonftances fi particulières, qu'elles méritent d'être placées ici. Ce Prieur eft obligé de fe trouver en perfonne, ou par Procureur, tous les ans le lendemain de Pâques, enla place où étoit le Château de Montorgueil; il doit être botté & éperonné, avoir une épée au côté, une nappe blanche en écharpe, croifée d'une autre écharpe de pervenche, avoir une couronne auffi de pervenche fur la têtenue, & des gants blancs neufs en fes mains : ainfi équipé il monte fur un cheval qui doit avoir les quatre pieds &. le chanfrein blancs, & doit être fellé d'une felle à piquer à l'arçon de laquelle doit être attachée une bouteille ronde de verre, couverte d'ozier & remplie de vin : ledit Prieur ou fon Procureur doit tenir devant lui un grand gâteau, fait de la fleur d'un minot de bled, & orné de pervenche. Ce Cavalier étant en cet équipage, doit fe préfenter en la place où étoit la principale porte ou entrée dudit Château de Montorgueil, & demander par trois fois, à haute & intelligible voix: Monfeigneur de Montorgueuil, étes-vous ici, ou gens pour vous ? Après qu'on lui a répondu que ledit Seigneur n'y eft pas, mais que fes Officiers y font pour lui, le Prieur de Saint-Thomas d'Epernon, ou fon Procureur audit nom, dit hautement & intelligiblement, qu'il vient rendre les foi hommage, & offrir audit Seigneur, les gáteau, bouteille de vin & gants, ainfi armé, pour devoirs qu'il doit audit Seigneur de Montorgueil, à pareil jour, & en requiert ade. Le Procureur-Fifcal du Seigneur de Montorgueil protefte que cette preftation de foi & hommage, ni l'acte qu'on va en délivrer, ne pourront nuire, ni préjudicier aud. Seigneur de Montorgueil, pour n'être faite dans les formes, & telle que ledit Prieur doit la faire, pourquoi il entend & prétend la débattre en temps & lien. Malgré cette protestation, le Bailli du Seigneur de Montorgueil, donne acte audit Prieur, ou à fon Procureur, de la foi & hommage, &c. pour lui fervir & valoir en temps & lieu, & que de raifon, & reçoit le gâteau, la bouteille de vin & les gants, fans préjudicier à la proteftation du lit Procureur-Fifcal, du Seigneur de Montorgueuil. Outre ces formalités, le Prieur de Saint Thomas d'Epernon, ou celui qui le repréfente, amène d'Epernon un Sellier & un Maréchal, pour visiter enfemble l'équipage & le cheyal fur lequel il doit rendre Tom. IV.