Oeuvres poétiques de André Chénier, Volume 2

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Garnier Frères, 1883
 

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Popular passages

Page 282 - L'ÉPI naissant mûrit, de la faux respecté ; Sans crainte du pressoir, le pampre tout l'été Boit les doux présents de l'aurore ; Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui, Quoi que l'heure présente ait de trouble et d'ennui. Je ne veux point mourir encore.
Page 283 - Qu'un stoïque aux yeux secs vole embrasser la mort, Moi, je pleure et j'espère; au noir souffle du nord Je plie et relève ma tête. S'il est des jours amers, il en est de si doux ! Hélas ! quel miel jamais n'a laissé de dégoûts ? Quelle mer n'a point de tempête?
Page 297 - J'ai le même destin. Je m'y devais attendre. Accoutumons-nous à l'oubli. Oubliés comme moi dans cet affreux repaire, Mille autres moutons, comme moi Pendus aux crocs sanglants du charnier populaire, Seront servis au peuple-roi.
Page 301 - Où seul dans la foule à grands pas J'erre, aiguisant ces dards persécuteurs du crime, Du juste trop faibles soutiens, Sur mes lèvres soudain va suspendre la rime ; Et chargeant mes bras de liens, Me traîner, amassant en foule à mon passage Mes tristes compagnons reclus, Qui me connaissaient tous avant l'affreux message, Mais qui ne me connaissent plus.
Page 283 - Je ne suis qu'au printemps, je veux voir la moisson; Et comme le soleil, de saison en saison, Je veux achever mon année. Brillante sur ma tige et l'honneur du jardin, Je n'ai vu luire encor que les feux du matin , Je veux achever ma journée.
Page 271 - Paros pour placer ton image Auprès d'Harmodius, auprès de son ami; Et des chœurs sur ta tombe, en une sainte ivresse, Chanteraient Némésis, la tardive déesse, Qui frappe le méchant sur son trône endormi.
Page 284 - Ces chants, de ma prison témoins harmonieux, Feront à quelque amant des loisirs studieux Chercher quelle fut cette belle: La grâce décorait son front et ses discours, Et, comme elle, craindront de voir finir leurs jours Ceux qui les passeront près d'elle.
Page 59 - La nature dicta vingt genres opposés D'un fil léger entre eux chez les Grecs divisés. Nul genre, s'échappant de ses bornes prescrites, N'aurait osé d'un autre envahir les limites; Et Pindare à sa lyre, en un couplet bouffon, N'aurait point de Marot associé le ton.
Page 287 - Sa langue est un fer chaud; dans ses veines brûlées Serpentent des fleuves de fiel. » J'ai douze ans, en secret, dans les doctes vallées, Cueilli le poétique miel : Je veux un jour ouvrir ma ruche tout entière; Dans tous mes vers on pourra voir Si ma muse naquit haineuse et meurtrière. Frustré d'un amoureux espoir, Archiloque aux fureurs du belliqueux ïambe Immole un beau-père menteur ; Moi, ce n'est point au col d'un perfide Lycambe Que j'apprête un lacet vengeur.
Page 130 - Ici l'Aigle et le Cygne, et la Lyre et Pégase. Et voici que plus loin le Serpent tortueux Noue autour de mes pas ses anneaux lumineux.

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