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Lettre de remerciment à, MM. les députés de l'assemblée nationale, par M. Félix Nogaret administrateur et procureur syndic du district de Versailles.

MESSIEURS,

Nous avons reçu le beau présent, l'utile présent que` vous nous avez fait de la carte géographique, où le compas et le burin, guidés par votre générosité, nous offrent l'ensemble des lieux qui composent le département de Seine et de l'Oise. Nous n'y verrons jamais, qu'avec une extrême reconnoissance, quelques minces paroisses (jadis imperceptibles à l'œil du despotisme, échapper à l'avidité des exacteurs) distinguées aujourd'hui de manière à fixer l'attention des corps administratifs, ministres nouveaux d'une nation souveraine, dont le pouvoir ne se manifeste que par son amour pour la totalité de ses enfans.

sans

NOUVELLES DE PROVINCES.

Versailles.

M. Auguste, grenadier du premier bataillon de la garde nationale de Versailles, nous mande que les officiers municipaux, le commandant de la garde nationale, ou quelque autre pouvoir antisocial ont décidé qu'il n'y auroit pas de fédération à Versailles; tous les bons citoyens en sent affligés, ainsi qu'une grande partie de la milice nationale.

Si les bons citoyens de Versailles sentent énergiquement le désir et le besoin de cette religieuse et patriotique coalition, c'est à eux à faire expliquer ceux qu'ils soupçonnent. La chose nous paroît tout aussi facile que naturelle. Alors on verra qui, et comment on biaisera.

Lille, 15 juin.

Quand les hommes sont rassemblés par l'amour de la patrie, ils offrent à leurs semblables un spectacle aussi majestueux qu'attendrissant. L'émotion la plus douce, la plus vive, aussi prompte que l'étincelle électrique, Touche au même instant toutes les fibres du cœur. Nous avons plus d'une fois, dans notre journal, exposé les détails de ces fêtes patriotiques; mais ils ne sont jamais si précieux que lorsqu'elles ont eu lieu dans des pays où les ennemis de l'état avoient fondé les espérances les plus criminelles. C'est sur-tout dans les provinces où le peuple n'a pas encore secoué le joug de la superstition, du fanatisme et des préjugés, que ces ennemis ont tente les succès de leurs complots criminels. Ils avoient aussi compté sur la Flandre, ou plus d'une fois ils ont cherché à échauffer les esprits.

La confédération qui s'est faite à Lille, dans le cours de juin, a détruit toutes leurs espérances. Les fêtes de la religion se sont unies à celle de la patrie. Tous les citoyens ont pris l'Eternelà témoin de leurs sermens. Les cérémo nies ont été pompeuses, et l'affluence du peuple étoir immense. L'histoire se plairoit à consacrer tous ces détails, s'ils n'étoient effacés par la confédération qui va se faire de tout le royaume avec la capitale.

De Saint-Omer, le 21 juin.

Vous savez, Monsieur, que le nombre des paroisses va diminuer à la nouvelle organisation alors le nombre des prêtres subira une réforme. Il n'est pas douteux qu'on ne préfère les anciens aux plus jeunes, les diocésains aux ex-diocésains. Que deviendront ceux-ci, et le surplus des autres? L'assemblée nationale n'a pas prononcé sur leur sort: c'est cependant une conséquence de ses décrets sur l'organisation du clergé. Il s'agit de prononcer sur le traitement des uns et des autres. Les ex diocésains ne pourroient-ils pas obtenir de droit un vicariat dans leurs diocèses? Et tous ceux qui seront déplacés, ne sont-ils pas en droit d'attendre une per sion qui les dédommage?

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De Calais.

Le père Grégoire, capucin vient d'éprouver les effets du zèle aristocratique du nouvel évêque de Boulogne, pour avoir manifesté le désir de quitter le cloître. Le jour de l'ascension, au moment où il alloit monter en chaire', un ecclésiastique lui a remis un ordre signé du prélat, qui lui défendoit d'exercer les fonetions de la prêtrise. Depuis ce jour, nous n'avons plús de prédicateur. Cet abus de l'autorité épiscopale a révolté tous les bons citoyens, et on espère que l'assemblée nationale prendra des mesures efficaces pour punir cette opposition directe à ses décrets.

LIVRE NOU VE À U.

Culte public en langue française, adressé à l'assemblée nationale, par M. Carré, curé de Sainte-Pallaye département d'Auxerre, brochure in-8°. imprimé chez Fournier, à Auxerre.

Que chacun de vous tâche de satisfaire son prochain dans ce qui est bon, et le peut édifier, afin que d'un même cœur et d'une même bouche, vous glorifiez Dieu... C'est pourquoi, unissez vous les uns les autres pour vous soutenir mutuellement, comme J. C, vous a unis pour la gloire de Dict

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Les idées répandues dans cet ouvrage, ont été préparées par l'opinion. On lit dans le cahier de Paris, extra muros, page 30 : « Qu'il seroit à désirer que les offices et prières pupliques se fissent en langue » française ».

Lorsqu'on refusa aux protestans la permission de prier Dieu dans la langue de leur pays, la langue française n'étoit pas encore formée; les mots n'avoient pas une signification précise et un sens déterminé; maintenant la langue française est celle de toute l'Europe, et elle doit être celle de la religion,

NOUVELLES

ÉTRANGERES.

Coup-d'œil sur la position de l'Europe.

Si la situation nouvelle de la France attire l'attention de toute l'Europe sur un nouvel ordre de choses, Ja France, qui a besoin d'être paisible au-dehors pour se régénérer en dedans, doit aussi jeter les yeux sur la position extérieure des états dont elle est environnée.

Les dispositions de la Prusse et de l'Allemagne, l'une envers l'autre, ne sont pas encore parfaitement connues; si d'un côté les Brabançons paroissent compter sur les secours du roi de Prusse, comment ce même roi de Prusse, permet-il que 28 mille Autrichiens, qui vont à Luxembourg, passent sur son propre territoire?

L'Angleterre arme de tous' côtés; on enrôle par force des matelots, ce qui paroît peu compatible avec la liberté, moins parce que des citoyens ne peuvent pas être forcés par aucune contrainte, que parce qu'ils ne doivent pas en avoir besoin. On croit que la guerre, si elle a lieu, entre l'Espagne et l'Angleterre, aura moins pour motifs les raisons mises en avant par la politique extérieure, que le dessein secret de distraire le peuple, par une gloire étrangère, de la gloire domestique qu'il pourroit acquérir en réformant sa constitution, qui étoit la première de l'Europe, avant que les Français en

eussent une.

L'Espagne est l'alliée de la France; mais sa timidité religieuse doit être bien étonnée de nos réformes et de nos principes; elle a bien des pas à faire pour venir à notre taille, quand même elle auroit réformé l'inquisition.

Si quelque chose doit attirer sur nous la haine et les projets de vengeance, je ne dis point des peuples, mais des princes et des rois, c'est l'exemple que nous donnons à l'Europe. Déjà il a été suivi par deux pays différens, et d'une manière très-différente. Les Brabançons se sont révoltés contre l'autorité de leur souverain, en faveur des prêtres et des nobles, tandis que d'accord avec notre roi, nous avons anéanti la puissance des nobles et des prêtres; ils paroissent avoir

autant

kutant en horreur la liberté française que l'autorité autrichienne; ils n'étoient pas mûrs pour la révolution. Au contraire, le comtat d'Avignon, fatigué de l'autorité des papes, adopte volontairement la constitution française; c'est une belle conquête, sans doute, que celle que l'on a faite par ses loix.

Au reste, si quelque prince étranger tentoit de troubler la régénération de la France, pour peu que ses peuples fussent éclairés, ils refuseroient de le seconder dans une entreprise aussi injuste; et ils regarderoient comme un attentat à la liberté de toutes les nations, celle qu'on pourroit entreprendre contre la liberté fran çaise.

De Londres.

Le courier qu'on attendoit de Madrid est revenu le 15 de ce mois. La réponse de la cour d'Espagne n'est pas aussi satisfaisante qu'on l'espéroit de la foiblesse de cette cour. Elle se réserve un droit exclusif à la pêche de la baleine, dans la mer du sud, et au commerce des pelleteries dans la baie de Nootka. Ses préparatifs de guerre se continuent avec activité; elle arme plus de 45 vaisseaux de ligne.

Si la guerre a lieu pour cette baie de Nootka-Sund, elle aura des suites également fâcheuses pour les deux Puissances. Des papiers anglais attribuent le projet de cet établissement, ainsi que ses suites, au lord Hawkesbury.

La guerre de 1757, si funeste à la France, et par contre-coup à l'Angleterre, commença par une discussion aussi frivole.

L'armement se continue toujours avec la même activité. On vient d'y ajouter 3 vaisseaux et 5 frégates. Cette nouvelle a fait baisser les fonds d'un et demi pour cent, tant les bruits d'une guerre prochaine ont prévalu.

Plusieurs régimens ont reçu ordre de s'embarquer sur les vaisseaux de Portsmouth, Chatham, Plimouth, et autres ports. Six compagnies d'invalides feront le service des cazernes et du château d'Upnor.

Dans ce moment 558 candidats pour les élections au nouveau parlement, parcourent en poste les difNo. 51.

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