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Bureau des Révolutions de Paris, rue des Marais Frˆ S ́ 6. N° 20

Pithiviers D.

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Brion Ing. du Roi

11.

RÉVOLUTIONS

DE PARIS,

DÉDIÉES A LA NATION Etau District des Petits-Augustins. Avec gravures analogues aux différens événemens, et les cartes des départemens.

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CINQUIÈME TRIMESTRE

Les grands ne nous paroiffent grands,
Que parce que nous sommes à genoux.
. Levons-nous..

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TOURNE RAV

Fétes publiques.

OURNERau profit du despotisme les premières fêtes données à des hommes libres, au nom de la liberté, c'est un excès d'astuce et d'audace que l'on ne peut No. 54

* A

hasarder que chez un peuple naturellement enclin à l'idolâtrie, et peu exercé à réfléchir. Les succès de la cour, et de ceux de nos chefs qui la servent, passent certainement leurs espérances. Ils ne vouloient que détourner les yeux des fédérés de dessus les atroces dissipations et les crimes innombrables de ceux qui approchent, qui environnent le monarque ; ils ne vouloient que les empêcher de réfléchic sur l'énormité du traitement que la cour s'est assuré par la fameuse lettre-décret des 25 millions. Mais tel a été l'engouement burlesque dont la terrasse du pavillon de Flore a été le théatre, que les ennemis de la liberté se persuadent peut-etre, ou qu'à l'avenir nos fidèles représentans n'oseront plus combattre les prétentions des ministériels, à peine de passer pour ennemis du roi, ou qu'il seroit possible de détruire par des décrets royalistes les décrets nationaux qui forment les bases encore incertaines de notre constitution.

Français, sortez de cet étourdissement puéril où vous êtes plongés depuis plusieurs jours, et demandez-vous à vous-mêmes si depuis ces fêtes vous aimez plus qu'auparavant la patrie, la liberté, la vertu? Si vous êtes forcés de vous répondre négativement, vous devez concevoir que ces fêtes, toutes brillantes qu'elles étoient, n'avoient point le caractère qui leur convenoit, qui devoit vous

convenir.

Les fêtes que dirige en secret le despotisme éblouirent le peuple; elles tuent la réflexion, elles substituent la joie au sentiment. Les fêtes données par la liberté excitent au contraire des idées fortes, elles exaltent le courage et le patriotisme. Combien ne pourrez-vous pas vous convaincre, en parcourant le recit des fêtes qui viennent d'avoir lieu, que la révolution n'y a rien gagné, et qu'il vous eût été facile de redresser par vous-mêmes les torts d'une administration adroitement dévouée à toutes les yues, à tous les projets de la cour!

Le mauvais temps n'avoit pas permis aux Parisiens de témoigner à leurs frères des autres départemens le plaisir qu'ils avoient de les posséder; la journée du samedi 17 n'offre rien d'intéressant; le temps parut promettre qu'on pourroit jouir des fêtes qui se préparoient; l'entrepreneur du Cirque offrit å MM. les fédérés un bal où on ne pouvoit entrer qu'en uniforme, et la liberté des opinions continua de demeurer captive dans ce même jardin, qui fut le berceau de la révolution, et que les fédérés sembloient avoir choisi par ce motif pour le lieu de leur rendez-vous.

Une revue de la garde nationale étoit annoncée pour le dimanche. MM. les fédérés étoient invités d'y assister, le peuple s'y rendit en foule; il se plaça sur les gradins collatéraux du Champ de Mars. Ceux qui sont couverts et adossés à l'école militaire étoient réservés pour les uniformes ;. car, dans ces jours d'égalité, le peuple en uniforme a été constamment séparé, distingué du peuple sans' uniforme.

M. de la Fayette a passé entre l'armée parisienne et une haie de fédérés, sur son cheval blanc, le chapeau à la main, distribuant à droite et à gauche ces regards sourians et bénévoles, qui flattent l'amour-propre, et qui provoquent les applaudissemens. Les transports, l'engouement, l'idolâtric, les contorsions, la rage, la fureur d'applaudir, ét de crier vive la Fayette, peignoient tout ce que l'on nous raconte d'extravagant des lâches Athéniens envers Alcibiade, ou des stupides Brabançons envers Vandernoot, à leurs yeux le héros, et à ceux des hommes sages, le plus dangereux ennemi de la liberté.

Après la revue, la garde parisienne et les députés fédératifs formèrent des ronds immenses, en cherchant à envelopper le terrain que par couroit le général. Lorsqu'il est enfermé dans le rond, soudain ils s'approchent, se précipitent autour

.

de lui. Ils renouvellent les serviles démonstrations que prodiguent toujours l'estime sur parole et l'admiration irréfléchie, mais que ne connoissent point l'estime sentie et l'attachement motivé. Ils baisent, comme après le serment, ses mains, ses cuisses, ses bottes; le cheval a de nouveau part à la fête, et s'il y avoit eu alors quelque élection, il eût été à craindre que la folie populaire n'eût prodigué au cheval de M. de la Fayette les honneurs qu'un empereur Romain avoit destinés au sien, dans un accès de frénésie despotique (1).

A peine M. de la Fayette est-il sorti d'an rond, qu'il est soudain enlacé dans un autre où l'attendent les mêmes adulations, le même délire. Un citoyen paisible est long-temps observateur muer de ces scènes avilissantes, l'indignation lui arrache quelques plaintes; il ne voit pas par où M. de la Fayette a encore mérité des témoignages d'un attachement si excessif; il est entendu par un citoyen en uniforme, qui le désigne comme un ennemi du général.

Oh! nouvel opprobre da nom Français ! cent voix crient: Il faut l'arrêter, arrétez-le, et bientôt après à la lanterne; pendant qu'on s'agite autour de lui, qu'on le secoue, qu'il veut se faire entendre, qu'il réclame les droits du citoyen, la garde à cheval arrive et s'empare de lui; deux cavaliers le saisissent au collet; et ce citoyen, dans une ville qui se dit libre, en présence d'un peuple qui se croit libre, aux yeux d'une troupe armée qui a juré de maintenir la liberté individuelle, est ignominieusement traîné, et, non sans danger, entre deux chevaux presque au galop, pour expier le crime exécrable de ne pas connoître tous les exploits du général la Fayette dans notre révolution.

(1) Caligula avoit désigné son cheval pour être consu!. Voyez Suetone, vie de Caligula.

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