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punition plus grave que si elle eût été faite devant un tribunal? L'insurrection contre de simples particuliers, accusés de délits particuliers, est préci sément l'anarchie; elle n'est réservée aux citoyens que contre les tyrans.

IV. Le sieur Chapelier, caporal de la compagnie de Molière, district des Petits Augustins, qui, le 14 juillet, étoit de réserve sur le quai Malaquai, se plaint d'avoir été maltraité par le cídevant marquis de Luigné, parce qu'il venoit de saisir des cannes, selon la consigne qu'il avoit reçue, en conséquence de l'ordonnance de la municipalité; le sieur de Luigné s'opposa à l'exécution de cette consigne, en disant qu'il en répondoit sur sa tête; qu'il ne connoissoit point les ordonnances du maire, et que le sieur Chapelier eût à se retirer.

La réclamation de ce citoyen mérite quelque attention de la part des officiers supérieurs. Un ci-devant marquis pourroit-il encore vexer impu nément un citoyen, et un citoyen qui remplit une consigne?

Anecdocte envoyée.

A la revue du 13, trois fédérés parurent en habits de cultivateurs, les sieurs Bechet, Thonat et Farghon, natifs de Cournon, district de Clermont-Ferrand. Le roi en prit un par le bras le sieur Bechet, et lui dit: Mon ami, de quel pays êtes-vous? Sire, répond le jeune homme, assez timide, je suis de l'Auvergne. Le roi claqua des mains, et dit à haute voix: vive les Auvergnats. Le lendemain, M. de Chazot, commandant du département, refuse de les recevoir au rang des députés, quoique leurs pouvoirs soient en règle, et ce n'est que de l'ordre du major de la fédération qu'ils obtiennent d'y assister. Extrait d'une lettre signée Denirüa.

VARIÉTÉS

VARIÉTÉ S

MONSIEUR,

Si M. Malet du Pan eût réfléchi, il se seroit bien gardé, pour l'honneur de la vérité, et même de son jugement, de comparer la fédération de la nation française à la ligue qui se forma sous Henri III; ligue qui avoit été précédée, sous le règne de Charles IX, du massacre de la Saint-Barthélemi. Les causes de l'une et de l'autre étant absolument différentes, cette comparaison est donc non seulement fausse, elle est encore insultante pour la nation, qui a le droit d'en demander une réparation authentique.

1o. La ligue cachoit, sous le voile de la religion, l'ambition effrénée des princes Lorrains, particulièrement celle du duc de Guise, qui tendoit à renverser du trône le foible Henri, pour y monter lui-même.

2o. La fédération est le résultat du puissant effort d'une nation, qui affaissée, depuis plusieurs siècles, sous le poids énorme des impôts de toute espèce, des abus de tout genre, et des atrocités ministérielles, s'est enfin relevée, et à l'aide des vertus et des lumières de ses compatriotes, travaille à une constitution fondée sur les droits sacrés de l'homme en société, qui la rendra heureuse, et qui lui méritera l'estime et l'admiration de toute l'Europe. Or, quel rapport y a-t-il donc entre la fédération qui va consolider notre constitution, et cette ligue criminelle, qui vengea sur Henri III l'assassinat de son chef? Vous sentez, Monsieur, l'inconséquence du périodiste trouvez bon que je vous prie. de lui dire votre sentiment à cet égard.

C'est donc encore en vain que M. Malet du Pan s'efforce de peindre les suites de notre révolution des couleurs les plus noires et les plus affreuses. C'est encore bien mal à propos qu'il ose nous accuser de tenir prisonnier un roi que nous chérissons. Oui, nous aimons mieux le posséder au milieu de nous, que de le savoir exposé aux pernicieux conseils et aux entreprises de beaucoup de gens qui l'entourent, à qui seuls la révolution est funeste, parce qu'elle met fin à leurs briganNo. 53.

E

punition plus grave que si elle eût été faite devantun tribunal? L'insurrection contre de simples par ticuliers, accusés de délits particuliers, est préci sément l'anarchie; elle n'est réservée aux citoyens que contre les tyrans.

IV. Le sieur Chapelier, caporal de la compagnie de Molière, district des Petits Augustins, qui, le 14 juillet, étoit de réserve sur le quai Malaquai, se plaint d'avoir été maltraité par le cidevant marquis de Luigné, parce qu'il venoit de saisir des cannes, selon la consigne qu'il avoit reçue, en conséquence de l'ordonnance de la municipalité; le sieur de Luigné s'opposa à l'exécution de cette consigne, en disant qu'il en répon doit sur sa tête; qu'il ne connoissoit point les ordonnances du maire, et que le sieur Chapelier eût

à se retirer.

La réclamation de ce citoyen mérite quelque attention de la part des officiers supérieurs. Un ci-devant marquis pourroit-il encore vexer impunément un citoyen, et un citoyen qui remplit une consigne?

Anecdocte envoyée.

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J

A la revue du 13 trois fédérés parurent en habits de cultivateurs, les Sieurs Bechet, Thonat et Farghon, natifs de Cournon, district de Clermont-Ferrand. Le roi en prit un par le bras le sieur Bechet, et lui dit: Mon ami, de quel pays êtes-vous? Sire, répond le jeune homme, assez timide, je suis de l'Auvergne. Le roi claqua des mains, et dit à haute voix: vive les Auvergnats. Le lendemain, M. de Chazot, commandant du département, refuse de les recevoir au rang des députés, quoique leurs pouvoirs soient en règle et ce n'est que de l'ordre du major de la fédération qu'ils obtiennent d'y assister. Extrait d'une lettre signée Denirüa.

VARIÉTÉS:

VARIÉTÉ S

MONSIEUR,

Si M. Malet du Pan eût réfléchi, il se seroit bien gardé, pour l'honneur de la vérité, et même de son jugement, de comparer la fédération de la nation française à la ligue qui se forma sous Henri III; ligue qui avoit été précédée, sous le règne de Charles IX, du massacre de la Saint-Barthélemi. Les causes de l'une et de l'autre étant absolument différentes, cette comparaison est donc non seulement fausse, elle est encore insultante pour la nation, qui a le droit d'en demander une réparation authentique.

1o. La ligue cachoit, sous le voile de la religion, l'ambition effrénée des princes Lorrains, particulièrement celle du duc de Guise, qui tendoit à renverser du trône le foible Henri, pour y monter lui-même.

2o. La fédération est le résultat du puissant effort d'une nation, qui affaissée, depuis plusieurs siècles, sous le poids énorme des impôts de toute espèce, des abus de tout genre, et des atrocités ministérielles, s'est enfin relevée, et à l'aide des vertus et des lumières de ses compatriotes, travaille à une constitution fondée sur les droits sacrés de l'homme en société, qui la rendra heureuse, et qui lui méritera l'estime et l'admiration de toute l'Europe. Or, quel rapport y a-t-il donc entre la fédération qui va consolider notre constitution, et cette ligue criminelle, qui vengea sur Henri III l'assassinat de son chef? Vous sentez, Monsieur, l'inconséquence du périodiste trouvez bon que je vous prie de lui dire votre sentiment à cet égard.

C'est donc encore en vain que M. Malet du Pan s'efforce de peindre les suites de notre révolution des couleurs les plus noires et les plus affreuses. C'est encore bien mal à propos qu'il ose nous accuser de tenir prisonnier un roi que nous chérissons. Oui, nous aimons mieux le posséder au milieu de nons, que de le savoir exposé aux pernicieux conseils et aux entreprises de beaucoup de gens qui l'entourent, à qui seuls la révolution est funeste, parce qu'elle met fin à leurs briganNo. 53.

E

dages, à leur ridicule orgucil, à leur insatiable cupidité, enfin, à tous les excès dont ils sont capables.

Quant aux troubles de quelques provinces, suites nécessaires des circonstances actuelles, dont M. Malet du Pan fait une si vraie et si effrayante peinture, qu'il me permette de lui demander quels en sont les auteurs? Des prêtres fanatiques et des aristocrates fureiux. Quels en sont les motifs? Un vil intérêt, un ridicule orgueil. Qu'un homme d'esprit, tel que lui, ne se fasse donc pas soupçonner de prêter sa plume aux vaines frayeurs sur la religion, que ces ecclésiastiques intéressés et ocs aristocrates humiliés s'efforcent de répandre parmi le peuple. Ce voile insidieux de la religion, dont s'étoient servi les ligueurs, et tant d'autres fanatiques ou ambitieux, est entièrement déchiré aujourd'hui, et ne montre plus, au travers des lambeaux qui le composent, que des ennemis du trône et du bien public.

En finissant ma lettre, je ne puis m'empêcher, Monsieur, de vous faire part d'un spectacle que je vis mardi dernier, 29 juin, sur le boulevard de la rue du Temple, spectacle qui fit couler mes larmes, et qui excita en moi des sentimens d'horreur et d'indignation; c'étoit le malheureux comte de Lorge, plus qu'octogénaire, qui se promenoit soutenu par deux domestiques: trentedeux années dans les cachots infects de la bastille n'avoient pas suffi pour expier, non pas un crime atroce, mais peut être un bon mot, un pamphlet contre la maîtresse du feu roi, suppiice qui pendant trente-quatre années a fait subir ce même sort à l'infortuné la Tude. Quelle horreur ! quelle cruauté!

imagine, Monsieur, qu'il seroit digne de votre patriotisme d'insérer dans votre prochain numéro combien ces tristes victimes de l'ancien régime auroient donné d'éclat à la fête solennelle de la liberté, qui vient d'avoir lieu pour le 14 de ce mois : la nation eût mêlé sans doute aux cris d'alégresse et d'amour pour son roi, ses actions de grace à l'Etre-Suprême, de l'avoir délivrée des infâmes agens des vengeances de la cour; vengeances dont le prince ignoroit les cruautés et le terme, et que l'ame impure de ces vils instrumens du despotisme se faisoit un mérite d'agraver, pour plaire aux monstres qui les mettoient en œuvre, et par ce moyen conserver leur faveur et leur fortune.

Je suis, ctc,

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