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foncés, épais et arqués, le nez aquilain, la bouche grande, la voix foible et délicate, l'air riant, la poitrine velue, les cuisses minces, le genou droit rentrant, les jambes presque sans mollets, portant ordinairement les goussets en pattes, près la boucle de sa culotte, de petites boucles à ses 'souliers, qui ferment sur le côté extérieur du pied

C'est une chose assez singulière, que la lettre du comité des recherches au maire de Paris soit sans date; on n'a pas voulu sans doute donner au public des moyens de juger de la célérité que l'on avoit mise à faire rechercher l'accusé; et on n'a pas vu qu'en laissant ignorer au public les circonstances de cette évasion, on motivoit toutes sortes de soupçons.

Comment peut on savoir que Bonne Savardia s'est évadé à neuf heures un quart du soir, si ce n'est qu'on s'est apperçu sur le champ de l'évasion? car si l'on n'avoit trouvé sa chambre vuide que le lendemain, on ne pourroit pas préciser ainsi l'instant de son départ. Mais pourquoi n'avoir pas averti aussitôt les détachemens des barrières ? pourquoi n'avoir pas fait publier aussitôt son signalement? pourquoi n'avoir pas fait filer des détachemens sur toutes les avenues? pourquoi luï avoir laissé au moins quarante huit heures d'avance sur tous les courriers, sur tous les avis? Ah! c'est que Bonne Savardin ne peut être coupable seul, qu'il s'est présenté à M. d'Artois et à M. Condé, à Turin, qu'il a des relations avec M. Maillebois et madame Cassini, qu'un ministre est impliqué dans la procédure, qu'il ne se seroit peut-être pas piqué, comme Faveras, de se faire pendre pour ceux qui l'avoient mis en besogne, et que tout vérifie le mot d'un brave grenadier, qui disoit, il y a quelques jours, qu'il commençoit à s'appercevoir que l'on se f...... de la nation.

Nous apprenons que deux particuliers, se disant aides de camp de M. de la Fayette, ont présenté le 13, à neuf heures du soir, au concierge des prisons

de l'abbaye, un faux arrêté du comité des racherches, sur lequel il a élargi M. Bonne Savardin, ainsi qu'il en a fait lui-même sa déclaration au

comité.

Ce concierge auroit dû être arrêté et décrété, sur sa propre déclaration; car le concierge de la prison militaire de l'abbaye Saint-Germain doit connoltre et connoît les aides de camp de M. de la Fayette; il connoît et doit connoître la signature des membres du comité. Si l'arrêté est faux, si les porteurs de l'arrêté sont de faux aides de camp, le concierge est nécessairement complice de l'évasion. Il faut d'abord procéder à un récolement de ce concierge avec tous les aides de camp du général, à la vérification de l'écriture de l'arrêté; il faudra ensuite exposer sous verre cet arrêté dans un lieu public où tout citoyen ait la faculté d'aller voir s'il reconnoît l'écriture.

Le comité des recherches va bientôt publier le rapport et les pièces justificatives de sa dénonciation. Mais Bonne Savardiu étoit la première pièce du procès, et ses co-accusés avoient le plus grand intérêt à la soustraire, ce qu'on n'eût certainement pas osé entreprendre si le parti ministé riel n'étoit pas prédominant,

Réclamations intéressantes.

I. Jean Muratet, garçon tapissier, garde national du district du petit Saint-Antoine, étoit propriétaire d'une action au porteur de 2500 livres, de l'ancienne compagnie des Indes. Elle lui a été volée; il a désigné cette action; il a prouvé qu'elle lui appartenoit.

Le sieur Guesdon, agent de change, se trouve nanti de cette action. Jean Muratet l'a interpellé judiciairement de déclarer de qui il l'avoit reçue.

Selon les réglemens de la compagnie de brigands, connus sous le nom d'agens de change, (je dis de

brigands, parce que j'ai prouvé ailleurs (1) que les agens de change avoient acheté du ministère le droit de voler impunément.) un agent de change n'est pas tenu de déclarer de qui il tient les actions, et le sieur Guesdon garde en conséquence l'action de Jean Muratet.

Cependant dès que celui-ci prouve qu'elle lui a été volée, qu'il déclare ne l'avoir point vendue si le sieur Guesdon persiste à céler celui de qui l'a reçue, il est clair que s'il n'est pas lui-même le voleur, il est le receleur, et que comme tel il doit être condamné à la restituer. Est-ce que les statuts de la compagnie des agens de change peuvent être opposés aux loix éternelles de la justice et de la raison? Est-ce qu'ils ont pu statuer entre eux qu'ils se donneroient des moyens de voler et de favoriser les vols ?

II y a long-temps que le public s'élève contre les abus de la bourse de Paris, et qu'il demande que les agens de change soient tenus,

1o. De ne plus prêter sur nantissement depuis 1 jusqu'à 2pour cent par mois.

2. D'avoir chacun un registre de leurs ventes et achats indicatifs des vendeurs et acquéreurs, et des numéros de leurs effets.

3. D'écrire sur le bordereau ou facture qu'ils délivrent au vendeur, le nom et la demeure de l'acquéreur, et sur le bordereau ou facture de l'acquéreur, les noms et demeure du vendeur.

En attendant que l'on force tous les agens de change à suivre des règles aussi sages, nous invitons le sieur Guesdon à se départir d'un article de réglement, dont la stricte observation, dans cette circonstance, jette sur sa probité un nuage qu'il lui est facile de faire passer (1).

(1) Vide n°. 8, page 43:

(2) Un aristocrate a fait peindre sur son écusson un

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II. Des officiers du régiment Royal - Comtois, condamnés, en 1773, pár un conseil de guerre tenu à Lille, ont publié un mémoire justificatif qu'ils ont présenté à l'assemblée nationale, qui les a admis à la barre. Le comité militaire est chargé d'en faire le rapport. Lorsque cette affaire aura 'été mise au grand jour, nos officiers aristocrates, ou, comme ils disent, royalistes, rougiront peut'être des sentimens anti-patriotiques qui les animent. Ils verront avec quel mépris pour eux, avec quelle barbarie le ministère consommoit un erime lorsqu'il l'avoit conçu ; ils verront ces officiers condamnés à 12 et 20 ans de prison, et au déshonneur, pour n'avoir pu se prêter à tous les caprices, et se plier à toutes les extravagances d'un fou nommé Lamotte Geffard, à qui on avoit donné le commandement de ce régiment dans l'autre hémisphère. «Sa majesté ne souffrira pas qu'on se permette le plus léger examen de la conduite de ceux qu'elle a honorés de sa confiance ». C'est avec gette bêtise despotique que l'on a repoussé pendant 17 ans les justes plaintes de trente-trois citoyens, dont plusieurs sont morts dans les horreurs de la captivité.

Il faudroit créer un tribunal exprès pour réformer, pour réparer les iniquités ministérielles et judiciaires de l'ancien régime. Des victimes qui souffrent depuis plusieurs années, auroient-elles le temps d'attendre que leur tour vienne d'être jugées par les tribunaux ordinaires que l'on va organiser?

III. Plusieurs papiers publics ont rendu compte d'une inculpation faite à la dame Veaufleury, libraire au palais royal, d'avoir vendu un libelle contre M. Philippe Bourbon Orléans. Elle réclame

nuage, et il a pris pour devise, il passera. Sans doute il passera si Eole-Chapelier fait sortir de l'antre du comité de constitution quelque vent ministériel.

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contre cette calomnie: « Le 9 juillet, nous écritelle, un particulier, dans le dessein de me perdre en me calomniant, vient lire devant ma boutique un libelle atroce contre M. Philippe d'Orléans. Le public s'amasse autour de lui, et est saisi d'une juste indignation contre cet ouvrage incendiaire. Le particulier dit alors à ceux qui l'environnoient, que cette brochure se vend chez moi, et que l'on y trouvera toute l'édition ; la foule augmente; ma boutique est assiégée de toutes parts; bientôt il est question d'y mettre le feu; quelques uns même font entendre le redoutable mot de lanterne; d'autres vont me dénoncer au district; la garde arrive; le caporal, sans égard pour les droits sacrés de citoyen, sans être muni d'aucun ordre, yeut m'emmener de force au corps de garde; enfin, un commissaire survient, on fait la visite la plus exacte, et on ne trouve pas un seul exemplaire de la brochure en question; alors la garde se retire, et la foule se dissipe peu à peu. Cette scène a duré deux heures; pendant deux heures j'ai été exposée aux outrages, aux menaces du peuple et aux violences du caporal, qui auroit dû savoir cependant que sa mission étoit de rétablir le calme, et non de l'augmenter, par une conduite aussi indécente que contraire aux droits de la liberté ».

Le public devroit être en garde contre des artifices qui peuvent avoir pour objet de venger des inimitiés particulières, sous l'apparence du bien public. La garde ayant pris toutes les précautions nécessaires pour s'assurer que rien ne sortiroit de la boutique de la dame de Veaufleury, jusqu'à l'arrivée du commissaire; le commissaire n'ayant point trouvé ce libelle, après la perquisition la plus exacte, pourquoi le commissaire et la garde n'ont ils pas arrêté les dénonciateurs? Est-ce qu'une calomnie qui expose un citoyen aux suites d'un soulèvement populaire, ne mérite pas une

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