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AVERTISSEMENT

DES ÉDITEURS.

L'OUVRAGE

OUVRAGE que nous publions nous a été déposé de la part de l'auteur au moment où la mort allait le surprendre.

Cet important travail nous paraît mériter un accueil favorable du public, surtout pour ses points de vue. Si le lecteur en désapprouve quelques-uns, il doit se rappeler que c'est Napoléon qui parle..

Ses partisans, malgré l'aveu de maintes fautes, y reconnaîtront une juste appréciation de son vaste génie. Ses ennemis

y trouveront une modération et une impartialité

trop rares dans le siècle où nous vivons.

Son style devant être celui d'une conversation improvisée, doit être plutôt familier qu'entaché de déclamations.

PROLOGUE.

DEPUIS long-temps les événements mémorables qui signalèrent le commencement du dix-neuvième siècle avaient retenti dans les

champs Élyséens. Les ombres de Pitt, de Thugut, celles de Kléber, de Moreau, de Nelson, de Lannes, et de tant d'autres braves moissonnés dans les combats, y avaient déja porté mille versions différentes sur les combinaisons auxquelles on attribuait tant de victoires et de revers. Les illustres habitants de ces régions mystérieuses attendaient avec impatience l'arrivée de l'homme extraordinaire qui avait été le principal moteur de ces événements, et qui seul pouvait en expliquer l'ensemble.

Déja la nouvelle de son exil à Sainte-Hélène et du traitement barbare qu'il y essuyait faisait prévoir sa prochaine fin. Déja la Parque homicide venait de saisir ses ciseaux.... l'impitoyable Atropos ne pouvait laisser échapper une si belle proie.

Enfin le 5 mai 1821, le ciel pur et serein de

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l'Elysée se couvre tout à coup de nuages; les flots de l'Achéron en courroux, les vents déchaînés, signalent une apparition extraordinaire. Chacun se précipite sur la rive par un sentiment commun d'intérêt et de curiosité. Bientôt en effet on voit flotter l'esquif du morne et silencieux Caron; il approche et dépose l'ombre de Napoléon le..... Tous se pressent pour le voir; Alexandre, César, Frédéric, sont aux premiers rangs, et à eux seuls appartient le droit de l'interroger..... Aux félicitations d'usage succèdent bientôt les questions les plus pressantes. Alexandre, qui des montagnes de la Macédoine a couru jusque dans l'Inde, mais qui a su en revenir victorieux, s'étonne de la retraite de Moscou et cherche à en apprendre les causes. César, qui mourut invaincu, demande compte des fautes de Leipsick et de Waterloo. Frédéric, si grand dans les revers, si mesuré dans ses entreprises, veut qu'on lui explique la prompte destruction de sa monarchie et sa brillante résurrection en 1813....

Entouré de ce noble aréopage, Napoléon se recueille un instant et commence en ces termes.

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