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et la manie de vouloir occuper toute l'Italie. Schérer la dispersa encore depuis Pizzighetone à Lecco. La droite, sous Montrichard, fut même jetée à la rive droite du Pô pour couvrir Modène, Bologne, ou entrer en communication avec la Toscane et Rome.

Le Directoire justement irrité contre son général le rappela. Moreau prit le commandement dans la nuit du 25 avril, et fut attaqué, dès le point du jour, sans avoir eu le temps de rectifier ses positions. Quoique les alliés eussent employé 35 mille hommes à bloquer Mantoue, Peschiera et Ferrare, il leur en restait encore 54 mille sur l'Adda. Couvrir une ligne de 20 lieues avec 28 mille hommes contre une force double est une chose impossible : les détachements de Moreau, assaillis le 27 avril à Cassano et Vaprio, sont percés par le centre; et Serrurier, coupé vers la gauche à Verderio, se voit dans la dure nécessité de mettre bas les armes. Suwarof fait deux jours après son entrée à Milan. Moreau, qui a ramèné à peine 20 mille hommes sur le Tésin les divise ensuite sur Valence et Turin. Suwarof passe le Pô à Plaisance pour se porter sur Alexandrie. Kray s'est chargé du blocus de Mantoue. Le comte de Hohenzollern attaque successivement les places de Peschiera et Orci-Novi, qui succombent en peu de jours.

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On le charge alors du siége de la citadelle Milan, et d'observer les troupes revenant Grisons dans la Valteline. Kaim bloque Piz ghetone, qui se rend presque sans coup-fé Klénau, à l'aide d'une puissante flotille arm à Venise, secondé en outre par la défection général Lahoz et par l'insurrection des provin voisines, attaque Ferrare. Tout l'édifice q j'avais construit en Italie s'écroulait avec u effrayante rapidité.

Le Directoire, voyant le danger dont le men navale de cait la nouvelle coalition, résolut une expéditi maritime, dans le triple but de réunir les escadr de Brest avec celles des Espagnols dans la M diterranée, de retirer l'armée d'Égypte, et retourner dans l'Océan pour tenter l'expéditio d'Irlande, si long-temps projetée. D'autres pr tendent qu'il voulait au contraire prendre e Italie des troupes à bord, afin de me renforce en Égypte, mais que la mauvaise tournure de affaires et notre expulsion de la Lombardi l'avaient forcé à changer de projet. Quoi qu' en soit, Bruix cingla, au commencement d'avril avec 25 vaisseaux, de Brest à Cadix; fit lever l croisière de l'amiral Keith, puis vint à Toulon Il en sortit de nouveau, le 30 mai; se réunit, Carthagène, aux forces espagnoles sous Massa redo; navigua, avec 50 vaisseaux, sans ravitaille

Macdonald évacue

Naples.

Malte, sans secourir l'Égypte, en un mot, sans rien entreprendre, et vint s'enfermer avec la flotte espagnole à Brest. Keith, renforcé jusqu'à 48 vaisseaux, le chercha vainement dans la Méditerranée, et le suivit jusque devant Brest. Cette promenade, qui n'eut d'autre résultat que d'amener l'escadre espagnole comme en ôtage à Brest, et de concentrer tous nos moyens dans ce port pour les y laisser investir et pourrir, est encore une énigme aux yeux de tous les marins. Pendant qu'on nous chassait ainsi des Grisons L'armée de et de la haute Italie, Macdonald, qui avait succédé à Championnet, après avoir guerroyé à Naples, dans les Abruzzes et la Pouille, contre les débris des Napolitains et une multitude insurgée, venait de recevoir l'ordre tardif de remonter vers le Pô, et marchait sur Rome. Suwarof détacha la division Ott sur Modène pour l'observer. Une flotte russo - turque soumettait les îles Ioniennes et assiégeait Corfou. La perte de l'armée de Naples semblait certaine; on avait ajouté à la faute de son rappel tardif l'ordre de laisser des garnisons dans les forts, à Naples, à Gaëte, à Capoue, à Civita-Vecchia et à Rome, ce qui était une nouvelle absurdité.

Moreau s'était convaincu à Turin, que la capitale d'un royaume subjugué ne saurait être bien disposée pour un vainqueur qui la réduit au

Suwarof entre

à Turin.

Masséna est

chassé des

rôle de ville de province; il avait dû jeter garnison dans la citadelle, et se concentrer vers Valence et Alexandrie, afin de couvrir Gênes et les passages de l'Apennin, dont la conservation était indispensable pour sauver Macdonald et l'armée de Naples. Suwarof avait suivi Moreau par la rive droite du Pô et la route d'Alexandrie. Son avant-garde prit le chemin de Valence sur Turin par la rive gauche. Celle-ci, trop ardente, veut passer le fleuve sans ordre à Bassignano pour insulter le camp français vers Valence; mais, abordée à propos par les 18 mille hommes qui restaient à Moreau, elle est culbutée avec perte.

Cette échauffourée et la belle défense de Moreau vers Marengo et Alexandrie n'empêchèrent pas Suwarof de passer de nouveau le Pô à Cambio, et d'entrer, le 27 mai, en vainqueur à Turin, dont les habitants attaquèrent la garnison, de concert avec l'avant-garde de Wukassowich. Moreau arrive à Asti, entouré d'ennemis et d'insurgés qui venaient de surprendre Ceva, et d'intercepter ainsi sa dernière communication. Il résolut de réunir ses forces sur l'Apennin, en se frayant une issue pour joindre la division Pérignon, qui gardait la Ligurie.

Tandis que ces choses se passaient en Italie, Grisons. Masséna, pressé de toutes parts dans les Grisons, s'en tirait à meilleur marché qu'on n'aurait

dû le supposer. Las d'une inaction de cinq semaines (du 27 mars au 30 avril), les Autrichiens avaient enfin combiné l'attaque du fort de Lucisteig pour le 1er mai, de concert avec le parti des Grisons qui les appelait. Mais Hotze s'y prit si mal, qu'une de ses colonnes, débouchant avant les autres, sous les ordres du général St.-Julien, tomba au milieu de la division Ménard, qui l'enveloppa et lui fit rendre les armes. Une insurrection redoutable éclate le même jour dans toutes les Alpes, depuis Coire jusqu'à Schwitz et Altorf: Masséna est forcé d'envoyer la division Soult tout entière pour soumettre ces deux petits cantons et rétablir la communication avec le St.-Gothard.

Lecourbe, aventuré dans l'Engadine, y tenait tête aux forces supérieures de Bellegarde, et se couvrait de gloire à Zernetz, tandis que la mince division laissée par Dessolles en Valteline, sous les ordres de Loison, essuyait les attaques de la droite de Suwarof. Il semblait perdu, car tôt ou tard l'ennemi percerait, par Coire, sur Dissentis, ou par les bailliages italiens sur le St.-Gothard.

Lecourbe voit qu'il ne lui reste pas de parti plus sûr que celui de dégager d'abord Bellinzona menacé par le comte Hohenzollern. Il marche sur Taverne, et en chasse le prince de Rohan,

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