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Pour bien faire comprendre ceci, je donnerai un exemple tiré du barreau. Dans une Cour de Justice où la question seroit l'innocence ou le crime d'un accusé, le sophiste, au lieu d'examiner les preuves du fait, se jeteroit sur l'ancienneté de la famille de l'individu, sur les services de ses ancêtres, sur la gloire dont ils se sont couverts, sur la fortune qu'il possède et l'usage qu'il en a fait, sur la faveur de l'opinion publique, sur les recommandations du Prince, sur les erreurs des tribunaux, sur l'incertitude

des preuves en général; et il composeroit un plaidoyer tiré de considérations dont aucune ne se rapporteroit directement au fait dont il s'agit.

D'après ce caractère, commun à tous les sophismes, on peut anticiper les conclusions suivantes, qui seront justifiées par l'examen de chacun d'eux en particulier.

1. Les sophismes fournissent une présomp→ tion légitime contre ceux qui s'en servent. Ce n'est qu'au défaut de bons arguments qu'on peut avoir recours à ceux-là.

2.o Par rapport à de bonnes mesures, ils sont inutiles; du moins, ils ne peuvent pas être né

cessaires.

3. Non-seulement on peut les appliquer à

l'état d'une personne qui entretient une opinion fausse; le sophisme est un instrument d'erreur. les

Parler du bon vieux temps, croire que anciens, comme anciens, étoient plus sages, plus habiles que les hommes d'aujourd'hui, ce sera, par exemple, une erreur vulgaire. Se prévaloir de ce préjugé, s'en servir pour combattre des innovations utiles ou pour défendre des institutions vicieuses, ce sera sophisme.

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Chaque sophisme a son caractère particulier, mais ils ont tous un caractère commun, celui d'être étrangers à la question. La question, dans une Assemblée politique, doit toujours être celle-ci la mesure proposée est-elle bonne ou mauvaise? Il s'agit de calculer ses effets, de comparer les biens et les maux qu'elle peut produire autant de biens, autant d'arguments en sa faveur; autant de maux, autant d'arguments contre elle. Le Sophisme allègue pour ou contre une loi toute autre chose que la considération de ses effets; il tend à détourner l'esprit de ce point de vue, à lui en substituer quelque autre, et à juger la question sans égard à son mérite intrinsèque (1)..

(1) Voyez Traités de législation. Tom. I. Page 108. Des fausses manières de raisonner en matière de loi.

Pour bien faire comprendre ceci, je donnerai un exemple tiré du barreau. Dans une Cour de Justice où la question seroit l'innocence ou le crime d'un accusé, le sophiste, au lieu d'examiner les preuves du fait, se jeteroit sur l'ancienneté de la famille de l'individu, sur les services de ses ancêtres, sur la gloire dont ils se sont couverts, sur la fortune qu'il possède et l'usage qu'il en a fait, sur la faveur de l'opinion publique, sur les recommandations du Prince, sur les erreurs des tribunaux, sur l'incertitude des preuves en général; et il composeroit un plaidoyer tiré de considérations dont aucune ne se rapporteroit directement au fait dont il s'agit.

D'après ce caractère, commun à tous les sophismes, on peut anticiper les conclusions suivantes, qui seront justifiées par l'examen de chacun d'eux en particulier.

1.o Les sophismes fournissent une présomption légitime contre ceux qui s'en servent. Ce n'est qu'au défaut de bons arguments qu'on peut avoir recours à ceux-là.

2.° Par rapport à de bonnes mesures, ils sont inutiles; du moins, ils ne peuvent pas être né

cessaires.

3. Non-seulement on peut les appliquer à

les

l'état d'une personne qui entretient une opinion fausse; le sophisme est un instrument d'erreur. Parler du bon vieux temps, croire que anciens, comme anciens, étoient plus sages, plus habiles que les hommes d'aujourd'hui, ce sera, par exemple, une erreur vulgaire. Se prévaloir de ce préjugé, s'en servir pour combattre des innovations utiles ou pour défendre des institutions vicieuses, ce sera sophisme.

Chaque sophisme a son caractère particulier, mais ils ont tous un caractère commun, celui d'être étrangers à la question. - La question, dans une Assemblée politique, doit toujours être celle-ci la mesure proposée est-elle bonne ou mauvaise ? Il s'agit de calculer ses effets, de comparer les biens et les maux qu'elle peut produire autant de biens, autant d'arguments en sa faveur; autant de maux, autant d'arguments contre elle. Le Sophisme allègue pour ou contre une loi toute autre chose que la considération de ses effets; il tend à détourner l'esprit de ce point de vue, à lui en substituer quelque autre, et à juger la question sans égard à son mérite intrinsèque (1)..

(1), Voyez Traités de législation. Tom. I. Page 108. Des fausses manières de raisonner en matière de loi.

Pour bien faire comprendre ceci, je donnerai un exemple tiré du barreau. Dans une Cour de Justice où la question seroit l'innocence ou le crime d'un accusé, le sophiste, au lieu d'examiner les preuves du fait, se jeteroit sur l'ancienneté de la famille de l'individu, sur les services de ses ancêtres, sur la gloire dont ils se sont couverts, sur la fortune qu'il possède et l'usage qu'il en a fait, sur la faveur de l'opinion publique, sur les recommandations du Prince, sur les erreurs des tribunaux, sur l'incertitude des preuves en général; et il composeroit un plaidoyer tiré de considérations dont aucune ne se rapporteroit directement au fait dont il s'agit.

D'après ce caractère, commun à tous les sophismes, on peut anticiper les conclusions suivantes, qui seront justifiées par l'examen de chacun d'eux en particulier.

1. Les sophismes fournissent une présomption légitime contre ceux qui s'en servent. Ce n'est qu'au défaut de bons arguments qu'on peut avoir recours à ceux-là.

2. Par rapport à de bonnes mesures, ils sont inutiles; du moins, ils ne peuvent pas être né

cessaires.

3. Non-seulement on peut les appliquer à

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