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enseigner. De nombreux Traités de l'art oratoire, composés par des Écrivains du premier ordre, renferment les instructions les plus méthodiques, les plus raffinées sur l'art de ménager les passions, de gagner les cœurs, de présenter une cause sous l'aspect le plus favorable, de produire enfin sur l'esprit des Juges une impression conforme au but de l'Orateur.

Il est vrai que ces grands maîtres d'éloquence ne sont point, comme M. Gerard Hamilton, des professeurs d'immoralité. Ils ne veulent qu'expliquer les meilleurs moyens de prouver et de réfuter, d'attaquer et de défendre, de plaire et de persuader. L'usage qu'on fait de leurs instructions ne dépend pas d'eux, et ils n'en sont point responsables. Ils ressemblent parfaitement, à cet égard, à ces auteurs de Tactique militaire qui ne prennent parti pour personne, et qui n'entrent pas dans la question de la légitimité d'une guerre.

Après tant de beaux esprits, qui ont enseigné indifféremment l'art d'instruire

et l'art de séduire, le temps est venu de soumettre tous ces moyens oratoires à l'examen de la saine morale, de signaler tous les artifices qui ne tendent qu'à égarer la raison, et d'assurer aux délibérations politiques la dignité et l'utilité qu'elles ne peuvent recevoir que de la vérité et de la

vertu.

Il ne s'agit donc plus ici de ces sophismes de mots qui ne sont des piéges que pour des novices, mais de ces sophismes de principes qui ne conservent que trop un empire de préjugé ou d'habitude sur des hommes faits. Les premiers ne peuvent servir qu'à la dispute dans les écoles, et n'entraînent point d'erreurs de pratique. Les autres sont des instruments de parti dans les Assemblées délibérantes, et ils influent sur le bonheur des Nations.

J'entends les railleries des prétendus Sages. Former une Assemblée d'Orateurs sans sophismes, de bons Logiciens; élever un Corps nombreux à un degré de raison et de perfection qu'on n'attend pas même d'un individu; supposer que l'amour de

de force, plus de persév
ont dans la poursuite
traites, s'il leur fourn
qu'une attention com.
gérer, et dans une fo
parce qu'elle est touj
c'est un objet de reg
il n'appartient qu'à
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prendre ceci, je donnerai barreau. Dans une Cour de ion seroit l'innocence ou le , le sophiste, au lieu d'exa, du fait, se jeteroit sur l'anamille de l'individu, sur les ncêtres, sur la gloire dont ils , sur la fortune qu'il possède et fait, sur la faveur de l'opinion ies recommandations du Prince, des tribunaux, sur l'incertitude a général; et il composeroit un de considérations dont aucune eroit directement au fait dont il

caractère, commun à tous les sopeut anticiper les conclusions suii seront justifiées par l'examen de ux en particulier.

sophismes fournissent une présompime contre ceux qui s'en servent. Ce au défaut de bons arguments qu'on peut cours à ceux-là.

'ar rapport à de bonnes mesures,

ils sont

s; du moins, ils ne peuvent pas être né

res.

Non-seulement on peut les appliquer à

l'état d'une personne qui entretient une opinion fausse; le sophisme est un instrument d'erreur. Parler du bon vieux temps, croire anciens, comme anciens, étoient plus sages, que les plus habiles que les hommes d'aujourd'hui, ce sera, par exemple, une erreur vulgaire. Se prévaloir de ce préjugé, s'en servir pour combattre des innovations utiles ou pour défendre des institutions vicieuses, ce sera sophisme.

celui

Chaque sophisme a son caractère particulier, mais ils ont tous un caractère commun, d'être étrangers à la question.- La question, dans une Assemblée politique, doit toujours être celle-ci : la mesure proposée est-elle bonne ou mauvaise? Il s'agit de calculer ses effets, de comparer les biens et les maux qu'elle peut produire autant de biens, autant d'arguments en sa faveur; autant de maux, autant d'argu

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la con

ments contre elle. Le Sophisme allègue pour ou contre une loi toute autre chose sidération de ses effets; il tend à détourner que l'esprit de ce point de vue, à lui en substituer quelque autre, et à juger la question sans égard à son mérite intrinsèque (1)..

(1), Voyez Traités de législation. Tom. I. Page 108. Des fausses manières de raisonner en matière de loi.

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