s'y traitent relativement à toute l'Europe en gé néral, & à l'Allemagne en particulier. Les lettres de Conftantinople n'offrent que les détails fuivans à la curiofité. Le Conful de Ruffie qui réfide à Bucchareft, une de principales Villes de la Wallachie, a porté des plaintes au Grand Seigneur contre I'Hofpodar, qu'il accufe de vexer les peuples qu'il gouverne par des extorfions. S. H. a trouvé fingulier qu'un étranger pri: la défense de fes propres fujets, & le mélât des affaires intérieures du Gouvernement d'une province Ottomane; elle avoit quelque répugnance à faire attention à fes repréfentations. Cependant les circonftances exigeoient des ménagemens il a été tenu une affemblée du Divan fur ce fujet. On ignore les détails de ce qui s'y eft paflé; mais on en fait le résultat : il a été envoyé à l'Hofpodar défenfe de paffer les limites dans la perception des droits. Cependant les politiques ottomans voient avec inquiétude une pareille démarche de la part d'un Conful Ruffe: elle leur fait craindre de fa part de cette Puiffance des vues fur la Wallachie, & que la protection accordée à fes habitans ne tendent à préparer les efprits à quelque révolution femblable celle qui vient de fe paffer dans la Crimée & dans Je Cuban. On parle de mouvemens qui fe font du côté des frontieres d'Arménie par le Prince Héraclius : c'eft après des nouvelles reçues de ce côté, que l'on a expédié les ordres pour faire fortifier les deux villes arméniennes de Kars & d'Akatifique, qu'il en a été envoyé d'autres au Bacha d'Erzerum de raffembier des troupes, de les employer à leur défenfe. Ces mouvemens du côté de l'Afie ont rallenti les arme mens maritimes, & donné lieu à des recrues en Europe pour les faire paffer en Afie. Le grand Vifir, toujous occupé de ce qui intéresse le bien de l'Empire, s'occupe des moyens de mettre en état de défenfe les provinces européennes. La fortereffe d'Oczacow doit être ceinte de nouvelles fortifications, & avoir toujours une garnison plus nombreufe que ci-devant. On doit faire les mêmes travaux à toutes les autres places fronzieres. Les forts qu'on a commencés à l'embouchure du canal dans la mer Noire font déja bien avancés; lorfqu'ils feront finis, ils défendront l'entrée de ce canal, où il ne fera plus poffible à aucun vaiffeau, en tems de guerre, de paffer fans permission. On a parlé précédemment de la révolution dans l'adminiftration Danoife; une lettre de Copenhague qui paroît dans tous les Papiers publics, en préfente ainfi les détails. Les circonftances relatives à la révolution nagueres arrivée dans cette Cour fe développent de plus en plus. L'on croit même que les fuites de cet événement important ne feront gueres moins intéreffantes que celles de la révolution de 1772: c'est le Prince-Royal feul qui l'a terminé. Touché de la fituation où fe trouvoit le Roi, irrité de la contrainte où lui-même étoit affujetti par la Reine Douairiere & fon fils, il forma la réfolution de brifer fes propres entraves & celles de fon illuftre Pere, qui, à cet effet, adopta S. A. R. pour Co-Régent. Ce jeune Prince prit des mefures fi juftes, garda fi bien le fecret, que perfonne n'en foupçonna rien, qu'au moment où il exécuta heureufement le plan qu'il avoit conçu. Le 14 du mois paffé vers le foir, le Confeil d'Etat étant, comme à l'ordi naire, affemblé chez S. M. le Prince Royal en ouvrit la féance par cette Déclaration : Que la mauvaise fanté du Roi empêchant fouvent S. M. de développer toute fon activité: S. A. R., en fa qualité d'héritier, croyoit être le premier qui dût affifter le Roi, fon Pere, dans le gouvernement de fes Etats. Il produifit enfuite un écrit, & le préfenta au Roi pour le figner: S. M. déclare dans cet écrit, le Prince Royal pour Co- Régent, avec cette claufe exprefle Que tous les Ordres du Cabinet, pour être valables, feroient à l'avenir aufli fignés par S. A. R. Le Prince Frederic, frere uterin de S. M., fe donna, il eft vrai, bien des mouvemens pour engager le Roi à ne pas ratifier cet écrit. Mais fur les inftances preffantes du Prince Royal', S. M. le figna & le rendit à S. A. R., qui, après s'être profondement incliné, baifa la main de fon Augufte Pere, & retourna à la place. Ce Prince donna fur-le-champ une preuve du pouvoir fuprême que le Roi venoit de lui conférer, en remerciant tout le Confeil d'Etat-Privé, l'exception de deux Membres, le Comte Thott & M. Schack Rathlovv. On envifage en général cette révolution importante comme l'avantcoureur d'événemens beaucoup plus confidéra bles encore, & prêts à éclore. Le Prince promet infiniment par fon élévation d'efprit, fa conduite prudente, & en particulier par une connoiffance peu commune des hommes, & il vient d'en donner une preuve non équivoque dans le choix des Miniftres d'Etat & des Confeillers qu'il a nommés. Tous font avantageufement connus par leur patriotisme, par leurs qualités excellentes ; & c'étoit, avec regret, que le Public éclairé les avoit vu difgraciés par l'administration précédente, & éloignés de la Cour. On obe as ferve avec beaucoup de fatisfaction, chaque fois que le Prince Royal paroît en public, que les habitans l'entourent de tous côtés, font des vœux finceres pour fa confervation, & le comblent de bénédictions. On a préfenté des tableaux de la population de divers Etats de l'Empire; un papier public offre les détails fuivans fur celle d'une partie des Etats de l'Electeur Palatin, Duc de Baviere. Il porte la population des Duchés de Juliers & de Berg, & du Comté de Ravenftein, à 400,000 ames, celle du Palatinat Electoral à 300,000, du Duché de Neubourg à 100,000, & du Duché de Baviere à 879,898. Dans ce total qui eft de 1,679,898, on ne comprend pas la population du haut Palatinat, du Landgraviat de Leuchtenberg, du Duché de Sulzbach, de la Seigneurie de Mindelheim, du Margraviat de Bergopzoom, des Seigneuries & Comtés dans les cercles de Baviere, de Franconie & de Souabe, & du grand Balliage d'Unestadt qui eft encore confidérable. Mais les liftes qu'on en a données jufqu'à préfent font peu exactes. Les revenus de l'Electeur pour les Duchés de Juliers & de Berg, & le Comté de Ravenftein, montent à deux millions & demi de florins ; ceux du Palatinat, du Duché de Sulzbach & de Neubourg, a deux millions, & ceux de la Baviere à cing, ce qui fait en tout neuf millions & demi de florins, qui font plus de vingt millions & demi de livres tournois. Le même papier affure que les dettes de la Baviere feront toutes payées à la fin de 1791, en conféquence des arrangemens pris pour leur extinction, ITALIE. DE FLORENCE, le 30 Avril. Le nouveau Cimetiere conftruit hors de cette ville eft terminé; le 27 il a été béni par l'Archevêque de cette ville, & c'eft demain qu'on commencera à en faire ufage; le Réglement publié à cette occafion par le Grand-Duc, contient les difpofitions fui vantes. A compter du 1 Mai prochain on ne fera plus aucune inhumation dans Florence; on n'excepté aucun habitant, quelque foit fon rang, fi ce n'efttles Religieufes qui continueront d'être enterrées dans les fépultures qu'elles ont dans l'en. ceinte de leurs cloîtres. Toutes celles qui exiftent dans les Eglifes tant dans la ville que dehors feront fermées. Les cadavres feront tranfportés par les compagnies qui en ont pris l'engagement dans le dépôt de Sainte Catherine chaque foir, & dela on les portera avant le jour au cimetiere; ceux de l'Hôpital de Sainte-Marie-neuve ne pafferont point au dépôt & feront portés directement au cimetiere. Lorfque la justice ordinaire ou les parens défireront l'ouverture d'un cadavre, elle ne fera faite que dans ledit hôpital où il fera transporté pour être porté enfuite directement dela au cimetiere. Toutes les céré→ monies religieufes des funérailles fe feront au dépôt; un chapelain avant leur départ pour le cimetiere les bénira, & perfonne ne les accompagnera. Comme l'heure du transport des cadavres au dépôt eft fixée on ne pourra pas |