Page images
PDF
EPUB

rendre compte de mes geftions en qua'ité de Capitaine général de l'Union, à personne qu'à L. H. P., je fuis prêt, pour marque de ma déférence aux volontés de L. N. & G. P., de leur donner, fi elles le desirent, ouverture des raisons & motifs qui m'ont engagé à ne point envoyer un grand nombre de troupes vers les frontieres, avant la prise de la réfolution du 7 du courant. Quant à l'acte paffé entre le fufdic Seigneur Duc & moi le 3 Mai 1766, mais que je n'ai jamais att té par ferment, je m'étois déja propo fé par moi-même, en apprenant les bruits défavantageux & deftitués de tout fondement qui se répandoient, de ne le plus tenir fecret, & je ne manquerai point de communiquer fous peu de jours, une copie authentique dudit acte à L. N. &G. P. !

Les lettres de la Haye rendent ainfi compte du Jugement rendu dans l'affaire de l'Enfeigne de Witte, du jardinier van-Brackel, & de fon exécution.

Le premier, qui étoit en prifon depuis le 27 Septembre 1782, a été déclaré déchu de fa charge militaire, condamné à être enfermé dans une place de fûreté pendant fix ans, au bout defquels il fera banni pour toujours de Hollan 'de, Zélande, Frife & Utrecht. Qnant au Jardinier, prifonnier depuis le 15 Octobre de la même année, il a été condamné à être conduit la corde au cou fous la potence, à y être fouetté & marqué, à être enfermé ensuite dans une maison de correction pendant vingt-cinq ans, pour y gagner fa vie & fon entretien par le travail de fes mains. Après ce terme, il eft banni des quatre Provinces fufdites fous peine de mort. Le malheureux a subi fa Sentence le 21 du mois dernier.

Des lettres poftérieures de la Haye portent, que le 20 du mois dernier au foir, l'Ambaffadeur de France fe rendit chez des Membres du Gouvernement, pour leur annoncer que fa Cour n'avoir aucune répugnance à intervenir par fes bons offices entre l'Empereur & L. H. P., pour l'applaniffement des différends élevés entre ces deux Etats. Sur cette communication intéreffante, une députation de L. H. P., à la tête de laquelle étoit le Préfident de femaine, fe rendit chez l'Ambassadeur pour lui porter les témoignages de la reconnoiffance de l'Etat.

Le 11 de ce mois, écrit-on de Berlin, le Roi vint ici de Charlottembourg pour faire un vifite à la Princeffe Amélie; il a donné le même jour audience à Charlottembourg, à MM. les Prince's de Lambefc & de Vaudemont, ainfi qu'aux autres Officiers François qui s'y étoient rendus. Le 12, à cinq heures du matin, S. M. paffa en revue tous les régimens en garnifon dans cette Ville, & retourna à Potsdam : la santé s'est rétablie, & elle ira faire la revue des troupes affemblées à Magde bourg, à Cuftrin & dans la Poméranie. Elle par tira le 25 Mai, & reviendra le 12 Juin.

PRECIS DES GAZETTES ANGL.

Au milieu des troubles & des mécontentemens de l'Irlande, on ne néglige pas les plaifirs à Dublin; le Dire&eur du théâtre de cette ville a engagé Miftriff Siddon à y faire un voyage; & le traité qu'il a fait avec elle, eft de lui donner 24000 liv. fterl. pour 22 repréfentations. Mif

triff Siddon en fe rendant à Dublin, paffera à Edimbourg, où elle donnera 12 représentations, dont la derniere fera à fon profit.

On s'attend à quelques mouvemens dans les places de l'adminiftration. On prétend que le comte de Shelburne fera fait premier Lord de la Trélorerie, & que M. Henri Dundas aura une place de Secrétaire d'Etat.

Quelques lettres de Madras portent que l'avarice a fait un tel progrès, qu'à peine le Gouver neur donne-t-il, & rarement, une poignée de riz à un defcendant de Tamerlan, qui vient mendier à fa porte. Vingt Zemindars demandent fur les grands chemins ; & leurs femmes, abandonnées aux horreur de la pauvreté font forcées, pour vivre, de faire le métier de courtifannes.

Nos papiers prétendent qu'il y a une négociation entre l'Impératrice de Ruffie & les EtatsGénéraux pour une ceffion à faire par ces derniers au moyen d'un équivalent d'une Ifle dans les Indes Occidentales. On dit que ce fera celle de S. Martin & on ignore comment les autres puiffances regarderont ces arrangemens. Les Ruffes s'occupent à donner à leur commerce toute l'extenfion dont il eft fufceptible; ils ont toujours défiré des poffeffions en Amérique & en Afie, & dans la Méditerranée; fi Minorque n'avoit pas été pris par les Espagnols, peut-être en feroitelle maîtreffe à préfent; & on eft perfuadé que lorfque cette ifle nous a été enlevée, il y avoit une négociation ouverte qui en auroit donné la propriété à la Ruffie.

GAZETTE ABRÉGÉE DES TRIBUNAUX.

PARLEMENT DE PARIS, GRAND'CHAMBRE. Caufe entre la dame T.... & le fieur T... Son mari. Séparation de corps.

La féparation de corps eft un moyen que la

Juftice n'emploie qu'avec ménagement; par exemple lorfque la patience d'une femme a été mife à l'épreuve pendant un certain tems, qu'elle n'a plus aucun espoir de ramener fon mari à des fentimens plus doux; qu'il y a même un danger imminent de la laiffer au pouvoir d'un homme qui ne ceffe de la maltraiter. D'après ces principes, il eft difficile d'accueillir favorablement une demande en féparation, formée après fix mois de mariage; & il faudroit que le caractere d'un mari fùt bien violent & bien intraitable pour donner lieu. dans un fi court espace, à un éclat auffi funefte. Si les femmes étoient de bonne foi, elles avoueroient que ce font presque toujours des confeils étrangers qui préparent ces divifions, & qui menent par degré à la perverfité, un cœur pur, une ame innocente, faite pour fuivre fans contrainte le chemin de la vertu : dans une femblable occurrence, quel parti doit prendre la Justice? C'eft, avant faire droit définiti vement fur la demande en féparation, d'autorifer la femme à demeurer penda nt un délai fixé dans une maifon décente, où le mari, en prétence de témoins, ait la liberté de voir fa femme, de lui prouver qu'il n'eft pas indigne de fon amitié. C'eft le parti que la Cour vient de prendre dans la caufe de la dame T... mariée au mois de Janvier 1783, & qui avoit formé fa demande en féparation des les premiers jours de Juillet, fur des motifs de févices, d'injures & de mauvais traitemens, & de diffamation. La cause plaidée au Châtelet, Sentence y eft intervenue le zo Décembre 1783, qui a admis les Parties à la preuve des faits refpectifs, a appointé en droit fur le fonds, & a joint à l'appointement les enquêtes à faire. Sur l'appel en la Cour, Arrêt du 20 Mars 1784, qui furfeoit à faire droit

pendant un an, pendant lequel tems la dame T... Tera tenue de fe retirer dans une maifon indiquée par une assemblée de parens, tenue en préfence d'un Commiffaire de la Cour. Perinet au mari de la voir en préfence defdits parents: ordonne qu'elle fera payée pendant ladite année d'une penfion, tant pour elle que pour fon enfant qu'elle eft autorisée à conferver: dépens compenfés.

Caufe extraite du Journal des caufes célébres.

PARRICIDE exécuté en Flandres.

Les philofophes qui ont obfervé avec plus d'attention la marche des paffions; ceux qui ont pénetré, pour ainfi dire, dans l'abîme du cœur humain, s'accordent tous à regarder comme un phénomène, qu'un homme vertueux devienne tout à coup un fcélérat. Cette opinion honorable pour le genre humain, a été adoptée dans tous les temps. Il faut avouer cependant que cette règle, admife en morale, n'eft pas, malheureusement, fans exception. La Flandre vient de voir expirer, dans les tourmens du plus cruel fupplice, un monftre qui paroît avoir franchi brufquement la ligne qui fépare la vertu du crime. Quelques inftans avant fon forfait, c'étoit, dit-on, un citoyen irréprochable. - Jean-Baptifte Lacquemant deineuroit à Beuvry, dépendance de Marchienne. Si l'on en croit tous les habitars du canton, il étoit l'exemple du village. Ennemi de toute espece de diffipation, & fur tout de ces fêtes de cabaret auxquelles les gens du peuple ne le livrent que trop fouvent, il n'étoit occupé que de travaux ruftiques, des pratiques religieufes & du bonheur de fa famille (car il joignoit à la qualité d'homme réputé vertueux, le mérite d'être époux & pere); il jouissoit enfin de la paix

« PreviousContinue »