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jamais des nouvelles du Caton & de l'Amiral Hyde Parker; on conjecture que ce vaisseau a péri fur les côtes de Malabar; l'équipage d'un bâtiment Indien des Ifles de Lacquedives, arrivé à Bombay, rapporte qu'il a vu un vaiffeau brûlant auprès de ces côtes, à une époque où l'on fuppofe que l'Amiral Parker étoit en route pour aller fe réparer à Bombay des dommages qu'il avoit effuiés dans une tempête durant les mouffons. Cet Amiral eft très - regretté. Ce n'étoit point des motifs d'ambition mais l'état de fa fanté qui lui avoit fait accepter le commandement dans l'Inde. Attaqué depuis longtemps d'un asthme, il n'avoit éprouvé de foulagement que dans les climats chauds.

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Des lettres de Bombay, arrivées par le dernier Courier, nous apprennent qu'en Novembre der nier, cette Ifle avoit été infectée de grenouilles qui ont dévoré les herbes & le petit poiffon : elles fe font répandues dans tous les étangs, par quantité incroyable. Quelques unes pefoient de quatre à cinq livres, & avoient deux pieds de longueur depuis l'extrêmité des bras jufqu'à celle des pattes, dans toute leur extenfion. Quelque extraordinaire que paroiffe cet événement,on peut compter fur fon authenticité.

Selon des lettres du Bengale, les Danois ont formé dernierement un nouvel établiffement fur la rive orientale du Molveira, qui eft une des branches du Gange; ils ont obtenu pour cet effet une permiffion du Grand-Mogol auquel le Roi de Dannemark avoit envoyé un Ambassadeur qui eft encore à Dehli. Le nouveau fort qu'ils ont

bâti s'appelle Fridéricksbourg; il eft peuplé par des Colons qui ont été envoyés d'Elseneur & du Duché de Holftein. On a formé la garnifon de quelques troupes européennes qu'on a tirées de Tranquebar fur la côte de Coromandel. Ce nouvel établiffement, fitué dans cet endroit, eft à 200 mille de Calcutta, ce qui n'eft peut-être pas fans inconvénient. Mais ils font compenfés par les grandes apparences de profit qu'il préfente & qu'il doit avoir naturellement par fa pofition dans le cœur du pays où le trafic avec les naturels eft plus confidérable & plus avantageux que fur les côtes.

FRANCE.

DE VERSAILLES, le Juin.

Le 22 du mois dernier, la Comteffe Jofeph de la Ferronnays eut l'honneur d'être préfentée aų Roi & à la Reine par Madame Adélaïde de France, en qualité de Dame pour accompagner cette Prin, -ceffe. Le 23 la Ducheffe de Caylus eut l'honneur d'être préfentée à L. M. & à la Famille Royale, par la Ducheffe de Caylus douairiere, & de prendre le tabouret. La Vicomteffe de Béthify fut auffi préfentée par la Comtesse de Béthify.

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Le même jour L. M. & la Famille Royale fignerent les contrats de mariage du Vicomte de Lons, Capitaine des Gardes-du-Corps de Monfieur, en furvivance, avec Mademoiselle d'Ennery; du Comte de Langerón, Capitaine au Régiment de Condé, avec Mademoiselle de la Vaupaliere; du Marquis de Baleroy, Capitaine au Régiment d'Orléans, avec Mademoifelle de la Vaupaliere; & du Comte de Clermont-Tonnerre de Thoury, Sous- Lieutenant des Gardes-du-Corps du Roi, avec Mademoiselle de Froget.

Les Etats d'Artois furent admis le même jour à l'Audience du Roi, préfentés par le Maréchal Duc de Lévis, Gouverneur général de la Province, & le Maréchal de Ségur, Miniftre de la Guerre. La députation conduite par MM. de Nantouillet & de Vatronville, Maître & Aide des Cérémonies, étoit compofée, pour le Clergé, de l'Abbé de Bart, Prévôt de l'Eglife Cathédrale, Vicaire général du Diccefe d'Arras, qui porta la parole; pour la Nobleffe du Comte de Cunchy de Fleury, Major du Régiment Provincial d'Artil lerie de Befançon ; & pour le Tiers-Etat, de M. Brunel, Avocat, ancien Penfionnaire de la Ville d'Arras, ancien Député général ordinaire des Etats.

DE PARIS, le 1 Juin.

Toutes les lettres de l'Inde apportées par les vaiffeaux nouvellement arrivés, font un tableau effrayant de la famine horrible qui a dévasté la côte, & de la maladie épidémique auffi cruelle que la pefte qui en a été la fuite.

Les Européens, difent ces lettres, ont échappé à la premiere, parce qu'eux feuls ont les moyens de faire des provifions & des amas de riz; mais la derniere les a frappés, ainfi que les naturels, & Pondichery fur-tout a fouffert prodigieufement. Les Anglois ont profité de ce tems de calamité pour débaucher le petit nombre de Tifferands qu'on avoit confervés dans les Aldées võilines. Ces malheureux, privés de fubfiftance fuivi la main qui leur préfentoit une nourriture affurée. La famine à été caufée d'un côté par les monopoleurs, & de l'autre principalement par

ont

les grandes fournitures faites aux armées des différentes Puiffances en guerre, & encore plus par les dévaftations des Marattes & de Tippo-Saib. Ce dernier, depuis que l'armée françoife s'eft féparée de lui, n'a pas laiffé de tenir la campagne, & les divifions des Anglois lui ont donné tout le temps qu'il lui falloit pour faire beaucoup de mal à fes ennemis : il a ruiné & brûlé Arcate, ainfi que Paliacate; il a été jusqu'aux portes de Madras, & n'a pas laiffé pierre fur pierre dans fes fauxbourgs,,appellés la ville noire. Ainfi le plus beau pays du monde & le plus fertile eft le plus malheureux, graces à l'ambition & à l'avarice des Européens.

C'eft le 26 du mois dernier, que M. le Comte d'Aranda, Ambaffadeur de S. M. C. est arrivé ici de retour du voyage qu'il avoit fait en Espagne.

Le Roi de Suede est attendu le 9 de ce mois. L'Académie Françoife a renvoié jufqu'au 25 la réception de M. le Marquis de Montefquiou, afin que ce Prince puiffe être témoin d'une de fes Séances publiques. Les Comédiens Francois lui réfervent de leur côté la premiere Représentation de Semiris Tragédie nouvelle de M, le Mierre.

La nouvelle machine aéroftatique que M. Mont golfier a conftruite pour le Roi eft entiérement finie. Elle eft d'une capacité, & par conséquent d'un diametre beaucoup plus confidérable que l'ancienne: il fait avec elle deux ou trois fois par femaine, des expériences dans le jardin Réveillon. Ces jours derniers, trois dames & quelques autres perfonnes, accompagnées de M. Pilatre du Rofier, monterent dans la galerie: on les éleva

jufqu'à deux cens pieds, le ballon étant retenu par des cordes. On croit qu'il fervira aux expériences que le Roi de Suede defire voir. Le globe des freres Robert paroît être réservé pour le même objet.

A l'occafion des ballons, nous placerons ici la lettre fuivante de S. Savin. Nous ne garantirons point le fait fingulier dont il y eft queftion.

Deux Ballons partis le même jour & à la même heure; l'un de Saint-Savin, & l'autre de Montmorillon, petites villes da Poitou, diftantes de quatre lieues, fe font rencontrés à peu près à moitié chemin, ils le font heurtés violemment; celui de Saint-Savin, plus robufte, a culbuté l'autre qui eft tombé auprès d'un Château du voifinage: le Seigneur a fait dreffer un procèsverbal de ce Phenomene. Le Ballon vainqueur a continué fa route: on ignore encore l'endroit de fa chûre; mais on préfume que s'il n'a pas rencontré de nouveaux adverfaires, il doit avoir été fort loin. Cet événement auffi piquant par fa curiofité, qu'intéreffant pour l'Aréoflat, peut jetter quelques lumieres fur cette découverte ; les deux Ballons étoient de forme Sphéroïde, le temps étoit calme. J'ignore le Phlogistique qu'on avoit employé, qui vraisemblablement étoit différent. Je laiffe aux Phyficiens à raisonner fur cet événement.

Le 23 du mois dernier, M. Blanchard a fait à Rouen l'expérience de fon bateau volant; c'est ainsi qu'on en rend compte dans une lettre de cette ville.

Il eft parti des anciennes cafernes à 7 heures 20 minutes, fon barometre étant à 28 pouces 4. lignes, & s'eft élevé majestueufement dans

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