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follicite en conféquence des adreffes de différens corps.

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Il y a quelques jours, écrit-on de Dublin, que le Comité choisi des Catholiques de cette ville s'affembla à la requête du Lord K... qui, difoit-il, avoit à foumettre à fa confidération des matieres de la plus haute importance, & qui intérefloiert effentiellement les Catholiques. Laffemblée fut très-nombreuse; auffitôt que le Lord arriva, on le pria de dire que le étoit la nature de l'affaire pour laquelle il l'avoit convoquée; il demanda qu'on nomma un Préfident; mais on ne voulut pas le faire, avant de favoir fi en effet l'objet de l'aflemolée méritoit une difcuffion. Le Lord alors dit que le Gouvernement étoit très-mécontent de plufieurs pamphlets qui avoient été publiés dernierement. Plufieurs étoient propresà répandre l'alarme & la révolte; quelques uns contiennent même des invitations aux ennemis du pays, à tenter une invafion. Il conclut qu'il lui paroiffoit néceffaire que les Catholiques défavouaffent tous ces pamphlets, dans une Adreffe présentée en leur nom au Viceroi, parce que dans ce tems de trouble & de fermentation, ils étoient foupçonnés d'avoir une part fecrette à ces infinuations. L'affemblée fut très-furprife de cette dernière réflexion qui attaquoit la loyauté des Catholiques, & cet amour que tous les Irlandois s'honorent d'avoir pour leur pays. On demanda au Lord s'il avoit quelque meffage par écrit du Gouvernement, il répondit qu'il n'avoit eu fur ce fujet qu'une converfation avec M. Orde. Il employa tous fes efforts pour décider l'affemblée à faire ce qu'il lui propofoit, & à tranquillifer le Gouvernement dont les alarmes, ajouta t-il, étoient fondées; mais il ne réuffit point; l'affemblée regarda le

elle crut que

prétexte de fa convocation comme une injure; des accufations auffi vagues, auffi injuftes ne méritoient pas fon attention, & elle Le fépara fans vouloir s'en occuper.

On parle de plufieurs autres démarches femblables qui ont été faites avec auffi peu de fuccès. On en a eu davantage dans la grande affemblée des repréfentans de la Nation, qui prétend cependant n'être pas repréfentée.

Le Parlement d'Irlande, conformément à fon ajournement, s'eft ralfemblé le 11 de ce mois; à trois heures quarante minutes, l'Orateur ayant pris la place,on lut un meffage des Pairs qui annonçoit leur aveu aux amendemens du bill pour priver le Lord Srang ford du droit de voter. Il y eut enfuite un ajournement d'une demie-heure. qui fut occafionné parce qu'on attendoit une perfonne. Après cela on reprit les délibérations. Le Lord Kilwarlin propofà une adreffe au ViceRoi pour le remercier de la fageffe & de la prudence qu'il montroit dans fon adminiftration; l'adreffe étoit prête & fut lue par M. Hattan. Elle contenoit l'éloge du Duc de Rutland. M. Jones fe leva auffitôt. » C'est avec regret, dit-il, que je fuis obligé de m'oppofer à une adreffe de compliment que je ne crois pas que l'ufage juftifie. Je ne puis donner mon aveu à des actions de grace, quand ma confcience ne me montre de tous côtés que des fujets de plaintes & de reproches. De quoi, je vous prie, avonsnous à remercier le Duc de Rutland? Eft-ce de fon oppofition au vou de la Nation pour une réforme parlementaire? de l'abandon qu'il a fait du plan de mettre de l'égalité dans le commerce? du bill pour un bureau de pofte qui nous prive

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de nos privileges & charge le peuple avec excès ? de fon oppofition à la taxe fur ceux qui s'abfentent du Royaume? de ce qu'il a rempli nos rues d'une foule de mandians? des infultes répétées qu'il nous a faites? d'avoir transformé la Chambre des Communes en une Chambre de l'Etoile, & le Château de Dul lin en une Baltille? Comme repréfentant du peuple, comme homme, je dois défapprouver une adreffe qui ne contient pas la cenfure de l'adminiftration du Duc de Rutland, M. Molyneux appuya l'o pofition de M. Jones, & dit que fi une adminiftration avoit été jamais calculée pour femer la diffention entre ce Royaume & l'Angleterre, c'étoit celle du Vice-Roi. » Quand au chef de cette adminiftration, ajouta t-il, je penfe que c'est un homme honnête & qui veut le bien; mais il a confié les affaires de ce Royaume à un homme qui a une mauvaise tête & un cœur pire. Le Sécretaire d'Etat eft refponfable de ce qui eft arrivé, & fur-tout d'avoir conféré des honneurs à un homme marqué du reproche public; il femble que fon motif, en agiffant ainfi, a été de montrer au peuple qu'il n'eft pas content de l'opprimer, mais qu'il le méprife. Je lui ferai feulement quelques queftions; fa réponse fixera mon opinion fur l'adreile; fon filence dira plus que la loquacité de fes prédécefleurs. Je l'interpelle de dire à la Chambre, aux dépens de qui a été acheté la Chancellerie, pour un hommé qui a mis à peine le pied dans ce Royaume. L'office de Maître des rôles doit-il être acheté auffi? un Préfident du Confeil doit-il être établi avec un gros falaire? -Perfonne n'ayant répondu, M. Molyneux conclut en difant: Je vois que nous n'avons à chercher de fecours qu'en nous-même; j'aime le peuple à cause de la mesure qu'il a adoptée, j'admire fur

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tout

tout celle... ici, il fut interrompu par des voix qui s'éleverent du banc de la Trésorerie pour l'appeller à l'ordre, & il continua en difant j'admire le peuple pour la réfolution qu'il a prife de ne faire ufage que des produits de nos Manufactures.

M. Griffith, qui parla enfuite, ne s'oppofa point à l'adreffe qu'il ne regardoit que comme une formalité; il voulut qu'on y ajoutât quelques mots fur la fituation du Royaume, une priere au Viceroi de confidérer l'état des manufacturiers, de repréfenter au Roi la néceffité de l'égalité & de la réciprocité dans le commerce des deux Royaumes. Cet amendement fut rejeté à une pluralité de foixante-deux voix, & l'adreffe fut ordonnée. La même motion fut faite le 12 dans la Chambre haute, où elle paffa également après avoir donné lieu à quelques obfervations fans fuccès: l'une & l'autre de ces adreffes furent préfentées le 13. Le lendemain, le Duc de Rutland fe rendit au Parlement pour donner Ja fanction royale à quarante-un Bills pu! lics, & quinze particuliers: à la tête des premiers eft celui qui reftraint la liberté de la Preffe, qu'on croyoit ne devoir pas paffer au Confeil. Après cela, il prorogea le Parlement au 29 Juin prochain.

On a fait dans un de nos papiers la lifte fuivante des places prifes pendant la derniere guerre, & reftituées ou cédées à la paix.

Conquis par la Grande Bretagne, & rendu d la France, les ifles de S. Pierre & de Miquelon, près de Terre-Neuve, Sainte-Lucie, dans les Indes occidentales, les ifles de Gorée en Afrique, Pondichéry dans les Indes orientales..

Conquis par la France fur la Grande Bretagne, & rendu à ce le ci, les ifles de Grenades, Grenadines, S Vincent, la Dominique, S. Chrif N°. 23, 5 Juin 1784.

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tophe, Nevis, & Montferrat aux Indes occiden

tales.

Conquis par l'Espagne fur la Grande-Bretagne, & rendu, les illes de Bahama & de Providence dans l'Atlantique.

Conquis par la France, & cédé à elle à perpétuité, l'ifle fertile de Tabago, aux Indes occidentales, la riviere de Sénégal en Afrique; tous les forts bâtis fur elle, le commerce exclufif fur cette riviere.

Conquis par l'Espagne, & cédé à S. M. C., Minorque dans la Méditerranée

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la Province entiere de la Floride occidentale, dans laquelle il y a plus de 8000 planteurs anglois.

Non conquis mais cédé à l'Espagne comme le prix de la paix, la Floride orientale dans un état plus floriffant que l'occidentale.

Parmi les dernieres dépêches de l'Inde, il y en a une qui, felon tous nos papiers, contient l'article fuivant qu'ils ont copié.

Typpofaïb éleve toujours des difficultés fur la paix, & le traité définitif n'eft pas prês d'être terminé. Ce Prince dit au Général Macleod:

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Anglois & François, vous n'avez qu'un feul objet qui vous divife, l'intérêt de votre commerce: pour nos dépouilles que vous vous battez; elles vous attirent & vous enflamment parce qu'elles vous enrichiffent. Vous n'avez fait la paix, que parce que vous n'aviez plus d'argent. Vous allez retourner en Europe, économifer le produir de vos fubfides, & vous reviendrez enfuite vous égorger les uns & les autres parmi nous, & vous difputer nos richeffes ».

Cela montre affez que les Européens commencent à être conmus fur les trois côtes.

On défefpere depuis long-temps d'avoir

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