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ques, en vente à côté du fromage; souvent même fur la même place, la caffonade eft à côté de la cérufe, &c.

Si l'oeil des magiftrats pouvoit pénétrer dans ces magalns, où les poisons font indiftin&ement mêlés avec les épiceries qui entrent dans nos alimens, dans ces magafins où prefque tout eft à découvert, où fans la moindre précaution, ces mêmes peifons font pilés & tamifés; fans faire attention à la vapeur meurtriere qui s'en éleve, & va fe déposer fur les chofes dont nous faifons un ufage journalier. Si, dis-je, les Magiftrats pouvoient feulement foupçonner que l'on portat f peu d'attention à des objets d'auffi grande con-↓ féquences il y a long-tems fans doute que l'on auroit banni de ces magafins toutes ces fubftances meurtrieres, & qu'on auroit fait dans chaque Ville un dépôt particulier.

On fait que le Gouvernement a fupprimé les balances de cuivre chez les débitans de tabac, à cause du verd-de-gris qui pourroit s'y former: pourquoi n'efpérerions-nous pas que le Miniftre qui ne ceffe de nous donner des preuves de la bienveillance, ne fupprimât le verd-de-gris en fubftance dés magasins où il eft pefé dans la même D balance que le poivre, le fucre, le café, &c. Cette fuppreffion qui néceffiteroit celle de toutes Jes fubftances minerales qui, comme le verd-degris, portent avec elles la fatalité de nuire à la vie des hommes, ne peut donc fe faire qu'en faveur d'un entrepôt général de tous ces objets dans un même lieu pour chaque ville, & dans lequel on ne tiendroit que des marchandifes de 12 cette qualité.

Perfonne n'ignore encore que la plupart des Epiciers, fans en connoître toute la conféquen

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e, préparent & vendent, pour raccommoder les vins gâtés, des poudres qui contiennent fout vent de la litharge & d'autres matieres auffi nuifibles, c'eft dans les grandes villes fur-tout qu'on s'apperçoit le plus des funeftes effets de cette fraude, qu'on ne doit cependant attribuer qu'à l'impéritie des Marchands qui les débitent. On fait encore que pour prévenir les effets dange reux de ces fortes de mixtions tous les Parle mens ont rendu différens Arrêts; celui de Nancy particuliérement en a rendu un le 3 Août 1782, qui ordonne que toutes mixtions de plomb, litharge, &c. dans le vin, à quelques fins que ce puifle être, feront réputées au nombre des peifons capables de procurer la mort précipitée ou lente & que ceux qui auront pratiqué telles mixtions, leurs complices, participants ou adhérants, ceux même qui auront diftribué au public des vins ou vinaigres ainfi préparés, feront réputés empoisonneurs, ou comme tels pourfuivis extraordinairement, & punis felon la rigueur des

Joix.

Comme il ne fuffit pas feulement d'éloigner les effets qui proviennent du défordre dans la vente des poifons, l'inftitution de cet entrepôt que je propofe doit être telle que les malfaiteurs qui voudroient fe procurer des vénéfices, ne le puiffent en aucune maniere en conféquence nous établirions, je fuppofe,

Que l'entrepôt général des poifons utiles aux arts & au commerce feroit fait dans un endroit aéré, & dirigé par un Infpecteur qui für appré cier la qualité des marchandifes qui y feroient enfermées;

Qu'il y feroit tenu un regiftre ouvert où fe roient écrits, par date de jour, la qualité & la," quantité des marchandifes vendues, ainfi que da nom de l'acheteur;

Que l'Inspecteur feroit tenu, à la fermeture de fon magafin, qui fe feroit à fix heures du foir en hiver, & à huit heures en été, de faire porter chez M. le Lieutenant Criminel & chez M. le Lieutenant de Police, une copie journaliere de fa vente, ainsi que du nom & de la demeure de l'acheteur ;

Que les Apothicaires feroient feuls chargés de la compofition, vente & diftribution des émétiqués, & de toutes les préparations antimohiales;

Qu'il feroit défendu à tout Apothicaire de donher aucune préparation os plante vénéneuse, telles que la ciguë, l'opium brut, l'opium préparé, le laudanum, l'aconit & fon extrait, le Atramonium, &c. fans une ordonnance du Médecin du lieu, &c. &c. &c.

A fes nombreuses expériences fur l'électricité, M. l'Abbé Bertholon, Profeffeur de Phyfique expérimentale, en a joint une nouvelle digne d'être rapportée.

Ayant fait un petit aéroftat en baudruche, rempli d'air atmosphérique, il l'a fixé à l'extremité d'un fil qu'il retenoit avec la main par l'autre bout. Dans cet état, le petit globe aéroftatique, préfenté à une certaine distance audeffous du conducteur d'une machiné éleЯrique, s'eft élevé vers le conducteur par un effet de l'attraction électrique. Lorfqu'on retenoit le fil, l'aéroftat reftoit fu pendu en l'air, en proie à deux forces oppofées qui fe contrebalançoient; fi on lâchoit le fil, il montoit, & fon elévation étolt proportionnelle à la longueur du fil qu'on déployoit, jufqu'à ce qu'enfin il fûten contact avec le conducteur. En rentrant le fil, on éprouvoit bien fenfiblement la force attrac

ative de l'électricité fur l'aéroftat, qui de nou-
veau refloit en ftation, ou s'élevoit fucceffive-
ment, comme dans les premieres expériences.

Notre Phyficien en conclut avec raifons.com-
me il l'a prouvé dans plufieurs ouvrages, que
l'électricité qui regne dans l'atmosphere exerce
son attraction fur tous les corps légers, tels que
les vapeurs & les exhalaifens qui s'échappent de
la terré; & fpécialement fur les globes aérofta-
tiques, qu'elle eft. feule capable de produire
cet effet, ainsi qu'il paroît par l'expérience pré-
cédente, où nulle autre caufene concourt,
puifque le petit globe aéroftatique n'eft point
rempli d'air inflammable ni d'air raréfié par la
chaleur; mais d'air atmosphérique. Dans l'élé-
vation ordinaire des aréostats, où l'on a recours
à l'une de ces deux caufes, l'élévation eft un
effet composé de l'attraction électrique & de la
différence des gravités fpécifiques du fluide
contenu, & de celui qui eft ambiant.

Table des Matières, ou Précis par ordre alpha-
bétique de la Gazette de France de l'année 1782.
Cette Table, qui a paru pour la première fois en
1762, & qui fe donne tous les ans, eft très-
utile même pour les perfonnes qui ne font
point de Colle&ion des volumes de la Gazette
de France. En 1776, on y a joint un Index de
tous les noms françois mentionnés dans la Ga-
zetre de l'année, au moyen duquel il n'eft point
d'évènemens rapportés fur quelque particulier
du Royaume, que l'on ne puiffe facilement re-
trouver. La T ble & l'Index le trouvent chez
les Directeurs des deux Bureaux de la Gazette,
qui débitent auffi l'Abrégé des cent trente-cinq
premiers volumes in-4

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DE BRUXELLES, le 22 Juin.

Jufqu'ici on n'avoit pas eu connoiffance,

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ni même parlé d'aucun Mémoire, qui eût accompagné les demandes de l'Empereur aux Etats Généraux. Ce Mémoire cependant a été remis fimultanément aux Plénpotentiaires de la République par M. de Comte de Belgiojofo cidevant Ambassadeur Impérial à Londres, aujourd'hui Miniftre Plénipotentiaire de Sa Majefté dans nos Provinces. Cer Ecrit jettant un grand jour fur la nature des négociations qui vont fuivre, il eft important de le connoître. Il est conçu dans les termes fuivans:

Le Plénipotentiaire de l'Empereur enrame, avec autant de plaifir que de confiance, une négociation, dont conformément aux intentions de S. M., confignées dans un Mémoire que le Gouvernement- général a remis à M. le Baron de Hop le 12 Novembre 1783, & confirmées encore par la teneur du plein-pouvoir de S. M., l'objet porte fur l'établiffement & le raffermiffement d'une amitié fincere, durable & inviolable entre 1'Empereur & la République. S. M. étant véritablement animée de ce defir, il fera la base & l'objet de la conduite & des procédés de fon Plénipotentiaire dans cette négociation; & il ne fait point de doute, que L. H. P. ayant, comme elles l'ont exprimé en tant d'occafions, l'intention de marquer leur attachement à S. M., le prix qu'ellès mettent à fon amitié, à fa bienveillance, & le defir fincere de vivre en bonne intelligence avec elle, ce ne foit-là auffi la bafe des inftructions de leurs Plénipotentiaires; & que ces MM. ne répondent d'ailleurs par leur inclination & leur concours perfonnel, à la franchife, & aux facilités qu'apportera le Plénipotentiaire de l'Empereur dans

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