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jugé néceffaire. Je regrette fincérement tout ce qui ajoute aux charges de mon peuple; mais il reconnoîtra, j'en fuis perfuadé, la néceffité de pourvoir, après une guerre longue & difpendieufe, au maintien de la foi nationale, & de notre crédit, qui intéreffent fi effentiellement la puiffance & la profpérité de l'Etat.

Milords & Meffieurs, les progrès alarmans des fraudes dans les revenus, accompagnées dans plufieurs occafions de violences, ne manqueront pas d'exciter votre attention. Je recommande en même tems à vos plus férieufes confidérations, les réglemens de commerce qui peuvent être néceffaires dans le moment préfent. Les affaires de la Compagnie des Indes font intimément liées avec les intérêts généraux de ce pays: pendant que vous éprouvez une jufte anxiété de pourvoir à l'adminiftration de nos poffeffions dans cette partie du monde, vous ne perdrez, je crois, jamais de vue l'effet que les mesures que vous adopterez peuvent avoir fur notre conftitution & nos plus chers intérêts ici. Vous me trouverez toujours empreffé de concourir avec vous dans toutes les mefures qui pourront être d'un avantage durable pour mon peuple. Mon unique vœu eft de produire fa profpérité par une attention constante à l'intérêt national, un attachement inviolable aux vrais principes de notre libre conftitution, à foutenir, à conferver dans un jufte équilibre les droits & les principes de chaque branche de la légiflation.

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Le Roi s'étant retiré ensuite, & les Communes étant retournées à leur Chambre, le Comte de Macclesfield fit dans celle des Pairs la motion pour l'Adreffe en réponse au Difcours de S. M. Cette piece, comme toutes les autres de cette efpece, eft la répétition du Difcours; elle offre

en particulier des remercimens au Roi de l'exercice qu'il a fait de la prérogative dans la diffolution du dernier Parlement, & quelques réflexions fur les efforts de la faction qui étoit parvenue à attirer à fon parti une branche de la Légiflation. Le Lord Fitz- William témoigna qu'il défapprouvoit ces réflexions; mais l'Adreffe n'éprouva aucune objection & fut préfentée le 20.

Les Communes occupées du foin de fe former, de recevoir les fermens des membres qui les compofent, ne fe font occupées d'affaires qu'hier, encore l'adreffe n'a-t-elle pas été la premiere affaire; celle de l'élection de Weftminster a eu la préférence. M. Lée, après s'être élevé contre la conduite du Grand- Bailly en ordonnant le scrutin, l'avoir repréfentée comme une ufurpation contraire à toutes les loix, termina en tournant en motion la propofition fuivante, qu'ayant reçu l'ordre de procéder à l'élection de Weftminster & de recueillir les voix, il devoit en envoyer le résultat dans le terme prefcrit par l'ordre qu'il avoit reçu. M. Sheridan approuva cette motion, contre laquelle s'éleverent le Lord Mahon, M. Kennyon, qui juftifierent le Bailly qu'on ne devoit pas condamner fans l'entendre, & qui citerent un grand nombre de cas qui prouvoient la néceffité de prolonger l'élection pour la vérification d'un fcrutin, lorfqu'elle étoit jugée néceflaire Le Lord North parla auffi, mais en faveur de la motion; on s'attend bien que M. Fox ne garda pas le filence; mais dans le premier effai des forces des deux partis, le Miniftere a eu l'avantage; il a eu 283 voix, & l'oppofition 136, ce qui fait 147 de majorité pour le Miniftere. Il fut fimplement ordonné que le Bailly feroit mandé aujourd'hui à la barre de la Chambre, & que le fous-Bailly l'accompagneroit.in

Ce point réglé, on en vint à l'adresse en réponse au difcours du Roi, M. Hamilton prit la parolle, il s'étendit fur chaque partie du difcours qui doit entrer dans la réponse, & il n'oublia pas celle où le Roi parle de la nécefíité où il a été de recourir à l'opinion de fon peuple. Il ne s'agit rien moins, quant à ce point, que de remercier S. M. d'avoir diffous le Parlement, & d'annoncer qu'en effet l'opinion de la nation étoit contraire à celle de la Chambre des Communes. Le Lord Surrey, en approuvant Padreffe, défapprouva cette partie de la motion pour en demander la fuppreffion; mais cette derniere motion ne fut pas plus heureufe; la majorité pour le Miniftere fut de 168 voix.

Dans le cours des débats, l'apologie du dernier Parlement fut faite par M. Fox; il en refulta la critique de l'Administration actuelle, Parmi les reproches qu'il lui fit, il rappela que la fignature du traité de paix avec la Hollande avoit été faite, mais il défapprouva qu'elle eût eu lieu à Paris, ce qui étoit une conceffion faite à l'ennemi, qui pouvoit donner plus de hauteur à la France. M. Pitt répondit légerement à ce reproche, il parla auffi légérement de leur nature; & bien certain de la majorité, & que les fentimens du peuple étoient pour le Gouvernement actuel, il traita avec un peu de févérité M. Fox qui fembloit n'avoir infpiré de pitié qu'à un Bourg éloigné d'Ecoffe, qui lui avoit affuré un fiege au Parlement, lorfque fon élection pour Westminster étoit encore incertaine.

C'eft le 28 que doit commencer la vérification du fcrutin, qui décidera de l'Election de M. Fox, & de celle de fir Cecil Wray; le premier n'eft pas content du parti qu'a pris le Bailli dans cette occafion. On prétend

qu'il lui intentera un procès, pour le dédommagement des dépenfes que lui coûtera le fcrutin, s'il a lieu; car il n'eft pas encore décidé s'il avoit le droit de l'ordonner.

La question fuivante, toute fimple qu'elle eft, décidera peut-être, vis-à-vis du Public impartial, combien la conduite du grand Bailli eft peu conforme aux principes du droit ou de la conftitution. Le grand Bailli auroit-il pu, par fon autoriré privée, procéder à l'Election de Westminster, avant le moment fixé par la Loi, pour fon ouverture? Tout homme un peu verfé dans les loix & les ufages de fon pays, répondra certainement qu'il ne l'auroit pas pu Si donc le Bailli ne pouvoit pas commencer l'Election avant le jour fixé par la Loi, comment fe peutil faire qu'il ait la faculté de la continuer audelà du terme fixé pour fa clôture par la mêine autorité? La Loi détermine également les bornes des pouvoirs de cet Officier à cet égard; & tout homme qui ne contefte pas que le Bailli ne pous voit pas procéder à l'Election, immédiatement après la diffolution du Parlement, fans attendre la communication officielle de fes pouvoirs, de la part des Sheriffs, ne peut pas avancer avec raifon ni avec bon fens, que cet Officier jouit d'une puiffance officielle, lorsque les pouvoirs que lui accorde la Loi, ont ceffé.

En attendant que cette difcuffion foit finie, les partifans de M. Fox ont fait des réjouiffances à l'occafion de fon élection.

Le Prince de Galles a donné lui-même une Fete dans fes jardins, le 14 de ce mois; plus de fix cents perfonnes y ont affité, il y avoit des tables dreffées fous neuftentes, avec toutes fortes de rafraîchiffemens, une mafique déli

cieufe, & on a danfé depuis neuf heures du matin jufqu'à fix heures du foir; une fociété choifie de trente perfonnes, au nombre defquelles étoit M.Fox, eut l'honneur de dîner avec S. A R. M. Fox la remercia de fes bontés & de l'intérêt qu'elle avoit bien voulu prendre à fon Election; & ce Prince lui répondit qu'il n'avoit été que guidé par la conviction où il étoit de la fupé-riorité de fes talens, de la juítice & du définiéreffement de les motifs. Cette Fête a été répétée hier.

S'il faut en croire nos papiers, la nouvelle Chambre des Communes eft compofée de 558 membres; on compte 214 anciens amis de M. Pitt, 167 de M. Fox, 153 nouveaux membres, 16 qui n'étoient pas préfens aux derniers troubles, 6 doubles élections conteflées, & les 2 membres de Weltminfter qui ne font pas encore décidés, On prétend que parmi les nouveaux, M. Fox à beau coup de partifans; & on doute que la majorité du Miniftere foit de plus de 100. Les sou 6 premieres femaines après l'ouverture feront fuviies; cela ira enfuite en décroiffant; & vers la fin de Juillet, fi les affaires prolongent la feflion jufques-là, à peine croit-on pouvoir raffembler affez de membres pour tenir assemblée.

Les mécontentemens en Irlande ne font pas près de finir. L'Adminiftration de ce Royaume, embarraffée des plaintes qui s'élevent de tous côtés, ne néglige rien pour fe procurer des témoignages de fatisfaction qu'elle puiffe leur oppoler; & on dit qu'elle

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