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forte, il eft ailé de preffentir les obftacles qu'un Réformateur rencontre dans fa route.

A la paix de Neuftadt, Pierre I tint au Maréchal Munich, un langage que peu de Souverains pourroient tenir. Je viens de finir une guerre qui a duré plus de vingt ans, fans faire de dettes, & fi c'eft la volonté de Dieu de m'en faire faire encore une autre auffi longue, je la foutiendrai de même fans m'endetter.- Après la journée d'Aland, il parla en ces termes aux Officiers: «-Mes frères, eft-il quelqu'un de vous qui eût penfé, il y a vingt ans, qu'il combattroit " avec moi fur la mer Baltique, dans des » vaiffeaux conftruits par vous mêmes, & » que nous ferions établis dans ces contrées

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conquifes par nos travaux & notre con» rage? Qui de vous auroit prévu que tant d'hommes inftruits, d'Artiftes habiles, d'Ouvriers induftrieux, viendroient de » toutes les contrées de l'Europe faire fleurir » les Arts en Ruffie? On place l'ancien fiège » des Sciences dans la Grèce, elles s'etablirent enfuite dans l'Italie, d'où elles fe répandirent dans toutes les parties de l'Europe, excepté en Ruffie, par la négligence » de nos ancêtres. C'eft à préfent notie » tour, fi vous voulez feconder mes def

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feins, en joignant l'émulation & l'étude à » l'obéiffance. Les Arts circulent dans le » monde comme le fang dans le corps hu main, & peut être ils établiront leur

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empire parmi nous, pour retourner » dans la Grèce, notre ancienne patrie. »

M. le Clerc compare Pierre I à Charlemagne. Ce parallèle nous a paru de la plus grande exactitude, & très bien fait. L'un & l'autre ont créé leur Nation. Pierre I a réellement mérité cette devife:

Etiam, in minimis, magnus.

Nous engageons nos Lecteurs à lire avec foin ce Volume, qui contient des objets pré cieux. La partie légiflative qui le termine eft très-intéreffante. Nous répétons avee fatisfaction que M. le Clerc n'a rien omis d'utile ni d'inftructif. Son Édition eft foignée; le même burin continue de nous donner les gravures qui enrichiffent l'Ouvrage. M. le Clerc montre par-tour l'Écrivain rempli des plus louables intentions.

DICTIONNAIRE Hiftorique d'Éducation où, fans donner de préceptes, on fe propofe d'exercer & d'enrichir toutes les facultés de l'âme & de l'efprit, en fubftituant les exemples aux maximes, les faits aux raifonnemens, la pratique à la théorie; nouvelle Édition, qui a été revue, corrigée & augmentée d'un grand nombre d'articles, & fur tour d'une Table hiftorique des Perfonnages, plus ample, plus exacte & plus intéreffante que celle qui accompagnoit les précédentes Éditions de ce

Dictionnaire; par M. Fillaflier, des Académies Royales d'Arras, de Toulouse, de Lyon, de Marfeille, &c. 2 Volumes in 8°. Prix rel. 12 liv. A Paris, chez Méquignon l'aîné, Libraire, rue des Cordeliers, près des Écoles de Chirurgie.

Le but du Rédacteur de cette intéreffante Collection a été de mener la jeuneffe à la vertu par la voie des exemples. Il a cru qu'cn l'accoutumant à ne voir que des traits frappans de magnanimité, de fageffe, de bienfaifance, &c. elle deviendroit fage, magnanime, bienfaifante par émulation, & que les grands Hommes, par leurs actions, pourroient l'inftruire avec autant de fuccès que les Philofophes par leurs préceptes. Ainsi, c'est dans les annales du genre humain qu'il a puifé toutes les leçons qu'il donne; & fi la nature de cet Ouvrage ne lui laiffe que le mérite du choix, au moins eft-il fait de manière à lui concilier de plus en plus le fuffrage de tous les fages Inftituteurs qui l'ont adopté depuis long-temps, & qui trouveront cette nouvelle Édition plus digne encore de leur accueil que les précédentes. Tout ce que l'Hiftoire offre de curieux & de remarquable a enrichi cet utile répertoire; & quelques traits pris au hafard feront juger de tous les autres.

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Un Soldat envoyé par M. » pour examiner un pofte,

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de Vauban, resta long

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» temps malgré le feu des ennemis, & reçut même une balle dans le corps. Il retourna rendre compte de ce qu'il avoit observé, » & le fit avec toute la tranquillité poflible, » quoique le fang coulât en abondance de » fa plaie. M. de Vauban voulut récompenfer fa bravoure & le fervice qu'il venoit » de rendre; & ce Général lui présenta de » l'argent Non, Monfeigneur, lui dit le » Soldat en le refufant, cela gâteroit mon » action.» (Amour de la gloire.)

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Une femme fort pauvre, mais qui avoit » la confolation d'avoir une fille aimable; fe préfenta avec cette jeune personne à » l'audience du Cardinal Farnèfe. Elle lui expofa qu'elle étoit fur le point d'être renvoyée avec la fille d'un petit appartement » qu'elles occupoient chez un homme fort riche, parce qu'elles ne pouvoient lui payer cinq fequins qui lui étoient dûs. Le » ton d'honnêteté avec lequel elle faifoit » connoître fon malheur, fit aifément comprendre au Cardinal qu'elle n'y étoit tombée que patce que la vertu lui étoit plus chère que les richeffes. Il écrivit un mandat, & la chargea de le porter à fon In» tendant. Celui-ci, après l'avoir ouvert, » compta fur le champ cinquante fequins. Monfieur, lai dit cette femme, je ne demandois pas tant, & certainement Monfeigneur s'eft trompé. Il fallut, pour faire ceffer la conteftation, que l'Intendant allâr

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lui-même parler au Cardinal. Son Émi» nence, en prenant fon mandat, dit aux deux perfonnes qui étoient préfentes:

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» Vous avez tous raifon, je m'etois trompé, » le procédé de Madame le prouve ; &, au lieu de cinquante fequins il en écrivit cinq » cent, qu'il engagea la vertueufe mère d'ac »cepter pour marier fa fille. ( Libéralité.) » Un Babillard, qui avoit l'honneur d'en» tretenir Ariftote, voyant que ce Philofophe ne répondoit rien: - Je vous in» commode peut-être, lui dit-il? Ces bagatelles vous détournent de quelques penfées plus férieuses. Non, pouvez continuer, je ne vous écoute pas. » (Raillerie.)

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Non loin de la maifon d'un parvenu, un bon vieillard jouiffoit d'une cabane entourée de quelques arpens de terre, & » vivoit en paix fans defirer les richeffes de » fon voifin. Les regards de l'homme opulent furent choqués de la cabane fituée à l'entrée de fon parc. Il fit appeler le fage Villageois qui l'habitoit.

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Sais tu bien » que ta fortune eft faite Er vous, "Monfieur, favez-vous que le bon Dieu, » mes deux bras & mon champ ne m'ont jamais laiffé manquer de rien? On est bien riche quand on a le néceffaire, & plus "encore quand on fait mettre des bornes à fes defirs. J'ai travaillé long-temps, bien long temps. Aujourd'hui je me repofe, » Mon fils me nourrit, afin que les enfans

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