Dans vos femmes fur-tout entière confiance; Cette Pièce, compofée en 1757 & 1758, eft verfifiée avec facilité, avec grâce. Il y a sûrement une faute d'impreffion à la page 229, où on trouve ce vers, qui n'en eft pas un : Ou je me trompe dans ma conjecture. La Maifon de Campagne à la Mode, on la Comédie d'après nature, Comédie en deux Actes & en profe, compofée en 777. Cette Maifon de Campagne, où des circonftances particulières artirèrent pendant quelque temps un concours nombreux de gens qui fe croyoient curieux, & qui n'étoient qu'imitateurs & qu'entraînés par la mode, eft celle dont M. l'Abbé de Lille a fair cette charmante description. Tel eft, cher Watelet, mon cœur me le rappelle, Qui rougit d'être nue & craint les ornemens. Et vous, fleuve charmant, vous, bois délicieux, La Pièce de M. Watelet eft compofée de ce qu'on appelle Scènes à tiroir, dont l'avantage eft d'offrir une grande variété de caractères, fans qu'on foit obligé de mettre entreeux les mêmes rapports & les mêmes contraftes que dans les Pièces ou d'intrigue ou de caractère ; elle eft animée par un intérêt d'amour affez piquant, & par un grarfi danger que court la perfonne aimée; elle en eft préfervée par l'amour; & fon amant, qui n'ofoit afpirer à elle, acquiert par là des droits qui le font triompher de fes rivaux. La Scène où cet amant timide & intéreffant, pour s'introduire dans le jardin où il espère voir Lucinde, fe donne pour un Botaniste, & parle fans ceffe de Lucinde, en voulant décrire une fleur qui l'attire, dit-il, dans ce jardin, eft d'un agrément & d'un goût infini, & les mots amoureux qui lui échappent & le trahiffent, font d'un comique noble & fin. Dorival, c'est le nom de cet amant, enfeigne la Botanique à Lucinde, & fous ce prétexte lui parle fans ceffe d'amour, en lui promettant toujours de n'en plus parler. Elle s'en plaint avec douceur. « Ah! charmante » Lucinde! s'écrie Dorival, quand je ne vous parlerois même s'il m'étoit pollible, que » des plantes & des fleurs, pourrois-je ne "pas vous parler de ce qui anime toute la Nature, de ce qui eft la bale du systême » de l'Univers, de ce qui fait vivre tout ce qui exifte.... Et qui me fera mourir ? LUCINDE. » Mais votre promeffe..... DORIVA L. Et ma promeffe, Lucinde, & vos or»dres fi puiffans peuvent-ils empêcher que » l'Amour ne foit le moyen univerfel qui foutient, qui anime, qui vivifie tout ce » qui refpire...... tout...... " LUCINDE. Cela peut-être, Dorival; mais ce n'eft » que ม que les fleurs dont il doit être queftion " en ce moment. ❤ رو " رو DORIVA L. Eh bien ces fleurs, Mademoiselle ; oui, ces fleurs, divine Lucinde, en éprouvent les mouvemens, en pratiquent les myftères; elles ne fubfiftent que par un penchant qui les dirige les unes vers les autres: elles fe delirent, fe cherchent, s'approchent, s'épanouiffent, s'épanchent » & meurent heureufes. Le foleil verfe fur » elles cette âme, cet amour à qui elles » doivent l'éclat qui les embellit; elles lui » doivent ces développemens qui les font » renaître. Lorfque ce feu leur manque par l'abfence de l'aftre du jour, l'affoupiffement qu'elles éprouvent, c'eft le regret d'être privées du bien qu'elles goûtoient, Oui, Lucinde, ce font les peines de l'ab» fence. Eh bien! vous allez m'accufer en» core de ne parler que de ce que j'éprouve, » de ce que je lens...... دو رو " LUCINDE. » Vous en convenez..... & je le devrois. DORIVA L. "Oui, je l'avoue. Rien de ce que je vois » dans l'Univers ne touche mes fens & mon »âme fans fe rapporter à Lucinde. Ce qui » m'offre quelque perfection, c'eft Lucinde; ce qui peint des affections, des defirs, No. 23, 5 Juin 1784. נו B رو c'eft l'image d'un cœur où Lucinde fair naître tous les fentimens & tous les defirs. S'éloigne t'elle? Il languit, il fe fane, » il fe ferme à toute efpèce de bonheur. Il périra comme une plante que frappe un fouffle fur efle, & qui cft privée de l'aftre » qui la faifoit vivre. » ט Cet art de rajeunir le langage de l'amour, de lui donner une éloquence nouvelle & une forme piquante, en l'allociant à des idées etrangères, eft certainement d'un grand prix. رو Un autre mérite de cette Pièce, eft le ridicule répandu fur les exagérations des faux admirateurs le Public, dit M. Watelet, » pourra ne pas dédaigner quelques traits » qui peut-être le feront fourire en lui rappelant des exaltations de fentimens fac»tices, & des exagérations de termes qu'il feroit utilé qu'on ridiculisât de nos tours » avec autant de talent & de fuccès, que Molière ridiculifa dans fon temps le pré» cieux & le faux favoir. 39 Réflexion importante. En effet, notre jargon fuperlatif ne fert plus qu'à prouver qu'on n'a pas les idées, qu'on n'éprouve pas les fentimens qu'on prétend exprimer avec cette fauffe énergie. Lorfqu'on veut donner de la valeur aux mots, & de la fignification aux chofes, on eft obligé d'en revenir aux expreffions fimples. Je fuis fâché, dit plus aujourd'hui que je fuis défefpéré; je fuis bien aife, que je fuis enchante. Cet afpect eft |